De Deïteus Mythica, le Mythe des Demi-Dieux

Dominique Capo

Huitième partie

Rapidement après la fin de la construction des Piliers du Monde, les Fils d'Elaüs entreprennent d'étudier la Magye issue du Verbe Initial enfermée à l'intérieur des Lyvres de leurs Bibliothèques. Pour cela, ils s'enferment des journées entières dans les salles souterraines creusées à cet effet dans les profondeurs des Tours ; ils donnent ordre à leurs subordonnés de n'être dérangés dans leurs recherches sous aucun prétexte. Et, évidemment, nul n'ose enfreindre ce commandement. Chacun suppose d'ailleurs que les Fils d'Elaüs doivent, pendant ces périodes, exécuter des cérémonies sacrées importantes, vivre des expériences Mystiques intenses. Chacun imagine aussi qu'ils effectuent des observations Magyques terribles ; et qu'en les interrompant, les Puissances qu'ils manipulent pourraient se retourner contre eux, voire s'échapper des lieux et tout détruire sur leur passage.

Grâce aux Connayssances, aux Secrets et aux Mystères inscrits dans Lyvres Anciens qu'ils possèdent, les Fils d'Elaüs se rendent bientôt compte d'un certain nombre de choses : tout d'abord, il leur apparaît que le Cosmos a une grande influence sur la Destinée de la planète ; les Astres du Système Solaire sont liés à l'un des Eléments Fondamentaux de sa Nature : l'Air, l'Eau, la Terre et le Feu. Ils s'aperçoivent aussi que la planète est attirée d'une certaine manière par les Constellations Zodiacales. Et ils comprennent que si ils veulent parfaitement maîtriser les Enigmes rattachées à la Magye issue du Verbe Initial, donc d'Elaüs et de l'Univers dans son ensemble, ils doivent prendre en compte l'emprise que le Ciel a sur l'Essence Vitale du globe.

En effet, suivant l'orientation du globe, de sa position par rapport aux Constellations ou aux Planètes, la Puissance et les Effets de la Magye née du Verbe Initial ne sont pas les mêmes. Selon la période – Equinoxe ou Solstice – ou la région du Monde dans laquelle ils se trouvent, ses Lettres n'influencent pas la Nature ou la Réalité de la même manière ; de même que si les Fils d'Elaüs se situent au centre d'un Nœud Tellurique important ou pas ; ou qu'ils utilisent tels Rites, telle gestuelle, tels Mots Divins, ou non. Car, les Lettres qui composent le Verbe Initial ont une forme qui ressemble beaucoup à ces planètes, à ces Constellations, et aux Eléments liés à l'Espryt d'Elaüs. Ces Signes Primordiaux renferment donc, à leur avis, le plus haut degré de Savoyr. Par leurs figures, leurs formes, l'harmonie de leur association, ils dégagent une Energie phénoménale. Tout ce qui a été bâti au sein du Cosmos y a son origine. Les Fils d'Elaüs constatent que les Lettre se morcellent en trois grandes catégories, puis ensuite, en trois grands blocs distincts. La première catégorie définit les « Lettres Mères », la seconde, les « Lettres Doubles », et la troisième, les « Lettres Simples ». D'un autre coté, un certain nombre de ces signes en appelle à la Magye de la Terre et au flux qu'elle diffuse autour d'elle. Un autre appartient à la Magye de l'Air et aux impulsions qu'elle projette sur le support qu'est la Terre. Le dernier incarne la Magye Cosmique en tant qu'attribut Physique des Lois Primordiales de l'Univers.

Les Fils d'Elaüs comprennent aussi que la première Lettre intégrée au Verbe Initial évoque l'acte Magyque, celui qui demande à être exercé dans un certain sens. La deuxième exige des besoins et des buts ; si elle contribue obligatoirement à l'action, elle ne fait que bâtir cette action ; elle crée ses fondations et ses assises ; la seconde Lettre renforce donc la première. La troisième Lettre, quant à elle, détermine la causalité ; c'est à dire le Principe qui vient de naître, celui qui est connu et qui explique les conséquences qui vont suivre. Les trois Lettres qui prolongent l'action désignent ainsi les Lois Primordiales inscrites à l'intérieur du Verbe Initial ; elles autorisent la genèse de sa Magye, puis sa propagation au sein de la Réalité. La prochaine Lettre, de son coté, met un terme à l'action proprement dite de façon efficace ; tandis que la dernière marque la fin d'un Cycle, la fin d'un Age.

