De Deiteus Mythica, le Mythe des Demi-Dieux, pages 177 à 181 / 1803

Dominique Capo

Quand le Mythe rejoint l'Histoire, il y a un Instant Magique où la Réalité n'existe plus que pour être emporté par le Souffle d'une Légendaire Épopée...

Thoÿt fonde bientôt la dynastie Thinite ; il engendre deux fils : Ménès et Narmër. A ce moment là, Thoÿt est considéré par son peuple comme le « Roi Serpent ». Il fait construire une capitale, Nekheb. Il la place sous la protection de la déesse Ancienne Nekhebet. Il en fait de même avec la ville de Pe avec la déesse Cobra Edjo. Puis, il les réunit en un seul territoire par le signe de l'Alliance Eternelle.

Mais, au même moment, nombre de rumeurs se mettent à filtrer en ce qui concerne le Savoir détenu par les Mages entourant Thoÿt. L'une dit que le Royaume des Morts se trouve à l'Ouest de l'Egypte. Elle imagine que les Demi-Dieux Ancestraux sont issus des quatre couples Primordiaux qui y vivent, mais que des animaux les Symbolisent dans leur contrée.

Par ailleurs, les Egyptiens donnent beaucoup de noms à leurs Demi-Dieux : Sokar, à la tète de faucon ; Saou, soutenant le Ciel ; Zi, le Serpent de la Lune ; Safé, la déesse de la Conscience et de la Vérité ; Haraktès, le dieu des Moissons ; Edfou, le dieu des Montagnes ; Hu, la Source Immortelle ; Chnouphis, le dieu du Secours ; Hathor, la déesse des Nécropoles ; Bès, le Nain cornu achondroplastique, au ventre proéminent et au sexe immense.

Il y a aussi Nefertim, le redoutable maître du Tonnerre, des Tempêtes de sable, et des Maladies ; Hou, le dieu de la Nourriture ; Chépès, le dieu de la Gloire ; Kirja, le dieu de la Production d'Aliments ; Ouadj, le dieu de la Verdeur et de la Prospérité ; Nekh, le dieu de la Victoire ; Akhou, le dieu de l'Eclat ; Ouas, le dieu de l'Honneur ; Djefa, le dieu de l'Abondance ; Héka, le dieu de la Maie ; Tjehen, le dieu de l'Etincellement ; Ouser, le dieu de la Vigueur ; Pesedj, le dieu de la Luminosité ; Seped, le dieu de l'Habilité ; Naa, le dieu de la Vision ; Sedjem, le dieu de l'Ouie ; Sia, le dieu de l'Entendement ; Hou, le dieu de la Parole ; Hehet, le dieu de l'Espace sans Fin ; Keket, le dieu des Ténèbres ; Nyat, le dieu de l'Insaisissable ; ou Sérapis, le Démon Méchant.

Les Egyptiens commencent en outre à penser que le Soleil, la Lune, et les Constellations, personnifient leur Puissance. Et ils croient qu'en rendant un culte aux Astres, ils pourront toucher leurs Pouvoirs ; et que ces dernier opéreront des prodiges ou accompliront des miracles pour eux.


Les Mages au service de Thoÿt tentent de s'adapter à ces nouvelles notions qui sont en train de se propager parmi les populations d'Egypte. Parfois même, ils les encouragent, malgré que la plupart d'entre elles soient dénuées de fondement. Par leur intermédiaire donc, ils essayent de prédire plusieurs phénomènes Terrestres ou Célestes. Ils s'efforcent de prévoir le moment où le contact avec la Puissance des Dieux est le plus favorable. Et c'est pour cette raison qu'ils décident, un jour, de se rassembler dans des Collèges spécialement attachés à l'étude des Astres.

Ils se mettent à observer les Solstices, la Constellation d'Orion ; ou « Sahou » ; ainsi que Sirius. Ils revoient les calculs effectués par leurs Ancêtres, concernant les 373 Eclipses Solaires et les 832 Eclipses Lunaires qu'ils ont enregistré depuis 10 000 ans, et recopiés dans le Livre des Morts. Ils font en sorte de consacrer chacun des jours de l'année à un dieu particulier. Ils désignent leurs fêtes Rituelles par le retour des Etoiles « marquées ». Et ils divisent la Nuit et le Jour en douze heures.

