De Clercy

Cédric Chevreau

Un homme dégouline de sueur, un pistolet à la main dans une pièce sombre. Il halète. Il n’a qu’une seule question dans la tête: «Comment, comment j’en suis arrivé là… ou plutôt, comment on en est arrivé là? ». Pourtant il est seul. Il est traquer par d’autres hommes, combien sont-ils? Il n’en sait rien, il n’est pas sûr de vouloir le savoir, il veut juste s’en sortir. « J’ai rien fait pour mériter ça… j’ai rien fait ». Un coup de feu, puis un second dans un rythme qui lui rappelle une chanson. Mais pas n’importe quelle chanson qui vient comme ça vient vous donner un peu de baume au cœur, non; cette chanson, c’est celle qui passait le jour où tout a basculé.

La musique sur laquelle des mecs étaient en train de s’affronter, il y a quelques jours plus tôt, Karl avec ses quatre potes les regardaient admiratifs… et dire qu’ils n’ont jamais pris de cours. Ils étaient dans un hall, les murs sont tagués, voir graphés, mais ils se savaient chez eux ici. Certains diraient que c’est moche et ne voudraient pas vivre ici, eux y trouvaient une certaine beauté et se sentaient bien. Ils restèrent quelques minutes et finirent pas bouger, pas qu’ils soient attendu, mais ils n’aimaient stagner trop longtemps au même endroit. Sinon, les koeufs rappliquent… contrôle d’identité et embrouille… depuis les émeutes les choses se sont tendues.

Malgré tout, c’est un de ces samedis après-midi qui font du bien. Il y en a deux qui travaillaient régulièrement, dans le transport, revendant des produits tombés du camion. Un troisième qui suivait des études d’infirmier, lui faisait un bisness de méthadone pour les drogués de la cité, de plus c’était le seul blanc du groupe. Quant aux deux derniers, ils pointaient depuis tellement longtemps qu’ils ne gonflaient déjà plus les chiffres du chômage. Un peu de business amélioraient leur quotidien mais rien à grande échelle, trop risqué et, pas le but. Bien sûr, ils faisaient du rap mais plus comme façon de vivre que dans la vision d’en faire une profession. Karl disait toujours:«Le Rap, c’est un art de vivre, j’veux pas que soit repris par des médias qui reprennent une image de banlieue de merde. Il faut être libre».

Avant de partir, ils demandèrent à Darren, un ami qui était présent, s’il voulait les accompagner. Darren accompagnait de temps en temps le petit groupe de pote, quand il n’était pas occupé, ce qui était rare. Un vrai électron libre, le Mac Gyver du coin, le genre de mec qui fait tout avec rien. Avec lui, on sait que rien ne peut arriver. Il déclina l’invitation d’un geste de la main amical.

Ils prirent la voiture de Kévin, un des deux chômeurs, une vieille Renault on ne sait comment elle roule encore, direction Panam, les halles. Faire un peu de lèche vitrine, fringues et moeufs, prendre ce qu’il y a à prendre, se retrouver entre potes même si Année 80 faisait parti du lot. Il faut toujours une brebis galeuse dans un groupe. L’après-midi se passait plutôt bien, deux trois numéros de téléphones, rien de récupérer dans les magasins mais bon, ils avaient repéré deux trois trucs qui pourraient bien tomber d’un camion un de ces quatre matins, Karl et Marvin étant embauchés dans le boite qui fournis la plupart des boutiques d’ici.

Après avoir passé une heure ou deux dans le Forum, ils s’étaient posés dans le jardin derrière ce dernier. Mangeant un Mc Do, ils discutaient de tout de rien, commentant la beauté des filles qui passaient à proximité. Ecoutant les soi-disant frasques d’Année 80, surnommé ainsi parce qu’il était fan de Sydney de H.O.P. H.I.P., ponctuant toutes ses phrases de «yo», ils se foutaient de lui. En fait, c’était un samedi après-midi tout ce qu’il y a des plus ordinaires. C’était presque devenu une tradition, écouter les délires d’Année 80, reluquer les petites minettes, mâter les fringues et manger soit Mc Do soit un Grec. Depuis qu’ils avaient quinze ans, ils opéraient ce rituel.

Mais ce jour là… ce jour là, il se passa quelque chose qu’il bouleversa leur vie à tout jamais. Alors qu’Année 80 s’agitait pour mimer comment il avait échappé à l’attaque d’un pit-bull, il fut heurté par un homme. Il sentit quelque chose dans ses mains, un peu chaud. Il baissa les yeux et ils découvrirent un pistolet avec silencieux. Ils se mirent à regarder autour d’eux, à quelques mètres, trois hommes, costumes sombres, cravates, bien coiffés, d’une quarantaine d’années passaient, l’un d’eux tomba à terre. Mais, ils n’y prêtèrent pas attention, ils cherchaient la personne qui leur avait donné ce cadeau empoisonné. Karl finit par dire à Année 80 sur un ton ferme mais pas trop fort:

-         putain, cache cette merde…

-         Ils ont un flingue! Ils ont un flingue!

Karl n’eut pas le temps de finir sa phrase que l’homme qui avait placé l’arme dans les mains d’Année 80 hurlait en les montrant du doigt. Un mouvement panique s’installa, des gens plongèrent à terre, d’autres restaient quoi, sans vraiment comprendre ce qui se passait. Les deux hommes en costumes encore vivant se tournèrent vers eux, la main à la poche. Karl arracha le pistolet des mains d’Année 80 pour le cacher sous ses vêtements. David avait gardé un œil sur les costumes sombres, il sentait un truc pas net avec eux, habitude prise quand il refilait sa méthadone aux toxicos de la cité, c’est toujours risqué. Il dit alors: «Karl, Karl, on dégage… vite!». Les deux hommes arrivaient à grands pas vers le petit groupe. Karl tourna alors la tête et les vit se rapprocher. Dans le même temps, une sirène de police retentit au loin mais approchant rapidement sur les lieux.

