Destination et destinée

Sarra Ben

Je suis une rêveuse. Je n’ai jamais réellement voyagé. J’ai fait quelques escapades par-ci par-là, mais jamais bien loin de ma ville. Je rêve de prendre l’avion et d’aller vers une terre inconnue, une terre où les gens vivent bien différemment de moi, de nous. C’est pour ça que je l’ai fait. C’est pour ça que ce matin, sans rien dire à personne, je me suis rendue à l’aéroport et j’ai acheté le billet du prochain vol. Destination, aucune idée. Je ne me suis même pas donnée la peine de regarder où j’allais. Je me suis contentée de remercier l’hôtesse à l’entrée de l’embarcation lorsqu’elle m’a souhaité un bon vol. Mon premier pas dans un avion. Jamais je n’aurais pensé que je me sentirais un peu étouffée. Dans mes rêves, l’avion, c’était la liberté. Je ne pourrais pas dire si c’est à cause de ma proximité des sièges ou si c’est le fait que plein de gens circule dans un espace restreint. Heureusement, une fenêtre, tout petite, était à côté de mon siège. Je pourrais voir les nuages. Je pourrais enfin vivre cette impression que je n’ai pas cessé de m’imaginer, celle qui me permet à la fois de me sentir littéralement transporter et virevolter.

Je suis enfin arrivée. Je ne sais pas exactement où je suis mais en sortant de l’aéroport, l’air sentait différent. Même le soleil qui brulait ma peau était différent. Je me suis mise à marcher. Je suis si bien. C’est si différent de chez moi. Les gens sont souriants et n’ont pas l’air pressé. Je sens un gros poids de moins. Ici, personne ne me connait, je n’ai aucune responsabilité et surtout, je n’ai absolument rien à faire, rien de planifié. Ça me plait. Je m’arrête devant ce marchand de cuisine ambulant. Je ne pourrais pas vous dire qu’est-ce que je mange exactement parce le vieil homme qui me la vendu par dans une langue qui semble être de l’espagnol. Mais cela m’importe peu. Je marche sans savoir où je vais (ni où je suis) et pour une fois je me sens réellement libre. Je mange et marche sans rien penser. Marcher. Je fais ça maintenant pendant des heures. Ce n’est que quand j’aperçu le musée national d’art de Catalogne que je sue précisément où j’étais. J’avais déjà aperçu la photo de ce musée dans une brochure pour l’Espagne. Je savais alors où aller. À la plage. Ayant consulter cette brochure des millions de fois, je savais parfaitement par où passer.

Quand je commençais à sentir une douce odeur salée, je su que j’étais à la bonne place. Quand je m’assis sur le sable chaud, je su que j’avais trouvé le bon endroit. Le bon endroit pour continuer ma vie. Le bon endroit pour me faire une nouvelle vie. 

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