Apportant ainsi la preuve qu'ils relèvent d'un groupe de Mages Initiés à même de contrôler les Forces Surnaturelles du Monde, qu'ils sont des Maîtres à vénérer à l'égal des Dieux ayant subi l'Epreuve de Maat, ils affirment dès lors que leur Ame est à même de renaître Eternellement après la mort de leur corps physique. De plus, certains d'entre eux – comme Erkätêp, Zachla, Imouthès, Paterneith, Ochoaps, Sechtnouphis, Etymon, le médecin Asclépios, ou Sebennithis – se parent du titre de « Premiers Contemplateurs ».

Ils choisissent une colline – à vingt kilomètres au Nord de Nekheb, et sur la rive opposée du Nil – au dessus de laquelle ils pensent que le Soleil s'est levé pour la première fois à l'Aube des Ages. Ils érigent le Sanctuaire d'Onou ; ce qui signifie : « Pilier », ou « Pilier du Nord ». Mais ils décident de le bâtir d'une manière singulière : ils désirent que celui-ci soit de forme circulaire et composé de douze Palais à trois étages. Il souhaite que ces Palais symbolisent les douze Signes du Zodiaque, et que les trente salles que chacun d'entre eux contient représentent les trente cadrans qui s'y rattachent.

De plus, ils ordonnent que les murs de tous les édifices soient recouverts d'images sacrées ; que les cryptes aient leurs parois sculptées de visages monumentaux, et qu'elles soient éclairées de lumières énigmatiques qui ne doivent rien, ni au Soleil, ni au feu. Ils font également en sorte que leurs sols soient constellés de dalles noires et blanches soigneusement aplanies : elles doivent en effet permettre aux Adeptes d'être Initiés aux Mystères de la Religion Ancestrale dans les meilleures conditions possibles. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'ils exigent que ces mêmes cryptes répondent aux lois de l'acoustique avant d'atteindre la « Chambre des Dieux » par l'intermédiaire de cavités rectangulaires ou d'ouvertures quadrangulaires aux parois constellées de trois disques d'ocre rouge.

L'un d'eux écrit alors à ce sujet : « J'ai élevé et perfectionné le Temple des Sept Sphères du Monde. Je l'ai revêtu de briques, que j'ai doublées de cuivre. Mais je l'ai aussi parsemé de marbre et de pierres précieuses. Je l'ai encore entouré d'un mur d'enceinte, et je l'ai associé aux divinités Solaires et Stellaires qui ont régné sur la Terre au cours de l'Age d'Or. ». Et plus loin : « Lorsqu'un individu y débute son Initiation, il commence par se lapider lui même. Ensuite, il y erre interminablement. Il y découvre un parcours au cours duquel sont semé toutes sortes de boissons hallucinogènes. Et, progressivement, il lui devient de plus en plus aisé de voir les fantômes des Dieux, et d'entendre leurs paroles. ».


Au cours des années suivantes, Erkätêp et les Mages qui l'accompagnent dans ses desseins, font édifier d'autres centres importants à l'intérieur de la cité proche de Khem – à 17 kilomètres au Nord de Guizèh. Ils y fondent des Conclaves et des Guildes. Ils appellent auprès d'eux des Scribes et des Ouvriers spécialisés dans l'Art de l'Architecture. En leur compagnie, ils élèvent des colonnes sacrées en pierre grossièrement équarrie. Ils honorent celles-ci en les nommant « Benben » ; comme cette pierre Mystérieuse de forme conique que les Dieux ont jadis détenu, et à laquelle a été attribuée des Origines Cosmiques. Et ils voient rapidement en elles le Symbole de l'Oiseau Eternel régénérant les Cycles Calendaires.

