Concours canin

J'ai toujours peiné à accorder le titre de meilleur ami à l'un ou l'autre de mes proches. D'abord, je ne vois pas l'utilité d'un tel classement. Ensuite, je trouve que si cette appellation confère à l'heureux élu un air de gagnant de concours canin, elle relègue tous les autres au statut de looser. " C'est Machine, ma meilleure amie, Machine je te présente Nadia". Ouais, ça sonne moche et ça pue la compétition ouverte.

Donc non, je n'ai pas de meilleur ami. Mais. Les années passent, les décennies aussi (je vais me jeter par la fenêtre et je reviens de suite), certains de mes amis d'hier sont relégués au rang de copains voir même de connaissances, ou ne sont même plus dans mon répertoire de téléphonique. Alors qu’il fût un temps où l’on partait en vacances ensemble. Peut-être faudra-t-il d’ailleurs que je réfléchisse à la relation de cause à effet, un jour.

Bref, seuls quelques irréductibles sont restés, et eux, pour avoir vu le pire de moi-même, mais être là quand même, alors qu’ils ont des jambes et qu’ils auraient pu fuir, ils méritent un statut spécial, une sorte de reconnaissance de leur capacité d'adhérence au-delà de la normale. A ceux-là, j'octroie un prix global de meilleurs amis pour la vie et même encore un peu après. Ils m’accompagnent me faire épiler parce que je n’ai pas le permis et que j’ai trouvé une super esthéticienne au trou du cul du monde qui fait de la lampe flash hyper pas cher. Ils m’écoutent des heures me plaindre de mon job -oups mes anciens jobs, maintenant mon travail est super- des incivilités quotidiennes, de la politique de prix des brunchs,… Alors si je leur décerne le titre de meilleurs amis, j’entends cela non pas au sens de l’épagneul au poil brillant monté sur le podium-la métaphore au début de cette chronique- mais plutôt au sens qualité de fabrication. C’est du solide. Et comme ils sont plusieurs, ils s’usent moins.