Des semaines
ryeb-sawl
Depuis des semaines, c’est la fin. Elle traîne un peu la jambe, elle se fait attendre jusqu’au bout, histoire que s’immisce dans nos esprits l’espoir d’y réchapper. A croire que c’est une question de suspense pour elle. Je décolore chaque jour, je m’étonne que les gens m’adressent encore la parole, vu ma transparence. Je décline comme lui pour disparaître à ses côtés. Je suis d’une solidarité exemplaire. Cette nuit, j’ai pourtant continué à respirer alors que lui, avait beaucoup plus de mal. J’ai continué à m’anesthésier alors que lui, souffrait. Cette nuit, il m’a déjà quittée avant de mourir. J’ai préféré le laisser seul pour ne pas me rendre compte de notre rupture. Je suis rentrée chez nous. Le pire, c’est que rien ne change, rien n’agonise, tout sera encore là demain matin. Les objets les plus insignifiants auront encore le droit d’être présents. Lui non. Son corps restera comme ses chaussettes ou sa brosse à dents mais son esprit se sera éteint. Le médecin vient de m’appeler pour venir assister à son dernier souffle. Assister, comme si c’était un spectacle. Je ne veux pas être spectatrice, je voudrais jouer ce dernier acte avec lui. Mais je suis déjà si loin de lui.