Ils bâtissent ensuite à Khem des édifices consacrés à Osyrith en tant que « vieux Soleil », et en tant que « Père de tous les Demi-Dieux sommeillant à l'Ouest ». Ils désignent d'ailleurs la divinité par le titre de « Puissance Créatrice de tout le reste du Monde ». Puis, ils se mettent à siéger régulièrement dans ces nouveaux Temples. Ils y créent plusieurs Ecoles de Sagesse pour Initiés, ainsi que pour Gardiens des Sanctuaires Sacrés. Et, finalement, ils commencent à jouir d'un énorme prestige bien au-delà de leur terre d'adoption.

Car, les Mages de Khem – autant que ceux d'Onou – y étudient des ouvrages Mythiques ; tels le Livre des Morts ou le « Texte des Pyramides ». Ils sont instruits du fait que ceux-ci renferment en partie l'héritage transmis à l'Humanité par les Dieux d'Antan. Ils sont informés du fait qu'ils ne peuvent inculquer leurs Savoirs qu'oralement à leurs Adeptes. Dès lors, ils expérimentent avec ces derniers l'Alchimie permettant la transmutation des métaux en or. Ils établissent à leurs cotés un calendrier remontant une dizaine de millénaires en arrière ; jusqu'au début du règne du Demi-Dieu Osyrith.

Ils explorent également en eux l'Esprit qui anime toute chose, aussi bien l'Homme que l'Animal, le Végétal que la Pierre. Ils inventent certaines Médecines et leurs chirurgiens deviennent de plus en plus compétents, leur compréhension du système nerveux devient extrêmement raffinée, et leur pharmacopée inclut des drogues inédites. Les Mages parviennent encore à séparer les eaux, à les refermer pour leur faire retrouver leur aspect antérieur, par des moyens Esotériques complexes. Ils utilisent toutes les sympathies qui relient les choses les unes aux autres, ou les antipathies qui les repoussent. Ou ils élaborent des théories selon lesquelles celui qui connaît le véritable Nom de l'Etre Divin qu'il appelle auprès de lui, a une influence considérable sur lui. Celui-ci peut alors le forcer à lui obéir, comme un esclave obéit à son maître. Et il peut obtenir de lui la Révélation des Mots issus du Verbe Initial.

En même temps, ils s'aventurent au cœur des trois aspects que revêt leur Ame au sein de l'Univers : « l'Alch », « le Ba » et « le Ka ». Ils découvrent ainsi que l'Egypte que l'Egypte est le fief du Ka d'Osyrith ; et que son Alch et son Ba survivent en Amenti, où ils sommeillent en compagnie de ceux de certains de ses Frères et de ses Sœurs. Ils arpentent également nombre de Mondes Intermédiaires, qui sont un mélange de Bien et de Mal, et au cœur desquels habitent les « Juges ».

Ils visitent également des Mondes Intérieurs. Ils inspectent l'un de ces Royaumes Souterrains ; sous une Montagne lointaine. Ils s'aperçoivent que le Soleil y pénètre le Soir par l'entrée d'une caverne, qu'il parcourt en douze heure cet Antimonde, et qu'il en ressort, régénéré, le matin suivant. Ils se rendent compte que toute le long du trajet de celui-ci, se tiennent des défunts qu'il réveille au passage, ainsi que des Démons qui torturent des Damnés.

S'y discernent des nécropoles, qu'ils considèrent alors comme des lieux intermédiaires entre le Monde des Morts et le Monde des Vivants ; « l'Antichambre de la Solitude et de l'Inhospitalité, de l'Extrémité de la Terre où d'innombrables Etres Malfaisants guettent les Ames dans le but de les capturer, de les dépouiller, de les dépecer, de les griller, et de les dévorer. ».

Et, enfin, ils profitent de leurs voyages pour appeler à leurs cotés chacun des 30 Génies associés à chacun des jours du mois. Ils y innovent des formules dont l'application sur un bloc de pierre leur permet de parcourir 100 shnes – soit, 200 portées de flèches de 130 mètres -, quel que soit leur poids. Ils y expérimentent les multiples facultés du « Grand Carré aux Angles Infinis », et dont la Croix est le Signe Primordial. Et ils y réalisent que la Création est une sorte d'oasis entouré par un Chaos menaçant ; et que cette dernière sera une fois de plus anéantie le jour où les Egyptiens oublieront leurs Dieux Anciens. Ils écrivent dès lors :

« Un temps viendra où il semblera que les Egyptiens ont en vain sauvegardé le culte des Dieux Ancestraux ; où ils auront l'impression de posséder un esprit pieux et d'honorer une religion scrupuleuse. Alors, toute leur sainte vénération n'ayant servi à rien, ils seront déçus. Et, en voyant cela, leurs Divinités renonceront définitivement à aimer l'Egypte.

