Des mots sans maux

robeen

Ecrire relève du défi.

Pourquoi est-il si simple de laisser voler les lettres au gré de nos idées noires ? 

Quand l'écriture permet de combattre les maux par les mots, ne peut-on se nourrir de leur guérison ? L'inspiration nait-elle définitivement au creux de notre mal-être ?


Les plus belles lettres d'amour ont été écrites sous le feu des fusils, les plus grands poèmes ont jailli d'esprits torturés, les odes à la vie n'ont jamais eu plus de sens qu'au crépuscule de celle-ci. Et pourtant, je refuse de croire l'art réduit à une plume névrosée.


Aujourd'hui, j'aimerais parvenir à écrire quelque chose de beau. Je veux défier cette page blanche et dépasser la noirceur des maux. J'ai longtemps réfléchi à un sujet avec lequel m'évader, mais à quoi bon chercher quand il me suffisait de pointer l'origine du problème ?


Toi.


Oui, toi. Toi, qui es entré dans ma vie sans frapper à aucune porte, déverrouillant chaque serrure de mon cœur, avec pour seules armes ton sourire candide et ton regard bienveillant. Je n'avais pas prévu de t'aimer, figure-toi, j'étais trop désillusionnée par l'amour pour ressentir l'envie d'en effleurer les contours. Mais tu étais là, parfait en toute humilité. J'ai tenté de détourner le regard tu sais, mais mon coeur s'est agrippé au tien et je crois qu'il a décidé de ne plus battre sans lui.  J'en suis même certaine.


Alors j'ai posé les armes et abandonné mes préjugés le temps d'une trêve sentimentale. Ce n'était pas sans maux crois-moi, car quelque part, aimer signifie être dépossédé. A chaque contact, à chaque baiser, je t'ai offert une partie de moi; je pensais que mes envies d'écrire s'étaient envolées avec ces morceaux d'âme,  j'avais tort. Je devais apprivoiser le bonheur avant de pouvoir le décrire. Mais encore une fois, les mots me manquent. 


Tu donnes tort à tous les proverbes amoureux, j'ai retrouvé la vue le jour où je t'ai rencontré, l'univers ne m'a jamais paru aussi limpide que depuis qu'il gravite autour du tien. Et je ne voudrais être aveuglée pour rien au monde maintenant que tes traits illuminent mon quotidien. 


Non, l'amour ne me rend pas aveugle, l'amour me rend muette. Je pourrais te dessiner l'ardeur de mes sentiments, danser la passion que tu m'inspires, pourtant ma poésie n'est plus qu'un souffle lorsqu'elle doit dépasser le seuil de mes lèvres.


Les mots sont une arme dangereuse, un instrument paradoxal. Ils peuvent vous saigner à vif, et panser les plaies laissées par leurs morsures; les mots combattent les mots.


Et pourtant, malgré leur richesse et leur complexité, au-delà de chaque expression, aucune tournure, aussi puissante soit-elle n'est à la hauteur de ce que j'éprouve pour toi. Tu me reproches souvent mes non-dits et mes silences, mais à quoi bon parler si je sais d'avance que ce ne sera jamais assez ? Je cherche, crois-moi, je pèse chaque mot. Mais décrire avec exactitude le brasier qui consume ma poitrine à ton contact relève de l'impossible.

 

Alors, en l'absence de maux, je me contente de t'aimer, silencieusement mais de tout mon corps, de mes sourires à mes éclats de rire, de mes caresses à mes maladresses.

En attendant de trouver le mot qui dépassera ma pensée, je conclurai avec celui que je ne me lasserai jamais de prononcer :

 

T.

  • Vraiment très bien écrit , le poète est sensible et quand il est amoureux ou désemparé et bien tous les mots sortiront de sa plume et tous les lecteurs pourront se reconnaître car le poète comprend tous les ressentis et sait les écrire ,,,,merci

    · Il y a environ 4 ans ·
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    ventvert

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