Dovahkiin

Léo Paul Badreau

4E 201, Bordeciel est plongée dans une guerre entre l'Empire et les Sombrages. Mais un retour dont personne ne s'attendait va faire empirer les choses... Tous les croyaient disparus, pourtant...

 

 

 

 

Dovahkiin



4E 201, Bordeciel est plongée dans une guerre entre l'Empire et la rébellion des Sombrages, Impériaux contre durs Nordiques. Les jarls, dirigeants des villes de la contrée et tous soumis au Haut-Roi, s'agitent et la tension monte… Le chaos et des évènements inattendus peuvent arriver à tout moment… Mais un retour dont personne ne se souciait va faire empirer les choses… Tous les croyaient disparus, pourtant… Ils sont bien de retour, mais un, un seul peut les arrêter… Un seul…

 

Chapitre I

 

Une rencontre inattendue

 

       Enfin je me réveillai, l'esprit étrange, un sentiment curieux... J'ouvris les yeux et, en voyant où j'étais, je repris peu à peu mes esprits. Le soleil était étincelant à travers les grands arbres et leursfeuilles brillantes. Je me retrouvai dans une sorte de charrette. J'entendais des bruits de sabots de chevaux. Mes mains étaient attachées. En regardant autour de moi, je vis que nous nous approchions d'une ville. Je ne reconnaissais pas ce paysage, mais il me semblait pourtant si familier... Je vis également que je n'étais pas tout seul dans cette charrette… Il y avait trois hommes avec moi. L'un en fins habits, un autre, blond, avec une tenue sombre-bleue, sans doute celle d'un guerrier, et enfin, un grand homme, les cheveux tressés et blonds, vêtu de vêtements foncés mais pour autant riches de mille détails. C'était le seul à avoir un morceau de tissu serré entre ses dents, le bâillonnant. Sans doute une personne assez importante pour ne pas avoir le droit de parler. Alors que j'observais les paysages magnifiques qui nous entouraient, le guerrier blond m'interpella :

« Tiens, vous avez fini par vous réveiller ? »

       Dans l'incompréhension de ce qui se passait, je n'arrivais pas à m'exprimer.

« Vous avez essayé de traverser la frontière, pas vrai ? Et vous avez foncé tête baissée dans une embuscade des Impériaux… tout comme nous et ce voleur, là. »

       C'était donc les Impériaux qui nous conduisaient dans cette ville. De nombreuses questions se bousculèrentdans ma tête : Quelle embuscade ? Pourquoi nous amenaient-ils dans cette ville ? Qui étaient ces gens ? Tandis que je réfléchissais, le soi-disant voleur s'adressa au guerrier :

« Maudits Sombrages… Bordeciel allait parfaitement bien avant votre arrivée. L'Empire était calme et nonchalant. Si la Légion n'avait pas été à votre recherche, j'aurais pu voler ce cheval et je serais déjà arrivé à Lenclume. »

       Alors comme ça le voleur voulait fuir Bordeciel vers Lenclume ! C'est une région au sud-est de la région, contrée d'origine des Rougegardes. Quant à Bordeciel, c'est un vaste territoire peuplé de nombreuses hautes montagnes enneigées, des forêts sauvages, parfois dangereuses, et de modestes villages. C'est là d'où viennent les Nordiques, en grande partie de fiers barbares à la recherche de gloire et de triomphe. A ce que je sais, mes parents étaient Nordiques, et m'ont donné le nom de Xerphinn.

       En terminant sa phrase, le voleur s'adressa à moi :

« -Vous là-bas. Vous et moi nous ne devrions pas être ici. Ce sont ces Sombrages que l'Empire veut.

   -Nous sommes tous des frères et sœurs liés, répondit le guerrier blond.

   -Silence derrière ! cria le soldat Impérial qui conduisait la charrette. »

       J'avais déjà entendu parler de ces Sombrages. Ce sont de valeureux guerriers, mais malheureusement ils se battent pour Bordeciel, et seulement pour Bordeciel. Ils méprisent les autrestribus des régions reculées du grand pays de Tamriel. Il regroupe les territoires de Morrowind, Valboisé, Elsweir, le Marais Noir, Hauteroche, Lenclume, Cyrodiil, l'Archipel de l'Automne et Bordeciel.

« -Et lui, pourquoi il est là ? interrogea le voleur en désignant l'autre homme qui ne pouvait s'exprimer.

   -Un peu de respect. Vous parlez à Ulfric Sombarge, le vrai Haut-Roi. »

       Son identité se dévoila, c'était Ulfric Sombrage. L'homme qui menait la rébellion des Sombrages contre l'Empire et qui était également le jarl qui dirige la ville de Vendeaume, siège de la rébellion. S'il y avait une guerre, c'était à cause des Impériaux mais également d'Ulfric… qui avait tué le Haut-Roi de Bordeciel, Torygg. Les Sombrages clamaient qu'ils l'avaient affronté dans un combat loyal mais de leur côté, les Impériaux disaient que c'était un assassinat contraire aux traditions des Nordiques. Cet acte fut déclenché par l'interdiction du culte de Talos : le Dieu-Héros de Bordeciel. Les Nordiques le prient comme leur grand maître. L'interdiction du culte de Talos par l'Empire et le Domaine Aldmeri, les Thalmor, a donc créé un fort mouvement de rébellion des Nordiques contre ceux-ci.

« -Ulfric ? Le jarl de Vendeaume ? C'est vous qui menez la rébellion… murmura le voleur. Mais puisque vous vous êtes fait prendre… Par les dieux où nous emmènent-ils ? s'inquiéta-t-il spontanément.

   -Aucune importance, Sovngarde est au bout du chemin… répondit calmement le guerrier sombrage.

   -Non, c'est impossible… C'est impossible ! »

      Un immense sentiment d'inquiétude m'envahit. Sovngarde, c'est là où les âmes des morts vivent éternellement ! Il présumait donc que nous allions mourir...

       Le guerrier sombrage s'adressa au voleur :

« -Hé, de quel village venez-vous ?

   -En quoi ça vous intéresse ? répondit-il.

   -Les dernières pensées d'un Nordique devraient aller vers son foyer.

   -Rorikbourg. Je… Je suis de Rorikbourg. »

       La conversation fut interrompue par un soldat impérial :

« -Général Tullius, chef ! Le bourreau attend !

   -Bien, dépêchons-nous d'en finir, répondit ce dernier. »

       Nous arrivâmes enfin à l'entrée de la ville. L'inquiétude était à son crescendo. J'avais beau réfléchir, je ne me souvenais toujours pas avoir essayé de franchir la frontière… J'entendais le voleur prier les Divins pour qu'il reste en vie.

       Deux hommes étaient face à face, tous deux sur des chevaux, se parlant, l'un était un Thalmor, un Elfe, assez important pour être traité comme dirigeant, et l'autre, était le Général Tullius. C'est lui qui dirige l'Empire en Bordeciel. L'Empereur lui-même ne vit pas dans cette région. Le Général commande en grande partie les batailles contre les Sombrages sanguinaires.

       Le sombrage me murmura :

« Regardez-le. Général Tullius, Gouverneur militaire. On dirait que les Thalmor sont avec lui. Satanés Elfes… Je parie qu'ils ont des choses à voir dans tout ça. Nous voilà à Helgen. J'y ai courtisé une fille, autrefois. Je me demande si Vilod met toujours des genièvres dans son hydromel. C'est amusant… quand j'étais petit, les remparts et les tours des Impériaux me donnaient un sentiment de sécurité. »

       Nous semblions tous les quatre vivre nos derniers instants. Il était là, le billot, nous attendant, au milieu des bannières des Impériaux. Je voyais un petit garçon, devant sa maison, interrogeant son père sur qui nous étions, pourquoi nous étions là, et n'eut que l'ordre de rentrer.

« -Pourquoi nous arrêtons-nous ? demanda naïvement le voleur.

   -A votre avis ? La fin du voyage, répondit sombrement le guerrier. »

       La charrette s'arrêta. C'était l'heure, l'heure de la fin…

« -Allons-y. Ne faisons pas attendre les dieux, s'exclama le sombrage.

   -Non, attendez ! Nous ne sommes pas des rebelles ! s'écria le voleur.

   -Affrontez la mort avec courage.

   -Vous devez leur dire ! On n'était pas avec vous ! C'est une erreur ! »

       En arrivant, je me rendis compte qu'il y avait une autre charrette, elle aussi emplie de soldats sombrages. Ils avaient dû être nombreux à essayer de franchir cette frontière. Nous descendîmes de la charrette pour nous diriger vers le Capitaine impérial, qui déclara froidement :

« -Avancez en direction du billot quand vous entendez votre nom. Un seul à la fois.

   -L'Empire adore ces satanées listes, me chuchota le sombrage.

-Ulfric Sombrage, jarl de Vendeaume. »

       Le grand homme s'approcha du billot.

« -Ce fut un honneur, jarl Ulfric ! s'exclama le sombrage.

   -Ralof de Rivebois. »

       Le sombrage s'avança.

« Lokir de Rorikbourg. »

       Lokir, le voleur, s'avança, mais dans un élan de pauvre espoir cria :

« Non, je ne suis pas un rebelle. Vous n'avez pas le droit ! »

       Il se mit à courir en direction de la sortie de la ville… mais le capitaine réagit immédiatement :

« -Halte là !

   -Vous n'arriverez pas à me tuer !

   -Archers ! »

        Les archers impériaux réagirent spontanément et en deux flèches, Lokir était à terre.

« -Quelqu'un d'autre a envie de s'enfuir ?

   -Bien. Attendez. Vous, là ! Avancez. Qui êtes-vous ?

   -Mon nom est Xerphinn, Nordique.

   -Vous avez bien mal choisi votre moment pour rentrer au pays. Capitaine, que fait-on ? Il ne figure pas sur la liste.

   -Peu m'importe qu'il ne soit pas sur la liste. Il rejoint le bâtiment comme les autres.

   -A vos ordres, capitaine. Désolé. Au moins mourrez-vous ici, sur votre terre natale. Suivez le capitaine »

       Je n'avais pas à nier. Je devais mourir sans même avoir de raisons et de réponses à mes questions. Sovngarde m'attendait, et j'arrivais.

« Ulfric Sombrage ! Certains ici, à Helgen, vous prennent pour un héros, mais un héros n'utilise pas un pouvoir comme celui de la Voix pour assassiner son Roi et usurper son trône, déclara le Général Tullius. »

       Ulfric semblait vouloir contester mais neput qu'écouter son ennemi juré.

« Vous avez commencé cette guerre, plongé Bordeciel dans le chaos… désormais, l'Empire va vous abattre et rétablir la paix. »

       Un rugissement se fit dans le ciel, tout le monde l'entendit. Ce cri, avait réveillé en moi… un sentiment étrange. Il avait comme libéré une puissance en moi, une puissance qui m'épuisa au point de ne plus me sentir… complètement humain.

       Je repris vite mes esprits pendant que tout le monde se demandait ce qu'il se passait :

« -Qu'est-ce que c'était que ça ?

   -Ce n'est rien, continuez ! cria le Général.

   -Oui, Général Tullius. »

     Le Capitaine se tourna vers une mage.

« -Accordez-leur leurs derniers rites.

   -Nous prêtons vos âmes a Aetherius, que les huit Divins vous bénissent, car vous êtes le sel et la terre de Nirn, notre bien aimée ter…

   -Pour l'amour de Talos, taisez-vous et finissons-en ! s'écria Ralof.

   -Comme vous voudrez, répondit-elle. »

      Le premier soldat sombrage de l'autre charrette s'avança vers le billot, ne demandant qu'à en finir.

« Mes ancêtres me sourient, Impériaux. Pouvez-vous en dire autant ? »

       Il posa sa tête sur le billot, un long silence parcourut la place fortifiée, et le bourreau fit ce qu'il avait à faire… Derrière nous, les habitants défendaient leur camp, Sombrages ou Empire.

« Aussi courageux dans la mort que pendant toute sa vie. »

       Les yeux cruels, le capitaine se tourna vers moi :

« Maintenant, le Nordique en haillons ! »

       Le cri revint dans le ciel une deuxième fois. Cette fois-ci, je sentis bien que quelque chose de surnaturel naissait en moi. Mes veines devenaient saillantes, et je tremblais lourdement, mais je réussis à résister dans un effort colossal.

« -Ça recommence. Vous avez entendu ?

   -J'ai dit, au suivant !

   -Allez, au billot ! Et dans le calme ! »

       Voilà. C'était mon tour. Je m'approchai du billot avec un sentiment étrange qui montait en moi. Je posais ma tête. Un bruit sourd et puissant montait dans mes oreilles. Le bourreau allait frapper. Quand tout à coup… je le vis. Il arrivait de derrière les montagnes, sous le soleil de Bordeciel, ses yeux étaient terrifiants, ses écailles noirs comme le vide éternel, ses grandes ailes déployées, le Dragon approchait à vive allure.