Ces sept premières Lettres sont celles qui donnent forme au Verbe Initial, celles qui lui permettent de s'épanouir et d'atteindre la perfection.

Peu à peu, les Fils d'Elaüs analysent de plus en plus précisément leurs mécanismes. Ils réalisent alors que la première Lettre se rattache à la notion d'abstraction, la seconde à celle du besoin, la troisième à celle de la conséquence, la quatrième à celle de la direction, la cinquième à celle de l'étendue, la sixième à celle de la forme. La dernière, pour sa part, mêle leurs six Lois Primordiales les unes aux autres et leur offre un épanouissement sans pareil.

Une fois qu'ils les ont traduites de manière concrète en les associant à leurs propres Connayssances, les Fils d'Elaüs se penchent sur les huit Lettres suivantes. De fait, comme la septième Lettre issue du Verbe Initial clôt un Cycle, elle est forcément la Clef qui en ouvre un autre. Les trois qui apparaissant à sa suite trouvent donc leur base dans le besoin de rédiger le Verbe Initial sur un support ; elles font en sorte de rendre sa Magye encore plus efficace. La quatrième, elle, détermine le Lien entre l'Intelligence Supérieure issue du Verbe Initial et la Magye que celui-ci engendre. La cinquième mesure le mouvement incarné par le hiéroglyphe. La sixième insiste sur sa nécessité ; tandis que la septième organise sa fonction ; et que la dernière lui offre sa particularité.

Les Fils d'Elaüs prennent alors conscience que ce second Cycle comporte indiscutablement un progrès. Il permet de prendre la mesure du mouvement mis en place par le Verbe Initial. Grâce à la Magye qui émane de lui, il indique aussi les modalités de ses Lois Primordiales. Il désigne lesquelles permettent d'ancrer son Energie à l'intérieur d'une assise matérielle.

Ils découvrent donc que chacune de ses Lettres a une fonction Magyque qui n'appartient qu'à elle. En effet, la première de ce Cycle évoque l'idée Magyque, la seconde montre son aspect linguistique, la troisième la naissance de ce dernier au sein de la matière, la quatrième sa concrétisation sur le support choisi, la cinquième l'opération qui rend sa Puissance vivante, la sixième laisse la lumière qui en émane évoluer, la septième répand sa Force par l'intermédiaire de sa Nature Divine, et la dernière protège l'Essence qu'il garde en réserve au sein du tracé de ses Lettres.

Les Fils d'Elaüs concluent, dans un premier temps, que les Lettres de ces deux Cycles agissent uniquement sur la Nature de la Magye du Verbe Initial. Elles diffusent celle-ci au Cœur de la Réalité Physique de l'Univers.

Puis, enfin, ils s'intéressent au troisième Cycle de Lettres composant le Verbe Initial. Et, pour eux, la première Lettre de celui-ci marque la relation Magyque – écrite ou gestuelle - entre les faits que la créature voudrait se voir réaliser et ses pensées. La seconde symbolise, à partir de là, le temps nécessaire à la Magye de se façonner. La troisième met l'accent sur les efforts mentaux que la créature doit accomplir, à la Sagesse qu'elle doit posséder, pour que celle-ci se diffuse. La quatrième annonce sa matérialisation dans cette Réalité une fois que les Principes régissant tout l'Univers se sont mis en mouvement.

Enfin, les Fils d'Elaüs prennent conscience que le Verbe Initial cache un Secret encore plus incroyable : les Lettres qui le composent font chacune référence à une des Lois Primordiales de l'Univers. Mais, elles ont aussi une certaine valeur numérique. La Loi – et la Lettre – correspond à un Chiffre ; celui-ci en est sa Racine. Ce Chiffre, combiné avec les Chiffres des autres Lettres du Verbe Initial permet ainsi à ses pouvoirs d'être sollicités, invoqués, transformés ou manipulés. Mais il faut que la créature qui les utilise connaysse autant la Puissance des Lettres que celle de leurs Chiffres.


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