Les cinq pots se dévisagèrent les uns les autres pendant quelques secondes et, sans se parler démarrèrent ensemble leur course dans la même direction. Très vite, Karl leur ordonna de se séparer, prenant Année 80 avec lui, un peu perdu. Il leur donna rendez-vous chez lui, il partageait un appartement avec Marvin, le squat des cinq potes. Les deux premiers descendirent rapidement dans la bouche de métro, Kévin fila vers sa voiture, Marvin et David s’enfoncèrent chacun de leur côté dans les rues de Paris. Devant cette dispersion, les deux hommes en costumes sombres ne surent pas lequel suivre. Puis, à l’écoute des sirènes firent de même pour disparaître dans la foule et laissèrent leur ami gisant sur le sol. Le tumulte de l’urgence s’installa. Le ballet des sirènes, police, SAMU, pompier, envahi les Halles. Un périmètre de sécurité fut installé et, on commença à glaner des indices de-ci, de-là.

         Arrivé sur le quai du RER qui les mènerait chez aux, Karl et Année 80 se sentaient mal à l’aise, une désagréable impression que tout le monde les regardait de travers, ils avaient l’habitude de ce genre de regards, ça leur arrivaient souvent. Mais là, c’était différent, comme s’ils savaient ce qui venait de se passer et, qu’ils étaient en train de les juger… en train de les condamner. «C’est vrai, après tout, ils sont combien dans ce wagon à nous voir comme de la rakaï? Notre façon de nous habiller, notre couleur de peau, notre façon de parler, tout nous condamne avant même qu’on se défende», Karl prenait conscience du pourquoi ils avaient été choisis par le tueur pour porter le chapeau. Coupable, les koeufs n’iront pas chercher plus loin dès qu’ils détermineront que les principaux suspects sont des jeunes des cités. Il regarda Année 80 dans les yeux, il y lisait une certaine naïveté. Karl comprenait qu’Année 80 ne saisissait pas la portée des évènements, il le voyait déjà faire le mariole devant les autres potes de la cité en racontant son histoire. Il en était même dangereux, pensait Karl, pour l’instant, personne ne devait savoir ce qui se passait.

Les choses étaient claires dans sa tête, Karl commençait à élaborer un plan, comme il le faisait si souvent dans ses jeux de plateaux. Il avait découvert ces jeux à Jussieu pendant son premier, son unique trimestre de fac. Après, il a fallu aller travailler… mais, il avait conservé des connaissances là-bas et, certains dimanches, il disparaissait sans mot dire. Et, il revenait en fin de journée, la tête vide. Il kiffait ses potes, c’était comme ça famille mais, il appréciait son individualité de temps à autre également. Comme il estimait Marvin quand ce dernier accompagnait son grand-père au parc, à côté, et se mettaient à jouer au échecs pendant des heures. Ils les observais à quelques pas, pour pas les troubler, et appréciais mieux l’ensemble de la scène, ils jouaient le temps avec le chronomètre à deux cadrans. Ils tapaient à une rapidité sur le déclencheur, chacun leur tour, sans jamais quitter l’échiquier des yeux. Pendant qu’ils jouaient, rien d’autre n’existait, me monde aurait pu s’écrouler, le grand-père et le petit-fils réuni n’auraient pas bougé d’un iota. C’est ce que Karl trouvait le plus beau, cette relation sans échanger un mot… de l’amour pure et désintéresser.

Ils arrivaient enfin chez eux, Karl imaginait qu’il était trop tôt pour les flics de savoir qui ils étaient et où ils vivaient, ils arrivaient donc serein à son appartement. Année 80, comme il le craignait, voulu lui fausser compagnie dès qu’ils croisèrent des mecs de la cité. Il le rattrapa autoritairement, et lui dit de la fermer jusqu’à nouvel ordre. Comme il ne l’avait jamais vu encore comme ça, Année 80 s’exécuta et, marchait à côté de lui comme un chien qu’on venait de corriger. Darren passa dans le champs de vision de Karl. Ce dernier l’interpella. «Putain, Darren, il n’y a que toi!». Karl prit à part son ami Darren avec un œil sur Année 80, il se parlèrent brièvement et, Darren disparu rapidement.

Seul Kévin était déjà là, comme l’avait prévu Karl, il n’y avait pas de comité d’accueil. Ils entrèrent tous trois dans l’appartement et, restèrent silencieux le temps que les deux derniers se manifestent. Année 80 voulu allumer la télé pour jouer à la playstation, Karl avançait, sans même lancer un regard à son ami, éteint la console et mis la une pour voir si on parlait de ce qui s’était passé plus tôt. Il beugla, Marvin lui mis une claque derrière la tête en lui expliquant: «Eh, nez de bœuf, tu comprends pas qu’il faut qu’on sache ce qui se passe!».

Le cours des programmes étaient normal, il fallait s’y attendre, à part pour les cinq protagonistes, il ne s’était pas produit de cataclysme, juste un fait divers. Au mieux, PPDA ouvrirait son journal avec ça. D’un autre côté, la police ne devait pas avoir assez d’éléments pour les incriminer, c’était même pas sûr que quelqu’un pourrait les décrire. On dirait quoi? Des jeunes noirs de banlieue ont fait des leurs. Sous l’effet d’un sentiment de paranoïa, Karl se mit à la fenêtre pour voir si la police faisait son entrée dans la cité. Machinalement, son regard se perd sur l’animation de la cité, qu’il connaît par cœur. Il se souvient qu’il n’y a pas si longtemps, il se trouvait en bas, squattant un porche pour s’offrir une porche. Mais il a vite compris que la rue n’a pas d’issus. C’est grâce à Fabrice Salez, dit Année 80, qu’il est aujourd’hui sein et sauf. Alors qu’il était avec ses nouveaux amis et son pote d’enfance, Bernard Traoré, Année 80 était venu faire ce qu’il fait de mieux, raconter des conneries. Ils ont demandé à Karl de s’en débarrasser, ce qu’il fit, alors qu’il lui parlait dans le hall, une BMW a déboulé, un bras armé est sorti et ils sont tous tombés à terre… Karl avait conscience qu’il devait la vie à Année 80.

