Danakil à Longchamp pour les Solidays
Mathilde Thomas
Voilà quelques heures que nous sommes rentrées dans l'hippodrome Longchamps, alors que la pluie continue de tomber, la fatigue me gagne ainsi que le froid. Le concert de Deluxe à peine terminée, mon amie, L., me tire vers l'avant jusqu'aux barrières métalliques. Une heure avant le concert, nous devons déjà jouer des coudes pour nous faire une place au plus près de la scène.
Je souris vaguement devant l'excitation de L., elle sourit telle une adolescente en route pour son premier rendez vous galant. Alors que nous attendons, je la maudis de me faire patienter dehors par un temps pareil et qui plus est pour un artiste qui ne m'inspire pas grand chose à vrai dire.
Septique, j'observe la foule amassée devant la scène en me demandant, incrédule, ce qu'ils peuvent bien trouver à ce Danakil. Des techniciens traversent la scène d'un pas rapide, alors que les gens autour de moi les huent, je les envie d'être au chaud sans cesser de claquer les dents. Le temps passe, et l'heure du concert arrive.
Les musiciens entrent sur la scène, je suis d'abord surprise par leur nombre, ils sont sept. Ils s'emparent rapidement de la scène et la foule réclame le chanteur tandis qu'ils entament paisiblement l'intro. Lorsqu'il fait son entrée, je jette un coup d'oeil autour de moi, certains ont les larmes aux yeux, d'autres se penchent dangereusement en avant au dessus des barrières, faisant tressaillir les deux caïd de la sécurité. Il commence à chanter et se produit alors un phénomène exceptionnel, tous ceux qui m'entourent, sans exception chantent avec lui. Je ne peux qu'être émue par cette chorale improvisée, menée par un seul homme et pourtant toujours intelligible. Peu à peu, la musique m'embarque, j'oublie la pluie, le froid, la douleur dans mon dos, j'oublie ceux qui me poussent, et le contact déplaisant avec la barrière, glaciale et trempée. Je secoue la tête en rythme, je ne connais pas la majorité de ses chansons mais je parviens à mettre de côté mes préjugés. Je vais même jusqu'à chanter lorsqu'il entame sa fameuse hymne, Marley, et l'excitation ambiante me gagne moi aussi.