Des objets et des sons

Collectif D'auteurs Atelier Les Cris De L'écrit

Atelier du 15 novembre 2016 - Geneviève

Si je mets ma montre à mon oreille, j'entends le temps qui passe, inexorablement.

 Si je mets mon cahier à mon oreille, j'entends le crissement du stylo, le murmure des mots qui se glissent entre les lignes, le choc des idées qui se bousculent, l'ébauche des images qui se dessinent.

 Si je mets une fleur à mon oreille, j'entends le bourdonnement de l'abeille friande de son pollen, le bruissement du vent qui fait pencher sa tige, le piétinement des lapins qui dansent toute la nuit à ses côtés.

 Si je mets la neige à mon oreille, elle fond et reste muette. Ses flocons cotonneux obstruent mes oreilles comme ils masquent les trous et les bosses du chemin, enfouissant le paysage dans un silence immaculé.

 Si mon chat se love près de mon oreille, j'entends l'écho d'un bonheur rassurant, chaud et serein ; musique rythmée anesthésiant toute douleur, gommant toute tension, éloignant les idées noires. Ronron thérapie (*).

 Si je mets une partition à mon oreille, c'est un orchestre entier qui se fait entendre : éclats triomphants des trompettes, plainte langoureuse des violons, gouttelettes en cascade de la harpe.

 Si je mets mes deux mains sur mes oreilles, j'entends mon cœur battre plus ou moins fort, ma respiration régulière ou affolée, le cri de mes angoisses ou la paix de mon âme.

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(*) Article du 17 janvier 2013 « Le Monde » :
Le chat est-il un thérapeute malgré lui ? Pour Jean-Yves Gauchet, vétérinaire à Toulouse qui revendique en France la paternité de la "ronron thérapie", le ronronnement du félin "apaise et agit comme un médicament sans effet secondaire".
Selon lui, "quand l'organisme lutte contre des situations pénibles – stress, insomnie ou anxiété – le ronronnement du chat émet des vibrations sonores apaisantes et bienfaisantes, un peu comme la musique". Le chat, comme un violoncelle dont la musique s'amplifie en fonction de la taille de sa cage thoracique, fait office de caisse de résonance. "C'est par le tympan, mais aussi les corpuscules de Pacini, des terminaisons nerveuses situées au ras de la peau, que nous percevons le ronron qui émet des fréquences basses, entre 20 et 50 hertz. Des pensées positives et de bien-être sont alors transmises à notre cerveau", explique-t-il.

 

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