 

Chapitre II

 

Libération


       Le monstre noir se posa violemment sur la tour de pierre et fit tomber le bourreau avant qu'il ne puisse accomplir son geste fatal et mettre fin à mes jours. Ses écailles étaient profondément noires et rouges. En un rugissement sournois, le dragon créa une sorte de tourbillon dans le ciel, un tourbillon tel que l'enfer. Il jetait d'immenses roches enflammées, détruisant les pauvres maisons de paille et de pierres.

« Hé camarade ! me cria Ralof, le guerrier Sombrage. Debout ! Allez, les dieux ne nous donneront pas d'autre chance ! »

       Mon premier réflexe fut de rejoindre la deuxième tour, qu'Ulfric et Ralof avaient déjà atteinte. Il réussit à détacher les mains d'Ulfric et le tissu quil'empêchait toujours de parler :

« -Jarl Ulfric ! Qu'est-ce que donc que cela ? Les légendes auraient-elles dit vrai ? interrogea Ralof.

   -Les légendes n‘incendient pas des villages entiers, répondit Ulfric. Il faut y aller, maintenant !

   -Par la tour, allez ! »

       Je montai par les escaliers de la tour de pierre mais le dragon détruisit le mur de celle-ci, me bloquant le chemin. Je vis son feu en face de moi, cruel, puis il repartit vers le cœur de la ville. Ralof m'avait rejoint :

« Vous voyez l'auberge de l'autre côté ? Sautez sur le toit et continuez ! Allez ! On vous suit quand on le peut ! »

       L'auberge semblait bien basse mais je réussis à y sauter sans me briser une jambe. La pauvre auberge, moitié détruite, me permis de redescendre à terre. Le chaos était gigantesque. Les maisons étaient détruites et des morts gisaient au sol. Un enfant peinait à rejoindre le second du capitaine. Je me demande même comment j'avais pu survivre :

« Encore en vie ? Restez près de moi si vous voulez que ça continue, me déclara le second du capitaine. »

       Il fallait rejoindre le donjon d'Helgen, c'était le seul moyen de nous sauver de cet immense désordre et de retrouver la liberté. Cela paraissait impossible de traverser la ville avec ce dragon noir semant la terreur sur son passage, mais par une pointe de vitesse fulgurante, je réussis enfin à atteindre le donjon sous les boules de feu intenses et les cris. C'est là où le dilemme se posa. Ralof nous avait rejoints devant l'entrée du donjon. Je devais donc choisir entre suivre le second du capitaine impérial, et bénéficier de la protection de l'Empire, ou bien accompagner le soldat sombrage qui m'avait aidé à fuir. Voyant bien que je n'avais pas le temps de réfléchir, je suivis Ralof qui m'entraina dans le sombre donjon.

       Je me retrouvais enfin dans le donjon d'Helgen, en entendant toujours l'horreur du dragon et des flammes. Ralof, s'approcha du corps d'un de ses camarades :

« -Nous nous retrouverons à Sovngarde, frère. On dirait que nous sommes les seuls à en être sortis, me dit-il en se relevant. Aucun doute, cette chose était un dragon. Comme ceux des légendes et des contes pour enfants… Les hérauts de la fin des temps.

   -Impressionnant ! Je ne pensais pas qu'une telle chose arriverait, mais ce fut plutôt en notre avantage !

   -Et moi donc ! On ferait mieux de partir d'ici. Venez là, laissez-moi voir si je peux défaire ces liens. »

 

 

       Il coupa les cordes qui m'empêchaient de faire quoi que ce soit avec mes mains :

« -Et voilà. Prenez l'équipement de Gunjar, tant que vous y êtes. Il n'en aura pas besoin.

   -Mais… non, rien. »

       Je me sentais gêné de prendre l'équipement d'un mort, surtout mort dans la gloire…

« -Très bien, mettez cette armure et faites quelques moulinets avec cette hache.

   -Parce que vous pensez que j'aurais besoin de m'en servir ?

   -Sans doute… les Impériaux et le dragon n'ont pas l'air de vouloir nous laisser en vie. Je vais voir si je peux trouver un moyen de sortir d'ici. C'est verrouillé. Voyons cette grande porte. Bon sang, on ne pourra pas l'ouvrir de ce côté ! »

       Il finit sa phrase quand tout à coup, des Impériaux apparurent derrière la porte de bois. Ralof me fit signe de me cacher, j'obéis promptement. Le capitaine Impérial ordonna à son second d'ouvrir la porte. Il obéit et nous avons dû les combattre. J'essayais de me débattre comme je le pouvais. Je sentis une force monter en moi depuis mes veines qui me permirent de les abattre sans problème. Même Ralof était impressionné. Il me dit alors qu'ils avaient peut-être la clé de la grande porte sur eux, et ils l'avaient en effet :

« -Ca y est ! Venez, partons d'ici avant que ce dragon nous fasse tomber la ville sur le crâne.

   -Je ne demande que ça ! »

       Nous descendîmes dans les étages inférieurs du donjon d'Helgen, tout en entendant le dragon qui continuait à ravager la ville. Arrivés en bas, nous vîmes d'autres rescapés mais une chute de pierres brutale nous sépara. Nous aurions pu périr…

« Bon sang, ce dragon n'abandonne jamais ! s'écria-t-il. »

       Nous arrivâmes dans une salle d'armement, où des Impériaux nous attendaient. Ceux-là étaient coriaces et bien équipés, mais un travail d'équipe est toujours mieux récompensé quand il est bien fait.

     Après avoir fait le ménage, il fallait trouver d'autres équipements, afin de survivre si nous parvenions à sortir d'ici. Encore fallait-il que nous sortions… Je cherchais donc partout, dans les coffres, les commodes, les tonneaux et je finis par en trouver un avec quelques potions. Ralof me fit signe de me dépêcher puis nous partîmes. Il y avait encore des Impériaux qui gardaient ce qui ressemblait à une salle de torture. Nous les avions pris par surprise. Par hasard, nous avions trouvé ici un guerrier sombrage. Ralof l'interrogea :

« -Le jarl Ulfric était avec vous ?

   -Non, je ne l'ai pas revu depuis l'apparition du dragon.

   -Peut-être est-il mort ? dis-je d'un ton évident.

   -Peut-être… »

       Nous continuâmes notre fuite dans le donjon et nous retrouvâmes nos amis sombrages rescapés. Quelque chose m'impressionnait : il y avait un trou dans les briques d'un des murs de pierres du donjon. On aurait dit qu'il menait à une caverne, une grotte. Je ne voyais pas d'autre issue, nous n'avions pas d'autres choix que de l'emprunter.

       J'arrivais avec Ralof dans une grande salle ou des Impériaux étaient postés. Ils ne semblaient pas nous avoir vus mais il fallait passer par ici pour sortir de ce traquenard. Ils étaient trop nombreux pour les attaquer au corps à corps. Mais je réussis à trouver un arc et un carquois à côté d'un soldat impérial mort. Je le pris et préparai une flèche. Je bandai l'arc et la flèche partit tout droit, touchantau cœur le premier soldat impérial. Les autres nous repérèrent et Ralof, suivi de ses amis, allèrent au corps à corps pendant que je continuais de les tuer à l'arc.

       Après avoir tué tous ces soldats, dont j'aurais préféré laisser la vie, il y eut un levier, qui abaissa un pont. Il menait encore à une autre grotte qui ne semblait pas être occupée par les Impériaux.

       Mais en admirant cette somptueuse grotte, le dragon fit écrouler le passage par lequel nous étions passés :

« -On ne peut plus revenir par-là, désormais. Nous devons continuer,   les autres trouveront une autre issue.

   -J'espère qu'ils s'en sortiront… »

       Nous suivions le chemin d'eau en espérant trouver la sortie. Et nous croisions des squelettes, des ossements, rien de bien rassurant…

       Tout à coup, nous fûmes pris par surprise par des bêtes monstrueusement répugnantes, des givrépeires. Ce sont des sortes d'immenses araignées crachant leur venin sur leurs cibles. Elles faisaient au moins un mètre de hauteur. Pour faire face à cette situation, la magie était la plus efficace. J'utilisai donc la puissance du feu pour les abattre, celle qui m'avait été enseignée il y a longtemps et que j'avais acquise dans ma région d'habitat.

      Cet endroit était répugnant. Il y avait d'immenses toiles d'araignées, des ossements, des œufs de givrépeires partout.

« -Continuons, dis-je, la liberté m'attend !

   -Un instant ! Il y a un ours droit devant. Vous le voyez ? Je préfère l'éviter pour le moment. Nous pourrions peut être passer discrètement. Allez-y tout doucement et attention où vous mettez les pieds. »

       Il y avait en effet un ours qui dormait au milieu d'un puits de lumière naturel. J'essayai de faire le moins de bruit possible mais je fis tomber mon arc, mal accroché à mon dos. L'ours se réveilla brusquement :

« -L'approche discrète, c'est pas si terrible, hein ?

   -En effet… »

       Je sortis ma hache et j'abattis l'ours de six ou sept coups. C'est enfin là, que l'on trouva ce que nous cherchions :

« -Je crois que c'est la sortie ! Je savais qu'on allait s'en tirer.

   -Enfin ! Je prie pour que le dragon soit parti quand nous sortirons. »

 

 

Chapitre III

 

De retour en Bordeciel


       Un immense soulagement se fit en mon esprit, et sûrement en Ralof également. Nous voyions enfin la lumière du jour étincelante.

       Nous étions enfin sortis de cette horreur, et nous vîmes le dragon gigantesque et majestueux s'en aller d'Helgen vers les montagnes, mise à feu et à sang, laissant derrière lui un cortège de désolations…

« -Il s'en va. On dirait que c'est pour de bon, cette fois, me dit Ralof. Impossible de savoir si d'autres s'en sont sortis en vie, mais ça va bientôt grouiller d'Impériaux, ici. On ferait mieux de déguerpir. On ferait aussi mieux de nous séparer.

   -Attendez ! Que fait-on maintenant ? Helgen a été ravagée, et je ne sais pas où aller.

   -Ma sœur Gerdur tiens la scierie a Rivebois, plus loin sur la route. Je suis sûr qu'elle accepterait de vous aider.

   -Merci, c'est gentil. Mais… le dragon était de votre côté ?

   -Quoi ? Oh, impossible ! Je crois que même Ulfric ne pourrais pas sortir un dragon de son chapeau. Nous avons eu de la chance qu'il ait attaqué, n'est-ce pas ? Encore un peu et le bourreau de l'Empire me raccourcissait de quelques centimètres ! Et n'oubliez pas, vous pouvez rejoindre les Sombrages à Vendeaume. Je vous donne cette carte, en signe de reconnaissance, elle vous servira pour vous repérer dans cette si belle contrée.

   -Merci de m'avoir aidé à m'échapper Ralof. Merci pour tout.

   -Je n'aurais également pas pu le faire sans vous. Que les dieux vous guident, Xerphinn. »

       Ralof m'avait conseillé d'aller voir sa sœur. Rivebois n'était pas très loin, m'indiquait ma carte, je pouvais l'atteindre sans problème.

       Je suivis la route de la carte en admirant les alentours. J'avais oublié les somptueux paysages de Bordeciel. Depuis mon enfance, je ne vivais plus en Bordeciel, mais en Hauteroche. C'est de là où sont originaires les Brétons, de très bons experts en magie. C'est également là-bas que j'avais appris quelques sorts basiques, dont la maîtrise des flammes. Les paysages n'avaient pas changé. Les arbres étaient toujours aussi grands et magnifiques, avec leurs feuilles toujours aussi délicatement scintillantes. En observant autour de moi, je ressentisquelque chose d'étrange, comme une force naturelle en moi.

       Je continuai donc ma route et arrivai face à trois grandes pierres. Il y avait des inscriptions sur celles-ci. Sur la première il y avait d'écrit :

« Pierre du Guerrier : Ceux placés sous le signe du Guerrier seront plus vaillants et puissants au combat. »

       Sur la deuxième il y avait d'inscrit :

« Pierre du Voleur : Ceux placés sous le signe du Voleur seront plus silencieux, plus discrets et plus légers. »

       Et enfin :

« Pierre du Mage : Ceux placés sous le signe du Mage auront plus de puissance magique et pourront apprendre plus de sorts. »

       Personne ne savait d'où venaient ces pierres de pouvoirs magiques et qui les avait dressées. Bordeciel est emplie de mystères, et ces pierres en sont un. Ces pierres, je ne savais pas comment les utiliser et si je pouvais m'en approprier les pouvoirs. Mais je devais quand même essayer. Le choix fut difficile mais je n'avais pas non plus le temps, un dragon avait attaqué Helgen et il était toujours en liberté… Sachant ce qu'il se passait, je choisis la pierre du Guerrier, dans le cas éventuel d'un nouveau combat avec quiconque, dans ces terres hostiles. Mais je ne voyais pas comment l'utiliser. Je posai donc ma main sur la pierre afin d'y chercher un mécanisme ou quelque chose et un immense faisceau lumineux monta haut dans le ciel. Je sentis en moi une puissance supplémentaire, un regain de force.

