Des inconvenients du courage liquide...
lepeps
Comment le dire? Et si je me mettais sur mon toit? Je pourrais le crier jusqu'à l'épuisement, l'extinction de voix, la perte d'une corde vocale...
Je pourrais écrire un livre, raconter, à l'instar d'un soldat revenu d'une longue et sale guerre, combien de mois de lutte, d'acharnement, de résignation, de colères et de conciliations cette victoire lui a couté.
Cet instant magique comme beaucoup l'appelleraient, cette communion inoubliable, ce moment de pur bonheur ne laissera malheureusement dans ma mémoire que le souvenir flou d'un fond de verre. Un vide total, malgré une association a un moment d'euphorie, confirmation que c'était loin d'être un baiser volé.
J'en garde déjà le gout amer qu'on retrouve chez ces vieux trop âgés pour s'emporter lorsqu'au milieu d'une histoire, au moment critique ou se noue l'intrigue de leur vie, la suite leur échappe, les mots leur manquent. Ils se rendent compte qu’ils trainent la depuis trop longtemps, et qu’une vie sans souvenirs vaut presque autant qu'une fausse couche.
Ce n'était pourtant qu'un baiser. Un baiser parmi tant d'autres. A la différence près qu'il s'était fait attendre. Né un soir de solitude, senti, presque deviné, dessiné puis désiré... Il serait parfait. Pas loin de la mer. Par un soir sans lune, nos lèvres se retrouveraient malgré l’obscurité, attirées, comme un battement d’aile, comme ça, en silence, naturellement. Ces lèvres qui se sont par trop souvent emmêlées, ce soir la se tairaient.
Cette nuit sans lune est arrivée, et ces lèvres ont fusionné. Moment majestueux ou le beau triomphe sur l’attente, ou l'espoir prouve qu’il fait bien de faire vivre...
Instant magique qui ne laisse au fond de moi qu'une haine viscérale à l'encontre des vapeurs éthyliques...
Conte féérique ou mon cheval blanc se transforme en gueule de bois, ou mes excès alcooliques deviennent mes dragons, et mes souvenirs une forêt interdite...
Jusqu'à mon prochain petit verre...