De Deiteus Mythica, le Mythe des Demi-Dieux

Dominique Capo

Pages 26 à 28 / 1804 :

Efraüm n'a pourtant pas l'intention de laisser disparaître la sagesse incommensurable que ses Ancêtres – dont ses Frères, sa Sœur et lui sont les ultimes détenteurs – ont accumulé depuis l'Aube de leur Age. Depuis leur arrivée en Atlantyde, ils ont contribué à rebâtir la société alors qu'elle semblait anéantie après le Cataclysme. Ils ont permis à une Race au départ primitive et sans avenir, d'Evoluer, de grandir et de s'épanouir. Il réalise qu'il doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour sauvegarder ce Savoyr essentiel à la survie de l'Homme ; il ne doit pas tomber dans l'oubli lorsque les Fils d'Elaüs ne seront plus là. Le moment venu, les Atlantes devront en effet être capables de le léguer à leurs successeurs en bonne et due forme. Il est désormais nécessaire pour Efraüm de se préparer à l'approche de ce destin fatidique.

Pour ce faire, il décide d'écrire un Lyvre dans lequel il va pouvoir relater en détails tout ce dont sa Race est la détentrice. Il commence donc à y indiquer tout ce dont il se souvient : tout d'abord les Lois de son peuple, la manière dont celui-ci a vécu et s'est comporté le long de son existence ; il y met ses Codes et ses Règles ; quelle hiérarchie le gouvernait. Il y montre aussi sa Religion, ses principes moraux, sa richesse philosophique et intellectuelle. Il y dit à quel point la Connayssance du Monde, de l'Univers, des Etoiles, du Ciel, des Planètes, était importante pour lui. Il y explique enfin que leur Ere a commencée à l'Aube des Ages, en des temps extrêmement reculés. Il révèle :

« Au début, sur la planète n'existe qu'un conglomérat de terres éparpillées. Des mers étroites les espacent. Mais, peu à peu, elles se rassemblent, se rattachent les unes aux autres ou englobent des myriades d'îles alentours.

La contrée en sein de laquelle apparaît le premier Gÿant s'étend sur 5000 km du Nord au Sud, et sur 8000 km d'Est en Ouest. Elle se présente essentiellement comme une immense plaine vallonnée. Celle-ci possède un climat tropical et une végétation luxuriante. La vie arboricole et animale s'y développe à une vitesse foudroyante. Le territoire est donc fertile et propice au développement du Gÿant.

C'est sur cette plaine que le Gÿant d'alors abandonne son animalité. Il acquiert la position debout, puis grandit démesurément. Au bout de quelques milliers d'années, tout au plus, il a une en effet une taille de 4,50 mètres. En même temps, sa carrure s'élargit. Sa pilosité disparaît presque complètement. Seule une longue chevelure châtain lui descendant jusqu'au bat du dos résiste à ces modifications. Par ailleurs, sa face s'aplatit, sa peau prend un aspect brunâtre, puis de plus en plus cuivrée. Son teint devient halé. Enfin, son museau prédominant se rétrécit et s'affine. Bien que son visage ne possède pas encore de front à proprement parler, ses yeux s'écartent largement. Cette particularité lui permet de voir aussi bien de coté que devant.

A cette époque, le Gÿant va d'un endroit à un autre pour trouver sa nourriture. Il suit les immenses troupeaux d'animaux. Il évalue leur nombre, apprête ses armes, les guettes du haut des falaises. Puis, il les traque, les pourchasse, les rabat et les accule. Une fois le gibier abattu, il le dépèce sur place, et, enfin, revient à la caverne familiale avec de la viande pour tout le monde.

Le Gÿant se déplace souvent sur des centaines de kilomètres pour découvrir ses proies ; il se comporte en semi-nomade. Périodiquement, il habite des endroits fixes ; lesquels se rattachent à ses activités sédentaires des saisons froides. Autrement, il parcourt ses territoires de chasse à la saison chaude. C'est à ce moment là qu'il quitte les grottes où lui et ses aïeux ont vécu pendant des générations. Il inspecte, il explore, des zones très larges. Il s'aventure rapidement à l'intérieur des toundras. Il se met à bâtir des campements mieux équipés. Il loge dans des cabanes à demi-enterrées dont les voûtes sont soutenues par des défenses d'ivoire croisées et recouvertes de peaux de cuir.

