De Deiteus Mythica, le Mythe des Demi-Dieux, pages 173 à 175 / 1803
Dominique Capo
Un autre de ces manuscrits, le Mythe des Sept Sages décrit l'arrivée de sept Géants Telluriques venant des flots de la Méditerranée et qui auraient appris aux habitants de la région « la culture des céréales et la récolte des fruits, l'écriture, les sciences et les techniques de toute sortes, la fondation des villes, la construction des temples, les arts ; en somme, tout ce qui constitue la vie civilisée.
Une autre Légende poursuit ce premier récit sur la même tablette. Celle-ci retranscrit le souvenir d'un antique Déluge ayant jadis englouti de nombreuses cités humaines. Elle relate en outre le crépuscule d'une Civilisation ayant existé longtemps avant qu'aucune période de l'Histoire ne soit connue des Hommes ; une Ere où la Science a été d'un niveau incomparable. Un texte explique même qu'aux débuts du Monde actuel, Oannès a tiré de la mer une connaissance et une technique supérieures à tout ce qui a été accompli jusque là. Il s'est basé sur elles pour transformer les métaux vils en une matière riche et pure comme l'or ou l'argent. Il a, de ce fait, donné naissance à la première Alchimie.
Une autre Tradition encore, un peu différente des précédentes, fait référence à l'arrivée de tribus Aryennes dans la région, avant la fondation des premières cités humaines. Celle-ci explique que les Aryens, comme les Sumériens, croyaient que la Grande Ourse était l'Etoile qui montrait le Chemin de la Lumière de Vie ; et que le culte du feu était leur principale caractéristique religieuse. Les Mages sumériens font d'ailleurs souvent appel à cette époque nébuleuse pour décrire les héros de leurs Mythes et de leurs Légendes.
Tous ces récits littéraires sont rangés dans les trois premières bibliothèques de l'Histoire de cette Ere, à Ebla, Fara et Abu Salabikh.
Les Textes Mythologiques écrits par les Akkadiens, eux, expliquent ceci : le Soleil et la Lune sont les Souverains qui règnent sur la Création. C'est pour cette raison que les prêtres notent leurs positions jour après jour par rapport aux Constellations du Zodiaque. Car celles-ci sont les demeures à l'intérieur desquelles le Soleil et la Lune entrent tout le long de l'année. Et chacune d'elles est régie par une divinité particulière ; laquelle correspond au mois en train de s'écouler.
Encore vers 3500 avant J.C., le roi de la ville méridionale de Nippur fait construire un Sanctuaire – appelé « Ekus » - consacré à Uruk ; et celui-ci est situé juste à coté de celui d'Innana. Le souverain y fait établir des Bibliothèques, des souterrains destinés à devenir des nécropoles, ainsi que salles entièrement consacrées aux deux Frères d'Uruk : Keshep et Dagan. Il agrandit le Temple d'Attlar, ce dieu de la Mer symbolisant le cours d'eau qui entoure l'Univers. Il modifie le tracé de celui du dieu Forgeron Kothar. Puis, enfin, il fait élever une nouvelle ziggourat – plus haute que le précédent – consacré à Enlil ; lequel devient bientôt le centre principal de son culte.
Mais, étrangement, cette ziggourat est alignée selon les observations astronomiques effectuées par les Mages honorant le dieu. Des caves secrètes sont également creusées au cœur de ses souterrains les plus obscurs. Des statues représentant les plus grands rois ayant régné en Orient des milliers d'années auparavant, ornent ses parois. Et des souvenirs ayant appartenu à cette lignée souveraine précédente y sont dissimulés.
Evidemment, à cette époque, en Mésopotamie, il n'y a pas que les Cités-Etats de Sumer/Ur de Kish, de Nippur et d'Akkad qui se distinguent. D'innombrables villes reconnaissent comme souverain une grande divinité que le sort lui a assignée. Ces Dieux mangent, boivent, aiment, se marient et se querellent comme les humains. Mais ils s'en distinguent par l'intelligence et la vie éternelle.