       Trêve de distraction, il fallait atteindre Rivebois à tout prix. Pour cela, je suivis le magnifique cours d'eau affiché sur ma carte. J'aperçus de loin la petite ville de Rivebois, qui n'avait pas l'air d'être la plus riche de Bordeciel. J'entendis alors comme des cris… des cris de loups. Ils sortirent de nulle part et me prirent par surprise, me faisant tomber à terre. Par un bon réflexe, je sortis ma hache et étrangement, je réussis à les tuer sans problème dans un moulinet rapide, sûrement grâce à la pierre du Guerrier, me procurant plus de force à travers mon esprit et mon corps. Je n'étais pas habitué à ce genre de bêtes en Hauteroche, surtout lorsque celles-ci se déplaçaient en meute. Je me relevai et nettoya les poussières que mes vêtements avaient agrippé.

       J'entrai enfin dans la ville en observant un jeune homme s'approcher d'une femme âgée :

« -Un dragon ! J'ai vu un dragon ! s'écria-t-elle.

   -Quoi ? Qu'y a-t-il encore, mère ?

   -Il était aussi grand qu'une montagne et aussi noir que la nuit. Il vient de survoler le tertre.

   -Des dragons, maintenant ? Par pitié, mère, si vous continuez ainsi, tout le monde en ville va vous croire folle. Et j'ai mieux à faire qu'écouter vos derniers délires !

   -Tu verras ! C'était un dragon ! Peut-être que tu me croiras quand il nous tuera tous ! »

       Surpris par cette discussion, je décidai d'intervenir en allant parler au jeune garçon :

« -Bonjour, je m'appelle Sven, je suis scalde, ou plutôt barde à l'auberge du Géant Endormi.

   -Bonjour, je suis Xerphinn, je ne veux pas être indiscret dans vos conversations mais, j'ai moi aussi vu un dragon à Helgen…

   -Vraiment ? Ma mère, n'est peut-être pas si folle finalement. Vous devez prévenir le jarl de Blancherive, il doit être informé.

   -Le jarl de Blancherive ? D'accord. Merci. »

       En partant, je l'entendis jouer du luth et je ne pus ne pas me retourner :

« -Où avez-vous appris à jouer aussi bien ?

   -A l'Académie des bardes de Solitude. Ils forment des bardes et des scaldes comme moi. Si vous y allez, parlez à Viarmo, c'est lui le directeur. »

       Je l'entendis parler d'une certaine Camilla Valerius, dont il était sans doute amoureux, il ne braillait que son nom et disait qu'un jour il irait faire sa déclaration.

       Je me rappelai d'un coup que Ralof m'avait conseillé d'aller voir sa sœur. Elle était bien à la scierie. Le monde de Bordeciel paraissait calme en regardant cette ville, mais j'avais entendu des rumeurs sur les contrées sauvages de celle-ci, des nécromanciens, des monstres, des bandes de hors-la-loi ou même des ours et trolls. Sans parler de la guerre qui rongeait actuellement la contrée.

       Je m'avançai vers Gerdur :

« -Bonjour Gerdur, je suis Xerphinn, c'est moi qui ai aidé Ralof à s'enfuir d'Helgen.

   -C'est donc vous ! Il m'a parlé de vous, merci beaucoup, nous vous sommes reconnaissants.

   -Ce n'est rien, il fallait bien, vue notre situation… J'aimerais savoir quelle est la route de Blancherive. Je dois y aller pour prévenir le jarl.

   -Traversez la rivière en direction du nord. Une fois les chutes passées, vous apercevrez Blancherive, perchée sur la colline.

   -Et avez-vous des provisions que je pourrais emporter ?

   -Tenez, voici la clé de ma maison. Restez tant que vous voulez. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, faites-le moi savoir. Il faudrait, au passage, que vous fassiez quelque chose pour nous tous. Le jarl doit savoir que Rivebois est sans défense. Nous devons informer le jarl Balgruuf à Blancherive et lui demander d'envoyer des troupes. Si vous faites ça pour moi, je vous le revaudrai.

   -Très bien, je lui communiquerai votre message.

   -Merci beaucoup. »

       Elle me donna quelques portions de nourritures que je logeai dans un grand sac. En fait, je me plaisais bien en Bordeciel, je me dis alors que quelques semaines ici ne devraient pas me faire de mal. Mais je devais d'abord comprendre ce qu'il se passait. A ma mémoire, il n'y avait jamais eu de dragon en Bordeciel, ou alors il y a des siècles ou dans une Ere bien ancienne…

       Je décidai de partir enfin pour Blancherive, que je désignais comme une des plus belles villes de Bordeciel, à travers les illustrations des livres des bibliothèques d'Hauteroche. Je longeais la rivière étincelante, peuplée de poissons magnifiques. Les arbres étaient gigantesques et somptueux, étincelants et lumineux, laissant passer la lumière chaude du soleil. Je voyais au loin, une grande structure en pierre, magnifique dans la montagne, un endroit qui me semblait bien curieux et ancien. Ce lieu m'inspirait admiration et peur. Les mystères de Bordeciel sont vraiment de toute beauté.

     Enfin j'aperçus la ville de Blancherive, d'une somptuosité infinie, j'aperçus surtout son immense fort, nommé Fort-Dragon. Il y a de multiples légendes sur ce lieu. Le soleil couchant éclairait cette ville fortifiée et entourée de fermes et de pâturages. Je descendis de la colline sous crépuscule et je vis tout à coup une scène de combat. Un géant était en train de se battre à mort contre un groupe de guerriers devant une des fermes. J'accourus mais les combattants l'avaient déjà abattu. Je n'en revenais pas, ce devaient être des guerriers hors normes pour vaincre ce géant d'une force incroyable ! Je décidai d'aller leur parler, ils étaient trois :

« -Voilà une bonne chose de faite, mais ce n'est pas grâce à vous, me fit une guerrière.

   -J'ai fait de mon mieux pour vous aider. Je n'ai pas eu le temps de venir vous aider.

   -Ha, encore une petite nature qui revient en pleurnichant. »

       C'était peut-être des guerriers mais au moins, ils étaient francs.

« -La gloire revient à ceux qui triomphent. Et au sein des Compagnons, la gloire se gagne à la sueur de son front.

   -Qui sont les Compagnons ? demandai-je en me remémorant quelques souvenirs.

   -Vous n'êtes pas du coin, hein ? Vous n'avez jamais entendu parler des Compagnons ?

   -Peut-être une ou deux fois dans les livres.

   -C'est un ordre de guerriers, liés comme des frères et sœurs par leur honneur. Nous résolvons les problèmes quand la récompense en vaut la peine.

   -Puis-je me joindre à vous, ou plutôt dans le futur, si un jour l'envie me vient ?

   -Cette décision ne dépend pas de moi. Vous allez devoir parler à Kodlak Blancrin. A Jorrvaskr. Ce vieillard a un don pour juger les gens. Il lui suffit de regarder quelqu'un dans les yeux pour connaître sa valeur. Bonne chance si vous décidez d'aller le voir. »

       Impressionnant, je ne me souvenais pas qu'il y avait ce groupe de guerriers. J'avais juste entendu parler de Jorrvaskr, le premier bâtiment de Blancherive. C'est autour de celui-ci que la ville a été construite.

       Ils repartirent vers Blancherive sans essoufflement.

       Je n'avais pas le temps d'aller voir ce… Kodlak, je devais avertir le jarl Balgruuf de Blancherive, et vite. Cette ville est également une sorte de capitale économique de Bordeciel, le marchandage y est dense.

     Je suivis le chemin vers la porte, accompagnée d'une rivière qui ruisselait silencieusement. Je m'approchai de la grande porte de bois mais un des deux gardes postés devant l'entrée m'interpella :

« -Halte-là ! La ville est fermée à cause du dragon. Seules les affaires officielles sont autorisées.

   -J'ai des nouvelles d'Helgen et Rivebois demande l'aide du jarl.

   -Bien, mais on garde un œil sur vous. »

       Il ouvra la porte et je me retrouvai dans Blancherive, magnifique ville, disposée en trois quartiers : Quartiers des Plaines, Quartiers du Vent, et le Quartier des Nuées. A l'entrée de celle-ci, il y avait un petit pont, au-dessus d'un minuscule cours d'eau, à pas moins d'un mètre du sol. Le cours d'eau venait d'une petite grille située à gauche de l'entrée.

       Ils avaient bien raison de fermer la ville, les catastrophes pouvaient arriver à tout moment…

       Quand j'arrivai, une discussion entre un soldat Impérial et une forgeronne avait lieu :

« -Nous paierons le prix nécessaire. Nous devons impérativement avoir davantage d'épées pour les soldats Impériaux.

   -Je ne peux pas m'occuper d'une commande aussi importante toute seule. Et si vous ravaliez votre fierté pour une fois et demandiez de l'aide à Eorlund Gristoison ?

   -Ha ! Je préfère encore m'agenouiller devant Ulfric Sombrage. De toute façon, Gristoison n'accepterait jamais de faire de l'acier pour la Légion.

   -Comme vous voudrez. J'accepte le travail, mais je ne vous promets pas de miracle. »

         La discussion prit fin. Eorlund Gristoison était sans doute le meilleur forgeron de Bordeciel. Ses armes étaient légendaires. Il forgeait dans la meilleure forge de tout Bordeciel, la Forgeciel. Je me demandai bien pourquoi est-ce que le soldat Impérial avait refusé aussi catégoriquement son aide…

       Il faisait nuit, la forgeronne rentra chez elle et le soldat vint vers moi :

« Gristoison ou Guerrier-Né ? me dit-il. »

       Je ne pus ne pas répondre :

« -Quoi ?

   -Vous avez les oreilles bouchées ? Je vous ai demandé de quel côté vous étiez, Gristoison ou Guerrier-Né ?

   -Je ne sais pas ce que vous me demandez.

   -Vous venez d'arriver en ville, hein ? A Blancherive, il y a deux clans, tous deux anciens et respectés. La différence entre les deux, c'est que les Gristoison ont tourné le dos à l'Empire, tandis que nous, les Guerriers-Nés, nous lui sommes restés loyaux. Alors je vous le demande une dernière fois, Gristoison ou Guerrier-Né ? »

         Je ne connaissais pas assez Blancherive pour faire un choix :

« -Désolé, mais ne comptez pas sur moi pour choisir un camp.

   -Nous devons tous choisir un camp, tôt ou tard. Vive l'Empire ! »

       Je respectais complètement les Impériaux et les Sombrages. Quoi qu'il en soit, ce n'était pas forcément leur faute s'ils ont failli me tuer, ils ont dû me prendre pour un soldat sombrage. J'avais peut-être trop abusé d'hydromel pour me retrouver dans cette embuscade. Les Impériaux m'ont également proposé de l'aide pour fuir Helgen, je les pardonne de tout ce qu'il s'est passé.

       Je me dirigeais dans les allées de Blancherive, vivantes même la nuit. Dans le marché, il y avait un pauvre homme qui n'avait ni foyer, ni de quoi se nourrir, je ne pouvais que lui donner quelques septims, mais il est vrai que moi-même je n'en avais que très peu. Enfin j'arrivai devant le grand escalier du Fort-Dragon. Il y avait à côté de celui-ci, une grande statue, d'un grand guerrier, c'était Talos. Il y avait aussi un autel devant celle-ci. On raconte que si on touche cet autel, nous sommes bénis, nos maladies sont guéries et nous avons des capacités comme celles des pierres comme celles du Guerrier. Mais j'étais méfiant, je ne préférais pas essayer.

       Je montai les escaliers et entrai dans l'immense fort. Je me dirigeais vers le jarl mais une Dunmers, que l'on peut appeler également Elfe Noire sortit sa dague et m'interpella :

« -Que signifie cette interruption ? Le jarl Balgruuf ne reçoit aucun visiteur.

   -J'ai des nouvelles d'Helgen. C'est à propos de l'attaque du dragon. Rivebois a également besoin d'aide, je viens avertir le jarl.

   -Eh bien, voilà qui explique le fait que les gardes vous ont permis d'entrer. Venez, le jarl va vous recevoir en privé. »

       Je me dirigeai vers le jarl, bien assis sur son trône.

« -Alors comme ça, vous étiez à Helgen, hein ? Vous avez vu ce dragon de vos propres yeux ?

   -Le dragon a détruit Helgen et massacré les habitants. Quand je l'ai perdu de vue, il se dirigeait par ici.

   -Par Ysmir, Irileth avait raison ! »

       Je crus comprendre qu'Irileth était l'huscarl du jarl, sa seconde, son garde personnel, prête à se sacrifier pour lui. Le jarl se tourna vers un homme en vêtements plutôt aisés, ce devait être son conseiller :

« -Qu'en pensez-vous, maintenant, Proventus ? Devons-nous continuer à croire en la solidité de nos murs ? Contre un dragon ! s'écria-il.

