De Rio

Marc Chataigner

Je me réveille
Un soleil
A posé sur ma cuisse
Sa paume sertie
De sa chaleur 
Et des rires des autres voyageurs
C’est ma voisine Graça
59 ans et pleine d’allant
Qui me dit en souriant
Bom dia! 
J’arrive dans le Bahia.

De Rio
Je me rappelle
Le sable sucré
Sur les fesses
Sur les hanches
Sur les épaules 
Des cariocas
Allures urbaines sur la plage
Allures estivales en ville
Allures chaloupées en slip
Allures chaloupées en jean’s
Défilés de courbes
Puzzle de peaux

Je me rappelle
L’océan
Qui occupe la moitié de l’espace
Qui occupe la moitié des esprits
Il cligne des yeux au loin
Et s’approche bruyamment
En roulant des mécaniques
Pour finir sa course
Dans un pffsshhhh
Prosterné
Aux pieds
Des athlètes ensablés

Je me rappelle 
Les pavés
En mosaïques de sucre
Les jus de fruits frais
Sans sucre s’il vous plaît 
Les tonalités
D’albâtre
De crème
De plâtre
Des façades érigées
Qui masquent 
Le rouge brique
Des cordées de bicoques
Qui siègent sur les collines autour

Je me rappelle
Les concerts
Aux accents de forrò
Aux accents de samba de rondo
À la pedra del sal
À la nuit tombée
Ralliement des sambistas d’hier
Ralliement des sambistas d’aujourd’hui
L’histoire se poursuit
Multicolore
Multiethnie
La musique marie les instruments divers
Elle marie le soir les populations
Qui s’évitent le jour
Elle crée de nouvelles couleurs
De peau

De Rio
Je me rappelle
Le soleil
Blanc
Comme le sel de la vie.

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