Enfin, les deux derniers lascars arrivèrent au point de rendez-vous, en même temps, Karl parti dans ses pensées, ne les avais même pas vus traverser le parking. Pour chacun des membres, personne n’avait été suivi. La télé toujours branché sur la première chaîne, restait toujours muette en ce qui concernait leur événement majeur. David, venant aux nouvelles, interrogea Karl:

-    Alors, demanda-t-il à Karl.

-    Alors rien, pas un traite mot de ce qui s’est passé. Mais, c’est insignifiant pour eux. Ça va grossir les faits divers, ils vont peut-être en parler au journal. Mais pas arrêter tous les programmes pour ça… sauf si le mec qui s’est fait butter est une huile ou une VIP. A première vue, c’est pas le cas…

-    Bon, qu’est-ce qu’on fait?

Le silence s’installa et, tous les yeux se tournèrent vers Karl, ayant une autorité naturelle, le groupe se reposait facilement sur lui. Puis, il expliqua:

- Alors, premièrement, il faut se débarrasser du gun… pour ça j’ai une idée. Deuxièmement, pour l’instant, on ne quitte pas la télé des yeux, quitte à se relayer, je veux qu’on soit au courant de toute évolution. L’homme a été abattu en pleine rue, ils vont forcément en parler; au moins en parler. Sinon, demain, quelqu’un ira acheter le journal. Dans le Parisien, ils en parleront. Pour le Tercio, il faut attendre un peu, si la police a des infos sur nous ou pas. S’ils n’ont rien, on est sauvé, il ne nous retrouverons pas. Déjà, on a pas acheté cette arme, en suite, on s’en ai jamais servie. Bien entendu, on va nettoyer le pistolet. Oh, Salez, ça t’intéresse pas ce que je dis?

Karl avait parlé sur un ton énervé et autoritaire, alors qu’Année 80 était en train de grapher un des murs de l’appartement. Comme un gamin qu’on a pris en flag’, il regarda Karl et dévoila son dessin. Karl surprit s’avança et observa le dessin. Enfin, il demanda à Fabrice de lui expliquer ce que c’est. «Yo, c’est le quemè qui nous a filé le gun», annonça-t-il fièrement. Le silence tomba sur l’assemblée, tous dévisagèrent leur pote, incroyable de naïveté et de talent. Devant eux, ce visage ressemblait presque à une photo. Karl brisa le silence en commençant à insulter ce portrait, ils reprirent tous en chœur. Une fois soulagé, Karl intima à tout le monde de rester ici, ensemble, mais de faire ce que chacun voulait, pour décompresser mais, au moins une personne devait surveiller la télé.

 

Karl réfléchissait à la façon de se débarrasser de l’arme, rien d’évident, quand on ne veut pas attirer l’attention. Son regard se perdait par la fenêtre, vide, il regardait sans voir, sans faire attention, ce paysage, il l’avait vu tellement de fois qu’il ne faisait pas vraiment attention. Pourtant, il pris conscience que la réponse se trouvait devant ses yeux. Une grue fixa son regard… une grue donc un chantier, et l’idée commençait à naître dans l’esprit du jeune homme. Il fit un signe à David, pour qu’il s’approche de lui, puis, il lui expliqua ses intentions. Son projet de se séparer du gun dans le chantier, avec un peu de chance il trouverait du ciment plus ou moins frais ou quelque chose comme ça. Davis sembla d’accord et proposa à son ami d’y aller tout de suite. Mais Karl n’était pas chaud, il préférait, avant, assister au journal télé, pas qu’il n’ait pas confiance aux autres mais ça, pour anticiper la suite des évènements, il voulait entendre par lui-même ce qu’il dirait à la télé.

 La tension était palpable rendu encore plus lourde avec cette attente du journal, Karl imposait presque le silence dans sa façon d’être. Enfin, l’heure arriva, aux premières notes du jingle annonçant le journal, tout le groupe se pressa devant l’écran, dans un silence quasi monacale. Le journal se déroulait, comme à son habitude, mais, pour le club des cinq, c’était la première fois qu’il le regardait en intégralité. Sinon, arrivée au moment de la page sportive, ils auraient su qu’il ne dirait rien sur leur histoire. Mais le silence était toujours de mise dans l’appartement et, au générique de fin, ils attendaient encore.

-    Putain, c’est quoi cette merde? Lâcha Kévin

-    Pas un mot, ça veut dire quoi, continua Marvin.

-    On est sauvé, il nous cherche pas, s’exclama Année 80.

-    On se calme, intervint Karl. C’est pire que ce que je pensais. Personne n’en parle au journal. Un mec se fait abattre en plein quartier des halles et, rien… un mec en costard cravate en plus. Ça veut dire que la police n’est pas sur nous, mais pire…

Karl prévint donc tout le monde, tant qu’ils restaient ici, dans l’appartement, ils ne craignaient rien… sauf si on les dénonçait. Ce qui était une éventualité, la cité allait être sous surveillance et, ça perturberait le business de certain. Au mieux, on leur demanderait de se livrer pour retrouver l’apparente sérénité de la cité. Les prochaines heures s’amorçaient délicate.