   -Mon seigneur, fit Irileth, nous devrions envoyer des troupes à Rivebois sur-le-champ. Si le dragon rôde dans ces montagnes, le danger est immin…

   -Le jarl d'Epervine considérera ça comme une provocation ! interrompit violemment Proventus, conseillé et chambellan du jarl. Il pensera que nous avons rejoint Ulfric et que nous allons l'attaquer !

   -Assez ! cria le jarl. Je ne resterais pas sans rien faire pendant qu'un dragon dévaste ma châtellerie et massacre mon peuple ! Irileth, envoyez sans attendre un détachement à Rivebois. »

         Irileth s'exécuta et Proventus murmura doucement au jarl :

« -Si vous voulez bien m'excuser, le devoir m'appelle…

   -Il vaudrait mieux, oui. »



Chapitre IV

 

Le Tertre des Chutes Tourmentées


« Beau travail. Vous m'avez trouvé de votre propre initiative. Vous avez rendu un grand service à Blancherive et je ne l'oublierais pas. Prenez ceci, en gage de mon estime pour vous. »

       Il m'offrit une armure d'acier qui semblait être plus résistante que celle que j'avais récupérée.

« -Merci beaucoup, jarl Balgruuf, dis-je.

   -Vous pourriez faire autre chose pour moi… Une tâche qui sied peut-être à vos talents particuliers. Venez, allons voir Farengar Feu-Secret, le sorcier de ma cour. Il fait des recherches en lien avec ces dragons et ces… rumeurs de dragons. »

       Je le suivais donc dans ce magnifique fort, décoré de ses tables de banquets, et ses lumières enflammées et étincelantes. Il était peuplé de gardes, d'aventuriers et bien sûr de la famille du jarl. Les poutres qui soutenaient le plafond semblaient anciennes mais résistantes.

     J'arrivai enfin devant Farengar, dans son laboratoire, accompagné du jarl Balgruuf :

« -Je crois avoir trouvé quelqu'un qui pourrait aider à la réalisation de votre projet concernant les dragons, Farengar. Expliquez-lui tout ça dans le détail.

   -Comme ça le jarl vous croit capable de m'aider ? Oh oui, il devait sans doute penser à mes recherches en matière de dragons. Oui, j'aurais bien besoin qu'on aille me chercher quelque chose. Enfin quand je dis aller chercher, il s'agit plutôt d'explorer de dangereuses ruines à la recherche d'une tablette ancienne qui pourrait aussi bien se trouver ailleurs.

   -Qu'est-ce que ceci a à voir avec les dragons ? m'interrogeai-je.

   -Ah, pas un mercenaire assoiffé de sang, mais un intellectuel… peut-être même un érudit ? Vous savez, quand ces histoires de dragons ont commencé à circuler, beaucoup n'y ont vu que des rumeurs. Ça semblait absurde. Le propre de l'imbécile est justement de croire impossible ce qui dépasse son entendement. Mais j'ai cherché à en apprendre davantage sur les dragons. Où étaient-ils passés pendant toutes ces années ? Et d'où venaient-ils ?

   -Alors que voulez-vous que je fasse ?

   -J'ai, heu, entendu parler d'une tablette se trouvant dans le Tertre des Chutes Tourmentées. C'est une « Pierre de dragon » censée contenir la carte des tombes de dragons. Rendez-vous au Tertre des Chutes Tourmentées, trouvez cette tablette, sans doute enterrée dans la chambre principale, et rapportez-la-moi. Il n'y a pas plus simple.

   -Pas plus simple ? Ça me parait vite dit… Mais que pouvez-vous me dire sur le Tertre des Chutes Tourmentées ?

   -C'est un ancien tombeau, construit par les Nordiques. Il doit bien remonter à la guerre draconique. Ah. Vous voulez sans doute savoir comment vous-y rendre... Il se trouve près de Rivebois, un petit village piteux a quelques kilomètres au sud d'ici.

   -Comment pouvez-vous savoir que cette tablette se trouve au Tertre des Chutes Tourmentées ?

   -Comment dire. Il faut bien préserver certains secrets professionnels, non ? J'ai mes sources… et elles sont sûres.

   -C'est une priorité, maintenant, intervint le jarl. Il nous faut tout ce qui peut servir à combattre ce… ou ces dragons. Nous en avons besoin avant qu'il ne soit trop tard.

   -Entendu, jarl Balgruuf. Vous m'avez visiblement trouvé un bras droit qualifié.

   -Réussissez et il y aura une récompense à la clé. Blancherive aura une dette envers vous… »

      Je sortis du Fort-Dragon mais je n'en revenais pas. Ils me demandaient, à moi, qui n'étais pas venu ici depuis 30 ans, d'aller explorer un tombeau perdu dans les basses-montagnes, sûrement remplies de bêtes sauvages, d'hors-la-loi ou même… de Draugrs !

     C'était insensé… Ces créatures… les Draugrs… Ce sont, à ce que disent les explorateurs et les livres, des Nordiques enterrés depuis des siècles dans des tombeaux comme le Tertre des Chutes Tourmentées. Malheur à celui ou celle qui les réveillera…

       J'étais fatigué et il faisait nuit, les idées et les évènements de cette journée extraordinaire m'avaient épuisé. J'allai alors à l'auberge de Blancherive, La Jument Pavoisée, le seul endroit où je pouvais me reposer et me nourrir.

       Je n'arrivais pas à m'endormir, je ne savais pas si je devais accepter la requête du jarl ou si je devais m'abstenir et rester entre les murs des villes, à essayer de comprendre ce qu'il se passait... Si je restais, je ne saurais rien de ce qui se tramait, mais si j'y allai, je risquais ma vie. La réflexion fut longue mais enfin je me décidai, je devais honorer mes origines Nordiques, et après ce que j'avais vécu, il n'y avait plus trop de limites.

       Je me réveillai en pleine forme dans ce lit douillet. J'enfilai mes vêtements et voilà que je partais pour le Tertre des Chutes Tourmentées. Farengar l'avait marqué sur la carte que Ralof m'avait offerte, mais je ne voyais aucune route sécurisée. Parti vers Rivebois, le détachement de garde ordonné par le jarl partit en même temps. La route jusqu'à Rivebois fut donc sans problème.

       J'arrivai enfin vers midi à proximité de la petite ville. Je vis sur mon passage un ivrogne courtiser une femme, amusant, cette région était vraiment vivante, comparé à Hauteroche… même si la moitié de Bordeciel se trouvait sous la neige.

       Je regardai autour de moi et c'est à ce moment-là que j'aperçus le tertre, enfoncé dans une montagne. Je me souvins alors que c'était la structure de pierre que j'avais aperçu la veille. L'angle de vue que j'avais était d'une beauté éblouissante, avec la rivière, les arbres, les montagnes et le tertre. Je dus sauter de pierre en pierre pour traverser la rivière sans me mouiller. Je savais nager, mais avec une armure d'acier et des armes lourdes, c'était compliqué d'être à contre-courant. De l'autre côté de la rive, la carte ne me fut pas bien utile. Aucune route ne se présentait à moi. Simplement un sentier, qui me permit d'accéder à un escalier, qui lui-même m'amena à une sorte de tour, curieux, je décidai d'y entrer. C'est ainsi que je me fis surprendre par des bandits qui devaient avoir élu domicile ici. Ils étaient trois, mais je supposai qu'ils n'étaient pas seuls. Ils ne devaient pas être très entraînés sachant que je les tuai en quelques moulinets, leur équipement ne valait pas le mien. Et sûrement par leur détermination non plus. Je pus récupérer l'or qu'ils avaient et continuer ma marche.

       Il faisait froid, je suivais le chemin dans la neige, au milieu des flocons. Mon peu d'expérience en matière de magie de feu me permit de me réchauffer au beau milieu de cet enfer glacial. En revanche, mon expérience à l'arc m'eut beaucoup servit pour tuer les autres bandits qui étaient perchés sur le tertre.

       Enfin j'arrivai devant l'immense porte en pierre taillée du Temple du Tertre des Chutes Tourmentées. J'entrai et une fois de plus, d'autres brigands étaient regroupés près d'un feu. Je me tapissai dans l'ombre. Je les entendis parler d'une certaine « Griffe d'Or » qu'ils avaient volée et que quelqu'un avait cachée dans le tertre en secret.

     Mon arc se chargea de les abattre sans qu'ils puissent riposter. Je suis peut-être Nordique, mais mes compétences à l'arc sont aussi poussées que celle d'un Elfe des Bois, un Bosmer. Un puits de lumière traversait le trou du plafond du tertre. La faible lumière filtrée par les nuages épais passait et éclairait la première salle du tertre. Mais il se mit à pleuvoir, et la lumière atténuée disparut aussitôt.

     Je continuai vers le fond de la pièce et m'enfonçai dans les allées sombres, emplies de toiles d'araignées et de racines étranges. Tout à coup, j'arrivai face à un escalier qui semblait descendre vers une grande salle avec au centre, un levier. Un bandit y était déjà, je décidai de l'observer discrètement. Il s'approcha du levier, l'activa et dans une grande surprise, il se fit violemment abattre par des flèches sortant de nulle part. Je m'approchai et les flèches cessèrent d'être tirées. Je compris.

       Il y avait trois piliers tournants avec sur chacune des trois faces, un animal. C'était une sorte de porte à combinaison. Elles figuraient aussi dans les légendes des cryptes de Bordeciel. Il y avait un poisson, plutôt une baleine, un aigle et un serpent. J'essayai d'observer autour de moi. Je levai la tête et je vis trois sortes de statues. La première contenait la forme du serpent, la deuxième était détruite et la troisième était une baleine. Je disposai le premier et troisième pilier sur les bons animaux. Maintenant, il me fallait retrouver parmi les débris, le deuxième animal. Je fouillai dans les recoins et finis par trébucher sur les restes du dernier animal dans les ruines de la statue détruite, le serpent. Le compte y était, les animaux étaient dans l'ordre. En tremblant, j'activai le levier, tenant mon bouclier à la main, et par chance, la porte grillagée s'ouvrit enfin.

       Je la franchis et entendis de petits bruits venant vers moi, je sortis ma hache et mon épée et des bêtes d'une trentaine de centimètresmontèrentd'un escalier en colimaçon pour venir m'attaquer,de sortes de gros rats qui transmettent leurs maladies aux premiers qu'ils mordent. Des ragnards. Ils ne sont pas forts mais en grand nombre, ils peuvent vite submerger leurs ennemis. Je les abattis sans problème mais l'un d'entre eux me mordit, m'instillant son venin, et me transmettant sans doute une maladie. Je me dis alors que « dès que je sortirais d'ici, si je j'en sors vivant, j'irai voir un marchand de potion ». J'aurai pu boire ma potion de soin, mais elle guérit seulement les blessures, sans aucun effet sur les maladies. Je récupérai les quelques objets qui trainaient sur une table. Je tombai alors sur ce qui semblait être une gemme spirituelle, c'est une pierre qui contient des âmes et sert à enchanter armes et amures. Ce genre de pierre est assez précieuse. Je devais en prendre soin.

       Je descendis par l'escalier quand j'entendis une voix masculine. Je me déplaçai vers le bout du couloirs sur le qui-vive :

« Il… Il y a quelqu'un ? Harknir, c'est toi ? Bjorn ? Soling ? »

       Il semblait appeler à l'aide. Je m'approchai quand je vis un homme pris dans d'immenses toiles d'araignée :

« Ne vous inquiétez pas, dis-je, j'arr… »

       Je ne pus finir ma phrase qu'une givrépeire géante, d'au moins deux mètres, tomba du plafond. Je fus infiniment surpris et sortis vite ma hache. Ses attaques étaient rapides et puissantes. Elles me griffèrent profondément à plusieurs reprises, de petites coulées de sang en sortaient. Je faillis mourir sousses coups mais parun réflexe miraculeux, je pris une potion de soin, je la bus et vis sous mes yeux, mes blessures disparaître, mes entailles se combler. Je vins à bout de cette givrépeire infernale après de longues minutes d'acharnement, son sang coulait sur le sol, et le mien se mêlait avec le sien. La potion m'avait redonné presque toutes mes forces.

     Enfin, je me dirigeai vers l'homme emprisonné :

« -Toi. Viens ici ! Vous avez réussi. Vous l'avez tuée. Maintenant, libérez-moi avant qu'une autre créature arrive.

   -Où est ce qu'ils appellent la Griffe d'or ? dis-je.

   -Oui, la griffe. Je sais comment elle marche. La griffe, les marques, la porte dans la Chambre aux histoires. Je sais comment disposer tout ça ! Aidez-moi et je vous montrerai. Quand vous verrez toute la puissance que les Nordiques ont cachée ici, vous n'y croirez pas. »

       J'étais quand même un peu sceptique… Je ne voulais pas qu'il me mente et parte en courant.

