Contes de fées pour tous

a-la-claire-fontaine

Être réveillée à l'aube (parce que même s'il pleut sans discontinuer depuis environ 200 jours à Paris, il paraît que le soleil se lève encore ; voire de plus en plus tôt, et 6h30 c'est incontestablement tôt pour un jour où on ne bosse pas) ; bref, se faire sortir du lit par 2 diablotins perfides n'est déjà pas une sinécure. Mais alors, quand leur cruauté et leur fourberie va jusqu'à vous balancer 120 décibels de Sophie Forte (vous ne connaissez pas ? Continuez à mettre des capotes !), vous réalisez que vous avez été rattrapé par vos péchés (que vous ne pensiez pas si gros, surtout qu'on vous avait promis l'absolution, tout ça tout ça…) et que vous avez directement atterri en enfer. La damnation débute par un sévère mal au crâne (aggravé autant par l'alcool que pécheresse j'avais bu la veille que par le bourdonnement terrible qu'on fait passer pour de la musique enfantine). Le supplice est doublé en canon par la voix de la chaire de ma chaire qui entonne à pleins poumons et avec la plus grande distinction, cela s'entend... Aux tréfonds du pandémonium, chacun sait que les tourments sont éternels. Cela se vérifie effectivement : le mode repeat a été activé par ces diaboliques gamins. Au quatrième passage, mon cerveau en proie jusqu'alors à des idées fumeuses (rien de vraiment étonnant si on se souvient que j'erre dans un brasier), décide négligemment de prêter une oreille attentive à ce chant satanique. 

"Tout ça c’est bien joli mais c’est pas clair du tout

Ces histoires de choux ces histoires de fleurs [...]

J’ai bien vérifié je n’ai pas de zizi

Mais j’aime les pompiers les cow-boys les tracteurs

Je déteste le rose les robes et les barbies

Peut-être que je suis née dans un chou-fleur"

Bon, sans la mélodie, ce chef d'œuvre musical perd nécessairement de sa grandiose. Toujours est-il que depuis les limbes, ces paroles me parurent d'une grande profondeur. Dans ces temps de dialogue socratique autour du mariage pour tous, j'en viens à m'interroger. Quelle histoire raconte-t-on quand c'est papa qui est né dans un chou-fleur ? Qu'olive est l'amoureux de Tom et Lady Oscar un travesti ? Quel sera demain l'avenir de nos contes de fées ? Devra-t-on choisir entre 2 versions à la bibliothèque : le Prince Philippe et la princesse Aurore de l'un, les princes Philippe et Aurélien de l'autre ? Lira-t-on cet émouvant épilogue : ils se marièrent et adoptèrent une petite princesse dans un pays lointain ? Il est fort dommage, qu'Andersen pourtant homosexuel lui-même d'après ce que l'on dit, n'ait pas initié le mouvement. Nul doute que son génie aurait éclairé la question. À moins que la réponse ne soit tout simplement déjà là.  

Signaler ce texte