Karl cherchait un moyen de locomotion qui permettrait de le rendre invisible, du genre une voiture avec des fenêtre fumées ou un truc comme ça. Il était hors de question de prendre la voiture, enfin le pot de yaourt de Kevin, à la première patrouille de flics, ils seraient pris en chasse. En plus leur visage serait à découvert. Pendant sa réflexion, il permit aux autres de faire ce que bon leur semblerait. Ainsi, Année 80 put enfin allumer la console et jouer à NBA live, et se prendre pour Tony Parker, certaines mauvaises langues diraient que c’est parce qu’il pense plus à Eva Langoria que Tony lui-même! Quant à Kevin et Marvin, ils se lancèrent dans leur jeu favori, un lâchait une phrase et l’autre la suivante et ainsi de suite jusqu’à ce que l’un des deux n’ait plus d’idée, tout ça en rappant. Des fois, «pour améliorer l’ensemble», Année 80 plaçait un Yo ou des hain, hain. David lui, s’installa à la table, sortit un paquet de cigarette et une barrette de shit pour rouler un bedo. Il avait presque fini le cône quand un homme, ouvrit la porte des toilettes, tira la chasse, avança vers ce dernier, pris le joint, l’alluma et s’en alla. David regarda l’homme s’en aller, se tourna vers Karl qui souriait en lui disant: «c’est mieux ainsi, j’ai besoin que tout le monde soit en possession de ses moyen dans les prochaines heures à venir, on ne sait pas comment vous se passer la suites des évènements…» David lui donna raison et rangea la matos au lieu d’en préparer un autre.

Karl avait décidé d’attendre le milieu de le nuit pour aller jusqu’au chantier, il se donnait le temps d’observer ce que la police allait faire. Pour l’instant, les patrouilles n’étaient pas plus fréquentes au abord de la cité, mais il faut avouer que, depuis les émeutes d’octobre 2005, ils étaient plus délicats avec les affaires qui touchaient aux cités par peur que ça explose une nouvelle fois. Karl le savait et voulais en jouer, ça faisait parti du potentiel à leur disposition alors il fallait qu’ils s’en servent.

Soudain, on frappa à la porte, témoin que la tension n’était pas retomber, le temps s’arrêta pendant quelques secondes, l’ensemble du petit groupe se dévisageait les uns les autres. On frappa une nouvelle fois plus fort, la personne qui se trouvait derrière, semblait impatient. Karl se dirigea vers la porte, avec une certaine appréhension, en passant, il donna le pistolet à David, puis,  une fois à la porte, il regarda par le judas et, souffla fort. Il fit signe à son pote de cacher l’arme, alors qu’ils étaient tous suspendus à ses gestes pour savoir qui avait frappé, sans plus d’information, il ouvrit la porte. Une fille entra:

-  Vous êtes tous là! c’est quoi ce délire, qu’est-ce que vous avez foutu encore?

-    Rien, je vais t’expliquer, Bébé, répondit Karl.

-    Tu vas m’expliquer? J’espère bien que tu vas m’expliquer! Tu croyais t’en tirer comme ça? Je passe ma journée a essayé de t’appeler, ton phone sonne, sonne, sonne et… répondeur. J’t’ai laisser au moins 200 messages et toi, silence radio, tu rappèle pas. j’vais rejoindre Keisha, je passe devant l’appart’. Et, je vois quoi? Toute la petite bande réuni en train de s’éclater! Tu me fais quoi là?

-    On est innocent… dis Année 80. Tous les regards se tournèrent vers lui et, David, sans faire exprès, laissa tomber l’arme à ses pieds.

-    C’est quoi ça? Mais putain, qu’est-ce que vous avez foutu? J’croyais que c’était fini les embrouille, «Bébé, j’te promets, plus de Bisness», tu parle, tu m’as encore pipotée.

-    Charlene, juré, on y est pour rien dans l’histoire, reprirent-ils tous en chœur.

-    D’où vous la ramenez-vous? On vous parle à vous? Occupez-vous d’vos moeufs, les gars. D’ailleurs, David, j’ai eu Keisha au téléphone, elle est hystérique! Elle te cherche partout, à mon avis, elle va pas tarder à arriver.

-    David, tu l’appelles tout de suite, je ne veux pas la voir ici, tu lui dis que Charlene va passer la voir pour lui expliquer…

-    Mais…

-    Pas de mais. Tu m’écoutes et tu t’en vas, vite…

-    Attends, com…

-    Non, j’attends pas. je t’explique ce qui s’est passé et, ce que je prévois et toi, tu me fais confiance et tu vas, à ton tour, rassurer Keisha. Ok?

-    Ok…

Karl raconta donc son histoire à sa petite amie, elle l’écouta attentivement et, une fois qu’il eut finit, le serra dans ses bras. Ils restèrent ainsi quelques minutes où le temps suspendit son vol. Mais leur intimité fut interrompue par David, qui n’arrivait pas à faire entendre raison Keisha. Charlene embrassa Karl, arracha le téléphone des mains de David et pris son amie en ligne, elle l’a réconforta et lui dit qu’elle venait lui expliquer. Elle se dirigea vers la porte, se retourna vers son chéri, il lui sourit et lança un «faite attention à vous», et s’en alla rejoindre Keisha.

Karl regonflé par cette visite, pensa que le moment de se séparer du pistolet était venu. Il interpella David pour que ce dernier l’accompagne, Année 80 sauta de son siège et voulu les suivre. Ce dernier essuya un refus ferme et définitif de Karl et David… en même temps. David se dirigea vers la cuisine, pris une pomme et Karl prit le dessin d’Année 80 en photo avec son mobile. Les deux hommes prirent l’ascenseur, en silence sans même se regarder. Ils passèrent le porche de l’immeuble et, à travers le parking de la cité, se dirigèrent en direction du fameux chantier. Alors qu’ils avaient parcouru quelques mètres, ils furet pris dans les phares d’une voiture, une grosse, type 4X4. Ils étaient comme paralysé, on aurait dit deux animaux au milieu de la route. Sauf que la voiture s’arrêta à quelques millimètres des deux compères.

Un homme sortit de la voiture:

-  Hey, Karl, Dav, bien ou bien les gars?

-  Darren? Darren, c’est toi?

-  Yes Karl…

-  Qu’est-ce que tu fais avec ce Range? Tu as gagné au loto ou quoi?

-  J’ai un pote rappeur, demain il tourne un clip et, ils voulaient un Range, je leur ai trouver un…

-  Tu veux dire dans la rue… avec les clefs dessus?