Pour Suruk, il s'agit d'Enlil, « l'habitant divin au cœur des Mers », qui est aussi le dieu des Tempêtes et le seigneur de la Terre. Les citadins lui élèvent même un Sanctuaire en forme de tour au front de laquelle se discerne un aigle-lion tocéphale ; ce monument reproduisant alors symboliquement la « Montagne Sacrée des Révélations ». Les habitants de Ketha, eux, se consacrent à des divinités féminines de la Fertilité telles que Nini Zaza ou Ninkhursag ; et dès lors, de véritables quartiers religieux s'organisent autour de leur culte, avant de prendre de plus en plus d'ampleur. A Endou, sur les rives du Golfe Persique, un hommage est rendu au dieu Enki, qui y est considéré comme le dieu de la Fondation, des Ténèbres et de l'Apsu. A Eridu, Enlil est vénéré comme le seigneur du Vent, de l'Esprit, des Eaux Douces, ainsi que comme le maître suprême des Techniques ; Anum y est également désigné en tant que dieu Soleil. A Hani, le Grand Ancêtre Min est révéré comme le Père des Hommes et des Animaux ; le premier des rois Séites. A Sihuk, les dieux dominants sont Adad, le dieu de la Pluie, Nisabu, la déesse des Moissons, Hani, le dieu Scribe, et Agni, le dieu du Foyer. A Lagash et à El Obeid sont aimés la déesse Ninkhursay – qui préside à la naissance des enfants, et plu généralement à la Fécondité -. A Ehouana, les fidèles se tournent presque exclusivement vers Abou, le dieu de la Végétation. A Ur, un téménos est consacré au dieu Nanna, une divinité astrale liée à la Lune. Et à Nippur est vénérée Innana, la déesse de l'Amour et de la Guerre.
C'est par l'intermédiaire des prêtres et des prêtresses que les Dieux communiquent leurs désirs aux hommes, qui doivent leur construire des temples magnifiques, leur offrir des vêtements précieux et des bijoux, des musiques et des chants et leur préparer de riches repas quotidiens.
Ils ne leur imposent aucune contrainte morale, mais chaque manquement à la révérence ou à l'exécution des rites est alors susceptible d'entraîner des catastrophes : inondations, sécheresses, ou razzias par des tribus descendant des montagnes. Comme de telles calamités sont fréquentes, la peur engendre dans la population un état d'anxiété permanent dont les temples et les prêtres profitent largement. Des offrandes généreuses aux greniers des temples sont en effet les seuls moyens de se protéger de la colère des Dieux. Des prières et des formules d'exorcisme peuvent aussi aider à détourner le Mal envoyé par les agents surnaturels des Dieux irrités.
Au fur et à mesure que l'influence des temples s'étend, ils deviennent plus vastes et s'élancent vers le ciel en adoptant la forme de pyramides à étages : « les ziggourats ». De nombreux domaines leur sont annexés, dont une partie est cultivée par les prêtres. Les récoltes nourrissent les prêtres eux mêmes et parfois des habitants démunis, comme les veuves et les orphelins.
En une centaine d'années pourtant, la communauté disparate des 3000 dieux vénérés en Mésopotamie est progressivement considérée comme gouvernée par un chef Suprême. Les Grands Prêtres de chaque cité-Etat se concertent en effet pour établir une hiérarchie au sein de celle-ci. Et ils finissent par convenir qu'Anu, le dieu protecteur de la ville d'Uruk est le Créateur de l'Univers. Un des scribes participant à leurs réunions écrit d'ailleurs à son sujet à ce moment là :
« Il est le Dieu Créateur. Il est le Créateur des Créatures, le rêve des Dieux et des Hommes, ainsi que le Créateur du Ciel et de la Terre. ».
Au dessous d'Anu, les clercs partagent ensuite le panthéon en plusieurs groupes de divinités officielles : il y a les sept dieux et déesses maîtres du Destin : Anu, Enlil, Enki, Ninkhursag, Nanna, Outou et Innana. Mais il y a aussi les cinq Grands Dieux connus sous le terme « Annunaki » - ou « Fils d'Anu vivant sous la terre ».
Vers 3200 avant J.C., les Etats de Lagash et d'Umma occupent à tour de rôle une frange de terre mésopotamienne pour définir ou s'arrêtent leurs territoires respectifs. Le conflit éclate, mais le roi de Kish, Me-Salim, impose un arbitrage entre les deux partis. Malgré tout, la guerre reprend entre les deux cités. D'abord, le roi de Lagash l'emporte. Quelques décennies plus tard, c'est Umma qui reprend l'avantage, puis de nouveau Lagash. Alors une trêve est conclue ; mais celle-ci ne dure pas longtemps. Umma reprend l'offensive sur cette bande de terre. La cité profite en effet du fait d'un renversement de dynastie à Lagash, et de la guerre civile qui y règne, pour y fixer son autorité, avant d'attaquer Lagash elle même. Son armée la livre au pillage avant de l'incendier. Elle s'y établit en vainqueur et contraint les vaincus à accomplir pour elle les corvées les plus diverses.
A suivre...