Descendre
Richard Turcey
[Texte mis en voix et en musique : https://youtu.be/6z3CHE-Zw70 ]
L'hiver passe mon amour et ce possessif me surprendrait peut-être plus que le mot amour qui sonne comme une évidence maintenant qu'il paraît si vague
L'hiver passe et les arbres aux fleurs naissantes m'inspirent l'idée d'une vie amoureuse cyclique et d'une nouvelle nature sans cesse renouvelée, renouvelable
Nous pourrions chaque jour nous tenir par la main et si je n'embrassais pas ta bouche j'embrasserais tes seins, et si je n'embrassais pas tes seins ce seraient tes joues, peut-être, ou peut-être simplement rien et ce serait toujours embrasser ta présence
Dans mon ventre l'univers est à l'œuvre et la force des choses se concentre progressivement, les mouvements s'exécutent dans une conscience nouvelle, et c'est comme l'apparition d'un soleil dans un monde qui s'était condamné à l'obscurité
J'entends l'orchestre trembler fort si fort derrière moi et je sens comme la musique me pousse à trancher entre ce qui est et ne doit plus être et je sens que ma tête ne doit plus être le centre de ma gravité
Bas
plus bas
plus bas encore
Bas
en-bas
C'est là
je crois
que l'on se trouve
le mieux
Dans les voix graves
Sous la surface
Au centre du corps
À la jonction des mondes
Lisières
Frontières
Terrains neutres ou d'entente
Mus par l'agonie des étincelles
Le traumatisme des chancellements
Y revenir
Sans cesse
En bas
Ne plus
Tomber
D'en haut
Ne plus
Tomber
d'en haut
Mon corps cet étranger a peu connu le désir et il semble encore peiner à le sentir lorsqu'il l'habite pourtant si fort
C'est comme un éclair qui, parfois, dans un spasme, traverse mes inhibitions, mes peurs, mes doutes, mes rejets, mes pensées encombrantes
Vient, part, vient et repart, se dresse pour ta chaleur et se couche dans ton ardeur
J'aime l'idée qu'en ton cœur siège la mission d'éclairer les corps
Et que tes mains aient le pouvoir de faire bouger le soleil
Sorcière bienfaitrice, lunatique solaire