-  Non, c’est à un autre pote… enfin tu vois quoi, je mets en relation…

-  Dis-moi, heu…

-  Tu veux que je t’emmène, non? Tu sais vieux, ça commence à parler pas mal de ton petit accident et, des noms sortent… alors, on devrait se dépêcher.

-  Ça va aller?

-  Bien sûr que ça va aller. Tu crois que je sors sans prendre mes précaution. Comme ils disent à la télé, sortez couvert. Moi, c’est toujours ce que je fais! Qu’est ce que tu fais avec ta pomme toi? Enfin… aucune importance, allez monter dans la voiture… avant qu’une charmante patrouille de koeufs vienne faire salon avec nous! Vous m’expliquerez tous dans la voiture.

-  Putain, on a un chauffeur en plus! S’exclama David.

-  C’est bon, j’ai pas mon permis… c’est le proprio du Range, Seb, alors ferme ta bouche.

-  C’est bien…

 

La police ne viendra pas. Par contre, des hommes surveillaient les lieux à la recherche de ces cinq jeunes de banlieue. A quelques mètres de là, deux hommes les épiaient. Deux hommes de race blanche, costumes sombres, jumelles à la main regardaient attentivement la scène. L’un d’eux avait finalement suivit Kevin, relevé ses plaques minéralogiques et, grâce à un réseau de connaissances, il avait obtenu l’adresse du propriétaire. Trop tôt pour aigri, ils ne savaient pas encore où habitaient les jeunes gens. Leur seul préoccupation, connaître la raison de l’assassinat et, le commanditaire, ils savaient que ce n’était pas un acte gratuit. Quand Darren commença à rouler en direction du chantier, ils le prirent en filature dans leur voiture de luxe. En prenant soin de laisser des amis à eux en planque pour trouver les trois autres.

En quelques minutes, Darren amena David et Karl aux portes du chantier, l’endroit était désert. Darren leur conseilla de passer par un endroit qu’il leur indiqua, plus facile d’accès. Ils suivirent son conseil et, entrèrent facilement sur le chantier. Ils se mirent en quête d’un lieu où déposer l’objet du délit pour qu’il soit perdu à tout jamais. Concentrer sur leur recherches, ils ne s’aperçurent pas qu’ils n’étaient pas seul.

-  Messieurs, bonsoir, dit une voix. Karl et David se retournèrent

-  Qu’est-ce que vous voulez, demanda Karl, vous n’êtes pas les gardiens du chantiers, à première vue.

-  Quel sens de l’observation… bon, venez, nous allons faire un tour dans notre voiture.

-  Non, merci, nous avons déjà un chauffeur, répondit David.

-  Bon, arrêtez de faire les mariolles, tous les deux. Maintenant suivez-nous sans histoire, sinon, ça risque de mal se terminer pour vous. Dit l’homme en sortant un pistolet.

A la vue de l’arme, David eut le réflexe de lui lancer sa pomme à moitié manger dans la figure, l’homme décontenancer laissa tomber son arme. Le second costume sombre chercha à prendre la sienne, mais Karl ne lui en laissa pas le temps et, couru sur lui pour lui assener un coup de boule qui le sécha, il tomba à terre. Karl et David se regardèrent et, cavalèrent vers l’endroit par où ils étaient entré et où Darren devait encore les attendre. Les deux agresseurs firent de même vers leur voiture, comprenant qu’ils n’arriveraient pas à temps pour éviter qu’ils ne s’échappent. (Une course poursuite s’ensuivit.) Alors que les deux hommes entrèrent dans le chantier, une camionnette s’arrêta à la hauteur de leur voiture. Cinq jeunes en sortit, avec crique, manivelle et briques sur laquelle il mirent la voiture surélevée. Ils enlevèrent les quatre roues et, s’en allèrent aussitôt. Les deux homme arrivèrent à leur voiture entrèrent à l’intérieur, démarrèrent, mais n’avancèrent pas. le conducteur s’énervait sur l’accélérateur quand, un Range se plaça à côté. Karl regarda le conducteur lui fit un signe de la main et, Darren accéléra. Les hommes sortir fou de rage. L’un d’eux prit son téléphone et, demanda qu’on vienne les prendre.

 

Peu de temps après que Karl et David soient partis, Année 80 commença à s’agiter. Il avait besoin de bouger, de se dégourdir les jambes, il ouvrit la fenêtre et mis une chanson assez fort et se mit à danser. L’agitation attira les regards de ces deux personnages dans leurs costumes sombres qui venaient de prendre la relève. L’un des deux était présent lors de l’exécution de leur protégé. Quasiment immédiatement, il reconnu cet énergumène, sa façon de bouger, son accoutrement. Tout de suite, il fit signe à son collègue. Ils passèrent un coup de fil, «on en a trois… d’accord… bien monsieur». Le dialogue fut court mais clair, les deux hommes se levèrent, prirent des battes de Base Ball, ils ne devaient pas faire de bruit.

Alors qu’Année 80 dansait, quelqu’un frappa à la porte, sans réfléchir, Marvin pensa que Karl revenait, il dit à Année 80 qu’il allait passer un sal quart d’heure, car ils ne devaient pas se faire remarquer. Sans regarder par le judas, Marvin ouvra la porte qui lui arriva en pleine tête avec force et vitesse. Il s’effondra par terre, le nez en sang. Kevin leva les yeux pour voir ce qui se passait, juste pour prendre un coup de bat en pleine face. Fabrice Salez se pressa contre les fenêtres. Un des deux gars en costumes sombres ferma la porte, Marvin et Kevin hors de d’état, ils avancèrent sur Année 80 qui se laissa emmener sans résistance. Un des deux hommes le guida jusqu’à leur voiture, avant de quitter l’appartement, il dit à son camarade qu’ils n’avaient pas besoin des deux autres. Et, sur ce, il ferma la porte de l’appartement alors que l’autre homme commençait à frapper sur les deux gamins à terre. Ce dernier les rejoignait quelques minutes plus tard, seul, et annonça avec un léger sourire : «C’est bon, ils ne nous causeront plus de problème, on peut y aller». Le conducteur n’ajouta rien et la voiture démarra.

