De l'autre côté du miroir

Lundi 17 décembre 2012

On approchait de Noël, et comme tous les hivers, Catherine n'était pas en forme. Elle se comparait souvent à un animal qui hiberne, et dès que le froid se faisait ressentir, elle fonctionnait à deux à l'heure.

Son principal objectif de la saison était de partir tôt, pour rentrer au plus vite dans son petit deux pièces situé sous les combles d'un vieil immeuble parisien,. Elle n'était pas seule, non, elle occupait cet appartement avec Caramel, un chat de gouttière avec qui elle faisait la conversation.

La rue de Rivoli étaient toujours bondée en cette période de fête et Catherine n'aimait pas la foule.

Ce matin là, elle se leva comme un automate, comme d'habitude, à l'aveugle, elle longeait le mur de sa chambre qui l'emmenait aux toilettes, se prépara un café, et se dirigea dans la salle de bain afin de se préparer. Elle prit une douche, et pour apporter une touche de couleur sur son visage, elle prit le premier rouge à lèvre qui lui tombait sous la main.

Elle fit un bon en arrière, tel un choc brutal, elle en perdit l'équilibre. "je ne suis pas bien réveillée, j'hallucine" se dit-elle avant d'approcher, à nouveau, son visage du miroir. Un cri déchira le silence, le sien... elle s'approcha lentement du miroir, le souleva, le retourna pour vérifier si personne ne se cachait derrière... Elle toucha son visage et le reflet en fit autant, elle ouvrit la bouche, ouvrit de grands yeux, et tout comme elle, son reflet se mit à faire de grands gestes, des grimaces.

Il fallait bien se rendre à l'évidence, son reflet n'était pas celui qu'elle connaissait, s'était-elle endormie dans un cocon telle une chenille pour devenir un papillon?. Elle prit le temps de se détailler: ses cheveux étaient de la même couleur mais lissés, structurés et brillants, elle ne portait pas ses affreuses lunettes et pourtant elle y voyait parfaitement, ses sourcils n'étaient plus en bataille, il lui semblait que ses cils étaient plus longs, sa peau était débarassée de toute imperfection, le teint de sa peau était lumineux, son sourire était impeccable avec de belles dents toutes blanches, elle resplendissait.

Du bruit si fit entendre dans la cuisine, "Caramel tu dois avoir faim" dit-elle à haute voix. Mais là surprise, un jeune homme se tenait debout près du frigo, il se dirigea vers elle, la pris dans ses bras et lui déposa un baiser à faire chavirer un navire.

Tout lui revint en mémoire, elle avait fait la connaissance de Jean deux semaines auparavant, un nouveau collègue de boulot qui était passé près d'elle sans la voire. Elle en avait rêver, alors une fée, ou plutot son amie Lou, qui habitait le même immeuble qu'elle depuis deux ans, lui avait dit que les rêves pouvaient devenir réalité. 

- "Pas étonnant qu'il ne me voit pas, regardes moi, je suis moche" avait- elle conclu après avoir déjeuner avec son amie à la terrasse du 7ème étage du grand magasin, malgrès le froid.

- "Arrêtes de faire ta Cendrillon et prend toi en main " lui avait répondu Lou  avant de la trainer à tous les étages du B.H.V. Son jour de repos, elle l'avait passé à se transformer chez l'esthéticienne, le coiffeur, la maquilleuse et s'était offert une nouvelle garde robe, qui avait fait fondre ses économies comme la neige au soleil.

Le lendemain, alors qu'elle installait les bijoux en vitrine, Jean lui dit bonjour et quelques jours plus tard, le dimanche 16 décembe 2012, il l'invita à manger au restaurant et elle l'invita à prendre un dernier verre sous les combles.