Deux contes de Noel

Bernard Delzons

Le père Noel n'en fait qu'à sa tête...

Ils sont fous ces terriens !

 

Cette année, je ne suis pas sûr de descendre du ciel pour distribuer des jouets par millier ! 

Là-haut, je ne risque pas d'attraper la Covid-19, ça donne à réfléchir. Vous avez vu, même les chefs d'état l'attrape. Et puis moi, je ne pourrai pas me réfugier à la Lanterne, j'en ai besoin pour éclairer mon traineau.

Saint Pierre m'a demandé d'envoyer des millions de masques et du gel hydro-alcoolique. Alors le soir de Noel ne vous étonnez pas de voir tout ça tomber du ciel. Ils ont trouvé un vaccin , mais il ne se conserve qu'à moins soixante-dix degrés ! Alors je vous annonce un épisode de froid sans précédent depuis l'époque glacière pour permettre la distribution de ce vaccin au plus grand nombre.

Les écologistes vont être furieux, je leur sape leurs arguments sur le réchauffement climatique. Tant pis pour eux, ils n'avaient pas à boycotter mes sapins de Noel. 

Vous allez me dire et les sans-abris ? j'ai tout prévu, ils recevront une tenue de père-Noel doublée de poils de rennes. Et s'ils sont hâtés ou s'ils ne croient pas au père Noel ?  Pour eux j'ai prévu une tenue du personnel d'entretien de la sécurité sociale, renforcée par la fourrure de tous les petits visons qu'ils ont sacrifiés pour se protéger du Covid.

Et pourquoi, je ne me ferai pas vacciner moi-même. Je suis sceptique, un vaccin qui vient du pays de Coca Cola, j'ai peur qu'il y ait des bulles. Un vaccin qui vient de Chine, pas pour moi, ils ont laissé échapper le virus ! Un vaccin qui vient de Russie, j'aurai trop peur qu'ils me prennent pour un dissident. Et pourquoi pas un vaccin français ? Pour Noel c'est rappé !

Mais les enfants, ils vont être malheureux ! Il y a bien longtemps qu'Amazone me fait concurrence, un peu plus un peu moins. Mais tiens, j'ai une idée, je vais prélever sur chaque achat fait sur leur site, la taxe qu'ils devraient payer dans chaque pays et j'enverrai des chèques cadeaux à tous les malheureux.

Et puis cette année je vais reprendre la couleur d'origine de ma tenue de père Noel. Je serai vert, vous ne pourrez pas me confondre avec tous les faux en rouge. Avec ma barbe rousse ça aura de la gueule, non ?

 

Alors vous descendrez quand même ?

Mais oui. J'ai ma Pomme 5G qui me protège. 

5G ? oui Cinq Grammes ! Mais je suis pressé encore beaucoup de courrier à lire, je vous laisse.

 

Après Noel :

 

Fabien, un jeune homme d'une trentaine d'année, est sorti de chez lui à la première heure avec un grand sac dans lequel il a rangé tous les cadeaux de Noel qu'il a reçus. Ils étaient juste six à table, comme l'avait recommandé le gouvernement, ses parents, son jeune frère, sa tante et son mari.

Fabien veut revendre les présents qu'il a reçu. Il connait une boutique où il pourra le faire. Avec cet argent, il pourra s'acheter la dernière console de jeu qu'il n'a pas pu s'acheter. Il n'est pas trop malheureux, il est au chômage partiel, mais il doit faire attention.

Il apporte donc ses cadeaux. Dans la boutique l'homme, la quarantaine, qui s'occupe de lui, sort un à un tous les objets et les places sur le comptoir, aux yeux de tous. Il semble dire que celui là est beau, que celui-ci est chaud, que ce dernier doit être pratique, mais en réalité, il ne dit rien. Mais ses yeux semblent montrer sa désapprobation! Enfin l'employé sort un livre.  C'est justement celui qu'il voulait acheter, mais qu'il n'a pas pu trouver. Il était en rupture de stock , lui avait-on dit.

Il lève la tête vers Fabien et lui demande s'il l'a lu. Le garçon rougit et finit par dire : « ce n'est pas mon style. » 

Derrière lui une petite dame soupire, Elle a lu le livre et l'a trouvé sublime. Elle veut parler, mais s'arrête. N'est-elle pas là, aussi, pour revendre un cadeau ? On lui a donné une machine pour masser les pieds. C'est vrai, elle se rappelle avoir dit qu'elle y avait mal. Mais elle a besoin de cet argent pour payer son chauffage, on menace de le lui couper.