 

(Alors que Seb essayait de semer ses poursuivants, il reçut un coup de fil, il ne parla pas, et raccrocha. Il ne dit mot à ses deux passagers, connaissant la ville comme sa poche, il finit par se débarrasser de ses agresseurs. Après s’être assuré que la voiture ne les suivait plus, Darren s’arrêta dans une rue tranquille. Il se tourna vers Karl et David, l’air grave et annonça:)

alors que Seb ramenait tranquillement les trois compères vers la cité, Darren reçu un coup de fil et, fit arrèter la voiture instantanément. Le visage fermer, de cour mot passait ses lèvres, «ok », «oui », «où »… Mais il ne s’étallait pas plus que ça. La conversation téléphonique ne fut pas très longue. Darren baissa la tête quelques seconde et regarda l’assistance qui était suspendu à ses lèvres:

-    Bon, je ne sais pas vraiment ce qui s’est passé mais, Marvin et Kevin ont été battus à mort. Fabrice est introuvable et, vous êtes donc activement recherché, comme témoins possiblement comme complices. Le problème c’est que, ça c’est passé dans ton appart’ Karl, la police est là-bas…

-    Merde, ma méthadone… lâcha David.

-    Super, en plus d’être des meurtriers, vous devenez des toxicos! C’est la grande classe! Enfin maintenant ils ont un mobil pour le meurtre. Votre affaire ne s’arrange pas vraiment…

-    Non, la police ne bougera pas, si les toxicos de la cité se butent entre eux, ça les arrangent!

-    Enfin, ils ne vont pas retrouver Kévin et Marvin. Des potes les ont récupéré avant que les condés arrivent – on sait pas qui les a appelé cela – et ils sont mal en point, mais pas morts. On les a amené chez Entravélaour.

-    Chez qui?

-    Tu comprendra quand on y arrivera. Seb, on va chez Entravélaour.

-    Bon la question est, qu’est-ce qu’on fait, maintenant? Demanda David.

-    Là, j’en sais rien, lui répondit Karl, j’avoue, je sèche. Je ne m’attendais pas à ça. Je pensais qu’on aurait juste à faire face à la police et, en vue des éléments qu’ils avaient, je nous savais assez tranquille pour l’avenir. Mais là, je ne sais pas qui sont ces gens à qui nous avons à faire. J’aurais voulu aller chercher Fabrice mais où? Combien sont-ils à nous attendre? Quels armements ont-ils à leur disposition? Et j’en passe…

-    Si j’en crois ce que j’ai vu, ils doivent avoir des contacts dans la rue, intervint Darren. Alors, je m’en occupe. La rue n’est pas insensible à ce qui vous arrive, elle vous aide.

-    Je prends… dit simplement Karl, en réfléchissant.

 

Année 80 était assit à l’arrière de la voiture, aux côtés d’un des deux hommes en costume sombre, portes verrouillées. Il y régnait un silence pesant, tout autre personne qu’Année 80 se serait senti mal et, se demanderait ce qui allait se passer. Mais, lui ne voyait que la jolie voiture dans laquelle il était. De grands yeux ronds ouverts, il n’en perdait pas une miette. Il ne fit même pas attention au parcours qu’ils empruntait et, ne semblait pas intéresser par le point de chute où ils devaient arriver. Il chercha même à avoir une conversation avec ses deux tortionnaires, et pris un coup de poing dans le ventre pour toute réponse. Le chauffeur eut un autre coup de téléphone, une nouvelle fois l’échange fut bref, il y eut juste un «d’accord» qui fut dit. La voiture roulait à vitesse normal, le conducteur semblait tout faire pour éviter une intervention de la police. Leur passager étant recherché, ils ne voulaient, enfin ils ne devaient pas le perdre, l’homme qui les commandait souhaitait savoir qui était le commanditaire du crime.

Ils arrivèrent dans une zone d’activité, des immeubles de bureaux partout, aucune âme qui vive pendant le week-end, endroit parfait pour interroger quelqu’un. Ici, ils ne seraient pas dérangé… La voiture passa une grille qui se referma derrière elle. Elle s’arrêta près d’une petite porte, l’homme qui se tenait à l’arrière prit brutalement le jeune homme quasi inconscient du danger et, sans ménagement l’emmena dans un endroit qui ressemblait à un entrepôt. Le jeune homme fut attacher sur une chaise en bois rudimentaire, pieds aux pieds de cette dernière et mains attachées ensemble dans le dos. Bien entendu, il ne fut pas bâillonner puisqu’il devait parler… Pendant ce temps, une deuxième voiture arriva, identique à la première, suivit de quelques minutes par une troisième. Dans la première se trouvaient les deux malfrats qui avaient essayé de capturer David et Karl. Quant à l’autre, un homme d’âge mûr en sortit, impressionnant de charisme. Tout ce petit monde entra par la même porte que Fabrice Salez avait passer un peu plus tôt. En face de l’entrepôt, il y avait une vielle bagnole, un peu défoncé, sale. une voiture volée qu’ils avaient laissé dans un endroit calme pour pouvoir se barrer. Qu’est-ce qu’on avait pu faire avec? Les vitres étaient tellement sales qu’on n’y voyait rien à l’intérieur. Tellement pourrit qu’elle n’attirait les regard d’aucun professionnel qui venait de passer le portail. Pourtant une fois que tout le petit monde fut entrer et que, plus de véhicule n’arriva, une flamme se distingua au milieu de la saleté des fenêtres. Un homme alluma une cigarette. Il mit le contact et s’en alla aussitôt.

