diagnostic engagé

blondyj

sujet le plus exploitée certainement mais le plus diversifiant, chronique d'un célibat devenu maladie chronique

7 JUILLET 2020 


Diagnostic : engagé

La bonne nouvelle est que je ne suis pas médicalement souffrante. La mauvaise est que je suis socialement en diagnostic vital engagé. Mes médecins à l'origine du diagnostic? Les amis, la famille et plus globalement la société..

Les symptomes ? Célibataire, 35 ans, pas d'enfant… 

C'est à 30 ans les examens se sont enchaînés. Rupture après une relation d'1 an pendant laquelle tout le monde s'est dit : OUUUF, elle est ENFIIIN avec quelqu'un.

 12 mois plus tard, la maladie débuta. Rupture. Devant gérer ma déception ainsi que celle de mon entourage non avouée, je commençais à me poser de réelles questions sur la vie de célibataire après 30 ans. Cela allait-il me condamner? N'y avait-il pas de remède? Moments de doute, d'angoisse, de peine puis classiques après une rupture. De très courte durée, nous allons dire, proportionnelle à l'intensité de l'attention que m'accordait l'homme de cette époque. 

Quelques mois s'écoulèrent. Puis on commença à lancer un appel aux dons pour me soigner. Sans demande de ma part, mes copines agitaient leur réseau mais pas grand chose de possible. Et oui, à la campagne, des hommes de plus de 30 ans célibataires, ca ne se trouve presque plus. Quelques noms évoqués, quelques invitations d'ajout d'amis sur Facebook d'hommes qui avaient bien évidemment des amis en commun tentaient de m'approcher sans que je ne clique sur le fameux “ ajouter” venaient encore plus inquiéter mes proches. 

On venait me parler d'anecdotes à coup de : “tu sais j'ai connu une collègue, elle était vieille fille à 36 ans, elle y croyait plus puis d'un coup elle a rencontré quelqu'un et elle a enfin pû faire sa vie”. Suis-je la seule que tout choque dans cette anecdote racontée telle une légende urbaine que toute fille célibataire a entendu plus d'une fois? 

Je ne savais pas que ne pas être en couple, cela voulait dire morte. Je ne savais pas qu'être en couple, cela soulageait autant l'entourage de la malade. Et oui, le remède, le bonheur, la joie ultime est d'être en couple....Pour l'entourage. 

Personne ne vient vous demander ce que vous voulez VOUS. Et vous savez quoi? A force on ne sait même plus soi-même. 

Après une rupture, vous vous remettez doucement émotionnellement. Vous commencez à sortir de nouveau, à renouveler votre garde robe, à vous faire jolie, à apprécier la solitude, le calme, la paix retrouvée. Vous êtes tout simplement bien avec vous-même, vous découvre cela. 

Puis lorsque vous sortez , on vous redemande comment ça va, si vous avez des nouvelles de l'ex, si vous avez fait des rencontres. Si vous avez le malheur de répondre non et bien soucis réglé, on va vous trouver quelqu'un pendant la soiré, il FAUT vous trouver quelqu'un. Il faut que vous guérissiez bordel! Mettez-y du votre! Acceptez de parler à ce mec hyper lourd et imbibé d'alcool de lui décrocher un sourire, acceptez le verre qu'un autre homme à l'opposé de votre type d'homme veut vous forcer à boire, acceptez de parler au mec qui pourrait être votre père pendant que vous essayer de manger tranquillement entre filles. Et là, le drame, vous refusez! rechute! Déception , tristesse, non pas dans vos yeux mais dans ceux qui tentent tout à votre place!

Les mois passent, puis formule classique “les mois deviennent des années”. La solitude est votre quotidien mais vous ne le vivez absolument pas comme un boulet accroché à votre pied. Vous avez pû faire du tri dans votre vie, envoyé balader quelques relations toxiques qui trainaient dans les parages telle une yen dès que vous étiez célibataire puis vous décidez de vous remettre en scelle sans le dire à quiconque. Le besoin vient tout seul de , pourquoi pas, partager votre vie avec quelqu'un. 

