Cri (Par Lady Eve Smith)

Eclat De Nuire

Un cri, de ceux qui viennent du fond des tripes et qui se coincent dans la poitrine ; y grossissent, sans cesse, inexorablement, créant un néant immense dans le creux du thorax déjà d’ordinaire trop vide ; un néant insupportable hurlant et aphone à la fois, sourd, étouffé, muet, que seuls deux yeux suppliant s’adressant au monde laissent résonner…

Un cri qui vous arrache le ventre, vous étripe, insidieusement, sans en laisser de trace tangible ; vous sectionne, vous immole ; ce cri qui vous explose les tympans sans laisser échapper le moindre son. Une bouche béante sur un cri muet.

Putain de monde. Putain de société. Je vous maudit. Pour avoir inventé l’argent, la bourse, les taux de flux et d’échanges. Pour mépriser l’amour. Pour mépriser le bonheur. Et l’être humain. Vous n’en avez rien à foutre, n’est-ce pas ? Seul le profit compte, non ? Le sacro-saint capitale. Et devrai-je m’y plier, moi pour qui tout cela ne représente rien ? Devrai-je vous sacrifier mon bonheur, mon amour, ma vie ? Au nom de quel dogme, de quelle église ? Je ne veux répondre qu’à la liberté. Mais c’est elle que, plus que tout, vous méprisez. Je vous hais.

Lady Eve Smith

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