 

Darren les emmena chez Entravélaour, qui vivait dans une cave, en clandestin, même si ç’en n'était pas un. Reclus, il ne voulait plus vivre au milieu des gens, il pensait avoir un niveau de conscience supérieur. On peut dire qu’il était illuminé mais on ne sait par quelle lumière… quand il ouvrit sa porte, il donna l’air d’être dans le cosmos, il dévisagea les quatre personnes et les firent entrer. Dans l’habitation – ça ressemblait plutôt à un souk – on entendait une musique étrange, ressemblant un peu à de la musique tibétaine ou indienne. Il y avait une drôle d’odeur, il devait faire brûler de l’encens ou un truc pas clair. Une légère fumée planait dans l’atmosphère. A peine quelques pas et, un mal de crane assaillait chacun des nouveaux arrivants. «C’est pour augmenter votre niveau de conscience », leur avait dit Entravélaour. Darren et Seb durent s’en aller.

Une fois Darren parti, l’homme se présenta sous le nom de Entravélaour, un nom qu’il s’était donné dans une langue inventée, qui devait signifier Celui qui Voit au-delà… Karl et David le regardaient un peu perplexe… enfin, chacun son délire! Puis, Entravélaour leur proposa de s’installer. Il n’y avait pas de canapé, qu’un amas de coussins qui semblant malgré tout confortable. Il leur demanda s’ils voulaient boire quelque chose, ils acceptèrent l’espèce de thé qu’il leur offrit. Karl voulu voir ses amis avant, il s’avança vers une porte. Il fut aussitôt arrêter par le maître des lieux. «Tu ne dois pas pénétrer dans cette pièce. L’âme de tes amis est très abîmés et, l’enveloppe charnel en montre les stigmates. Fais-moi confiance, je suis le seul ici à pouvoir les sauver.

-    Ou un médecin.

-    Je ne crois pas que ta situation le permet, sinon, tu ne viendrais pas demander asile en mon royaume. Ici, le monde de dehors n’as pas prise. Ce que tu sais, ce qui est vrai derrière cette porte, ne l’est plus chez moi. Mais, ton esprit, ne peut pas accepter ce que je te dis, il ne sert à rien que je t’embrouille. Bois, cette boisson que j’ai préparé pour toi et ton ami. Elle vous régénèrera avant que vous repartiez dans votre monde.

-    Ça te dérange si on fout la télé?

-    Non, bien sûr que non, mais ne la mettez pas trop fort, la musique fait parti de la thérapie.

 

Il alluma la télé, s’affala sur les coussins à côté de David qui avait prit ses aises. Il dormait à moitié. Karl regardait les images sans vraiment suivre ce qui se passait, buvait tranquillement la mixture du shaman, qui n’était pas désagréable, malgré ce qu’il aurait pu croire. Il s’en dormit dans la musique bizarre, les volutes de fumé, l’odeur enivrante qui embaumait la pièce, certainement toute la cave.

 

L’homme d’âge mur se posta devant Année 80, il le dévisagea, pour la première fois Fabrice se sentit mal. Puis l’homme commença:

-    Kell est mon nom…

-    Mais j’en sais rien moi, dis sans réfléchir le prisonnier qui prit aussitôt une claque en pleine figure.

-    Je reprends. Kell est mon nom…

-    Mais, vous êtes vraiment des tarés, qu’est-ce que j’en sais moi, je vous connais pas. ça vous amuse de capturer les gens pour leur demander comment vous vous appeler… renchérit le jeune homme qui reprit une gifle.

-    Abrutit, c’est son nom Kell, intervint un des hommes de mains.

-    Je veux savoir qui t’a payer pour assassiner mon associer.

-    Non, non, tout ça est un mal entendu, je vais vous expliquer… voulu se justifier l’otage, mais de nouveau il reçut un coup.

-    Bon messieurs, je vais perdre patience, je vous le laisse. Dans une heure, je veux une réponse à ma question. Tu te crois fort, petite racaille de banlieue, mais mes hommes vont te briser et, dans une heure tu nous déballeras jusqu’au nom de jeune fille de ta mère…

Un asiatique, rester dans l’ombre jusque là, s’approcha de notre jeune ami, on lui mit un petit chariot roulant à côté de la chaise, il y posa une trousse et, dévoila son attirail. Sans dire un seul mot au jeune homme, à peine lui jeta-t-il un regard, il prit un scalpel dans la main, se tourna vers Année 80 et commença à lui entaillé le visage, un train du sourcil à la racine des cheveux puis du dessous de l’œil jusqu’à la moitié de la pommette. Et ce, des deux côté, Fabrice cria de douleur, encore plus fort quand il lui mit de la soude pour faire gonfler et empêcher la cicatrisation de la plaie. Alors le tortionnaire mit de la musique rock qu’il appréciait et qui noierait les cries de sa victime.

 

Karl se réveilla en sursaut, il cru entendre des cris, la voix d’Année 80. il s’aperçu que Darren était revenu et, tout comme David, il s’était en dormi. Il entendit du bruit qu’il attribua à cet illuminer qui croyait pouvoir soigner Marvin et Kévin. Il se rendit compte que le bruit venait de la direction opposée. La musique étrange, à laquelle il s’était presque habituée, jouait toujours. Le brouillard dans la pièce pas plus épais mais pas moins non plus, comme s’il était programmé. Il se leva, difficilement, sa tête était douloureuse, il avait l’impression d’être comme dans un nuage. Il n’était même plus très sûr d’avoir entendu du bruit dans ce qui devait être la cuisine. Mais, il avait soif, alors il fit l’effort quand même. En avançant, alors que la porte était entre-ouverte, il aperçut une silhouette. Il prit un peu de temps pour voir qui c’était. Il distingua enfin le visage de l’homme, ce n’était pas Entravélaour. Un moment, il crut reconnaître cette personne, mais n’arrivait pas à lui donner un nom. Machinalement, sans vraiment réfléchir à son geste, il prit son portable et, reconnu le tueur qui avait mis l’arme dans les mains de Salez. Il pressa le pas vers la cuisine, ouvrit la porte dans un geste brute.

-    C’est toi, l’encul…

-    Oui, c’est moi.

-    T’as vu dans la merde dans la quelle tu nous a foutu?

