Cupboard's children (extrait 1 )

jone-kenzo

Tu as déjà entendu parler des «  T .A.Z » ?
-    Le diable de Tasmanie des looney toons ?

-    Non, fit-elle en émettant une déformation gutturale, rien à voir avec ces animaux en plastique de la Warner Bross qui font croire aux enfants que les lapins sont des autistes obnubilés par les docteurs. Je veux parler de sortes de réseaux pirates. Des « zones autonomes ». Tu n’as jamais lu Bruce sterling ?

-    Nop. Je connais « livre sterling  » mais j’ai abandonné les pirates après Symbad le marin.

-    Tu me charries ? fit-elle à moitié incrédule, mis sous l’emprise d’un déni de fou rire.


-    Ca vient de sortir ?  Je veux dire, un peu comme les poupées « Peste  » à qui tu peux tirer les cheveux sadiquement pour le simple plaisir de voir la réplique de Beyonce se faire arracher ce qui lui reste de dignité ?

-    Tu m’as l’air bien remonté contre le système. Tu vas donc écouter ce que j’ai à te dire je pense. Ca ne date pas d’hier en tout cas. Tu n’as jamais imaginé que le monde puisse fonctionner autrement ? Imaginé que ton boss devienne juste un ouvrier comme les autres et que tu gères la société avec les autres salariés ?

-    Si je m’étais dit que quand le café de ma tante deviendrait une multi-nationale je pourrais lui suggérer de me laisser l’aider à gérer le dératiseur et le mec des cafards. Parce que ce n’est pas le même gars figure toi. Tu savais que c’était deux métiers différents ? Alors que moi je sers le café, et en plus j’allume la télé pour bercer les poivrasses. Qu’est-ce que t’en dis hein ? J’suis un corsaire qui écume la mousse que les autres dégueulent.

-    Jimmy ! s’exclama-t-elle désemparée par le monologue de son hôte qui s’écoutait parler, sans que cela lui déplaise réellement. Bon le concept ne se définis pas trop. Mais tu as déjà lu le « Kenshin le vagabond  »

-    Bien sur et pas qu’en Manga si on veut. Le principe des complots, les systèmes de clans, le genre délires sionistes en autarcies, ou les riches qui se payent un terreplein géants dans des eaux de je ne sais quel golfe persique, avec des restrictions de codes de vies aussi faibles que celles qui agissent sur un émirat arabe ? Je trouve que ton baratin ça ressemble beaucoup à refaire le monde autour d’une bouteille. Tu devrais aller faire un tour en France, avec un petit pichet on t’offrirait la bibliothèque d’ Harvard.


-    En fait tu as peur d’y voir ta propre vie ?

-    Où est-ce que dans les mots « Harvard  », « sioniste  » et « code de vie je me suis trahie » ? Je ne veux pas te vexer, mais si je dois casser des œufs : ta psychologie est flippante.


-    Je sais que tu voulais devenir critique, mais tu devrais commencer par les chroniques. Jettes un coup d’œil. A moins que tu préfères retourner dans ton café. Je te propose de sortir de ta routine, ne me la joue pas Docteur House.

-    C’était éditrice, pas critique, grogna-t-elle  en prenant tout de même le document. Et je ne me souviens pas t’avoir parlé de mes ambitions ratées. Est-ce que tout le voisinage est au courant, ou est-ce que tu es tellement désespérée que ta dernière enquête s’est portée sur ma vie ? ce qui induit que tu n’étais même pas rémunérée, et donc que ça s’appelle « stalker  »

Brooklin croisa les bras, l’air impavide. Son amie d’enfance avait bien changée, et elle trouvait ça triste. Dans ses souvenirs il y avait cette petite gamine timide dont le visage s’éclairait quand on lui tendait un banal jus de fruit. Aujourd’hui elle ressemblait à un marin endurcit de quarante ans. Un toxico sortis d’un squat aurait plus de joie de vivre. Qu’est-ce qui avait bien put lui arriver. Chacun, avec les années, avait sans doute eut son lot de déconvenue. Mais la déchéance qui émanait de Jimmy la foudroyait. Pas besoin de la poursuivre dans la rue, elle avait raté sa vie.

- Les élèves studieux ne finissent pas toujours sur les bancs de l’université. Moi je ne suis pas une élève studieuse. Tu crois que j’écume les thèses et les faits divers pour m’éclater ? Ma vie à moi elle est sous les cocotiers. Je rêve de gagner à je ne sais quel jeu d’argent, pourtant je passe ma vie à chercher des gosses qu’on retrouvera jamais, ou à trainer dans des bars pour épier des maris aux femmes jalouses. Résultat je connais tout les résultats du super ball et je me dis que la fidélité n’existe pas, ni l’Amour, ni tout ce dont je rêvais quand je me prenais encore pour une jolie princesse. On est à égalité maintenant, tu vois, tu n’es pas meilleure ni pire que les autres. Je ne dis pas que tu te complais dans le vide de ton existence. Mais laisses moi te secouer les puces. Regarde : j’ai besoin de toi, et si tu m’aides, on pourrait passer notre temps à se la couler douce. Toi tu sors de ton trou à rat, et tu pourras critiquer tes propres livres.

C’est vrai, tout les bons potaches ne finissaient pas à faire larmoyer leurs parents, une petite chemise cartonnée avec un ponpon en pendentif accroché sur la tête. Sans compter l’hymne américain et les profs qui vous sourient. Tout ce qu’elle n’avait pas eu. Et puis ce texte n’avait pas l’air très difficile d’abord. Il questionnait bon nombre de sujet qui la mettaient hors d’elle-même… pourquoi tout le monde avait des idées révolutionnaires alors que chaque jour c’était pareil. « État après État, chaque «paradis» est administré par encore un nouvel ange de l'enfer. ». Dieux que cette phrase était belle. En fait il n’était pas trop mal ce type. Qui plus est un type qui dit se méfier du mot révolution. Chaque phrase de ce texte était une citation à se faire tatouer.

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