« -Donnez-moi d'abord la griffe !

   -J'ai l'air de pouvoir bouger ? Vous devez d'abord me libérer. »

       Sur ce coup là, il n'avait pas tort. Je le libérai mais comme ce que je craignais, il se mit à courir versle couloir de derrière :

« -Imbécile ! Pourquoi devrais-je partager le trésor avec qui que ce soit ?

   -Revenez ! Bon sang… »                                     

       Il ne me laissait pas le choix, je sortis mon arc et je l'abattis d'une flèche dans le dos. J'allai le fouiller pour voir si je trouvais quelque chose d'intéressant etne fus pas surpris de trouver la Griffe d'Or dans son armure. Il avait également sur lui son journal, c'est sûrement sur celui-ci qu'il écrivait ce qu'il ne disait pas aux autres. Je décidai alors de le lire :

« Mes doigts tremblent. La Griffe d'Or est enfin entre mes mains et avec elle, le pouvoir des grands héros Nordiques. Cet imbécile de Lucan Valerius ne se serait jamais douté que son bibelot favori était en fait la clé du Tertre des Chutes Tourmentées.

       Il ne me reste plus qu'à pénétrer dans la Chambre aux histoires et à déverrouiller la porte. La légende dit que les Nordiques ont conçu un piège censé repousser ceux qui ne sont pas dignesmais aussi que « Celui qui a la Griffe d'Or tient la solution dans la paume de sa main ». »

       La Griffe d'Or appartenait donc à un certain Lucan Valerius. Etrangement, ce nom me disait quelque chose, mais pas moyen de savoir quoi. La Griffe d'Or était également le « passe-partout » du Tertre des Chutes Tourmentées. Il y avait aussi un ou plusieurs pièges, curieux…

       Trêve de réflexion, il fallait continuer. Je me lançai alors dans les couloirs sombres et curieux du tertre… C'est ainsi que je trouvai une autre gemme spirituelle.

       Soudain, j'arrivai dans une salle lugubre… puis entendis des bruits très étranges… C'est ainsi que je vis se réveiller sous mes yeux des draugrs. Ils avaient de fines armures mais de belles armes. Je décidai alors de courir vers la suite du tertre pour les éviter mais encore d'autres draugrs se réveillèrent sur le chemin. Je sus alors qu'il était temps d'arrêter de faire semblant d'avoir peur… J'utilisai le grand pouvoir des Nordiques, le Cri de Guerre. Sa force et sa terreur excessive permet de faire fuir tout le monde aux alentours par une magie puissante, mais pendant une courte durée.

       Je criai de toutes mes forces Nordiques et c'est ainsi que tous les draugrs se mirent à s'enfuir à travers les couloirs lugubres. C'était la première fois que mon héritage Nordique me servait. Je continuai dans les allées et faillis marcher sur une plaque qui était censée activer une grande grille de métal pointue, qui m'aurait été fatale. Il y avait de multiples pièges où defaibles explorateurs auraient déjà péris.

       Je continuai mon exploration sans trop de soucis, e, croisant quelques draugrs mais très faibles, quelques équipements qui trainaient… Soudainement, j'entrai dans une salle où un grand draugr rôdait devant une porte. Celle qui devait sans doute mener vers la fin du tertre. Simplement, le draugr semblait plus puissant que les autres. Mais grâce à un jeu de parade, de coups, de moulinets et de magie, je pus l'abattre avec aisance, façon de parler.

       Enfin j'arrivai devant ce qui semblait être la porte qui menait à une partie plus importante du tertre. Je continuais en entendant des bruits de haches. J'avais raison, des haches qui pendaient de droite à gauche, par un système mécanique, semblaient vouloir ma mort. Je les traversai en me pliant avec souplesse et vis rôder des draugrs qui ne m'avaient pas encore vu. Il y avait des sortes de lanternes qui pendaient du plafond. Et au sol, une sorte de liquide propageant le feu, une sorte d'huile. Je tirai sur une de ces lanternes puis le feu se propagea au sol, se chargeant d'éliminer les draugrs. Je fus fier de ce stratagème.

       Puis j'entrai dans ce qui semblait être la Chambre aux histoires, la pièce dont le voleur avait parlé. C'était une sorte de grand et large couloirs. Il y avait sur les murs des gravures très anciennes. Tout au fond de la pièce se trouvait un cercle entouré de trois anneaux, un grand, un moyen et un petit. Au centre de celui-ci, se présentait un emplacement correspondant à la Griffe d'Or. Sur les anneaux, des animaux étaient représentés. Je supposai alors que c'était une combinaison, comme celle de l'autre pièce. Le seul problème, c'était que je ne la connaissais pas. Je reculai pour regarder autour de moi quand soudain, je trébuchai, tombai en arrière, et fis tomber la griffe à côté de moi. Je me relevai sans problème mais au moment de la récupérer, je vis qu'elle était retournée, et qu'il y avait derrière celle-ci, trois animaux. Cette chute m'était plutôt favorable. Je fis donc pivoter les anneaux de pierre sur les bons animaux, plaçai la Griffe d'Or sur le « socle » et la porte d'abaissa, m'entrouvrant un passage.

       C'est alors que j'entrai dans une grande grotte, éclairée par un puits de lumière. Je vis au fond decelle-ci un immense mur avec au-dessus, un grand symbole étrange. Je décidai alors de m'approcher. En m'avançant, j'entendisun bruit sourd et étrange. Arrivé non-loin du mur, je montai les escaliers qui montait à celui-ci, je l'observais, sans vouloir trop m'en approcher. Je vis qu'il y avait des écritures étranges, une autre langue, mais une, une seule était plus blanche que les autres, plus lumineuse, plus majestueuse, elle dégageait une aura de lumière se dirigeant vers moi, m'entourant, quels que soientles mouvements que j'effectuais. Plus je m'approchai, plus mon champ de vision se comblait, la lumière était de plus en plus puissante, le bruit de plus en plus grand, je me sentais hypnotisé… puis l'aura de lumière s'empara de moi.

       Tout à coup j'eu l'impression que la lumière entrait en mon esprit. Je tombai à terre et je ressentis le même sentiment que celui d'Helgen mais en bien plus fort, plus puissant. C'est ainsi que le vide s'empara de moi…

       J'étais dans mon sommeil, déconnecté du monde et de tout ce qui semblait physique. J'entendis plusieurs voix sombres en même temps dans mon esprit :

« -do… do… dov… dov… dovah ! … DO-VAH-K…

   -ARG ! »

       C'est dans ce cri que me réveillai de ce sommeil étrange. Quelque chose avait changé, j'étais dans le même endroit, même grotte, mais ma puissance semblait être devenue bien supérieure. Plus rien ne semblait pouvoir m'arrêter. Ma détermination était d'acier, il fallait que je me batte pour Bordeciel ! Quel qu'en soit le prix !

       Soudain, j'entendis un bruit de craquement derrière moi. Je me levai lentement et je vis sortir de son tombeau un grand draugr doté d'une grande hache Nordique, qui semblait puissante, et vêtud'une sublime armure, dont un casque rouillé et sombre qui masquait une partie de son visage. Il courut vers moi, essayant de me frapper mais dans un élan puissant, j'esquivai, je fis tourner son arme et son bouclier et grâce à ma hache et mon épée, je le repoussai en force.

       Il fut étonné, mais également énervé. Dans sa fureur, il se retint, puissant le plus d'air possible dans ce qui de ses poumons puis cria sur moi avec une force titanesque, d'une façon inimaginable :

« FUS RO DAH ! »

       C'est ainsi que la puissance poussée sortant de ses poumons me fit valser en l'air vers l'arrière et me plaqua violemment contre le grand mur. J'étais stupéfait, sa puissance étrange m'avait éjecté des mètres en arrière. Il plongea sur moi mais mon bouclier le renvoya vers son tombeau. Je me levai d'un bond et lançai ma hache de toutes mes forces dans sa direction. Elle brisa son casque en deux et sa tête fut touchée. Il tomba à genoux, épuisé, puis mon épée lui transperça le cœur.

       Dans un élan de soulagement et de force, je mugis a en faire trembler les murs. Le draugr était vaincu. Il avait sur lui, par chance, la pierre du dragon que Farengar cherchait. Enfin ! Je l'observai avec stupéfaction, il y avait des inscriptions à l'arrière de celle-ci. Elle semblait ressembler aux inscriptions sur le mur. J'étais soulagé et décidai de retourner à Fort-Dragon pour donner la pierre. Je m'échappai de cet affreux endroit grâce à une fissure dans le mur qui me conduisità l'extérieur, surpris et choqué.

       Mais oui ! Je me rappelai enfin d'où venait le nom Valerius ! Sven disait qu'il aimait follement une certaine Camilla Valerius à Rivebois. Il fallait absolument que je rapporte la Griffe d'Or à son propriétaire, Lucan. Je sortis ma carte et vis que je n'étais pas très loin de Rivebois, il faisait noir et je devais dormir, la fatigue m'avait transpercé, je pris donc la direction de Rivebois pour y passer la nuit et rendre la Griffe à Lucan. Sur la route, je repensai au pouvoir utilisé par le draugr pendant notre combat. Ce « fus ro dah » était étrange, ce n'était pas de la magie, lui aussi avait procuré quelque chose en moi. Un sentiment… très familier.

       La route denuitfut longue, accompagnée de loups etd'ours. Je croisai même une vieille femme dans sa maison au milieu de la forêt. Enfin j'arrivais à Rivebois, je devais aller à l'auberge pour enfin me reposer et demander à Sven où habitait Lucan. J'entrai et je luidis :

« -Bonsoir Sven ! Sauriez-vous où habite un certain Lucan Valerius ?

   -Bien sûr ! Il habite avec la belle Camilla au marché de Rivebois, à l'entrée de la ville.

   -Merci beaucoup. »

       Avant d'aller louer une chambre, je me devais de fêter cette aventure que j'avais passée dans cette crypte Nordique où j'ai bien failli laisser ma vie à plusieurs reprises. Je demandai alors à Sven une chanson :

« -Pouvez-vous me jouer quelque chose Sven ?

   -Bien sûr ! C'est mon métier. Je vais vous chanter Ragnar Le Rouge. »

       J'allai prendre une chope d'hydromel et m'installai. Il se leva, pris son luth et se mit à chanter :

« Il était un héros nommé Ragnar le rouge, qui vint à Blancherive et entra dans un bouge.

   Le faquin pérorait, la rapière à la main, se ventant de victoires et d'énormes butins.

   Il serait encore si, entrée par hasard, Mathilda la guerrière n'avait dit à Ragnar.

   Tu parles trop menteur et tu bois dans nos verres, je crois bien qu'il est temps que l'on te fasse taire.

   Mathilda la guerrière a sorti son épée, et le fracas des armes a enfin pu parler.

   Ce vantard de Ragnar, vous ne l'entendrez plus.

   Sa tête de rouquin a roulé dans la rue ! »

       Tout le monde présent se leva et l'applaudit. Je le félicitai et allai louer une chambre. Je voulus la louer à l'aubergiste mais je ne la vis pas. Je demandai alors à l'homme qui s'occupait du bar :

« -Où est passée l'aubergiste ?

   -Elle est sortie. C'est la propriétaire, Delphine, elle fait ce qu'elle veut.

   -Comment puis-je louer une chambre ?

   -L'auberge est fermée. Mais le bar est encore ouvert. N'hésitez pas à vous asseoir et à piquer un somme sur une table aussi longtemps que vous le souhaitez. Je ne vous dérangerais pas.

   -Dommage, merci. »

       J'étais un peu déçu, mais beaucoup trop fatigué pour partir vers Blancherive. Je n'avais pas le choix, je devais dormir la tête sur la table. Je choisisplutôt de m'allonger sur un banc. Je m'endormis, et fis des songes très étranges : j'étais dans une sorte de grand sanctuaire de pierre, en haut d'une montagne, je voyais de très vieux hommes à l'intérieur. Ma vue s'assombrit et je vis un immense dragon, celui d'Helgen, il était cruel, les yeux rouges comme le sang et les écailles noires comme le vide infini. Il cria vers moi puis je me réveillai en sursaut.

       Il faisait jour. L'aubergiste n'était toujours pas de retour, étrange. Je sortis et me dirigeai vers le marché de Rivebois, afin de donner la Griffe d'Or à Lucan. En rentrant, une discussion avait lieu :

« -Il faut bien que quelqu'un fasse quelque chose ! s'écria une femme.

   -J'ai dit non ! Pas d'aventure, pas de mise en scène et pas de chasse au voleur.

   -Eh bien, qu'allez-vous faire, alors ? Je vous écoute !

   -Je ne reviendrai pas là-dessus. Oh, un client. Je suis désolé… »

       Je me dirigeai vers l'homme :

« -Il s'est passé quelque chose ? demandai-je.