-    Vous vous en tirez bien, je trouve.

-    Tu te fous de moi?

-    Non, je suis sérieux, j’ai suivi plus ou moins ce que vous avez fait jusque là et, chapeau.

-    Il y a un de mes potes qui est, je ne sais où, deux autres qui agonisent chez un illuminé qui croit pouvoir les soigner avec des chansons et toi, tu dis qu’on s’en sort bien?

-    C’est pour la bonne cause…

-    La bonne cause, quelle bonne cause?

-    L’homme qui est mort s’appelait Hubert Débrase de Clercy…

-    J’en ai rien à foutre de comment il s’ap…

-    Laisse moi finir. C’est un riche industriel, qui commerce beaucoup avec les pays asiatiques, entre autre, ces pays qui font du tourisme sexuelle sur des gamines. Mais la clientèle devient de plus en plus exigeante. Maintenant elle réclame des petites européennes. Tu as remarqués?

-    De quoi?

-    Il y a de plus en plus de disparition de petites filles ces derniers temps..

-    J’regarde pas les infos…

-    Tu devrais. En fait, un certain monsieur Kell kidnappe des gamines et Débrase de Clercy les envoie là-bas. Grâce à toi, une des 2 têtes de l’hydre vient d’être coupé.

-    Comment ça se fait qu’on a pas les flics sur le dos ? pourquoi nous avoir refilé l’arme ?

-    Ils ont des amis puissants et haut placés, ils ont étouffé l’affaire. Dès que Kell comprendra que vous ne savez rien, il vous lâchera et tout sera fini. Pour l’arme, je sais pas… en fait j’avais le choix entre ton groupe et un groupe de gothique. Mais comme ton pote gesticulait, c’était plus facile de le heurter et de lui filer l’arme.

Une sonnerie de portable retentit, puis Darren appela Karl qui se retourna et lui dire qu’il se trouvait dans la cuisine. Darren approcha et lui demanda ce qu’il faisait là.

-    Je parle avec l’enculé qui nous a foutu dans la merde, tu t’appèle comment au fait? Dit-il en se retournant pour regarder le tueur.

-    Karl, il n’y a personne…

-    Euh… mais… bredouilla Karl devant le constat. Qui c’était?

-    Hein ?

-    Au téléphone…

-    Ah oui, on a retrouvé Fabrice.

-    J’réveille David et on y va.

 

Le Range arrivait derrière l’entrepôt, Karl dit, d’entré de jeux, qu’il y allait seul, il avait l’habitude de ce genre d’endroit, il gèrerait mieux seul. David voulu s’opposer mais, la décision était sans appel. Ils remarquèrent un vitrail cassé, juste assez gros pour Karl. Darren plaça le 4X4 sous, et David aida Karl à monter. Il fit beaucoup d’effort pour se mouvoir dans l’entrepôt. Les cries de son ami le troublait. Il se précipitait pour s’approcher le plus possible de l’endroit, sans se faire voir. Il se tenait derrière une sorte de caisse, l’endroit était sombre, il était en sueur, haletant, il prit le pistolet à la main et, se posait la question, « Comment, comment j’en suis arrivé là… ou plutôt, comment on en est arrivé là?». un coup de feu, puis un autre, les autres cherchait à passer le temps, pendant un moment il cru être repérer. Puis, ils laissèrent le chinois seul, son œuvre était terrifiante. Karl rangea alors le gun. Il attendit un peu d’être sur que tout le monde était parti, les cris de Fabrice devenait insupportable.

Il sortit de sa cachette et courra sur le chinois avec une barre à mine dans la main qu’il venait de trouver. L’asiatique para le coup. Il fit une démonstration de son talent en art martiaux. Karl le regarda en bougeant légèrement la tête comme s’il attendait le bon moment. Puis, alors que le chinois finissait sa démo, Karl lui mit un bon coup de boule qui envoya le karatéka dans le chariot, dans un fracas assourdissant. Karl s’empressa de détacher son ami avec le scalpel. Il le prit sur l’épaule.

 

Alerté par le fracas, Darren et David sortirent du Range pour tendre l’oreille.. Il suggéra à David de monter sur le toit pour aider Karl dans sa fuite, quant à lui, il préparait une petite machine fumigène pour semer les adversaire. A l’intérieur, Karl compris que son ami n’était plus qu’un corps sans vie. Les larmes commencèrent à couler de ses yeux. Kell et quatre hommes firent leur entrée précipitamment. Karl poussa un cri de bête. Il posa son ami et, perdait tout contrôle de lui. Il s’avança vers les hommes d’un pas déterminé. Ces professionnels semblaient troubler devant la détermination du jeune homme. Alors qu’il revoyait des images de son ami, Karl se débarrassa d’une droite du premier qui croisa son chemin. Le second prit un coup de coude, chacune de ses actions étaient ponctuer par des images d’Année 80, de la folle journée qu’ils venaient de vivre. Un coup de boule supprima le troisième, la fureur avait complètement investi Karl qui ne sentit pas le coup de poing du quatrième, dans le dos. Il se retourna et un crochet le sonna.

Maintenant, il faisait face à celui qui avait permis tout ça. Une nouvelle image de son ami et, un coup de poing dans la gueule de Kell. Pas vraiment taillé pour la bagarre, il tomba à terre. Karl lui sauta dessus et se mis à taper. Chaque coup de poing était dédié aux images de Fabrice qui venaient hanté son esprit.

Dehors, David et Darren trouvèrent le temps long, au cri de Karl, ils se précipitèrent pour rentrer dans l’entrepôt. Seb fit le tour pour les attendre devant. Il trouvèrent Karl avec Fabrice dans les bras. Le visage complètement difforme, le corps sans vie, Karl les larmes aux yeux, ils n’échangèrent que des regards. Puis, s’en allèrent vers la porte principale, vers la voiture qui les attendait. Kévin et Marvin, sur pied avaient rejoint l’endroit et, regardèrent le groupe arrivé. Ils comprenaient que c’était fini.

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