Dialogue

Romain Delenclos

Deux facettes d'une seule personnalité discutent.

-Qu'est-ce que tu fous à terre ?

-Je savais que j'avais entendu quelqu'un marcher. C'était donc toi.

-En effet. C'est toi qui m'a réveillé après tout.

-Non. Je ne t'ai rien demandé.

-Qui d'autre aurais pu me réveiller si ce n'est pas toi ?

-Je ne sais pas. Mais je ne t'ai rien demandé. 

-Tu n'as pas répondu à ma question Romain. Qu'est-ce que tu fous à genoux par terre ? Tu es pitoyable.

-Je sais que je le suis.

-Alors pourquoi ?

-Je ne sais pas. 

-Il y a une différence entre ne pas savoir et ne pas vouloir le dire. Mais je te rappelle que je suis une partie de toi. Tu ne donc rien me cacher. Je réitère donc ma question : que fais tu à terre ? 

-Je réfléchis.

-Cesse de mentir. 

-Je souffre, ça te va maintenant ?! Si tu es venu te foutre de ma gueule, va-t-en !

-Comment elle s'appelle ? 

-Qui ça ?

-Celle qui te fait souffrir.

-Comment tu sais que c'est à cause d'une fille ?

-Tu ne souffre pour rien d'autre. Le chômage, le manque, l'argent, les choses pour lesquelles tu te fais rabaisser en permanence, le permis que tu as raté, et j'en passe, rien ne te blesse ou ne t'atteins. Rien, à part les blessures infligées par des filles.

-Exposé comme ça...

-Tu m'as sans douté oublié depuis tout ce temps, mais je ne t'ai jamais quitté. J'ai toujours été et je suis toujours la. Maintenant dis moi comment elle s'appelle.

-Tu n'as pas besoin de le savoir.

-Bref, passons. Que t'a-t-elle fait celle-ci ?

-Elle m'a donné envie de me battre.

-C'est tout l'effet que ça te fait ? A genoux, par terre dans ton propre cerveau, tu appelles ça te battre ? 

-Je me serais battu si j'étais sûr que l'objectif que je viserais serais à la fin du trajet. Seulement, au jour d'aujourd'hui, elle se réfugie tout les jours dans les bras d'un autre, en me délaissant complètement. Du jour au lendemain, tout à changé, comme si je n'avais jamais compté. Pourtant c'était moi qui la ramassait à la petite cuillère à chaque appels, moi qui me couchait à deux heures du matin pour m'assurer qu'elle dormait bel et bien. Moi qui niquait mon forfait pour faire des FaceCam avec elle, moi qui lui ai promis de changer sa vie, de l'aimer comme personne ne pourra jamais le faire, comme c'est déjà le cas aujourd'hui. Et il suffit qu'il y en ai un qui débarque de nulle part et on m'efface. Comme si je n'avais jamais existé. Tout partait pourtant si bien...

-Je vois.

-Maintenant dis moi pourquoi tu es la ! 

-Pour reprendre le contrôle.

-Plus jamais je ne te laisserai les commandes ! J'ai été un vrai salaud sous ton influence ! Maintenant sors de ma tête ! 

-C'était il y a longtemps, on mûri tous. 

-Tu n'as pas changé Yan. Tu es resté la même boule de colère qu'il y a 3 ans.

-Grâce à moi, tu as vécu au lieu de te contenter de survivre, slalomant entre les insultes et les moqueries que tu subissait. Tu es devenu plus dur grâce à moi, gagné le respect des autres grâce à moi. Mais dans le monde d'aujourd'hui, je ne serais pas le plus fort. Juste le plus inaccessible. L'armure que je te fabriquerai sera impénétrable. Laisse moi les commandes, et tu ne souffrira plus. 

-J'ai pu faire des choses incroyables grâce à toi, c'est vrai. Mais maintenant c'est terminé. Je vais juste me mettre une race et essayer de passer à autre chose en souffrant en silence.

-Ca ne marchera pas cette fois. 

-Et pourquoi ? 

-Parce que dans ta tête il n'y a qu'elle. Quand je me balade dans tes neurones, elle affichée partout. Je sais à quoi elle ressemble mais son nom n'y es pas affiché. 

-Tant mieux. 

-Je reprend les commandes. De gré ou de force.

-Non. 

-Si. Reste à terre si tu veux, mais je ne te laisserai pas dans cet état. Soit tu te ressaisis, soit je prend les commandes. Bordel ! On est trop jeunes pour mourir ! 

-Je n'ai pas ma place dans ce monde. 

-Beaucoup de gens mettent du temps avant de trouver leur place. Et si tu ne la trouve pas, crée la. 

-Plus facile à dire qu'a faire...

-Merde, des filles il y en à partout. Oublie celle la. Tu trouveras mieux qu'elle.

-Il n'y a pas mieux qu'elle...

-Mais oui bien sûr. Tu te disais ça pour Lise aussi je te signale. Et pourtant, regarde toi. Tu as réussi à passer au dessus de ça sans mon aide, tu as rencontré une autre que tu as largué pour une autre encore. Putain soit fort ! Ca arrive même aux meilleurs de souffrir, seulement eux ne passent pas leur temps à genoux à geindre ! Ils se trouvent une nouvelle raison d'avancer ! Et puis, si ça se trouve, elle se rendra compte de son erreur et elle reviendra ! Alors prend ma main et relève toi ! 

-Tu es sûr ? 

-On est jamais sûrs de rien, la meilleure façon de le savoir reste encore d'être en vie pour le voir. 

-Tu as peut-être raison...

-J'ai toujours raison. Prends ma main maintenant. Nous contrôleront ce corps ensemble.

-Marché conclu. Je compte sur toi, partenaire...

Signaler ce texte