   -Ouais, on… s'est fait voler. Mais il nous reste encore plein de butin, hein ! Le voleur ne voulait qu'une chose. Une décoration en or massif, un truc en forme de griffe de dragon. »

       Je sortis la griffe et je dis alors :

« -Attendez, vous voulez parler de cette Griffe d'Or ?

   -Vous l'avez trouvée ? Ha ha ha ! Ah, voilà. Etrange, c'est plus petit que dans mes souvenirs. Amusant, non ? dit-il d'un air euphorique, presque fou. Je vais remettre ceci à sa place. Vous nous avez rendu un fier service, à ma sœur et moi, je ne l'oublierai pas. Que les dieux vous guident, euh…

   -Xerphinn.

   -Que les dieux vous guident Xerphinn ! »

       Je sortis et me mis en route vers Blancherive sous un beau soleil de Bordeciel. Lucan m'avait proposé quelques dizaines de septims pour me remercier, pièces que j'avais bien sûr acceptées en pensant à ma situation financière. J'arrivai à Blancherive vers midi puis, tout à coup, je me souvins que je m'étais fait mordre par des sortes de gros rats, dans les ruines du Tertre des Chutes Tourmentées. J'allai alors dans ce qui se nommait « Le Chaudron d'Arcadia ». C'était, à ce qu'il paraissait, une boutique de potions et agents alchimiques. J'achetai une potion médicinale qui me guérit de ma maladie, mais je devais me presser, Farengar m'attendait. Sur le chemin de Fort-Dragon, je croisai une belle femme qui se prénommait… Constance. Nous nous sommes tous les deux regardés et ses yeux étaient beaux, attirants… Je me sentais hypnotisé par sa beauté… Mais il ne fallait pas que je me disperse de ma quête ! Je fonçai vers Fort-Dragon et les gardes se demandèrent pourquoi j'étais si pressé. Je me dirigeai vers le laboratoire de Farengar mais il y avait déjà une personne à qui il parlait. Une femme, avec une armure de cuir d'aventurière, portant une capuche qui assombrissait son visage :

« Vous voyez ? La terminologie correspond clairement à l'ère Première, voire à une période antérieure. J'ai l'intime conviction qu'il s'agit d'un texte bien plus ancien. »

       Je constatai qu'il ne m'avait pas vu, je ne voulus pas l'interrompre :

« -Elle doit dater de la fin de la Guerre draconique. Si c'est le cas, je pourrai retrouver les noms par croisement avec d'autres textes plus récents.

   -Bien. Contente que vous progressiez. Mes employeurs veulent des réponses concrètes.

   -Oh, pas d'inquiétude. Le jarl a fini par s'y intéresser et il me laisse désormais le temps d'effectuer mes recherches.

   -Le temps passe, Farengar, ne l'oubliez pas. Il ne s'agit pas d'une question de théorie. Des dragons sont réapparus. »

       Si les dragons étaient bel et bien de retour, alors Bordeciel devait se faire des soucis…

« -Oui, oui. Ne vous inquiétez pas. Même si je donnerais cher pour voir de près un dragon vivant… Maintenant, laissez-moi vous montrer une autre de mes trouvailles… c'est intrigant… ça devrait aussi intéresser vos employeurs… »

       La femme leva la tête vers moi et dit d'un air sombre :

« -Vous avez de la visite.

   -Hmm ? Ah, oui, la nouvelle coqueluche du jarl ! De retour du Tertre des Chutes Tourmentées ? Et visiblement en un seul morceau. »


Chapitre V

 

Sous l'ombre du dragon


       Il vint vers moi d'un air admiré:

« -Ah ! La Pierre de dragon du Tertre des Chutes Tourmentées ! Vous n'êtes pas comme ces brutes que le jarl a l'habitude de m'envoyer.

   -Je vous ai obtenu la Pierre du dragon. Et ensuite ?

   -Votre mission touche à sa fin et la mienne commence. Le travail de l'esprit est malheureusement sous-évalué en Bordeciel. Mon… associée ici présente, Delphine, sera enchantée de voir votre travail. Elle en a découvert l'emplacement mais a toujours refusée de me dire comment. »

       Tiens donc ! Delphine était l'aubergiste de l'Auberge du Géant Endormi, à Rivebois, mais également une aventurière quielle-même avait trouvé l'emplacement de la Pierre du dragon ! Impressionnant. C'était sans doute parce qu'elle était en aventure qu'elle avait été absente la nuit dernière à l'auberge.

« -Ainsi vos informations étaient justes. Et nous remercions notre camarade de l'avoir trouvée pour nous.

   -Vous l'avez trouvée au Tertre des Chutes Tourmentées ? me dit-elle. Bravo. »

       Elle se tourna vers Farengar :

« Envoyez-moi un exemplaire quand vous l'aurez déchiffré. »

       Tout à coup, j'entendis des bruits de pas rapides, de plus en plus forts, arriver vers nous. C'était l'huscarl du jarl Balgruuf :

« -Farengar ! Farengar, vous devez venir sur le champ !Un dragon a été vu non loin d'ici. Vous devriez venir aussi, me fit-elle.

   -Un dragon ! Comme c'est grisant ! Où l'a-t-on vu ? Que faisait-il ? s'écria Farengar l'air tout excité.

   -A votre place je prendrais ça plus au sérieux. Si un dragon décidait d'attaquer Blancherive, j'ignore si nous pourrions l'arrêter. »

       Tout le monde se dirigea vers l'entrée des quartiers du jarl. Un garde était avec nous, essoufflé, comme si il venait de courir de Markarth à Fallaise, les deux villes les plus éloignées de Bordeciel. Le jarl s'adressa au garde :

« -Ainsi, Irileth me dit que vous venez de la tour de guet ouest ?

   -Oui, seigneur, dit-il.

   -Dites-lui ce que vous m'avez révélé. Au sujet du dragon.

   -Euh… C'est vrai. Nous l'avons vu arriver par le sud. Je n'avais jamais rien vu d'aussi rapide…

   -Qu'est-ce qu'il a fait ? Il attaque la tour de guet ?

   -Non, seigneur. Il ne faisait que décrire des cercles dans le ciel quand je suis parti. Je n'ai jamais couru aussi vite. J'étais persuadé qu'il allait m'attaquer.

   -Beau travail, fiston. On prend la suite. Allez manger un peu et vous reposer à la caserne. Vous l'avez bien mérité. Irileth, vous avez intérêt à rassembler quelques gardes et à descendre là-bas.

   -J'ai déjà envoyé des hommes se rassembler près de la porte principale.

   -Bien, je compte sur vous. »

       Il vint vers moi d'un air sérieux :

« Nous n'avons pas de temps à perdre en cérémonie, camarade. J'ai encore besoin de votre aide. Je veux que vous alliez aider Irileth à combattre ce dragon.»

       Je crus avoir un problème d'audition mais c'était bien ce que je pensais, il ne plaisantait pas, je devais tuer un dragon. Mais le courage acquis dans le Tertre des Chutes Tourmentées m'encourageait dans un élan d'aventure :

« -Vous avez survécu à Helgen, alors vous avez plus d'expérience avec les dragons que quiconque. Mais je n'ai pas oublié le service que vous avez rendu en retrouvant la Pierre de dragon pour Farengar. En gage de mon estime, j'ai dit à Avenicci que vous pouviez maintenant acheter une propriété dans la ville. Veuillez également accepter ce cadeau de mon armurerie personnelle. »

       Il m'offrit un bouclier, de fer enchanté contre le feu et les brûlures. J'en avais déjà un mieux, mais je ne pouvais qu'accepter. Farengar tenta sa chance auprès du jarl :

« -Je devrais vous accompagner. J'aimerais beaucoup voir ce dragon.

   -Non, je ne peux pas risquer de vous perdre, tous les deux. Il faut que vous restiez ici, à trouver des moyens de défendre la ville contre ces dragons.

   -A vos ordres. »

       Irileth était sur le point de partie mais le jarl lui attrapa le bras :

« -Une dernière chose, Irileth. Ce n'est pas une mission suicide pour la gloire. Je dois savoir à quoi nous avons affaire.

   -Ne vous inquiétez pas, mon seigneur. Faire attention est naturel pour moi. »

       La discussion prit fin et je suivis Irileth en dehors de Fort-Dragon, pour aller éliminer ce dragon. Les habitants de la ville se demandaient ce qu'il se passait.

       Nous sortîmes de Blancherive et nous arrivâmes, vers le milieu d'après-midi, à la tour de guet. Elle était presque détruite et enflammée. Des gardes nous avaient rejoints :

« Aucun signe du dragon pour le moment, mais tout porte à croire qu'il était ici, fit Irileth. Je sais que les choses n'ont pas l'air d'aller mieux, mais nous devons découvrir ce qui s'est passé et si ce dragon rôde toujours dans les parages. Dispersez-vous et partez à la recherche d'éventuels survivants. Nous devons savoir à quoi nous avons affaire. »

       Nous rôdions autour de la tour et nous vîmes d'autres gardes :

« Gardes ! Que s'est-il passé ? Où est le dragon ? »

       Elle n'eut pas le temps d'avoir sa réponse qu'un autre garde l'interpella :

« Que Kynareth nous garde, le revoilà… »

       En effet… l'immense dragon surgit des montagnes et plongea droit sur nous. Ama grande surprise, je vis que ce n'était pas le dragon d'Helgen… très étrange, même un peu trop à mon goût. Delphine avait peut-être raison… L'huscarl ordonna que toutes les flèches atteignent leur cible puis je me dis alors à voix basse :

« A nous deux, dragon… »

       Je sortis mon arc et j'enchaînai les flèches. Il plongea sur moi et manqua de m'emporter avec lui ! Il me fit tomber à terre et pendant que me soignai grâce à la magie soin, il semblait… parler. Il était affaibli. Une idée me vint spontanément. Je montai par les escaliers détruits de la tour, je pris mon élan, et sautai dans le vide en atterrissant sur le dragon. Il fut surpris par cet acte. Je sortis mon épée et je le martelai pendant qu'il essayait de me faire valser dans les airs. Soudain, il me plaqua violemment contre le mur de la tour, ce qui me fit tomber. Je tombai à côté d'un garde et une autre idée me vint. Je pris son épée de force et je mis celle-ci sur la corde de mon arc. Je bandai la corde au maximum et l'épée partie tout droit àl'aile droite du monstre. Le dragon fut forcé de s'écraser à terre. J'étais moi-même impressionné. J'accourus à lui et une lutte au corps à corps s'entama. Il n'avait plus assez de force pour s'envoler, et son aile endommagée l'en empêchait. Ses crocs manquèrent plusieurs fois de me broyer sur place !

       Dans un élan de rage, je sautai de toute la force de mes jambes jusqu'à arriver à son dos. C'est là où je récupérai mon épée et transperçai sa tête dans un mugissement infini. Le dragon, dans sa mort, me fit tomber au sol et prononça ces mots :

« Dovahkiin ! Noon ! »

       Il s'étala au sol, vaincu. Les cris de joies se firent entendre derrière moi. J'étais soulagé, j'avais réussi à vaincre… à vaincre un dragon. Mais un évènement étrange obligea à moi et mes compagnons à froncer les sourcils. Les écailles marrondu dragon semblaient devenir orange, puis jaune, puis sa peau sembla s'envoler… brûler. Un sentiment étrange se réveilla en moi… Tout à coup, une immense et magnifique aura de lumière fendilla le ciel et me transperça. Je semblais majestueusement… sans explications… aspirer… voler quelque chose qui lui appartenait... L'aura tourna autour de moi jusqu'au moment où elle s'arrêta et me procura une grande puissance, un immensepouvoir.

       Je restai alors quelques secondes immobile, déconnecté, puis je repris mes esprits dans ma chute. Il ne restait alors plus que les ossements du dragon…

       Les gardes vinrent vers moi et le dragon avec précipitation. Un des gardes fut infiniment stupéfait, bousculant Irileth pour venir me parler, les yeux écarquillés :

« -Je suis sidéré ! Vous êtes… un Enfant de dragon…

   -Enfant de dragon ? Que voulez-vous dire ? dis-je, moi aussi sidéré et questionné.

   -Dans les plus anciennes fables, en des temps où les dragons arpentaient encore Bordeciel, les Enfants de dragons pourfendaient les dragons et absorbaient leur force. C'est ce que vous avez fait, n'est-ce pas ? Vous avez absorbé le pouvoir de ce dragon ?

   -Je ne sais pas ce qui m'est arrivé !

   -Il n'y a qu'une seule façon de le savoir. Essayez de crier… vous en aurez la preuve. Selon les vieilles légendes, seuls les Enfants de dragons peuvent crier sans entraînement, tout comme les dragons. »

       Je ne savais pas ce qui se passait. J'obéissais mais il ne se passait rien même quand je criais même de toutes mes forces ! Je me dis alors qu'il fallait peut-être que je crie des mots précis, j'essayais mais toujours rien ne se passait.

