David

Jean Marc Kerviche

Pensée

Voilà plus de 500 ans que j'attends, sans protection aucune, exposant ma nudité au regard concupiscent de femmes enamourées sans pouvoir faire un seul geste.

Je me languis.

Combien de temps encore je dois conserver cette posture, debout dès le matin pour accueillir les premiers touristes… Je ne peux m'asseoir et m'allonger qu'à la nuit tombée, sans autre subsistance que l'air ambiant.

Mes muscles se tétanisent, mais ce n'est pas le pire. Il m'arrive de sentir les caresses sur mes jambes de mains graciles qui me chatouillent, et je ne puis me gratter. Je dois me contenir, ne bouger sous aucun prétexte, supporter cette douce douleur, cette suave torture sans faillir et, stoïque, je dois garder la pose, imperturbable comme le bloc de Carrare dont je suis issu, tout lisse et tout poli.

Quand vais-je enfin sortir d'ici et profiter de la vie.

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