L'extension de sa famille aidant, il commence à convoiter la région dans laquelle son voisin s'est installé. Il finit donc par entrer en conflit avec lui. Bientôt, il le massacre pour s'emparer de ses terres, se livre à son encontre à un cannibalisme effréné lorsqu'il n'a rien d'autre à manger. Il consomme la graisse qui se cache dans la moelle de ses os ou dans sa cervelle. Cela constitue même une matière très nourrissante et extrêmement recherchée lorsqu'il est confronté à de grands froids.

Au fur et à mesure de ses déplacements, le Gÿant observe le monde qui l'entoure. Certaines pensées, certaines notions ou idées surgissent. Peu à peu, ses méthodes de déduction et d'analyse s'activent.

Dans un premier temps, il améliore sa façon de tailler ses outillages de première nécessité. Il pose des pièges ici ou là ; il traque ses proies à l'aide d'épieux ; cet armement lui est très utile au cours d'affrontements rapprochés. Il les chasse à l'arc et à la flèche empênée pour l'attaque à distance. Il représente aussi ses futures victimes sur les murs des lieux qu'il fréquente. Son ingéniosité, forcée par la quête toujours renouvelée d'aliments, lui permet également d'expérimenter la pèche. Enfin, son intelligence, de plus en plus vive, lui donne des caractéristiques indispensables à l'usage de la parole.

Le Gÿant éprouve en effet peu à peu la nécessité d'exprimer ses émotions. Il commence donc par utiliser le regard et le toucher comme moyen de communication élémentaire. Il émet ensuite des bruits grossiers pour donner l'éveil, pour avertir de l'approche d'un danger, ou pour donner des indications spécifiques à la chasse. Mais ses besoins s'élargissent ; en usant progressivement des multiples possibilités vocales, sa gorge se transforme. L'apparition de la pomme d'Adam facilite l'émission de syllabes plus claires et plus variées. Ses grognements se métamorphosent en mots sommaires, mais articulés.

En même temps, ses réflexions sur son environnement se font plus distinctes. Ses rapports avec la mort l'interpellent. Il se met donc à garder le crâne des membres les plus éminents de sa famille après leur décès. Il leur voue bientôt un culte. Il leur élève des monuments archaïques, leur modèle la face avec une couche d'argile ; il les conserve parfois en tant que trophées de victoire. Mais, surtout, il associe leur décès au renouvellement continu des Forces Vitales de la Nature. En effectuant des cérémonies rituelles sommaires autour d'eux, il espère provoquer la guérison d'un malade ou leur demande de multiplier les animaux de chasse.

Ensuite, il entreprend d'enterrer les corps des défunts en les couchant dans des sépultures collectives. Il les allonge dans une position fœtale. Il les relie les uns aux autres en les entourant de liturgies fertilisantes. Avant que la rigidité cadavérique ne se manifeste, il les recouvre d'une poudre d'ocre rouge ; elle est censée symboliser le sang. Il les cerne de coquillages et d'objets en ivoire leur permettant d'entrer plus facilement dans l'Au-delà et d'atteindre l'Immortalité. En fait, le Gÿant use de cette première forme de Magye, qui fait espérer en une nouvelle Vie après la Mort.

Désormais, le Gÿant se met à croire en une Puissance Chtonienne Supérieure qui transcende l'Univers. La chasse, la pèche, la cueillette, la fertilité végétale et la fécondité animale deviennent de ce fait de plus en plus sacrées. Un certain nombre d'animaux se mettent à symboliser la Divinité. Ceux-ci lui paraissent profondément mêlés à ses Mystères. Ils prennent place à ses cotés, ainsi qu'aux cotés de sa Nature Créatrice de cette Réalité. Et, pour se préserver de leurs colères, le Gÿant leur attribue finalement des lieux de culte dans les montagnes ou au sommet des collines. C'est là qu'il dresse des autels en leur honneur. Tandis qu'il entoure ses Frères morts à la chasse d'andouillers ou de ramures de cervidés.

De plus, le Gÿant pratique des Rites et des Sacrements pour satisfaire la Puissance Chtonienne du mieux possible. Il tente en effet de maintenir l'approvisionnement en nourriture du Seigneur des Cieux par des danses totémiques. ».


A suivre...


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