       Le souvenir du draugr que j'avais affronté dans le tertre me transperça, il avait prononcé un mot, ou plusieurs, avec une puissance incroyable. Je me le rappelai et dans un élan de force incroyable je criai :

« FUS ! »

       Une aura bleue et puissante sortit de mes entrailles et de mes veines. Le garde fut touché et déstabilisé. Je n'en revenais pas de ce qui se passait. Ce moment déclencha une discussion entre les gardes présents :

« -Que s'est-il passé ?!

   -C'est vrai ! Mon grand-père me contait les histoires des Enfants de dragons.

   -Ceux qui sont nés avec du sang de dragon dans leurs veines… Comme ce bon vieux Tiber Septim lui-même.

   -Je n'ai jamais entendu dire que Tiber Septim avait tué des dragons.

   -A cette époque, il n'y avait pas de dragons, imbécile. C'est la première fois qu'ils reviennent depuis… une éternité. Mais les anciens récits parlent d'Enfants de dragon qui pouvaient tuer les dragons et absorber leur pouvoir. Vous devez en être un ! dit-il en se tournant vers moi. »

       J'observai la discussion bouche bée en me demandant encore comment cela était possible :

« -Qu'en dites-vous, Irileth ? Vous êtes terriblement silencieuse.

   -Allons Irileth, dites-nous, croyez-vous à ces histoires d'Enfants de dragon ?

   -Pff. Vous feriez mieux de vous taire au lieu de bavasser sur des sujets dont vous ignorez tout. Nous avons un dragon mort, et c'est une chose que je peux comprendre. Maintenant nous savons que nous pouvons les tuer. Mais je n'ai nul besoin d'Enfant de dragon mythologique. Quelqu'un capable de terrasser un dragon me suffit largement.

   -Vous ne comprendriez pas, huscarl. Vous n'êtes pas Nordique.

   -J'ai parcouru Tamriel en long en large. J'ai vu des milliers de choses au moins aussi exotiques que ça. Je vous conseille de faire confiance au bras qui tient votre épée plutôt qu'aux fables et aux légendes. »

       Tout le monde était stupéfait. Alors, il se pouvait que je sois un de ces Enfants de dragon. Je devais absolument en savoir plus, je pensai alors que le jarl de Blancherive pourrait m'aider. Je repartis alors vers Blancherive, en voyant derrière moi, la tour de guet détruite et en flamme…

       J'entrai dans la ville quand un évènement encore plus étrange arriva. Je crus voir le ciel trembler… Un bruit d'orage violent éclata dans le ciel étincelé de soleil, puis des voix immenses et anciennes firent vibrer la ville et la terre en prononçant ces paroles :

« DO-VAH-KIIN »

       Toute la ville fut secouée, les armures posées sur la table de la forgeronne chutèrent, les passants également, les vitres desmaisonsse fissurèrent. C'est ainsi que je tombai et trébuchai du petit pont pour tomber dans le petit cours d'eau à l'entrée de la ville. C'est alors que je vis, de mon angle de vue penché et allongé, sortir de la bouche d'où sortait l'eau, ce qui semblait être une amulette, une étrange amulette, avec un symbole, comme un petit dragon avec sa tête de profil, ses ailes sur les côtés et la vue de face, le tout argenté. Il semblait précieux, je l'admirai, je le pris et mes esprits revinrent.

       Que s'était-il passé ? D'abord le pouvoir du dragon, ensuite des voix étranges dans le ciel, puis cette amulette, ici par le pur des hasards. Je devais avoir des explications, on me cachait quelque chose. Je traversai la ville au milieu des questions des passants et entrai dans le Fort Dragon. Le jarl s'adressa à moi :

« -Que s'est-il passé à la tour de garde ? Le dragon était-il là ?

   -La tour de guet a été détruite, mais nous avons tué le dragon.

   -Je savais que je pouvais compter sur Irileth. Mais il doit y avoir autre chose.

   -Il s'avère que je pourrais être un Enfant de Dragon. »

       Le visage du jarl changea brusquement :

« -Enfant de dragon ? Que savez-vous au sujet de l'Enfant de dragon ?

   -Vos hommes m'ont donné ce nom, c'est tout.

   -Pas seulement mes hommes. Les Grises-Barbes semblent penser la même chose.

   -Les Grises-Barbes ?

   -Les maîtres de l'art de la Voix. Ils vivent reclus au sommetde la Gorge du Monde.

   -Que me veulent les Grises-Barbes ?

   -On dit que l'Enfant de dragon possède un don unique pour la Voix : La possibilité de concentrer son essence vitale dans un Thu'um, un cri. Si vous êtes vraiment un Enfant de dragon, ils pourront vous apprendre à utiliser votre don. Les Grises-Barbes… »

     Un guerrier présent vint à ma rencontre :

« N'avez-vous pas entendu le bruit assourdissant qui a retenti à votre retour à Blancherive, et la terre trembler ? C'était la voix des Grises-Barbes qui vous demandait de venir au Haut Hrothgar ! Cela ne s'est pas produit depuis… des siècles, au bas mot… Pas depuis que Tiber Septim en personne a été convoqué alors qu'il n'était encore… Talos d'Atmora ! »

       Proventus, le chambellan du jarl voulut s'exprimer :

« -Du calme, Hrongar. Qu'est-ce que ces balivernes de Nordiques ont à voir avec cette personne ? Il est peut-être très capable, mais je ne vois aucun signe que ce soit un… « Enfant de dragon ».

   -Des balivernes Nordiques ? Espèce d'ignorant pompeux… Ce sont nos traditions sacrées qui remontent au temps de la création du Premier Empire !

   -Il ne faut pas être aussi dur avec Proventus, Hrongar, calma le jarl. Quoi qu'il se soit produit quand vous avez tué le dragon, cela a révélé quelque chose en vous, et les Grises-Barbes en ont été prévenus. S'ils vous considèrent comme un Enfant de dragon, qui sommes-nous pour dire le contraire ? Vous feriez bien d'aller au Haut Hrothgar sans attendre. Nul ne peut refuser de se rendre à une convocation des Grises-Barbes. C'est un immense honneur. »



Chapitre VI

 

Une nouvelle destinée


       Il fut plongé dans ses souvenirs et pensées :

« Je vous envie, vous savez. Pouvoir gravir encore une fois les Sept mille marches… J'ai déjà fait ce pèlerinage une fois, vous savez ? Le Haut Hrothgar est un lieu très paisible, complètement déconnecté des troubles de notre monde. Je me demande même si les Grises-Barbes savent ce qu'il se passe. Ils n'ont jamais semblé se préoccuper de nous jusque-là. C'est sans importance. Allez au Haut Hrothgar et voyez ce que les Grises-Barbes sont en mesure de vous apprendre. Ah, oui, j'oubliais. Vous avez rendu un grand service à ma cité et à moi-même, Enfant de Dragon. En mon droit de jarl, je vous nomme thane de Blancherive. C'est le plus grand honneur que je puisse vous accorder ! Lydia vous fera office d'huscarl pour veiller sur votre demeure, ou vous aider au combat. Je vous offre cette arme de ma propre armurerie, qui vous servira d'insigne de fonction. Je vais également prévenir mes hommes de votre nouveau statut. Il ne faudrait tout de même pas qu'ils vous traitent comme le reste de la plèbe. C'est un honneur pour nous de vous avoir thane, Enfant de dragon. »

       Il me donna une hache enchantée puis cette longue discussion connut enfin son terme, j'allai parler à Lydia, qui était à présent mon huscarl, prête à se sacrifier pour moi. Je lui ordonnai de me suivre, la route vers le Haut Hrothgar allait être longue compliquée. Cette journée avait encore été laborieuse, une bonne nuit à la Jument Pavoiséene devait pas me faire de mal. Je devais aller jusqu'au bout de cette épopée, je devais toutsavoir. Et dans mes rêves, je vis de vieux hommes venir vers moi, avec de longues tuniques grises, toujours dans ce monastère de pierre.

       Nous partîmes de Blancherive tôt le matin mais je devais d'abord savoir la route à emprunter. J'observai attentivement ma carte en regardant le chemin montré par le jarl, les Sept mille marches menant au Haut Hrothgar partaient d'une ville, Fort-Ivar. Cette ville était éloignée. Je me dis alors que le cocher devant Blancherive pourrait m'aider à atteindre le Haut Hrothgar.

       Nous sortîmes de la ville puis allai luiparler :

« -Bonjour, pourriez-vous nous amener au Haut Hrothgar ?

   -Désolé, mais les Sept mille marches sont très dangereuses et mon pauvre cheval ne tiendra pas le coup, il est malade. L'air glacial de la plus haute montagne de Bordeciel l'achèvera ! Je peux vous amener à Fort-Ivar, mais pas plus loin.

   -Auriez-vous une solution pour que j'arrive plus rapidement au Haut Hrothgar ?

   -L'écurie juste à côté a un cheval, qui vient juste d'être mis en vente, je vous le conseille. Les Sept mille marches sont longues.

   -Mais comment vais-je pouvoir amener le cheval à Fort-Ivar en même temps d'être dans la charrette ?

   -Ce n'est pas un problème ! Il suffit de l'attacher à la charrette et il suivra avec nous.

   -Bien, je vais acheter ce cheval. »

       Il était aimablede m'amener à Fort-Ivar, surtout avec son cheval malade. J'allai acheter le cheval mais la note s'élevait plus haut que ce que pensais, 1000 septims. Je n'avais que850 septims sur moi ! J'observai mon ancienne hache de fer et mon ancien arc :

« -Et si je vous donne cette hache et cet arc, vous pourriez peut-être me céder le cheval ? dis-je.

   -Ce sont des armes normales et abimées, elles ne valent pas 150 septims… Mais j'ai entendu dire que c'était vous qui aviez tué le dragon de la tour de garde. Tout le monde ici doit vous être reconnaissant, c'est pour cela que je vous offre le cheval pour 800 septims et les deux armes.

   -J'accepte avec joie ! »

       C'est ainsi que nous partîmes, le cocher, Lydia, le cheval et moi, vers Fort-Ivar, une petite ville située à l'est de la Gorge du Monde, la plus haute montagne de Bordeciel, la montagne où se trouve le Haut Hrothgar. Nous croisâmes sur le chemin une caravane Khajiit. Ce sont ce que certains qualifient, « d'hommes-chats ». Ils sont originaires du désert d'Elsweir, au sud de Bordeciel. Leurs griffes sont aussi puissantes que des lames d'acier. Ils sont réputés pour leur discrétion mais aussi par leur culture du skooma, du sucrelune raffiné, une sorte de drogue. Les caravanes Khajiit sont des groupes de khajiits, se déplaçant sur les routes de Bordeciel, afin de s'installer temporairement devant les villes pour y vendre leurs produits divers.

       Le chemin fut long mais j'eus le temps de m'assoupir un peu pendant le voyage. Je vis, oui, encore ces hommes en tunique. Cette fois, l'un vint me parler :

« Nous vous attendons… »

       Ce devait être les Grises-Barbes qui s'introduisaient dans mes rêves. Si c'était bien le cas, je ne devais surtout pas douter de leur puissance…

       Nous étions enfin arrivés à Fort-Ivar et en regardant le soleil, je supposais qu'il était environ la mi-journée. Le soleil était étincelant, sans nuages pour le cacher. Je ne connaissais rien sur le Haut Hrothgar, ni cette région de Bordeciel, je devais demander aux gens des renseignements, pour au moins savoir ce qui m'attendait.

       Je m'approchai alors d'une bergère en plein travail :

« -Vous devez être un de ces pèlerins en route pour le Haut Hrothgar. Sinon, je ne vois pas ce que vous faites dans le coin.

   -En effet, vous avez raison. D'ailleurs, savez-vous des choses sur cet endroit ?

   -Vivre près de leur monastère est une torture. J'entends parfois d'étranges bruits qui en proviennent. Comme des coups de tonnerre. Mais il ne pleut jamais. Vous y comprenez quelque chose, vous ?

   -C'est étrange… Merci. »

       Un coup de tonnerre, comme celui que j'ai entendu lors de l'appel des Grises-Barbes. Il y avait deux hommes qui discutaient sur le pont, je décidai d'aller leur parler, je dois récolter le plus d'informations possible sur cet étrange lieu. C'étaient un Bosmer, que l'on appelle aussi Elfe des Bois, et un Nordique :

« -Bonjour, camarade. Que puis-je pour vous en cette belle journée ? me fit le Bosmer.

   -Vous avez l'air heureux !

   -Mon père m'a enseigné une chose de très importante il y a bien des années. Il m'a dit : « Gwilin, le monde est à toi. Pars à sa découverte et vis pleinement… quel que soit ton rêve ». J'ai suivi ses conseils et voilà où j'en suis. Cette ville vous semble peut-être insignifiante, mais je suis heureux et c'est tout ce qui compte, n'est-ce pas ?