Fabien est ressorti de la boutique avec son argent. Sans plus attendre, il se dirige vers l'endroit où il pourra s'acheter sa console. Mais là, il trouve porte close. Sur la devanture, il voit une pancarte avec l'inscription « fermer pour inventaire ». Un jeune homme arrive et semble lui aussi désemparé. Les deux garçons se mettent à converser. Le nouvel arrivant voulait ramener la console que Fabien désirait. Il en avait reçu deux, avait-t-il dit. Voyant que Fabien cherchait cet objet, il lui propose de le lui vendre. Il lui fera un prix parce qu'il a ouvert la boite. II est tellement pressé de récupérer ce jouet pour adulte, que Fabien ne pose pas de questions, trop content de la payer moins cher.  Il donne son argent et repart, avec la console. 

Il rentre chez lui, s'installe pour commencer à jouer et là à l'évidence il ne peut que constater qu'il s'est fait rouler, la console ne marche pas. Il décide aussitôt d'essayer de la revendre. Il repart donc dans la boutique où il avait déposé ses cadeaux. Il tombe sur le même employé et s'aperçoit qu'il lit le livre qu'il avait apporté. L'homme lève les yeux, le reconnait. Il lui demande ce qu'il veut.

 

Fabien explique qu'il avait oublié cette console et qu'il n'aime pas les jeux. L'employé le regarde de façon ironique mais alors qu'il avait à peine regardé les objets déposés le matin, il ouvre la boite, sort la console et la branche. Fabien est fébrile, il comprend que l'homme va se rendre compte qu'elle ne marche pas. Mais contre toute attente, là dans le magasin, elle marche. L'employé la remet dans sa boite et propose un prix bien inférieur à celui qu'il a payé. Il pourrait refuser, mais après ce qu'il a dit, ce n'est pas possible. Il se sent bête et repart avec son argent.

Il est près de sortir quand l'employé lui demande s'il sait de quoi parle le livre qu'il a apporté. Comme Fabien lui répond sue non, l'homme lui explique que c'est l'histoire d'un homme qui a revendu la montre qu'on lui a donné avant de s'apercevoir qu'elle avait des pouvoirs merveilleux qui lui aurait rendu la vie facile. « C'est juste pour que vous puissiez dire à ceux qui vous l'on donné que vous l'avez lu. » ajouta-t-il. Fabien rougit et sort.

De retour chez lui, dépité et sans console, il allume la télévision. C'est l'heure des informations. Il reconnait le jeune homme qui lui a vendu la console. Il vient d'être arrêté, il a été pris en flagrant délit de vol, une console de jeu sous son manteau.  

On sonne à sa porte, c'est sa tante. Elle lui demande s'il a commencé à lire le livre qu'elle lui a donné. Il répond que oui et commence à raconter ce que lui a dit l'employé. La femme le regarde, incrédule. Elle soupire. Puis lui dit :

« Tu es bien trop naïf mon garçon, je savais que tu le rendrais sans même le lire et je savais où tu irais. Alors je suis allé dans la boutique et avec l'employé on a imaginé cette petite histoire. Je te rapporte le livre, cette fois tu le liras. Tu y apprendras comment te comporter avec les gens qui cherchent à te faire plaisir. »

Là-dessus, elle lui tend un paquet. Tiens c'est pour toi, mais que ça te serve de leçon, l'année prochaine n'attend pas de cadeaux de ma part.

Il ouvre le paquet,  il reconnait la boite de la console. Il est heureux, mais quand il l'ouvre elle est vide. Il regarde sa tante qui lui sourit. Honteux, il est prêt à pleurer. Elle s'approche le prend dans ses bras. Certaine que la leçon aura été comprise, elle s'en va.

Deux jours plus tard, Fabien trouve dans sa boite aux lettres , un avis de passage de la poste. Il y a un coli à récupérer. Pourtant il n'attend rien. Il décide cependant d'aller récupérer le paquet. Il revient chez lui avec une boite. Il l'ouvre et trouve une deuxième boite, puis une troisième. Dans cette dernière, il y a la console qu'il désirait tant, avec une lettre sur laquelle il lit : « Le père Noel n'aime pas se déplacer pour rien. »

 

 

 

 

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