Bien sûr, dans la salle d'attente, votre entourage s'angoisse à chaque mois passé sans l'ombre d'un signe de votre part que vous êtes avec quelqu'un. On sursaute quand vous recevez un message, on sourit en coin quand vous allez chez le coiffeur, on tend l'oreille quand vous êtes au téléphone. Mais quesqu'elle fou bon sang! Ca va faire 3 ans maintenant! Elle pense que ses ovaires sont en production illimités??? On ne vous dit rien mais vous ressentez tout! “Mais non, pas du tout , tu es parano, si ca te convient, si c'est ce que tu veux, tant que tu es heureuse...mais c'est dommage”! Oui, parano nous sommes... Une métastase… 


33 ans, nouveau taff, nouvelle vie, vous vous sentez fraîche et rien ne peut vous arriver. Nouvelle vie, nouveaux objectifs bien sûr. On a passé assez de temps seule, on s'est assez analysée au rythme des bouteilles de rosé de l'été, des bières de l'hiver, des Noel sans messages spéciaux, des anniversaires sans fleurs. Allez hop on y va, on essaie puis le nouveau collègue vous fait une drague assez sympa que vous ne repoussez pas , c'est frais, plaisant on verra si c'est un jeu ou si il est vraiment intéressé. 

Vous affichez un sourire, vos yeux pétilles. Reunion avec les copines. Elles devinent en 5 min top chrono que vous avez quelqu'un en vue! Oh my god, ca y'est, il y a un espoir de traitement! Elles vous regardent avec fierté, elles sont contentes pour vous, elles vous souhaitent que ca marche, elles vous appellent, bref joie, bonheur, espoir! On va enfin la sortir de là! 


Concrétisations de la drague avec le collègue, rendez-vous. Avouez, vous commenceZ à toucher cet “objectif” du doigt, vous n'allez pas lâcher votre envie de voir ce que ça donne de retenter une histoire.Après tout, si on est aimée, qu'on vous porte de l'attention, que vous partagez des moments sympas, des sorties etc ca peut être agréable et vous commencez même à penser que vous pouvez peut être guérir alors que vous ne vous sentiez pas plus malade que ça. Et bonus, l'idée de voir tout le monde fier de vous renforce cette envie de “vous en sortir”!

Mais le rendez-vous commence très mal! Adieu idée de romance, de relation stable et longue bercée par le romantisme, les papillons et toute la mythologie contemporaine amoureuse! Et oui, facteur venant aggraver la maladie : le sexfriend! Analyse biologique de ce facteur:  “on se voit mais je ne veux pas de prise de tête, je sors d'une relation longue, je veux juste des bons moments”. Bon, après tout, êtes vous réellement prête pour toute la posologie d'un coup d'un seul? Finalement, à y réfléchir, vous pouvez garder vos moments de solitude tout en essayant de réapprivoiser le bonheur. Vous lancez un : “ c'est ferme et définitif, tu fermes la porte à une relation longue ou tu penses que ca peut évoluer? “ Idiote! Il est chez toi, t'es pomponnée comme jamais! Gobe tout cru le “ on verra, pourquoi pas “ qu'il vient de te lâcher en louchant sur ton décolleté!  Et m**** , une 2eme métastase qui s'installe pendant 7 mois avec une attitude sournoise mêlant attention de couple et indifférence laissant planer le doute d'une guérison mais avec un pressentiment qu'il s'agit plutôt du fameux “regain”... C'est pas grave , tu cogites trop, fais l'autruche tout va bien puis tout le monde te fiche une paix royale car tu as quelqu'un qui vient de temps en temps chez toi.


Finalement, intuition féminine au taquet , effets secondaires du traitement au statut d'essai thérapeutique, mode bureau des légendes enclenché. Traque sur les réseaux sociaux en mode silencieux ajoutée à d'autres preuves comportementalistes et BINGO! le traitement ne marchera pas car il est administré en parallèle avec une autre au moment où vous alliez passer votre scanner de contrôle, l'invitation à passer des vacances ensemble, le baromètre du sérieux de la relation. Échec du protocole de soins. Rechute de la confiance en soi,de votre bien être, de votre joie de vivre. Montée  significative de tristesse, de larmes, de doute et d'espoir. Prendre son courage à 2 mains et avouer à votre entourage que la guérison ne sera pas pour tout de suite, que vous passez au stade supérieur , un cran de gravité de plus. 

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