De fait, la vallée du Nil sera abandonnée, et la terre qui fut le siège des doctrines Sacrées d'autrefois, sera vide est frustrée de la présence des Dieux. Ensuite, non seulement les Egyptiens négligeront leurs Traditions, mais, destin plus dur encore, c'est pour ainsi dire le nom des Lois, la Religion, et la piété, qu'ils puniront et prohiberont.

Alors, cette terre très sainte, siège des Sanctuaires et des Temples, sera toute pleine de morts et de tombeaux. Chose plus pénible, plus lamentable, ils se laisseront persuader par de fausses rumeurs. Les pires maux les intoxiqueront. Eux, issus de la terre sainte, de la terre amante de la divinité, de la terre maîtresse de sainteté et de piété, donneront l'exemple des pires cruautés.

Les résidents de la vallée du Nil inspireront une telle répugnance que l'Univers cessera d'être admiré. Les Ténèbres seront préférées à la Lumière ; ils trouveront la Mort plus utile que la Vie. Plus personne ne lèvera les yeux vers le Ciel. L'homme religieux sera considéré comme un fou, l'irréligieux passera pour un Sage, le furieux pour un énergique, le scélérat pour un homme de bien.

Oui, il y aura un péril capital pour qui se consacrera au culte de l'Ame Divine. Car un nouveau droit se constituera, une Loi nouvelle surgira. Il ne sera plus question de rien de saint, de rien de religieux, qui soit digne du Ciel et de ses Célestes habitants. On ne croira plus à tout cela. Il y aura un douloureux divorce entre les Dieux et les Hommes. Seuls les Anges Nuisibles resteront mêlés à l'Humanité. Et ils induiront les malheureux à tous les méfaits de l'audace, aux guerres, aux rapines, aux fraudes, et à tout ce qui est contraire à la vraie Nature des Ames.

O, Egypte, Egypte, de tes doctrines, seules survivront les fables auxquelles ta postérité ne croira plus, et il ne subsistera que des mots gravés sur des pierres, pour raconter ta piété de jadis. ».

Puis, peu à peu, les Mages d'Onou et de Khem associent leurs Connaissances inédites aux Pouvoirs Divins de leur Pharaon Thoÿt. Ils observent que c'est lui qui a été le premier à les mettre en garde sur la puissance destructrice de celles-ci. Ils lui donnent bientôt le titre de « Maitre et Multiplicateur du Temps », de « Scribe Céleste inventeur du dessin de l'Ecriture Hiéroglyphique », de « Gardien des Destinées Individuelles », de « Seigneur de la Sagesse et de la Magie » et de « Souverain qui a calculé dans le Ciel, qui a compté les Etoiles, et qui a mesuré la Terre ».

Ils se disent que c'est lui qui leur a autrefois appris à maîtriser les 70 langues inscrites dans le Livre des Morts, et permettant de franchir les 70 Portes entre les Mondes, de connaître les Noms de tous les Dieux, de toutes les Déesses, et de tous les Gardiens du Royaume des Défunts.

De plus, lui seul comprend tous les Mystères de ce qui est caché sous la voûte Etoilée. Il est le « Régent de toutes les Sciences », et plus particulièrement, de l'Architecture, de l'Arithmétique, de la Géodésie, de la Géométrie, de l'Astronomie, de la Médecine, et de la Chirurgie. Ils le perçoivent enfin comme le plus important des Sorciers, le plus Sage. Et ils le considèrent comme l'Initiateur des Arts Occultes leur ayant donné l'occasion d'aller plus loin dans leur compréhension de l'Univers qui les entoure.


A suivre...

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