   -Vous avez raison, mais je ne suis pas attiré par une vie paisible, j'aime les aventures, et une d'entre-elles m'attend en haut de cette montagne. Que pouvez-vous me dire sur le Haut Hrothgar ?

   -J'ai toujours trouvé étrange cette couche de nuage qui recouvre le sommet de la montagne, au-dessus du monastère. J'ignore ce qu'il y a là-haut, mais je suis sûr que les Grises-Barbes le savent. Je vous souhaite une glorieuse aventure pour monter les Sept mille marches.

   -Merci. »

       Je me tournai vers le deuxième homme :

« -Vous vous rendez au Haut Hrothgar ? Je suis Klimmek, je m'apprête à y aller pour faire une livraison. Je livre surtout des provisions, comme le poisson séché ou des viandes salées. Vous savez, de la nourriture qui se conserve longtemps. Les Grises-Barbes ne sortent pas beaucoup, si vous voyez ce que je veux dire.

   -Et en échange ?

   -Eh bien, nous avons un petit arrangement. Vous comprenez, je me sentirais mal de leur faire payer cette nourriture. Le problème, c'est que je ne suis plus tout jeune et que les Sept mille marches m'en font baver

   -Je pourrais le faire pour vous, vous savez ?

   -Vraiment ? Ce serait bien aimable de votre part. Tenez, prenez ce sac de provisions. Au sommet des marches, vous verrez le coffre de collecte. Laissez le sac à l'intérieur et le tour est joué.

   -Je le ferai avec plaisir.

   -Tenez, voici 500 septims pour vous remercier.

   -Merci beaucoup. Il faut que je fasse attention à quelque chose de particulier pendant l'ascension ?

   -Eh bien, on rencontre parfois une meute de loups ou une bête égarée, mais rien de plus. Sinon faites attention où vous mettez les pieds. Durant l'hiver, les escaliers peuvent être traîtres.

   - Vous qui avez déjà gravies les Sept mille marche, pouvez-vous me dire certaines choses sur le Haut Hrothgar ?

   -Je me suis rendu au monastère de nombreuses fois, mais je n'ai jamais vu les yeux des Grises-Barbes. Non, pas que j'en ai envie… Comme ce sont des maîtres du Thu'um, ils peuvent vous tuer en prononçant un seul mot. Néanmoins, ils n'en feraient rien. On les dit pacifiques, mais je ne voudrais pas les provoquer.

   -Merci beaucoup pour vos conseils Klimmek, j'apporterai le sac de provisions, à bientôt. »

       Il était temps de partir, j'allai récupérer le cheval et l'ascension du Haut Hrothgar et des Sept mille marches débuta. J'étais chargé, avec tout l'équipement amassé depuis Helgen. Heureusement que mon huscarl, Lydia, et mon cheval, m'aidaient à porter les armes et armures supplémentaires. Les marches était vieillies, irrégulières, dangereuses. Nous vîmes tout à coup une tablette gravée dans un coin. Il y avait d'écrit :

« Avant l'arrivée des premiers hommes, les dragons étaient les maîtres de tout Mundus.

   La Voix était leur verbe, mais ils ne parlaient que lorsqu'ils le devaient absolument.

   Car la Voix pouvait voiler le ciel et inonder la terre. »

       La Voix, la Voix… Ce mot ne faisait que revenir dans ma tête… Peut-être était-ce ce « Thu'um ». Tous ces questionnements… Nous suivîmes les marches et tombâmesface à une personne, un homme, en train de prier devant une autre de ces tablettes :

« -Avez-vous entendu les Grises-Barbes appeler « Dovahkiin » ? lui dis-je.

   -Oui, quand les moines font ça, c'est que les temps changent, je me demande ce que ça signifie.

   -Est-ce qu'il vous arrive d'aller voir les Grises-Barbes ?

   -Ils ne sont pas du genre à recevoir des invités, mais je ne monte jamais aussi haut. Ceux qui vont jusque-là leur laisse de la nourriture ou d'autres objets de première nécessité mais ils n'y vont pas pour faire la conversation.

   -Hmm. Merci. »

      Je me dirigeais devant la tablette et yvis de gravé :

« Puis vinrent les hommes, qui proliférèrent sur toute la surface de Mundus.

Les dragons restaient les maîtres de ces peuplades rampantes.

Les hommes étaient alors bien faibles et ils n'avaient pas le pouvoir de la Voix. »

       Je crus comprendre que les tablettes formaient une histoire entre-elles, l'histoire de Bordeciel, sans aucun doute. C'est ainsi que nous étions arrivés à une hauteur suffisante pour la neige, il faisait froid, mais la magie de feu me permit de me réchauffer. Etonnant, des chèvres rôdaient dans les montagnes, même avec le froid glacial Nordique. Une troisième tablette fit son apparition.

« Tout jeune, l'esprit des hommes était fort en ces temps anciens

Ils n'avaient peur ni des dragons, ni de la Voix.

Mais les dragons ne faisaient que les conspuer et leur brisèrent leur cœur. »

       Les escaliers montaient, descendaient, de quoi donner mal à la tête en supplément du froid. Klimmek avait raison, la route n'était pas si périlleuse que ça, quelques loups, certes, mais mon expérience au combat aguerrie depuis Helgen me servit sérieusement.

« Kyne fit appel à Paarthurnax, qui avait pris les hommes en pitié.

Ensemble, ils apprirent aux hommes à utiliser la Voix.

Puis la Guerre Draconique fit rage, dragons contre Parleurs. »

       Cette histoire semblait passionnante, j'étais persuadé qu'elle racontait les textes anciens Nordiques.

       Nous continuâmes un peu mais une pause s'imposa. La faim et le froid nous rongeaient. Lydia et moi nous adossâmescontre une pierre mais je fus très surpris et déçu de voir que nous n'avions plus de quoi manger :

« -Mince, nous n'avons plus rien à manger… dis-je. J'ai une idée, mais je ne sais pas si elle est trèscorrecte.

   -Euh… fit Lydia sans que je fasse attention.

   -On va prendre de la nourriture dans le sac de Klimmek…

   -Thane ?

   -J'espère qu'il ne nous en voudra pas…

   -Thane ?

   -Vous m'avez appelé ?

   -Regardez là-bas…

   -Oh non… »

       Une immense créature blanche fonçait vers nous, c'était ce que je redoutais, un troll de glace… Ce sont les plus puissants trolls de Bordeciel, ils sont cruels, sanguinaires et vivent dans les hautes montagnes enneigées. Il fonçait sur nous à toute vitesse. Nous nous levâmes et sortîmes nos armes derechef.

       Quand il arriva, je l'esquivai en le frappant au torse. Lydia chargea sur lui mais prit un violent coup au bras. Nous nous débattions tant bien que mal face à ce monstre cruel, sous ses yeux pleins de sang. Il me vint alors une idée, je reculai, pris une inspiration profonde et je criai de toutes mes forces :

« FUS ! »

       Le troll de glace fut déstabilisé et surpris, ce qui l'entraîna dans un élan de rage. Mais il ne voyait plus très bien avec la neige qu'il avait dans les yeux. C'est alors que je criai à Lydia :

« -Désolé Lydia, je pars ! Bonne chance !

   -Que faites-vous, thane ? cria-t-elle.

   -Je fuis !

   -Comment ?! »

       C'est ainsi qu'elle se retrouva seule face au troll qui tentait d'enlever la neige de ses yeux. Il réussit à s'en débarrasser au bout de quelques secondes. Lydia était affaiblie, prête à se faire achever quand tout à coup… je surgis du haut d'une roche plus haute, l'épée serrée verticalement entre mes deux mains, le soleil couchant au loin, digne d'une scène auralenti, puis de mon arme je transperçai la dure tête du troll avant qu'il ne puisse abattre Lydia. Il s'écroula au sol. Mon huscarl était stupéfaite :

« -Vous pensiez vraiment que j'allais fuir, vous laissant seule face à ce troll ?

   -Me… merci beaucoup… thane… »

       C'est ainsi que nous avons pu faire une pause et nous reposer sans troll nous attaquant. Mais le soleil se couchait, et ce n'est pas dans les hautes montagnes que nous allions trouver une auberge. Nous fûmes condamnés à dormir dehors, dans le froid et la neige, avec comme seule source de chaleur, une torche, qui n'aurait pas tardée de s'éteindre vite… Mais nous avions vite trouvé un renfoncement dans la roche, où nous passâmesla nuit.

       Un nouveau jour se leva sur la plus haute montagne de Bordeciel. Je réveillai Lydia, nous mangeâmes un peu les provisions du sac de Klimmek, et nous continuâmes notre ascension vers le Haut Hrothgar. Une tablette nous attendait non loin de notre campement d'infortune. Nous fûmes replongés dans l'histoire :

« Les hommes prirent le dessus, utilisant leurs cris pour chasser Alduin hors du monde.

Ils prouvèrent ainsi à tous que leur Voix, elle aussi, était puissante.

Pourtant, leurs sacrifices furent nombreux. »

       Puis les tablettes s'enchaînèrent :

« Hurlant leurs cris, les enfants du ciel prévalurent.

Fondant le premier Empire par l'épée et la Voix.

Pendant que les dragons se retirèrent de ce monde. »

       Et s'enchainèrent :

« Les Parleurs du Mont Écarlate s'en furent, humiliés.

Jurgen Parlevent commença ses sept années de méditation.

Pour comprendre comment une Voix forte pouvait faiblir. »

       J'aperçus une autre tablette mais je pris d'abord le temps de contempler la magnifique vue du haut de la roche où nous nous situons. C'est ainsi que je vis, en plissant les yeux, Rivebois, qui paraissait bien petite. Je continuai la route et lus la prochaine tablette :

« Jurgen Parlevent fit le choix du silence et revint parmi les siens.

Ses 17 adversaires ne purent le vaincre de leurs cris.

Jurgen le Calme construisit son refuge sur la Gorge du Monde.

       Je courus sur les marches puis m'arrêtai brusquement, en contemplation, devant le Haut Hrothgar… Il était magnifique, comme le bâtiment qui était apparu dans mes rêves… Ce devait être ce monastère que Jurgen Parlevent, dit Jurgen le Calme, avait bâti dansle passé…

       Je vis qu'il y avait une autre tablette devant celui-ci, elle n'était pas comme les autres, elle était surplombée d'une grande statue de Tiber Septim, dit Talos. Cette tablette semblait être la dernière :

« Restés silencieux pendant des années, les Grises-Barbes prononcèrent un nom.

Tiber Septim, alors tout jeune, fut appelé au Haut Hrothgar.

Ils le bénirent et le nommèrent Dovahkiin. »

       Le fil de ces textes m'avait appris des choses importantes sur ce qu'était le Dovahkiin et l'histoire de la Voix. Je ne tenais plus, je devais aller les voir, ils m'attendaient, peut-être que moi aussi ils allaient me nommer… Dovahkiin… J'ordonnai à Lydia de rester dehors, je ne voulais pas perturber les Grises-Barbes. Je déposai le sac de provisions partiellement rempli et entrai impatiemment dans le monastère. Les Grises-Barbes présentsdans mes rêves étaient bien là. Ils étaient plutôt âgés, même très âgés et reconnaissables grâce à leur barbe grise. Un de ces hommes vint vers moi :

« -Donc… un Enfant de dragon apparaît, en ce moment précis.

   -Je réponds à votre appel.

   -C'est le moyen de vérifier si vous possédez réellement le don. Montrez-nous, Enfant de dragon. Faites-nous apprécier votre Voix.

   -FUS !

   -Enfant de dragon. Vous voilà. Bienvenue au Haut Hrothgar. Je suis Maître Arngeir. Je parle au nom des Grises-Barbes. Dites-moi, Enfant de dragon, que venez-vous faire ici ?

   -Je réponds à votre appel, maître.

   -Nous sommes honorés d'accueillir un Enfant de dragon au Haut Hrothgar. Nous vous aiderons à exploiter votre don du mieux que nous le pourrons. Vous pourrez ainsi accomplir votre destin.

-Quel est mon destin ?

   -C'est à vous de le découvrir. Nous vous montrons la voie, mais pas la destination.

   -J'ai envie d'apprendre.

   -Vous nous avez prouvé être un Enfant de dragon. Vous possédez le don inné. Mais avez-vous la discipline et le tempérament nécessairespour suivre la voie qui vous a été tracée ? Cela reste à voir. Sans entraînement, vous avez déjà fait les premiers pas vers la projection de votre Voix en un Thu'um, un cri. Voyons maintenant si vous avez l'envie et les capacités d'apprendre. Lorsque vous criez, vous employez la langue draconique. De ce fait, votre sang de dragon vous confère une capacité innée à apprendre des Mots de puissance. Chaque cri est composé de trois Mots de puissance. Votre cri gagnera en force à mesure que vous maîtrisez chaque Mot. Maître Einarth va maintenant vous enseigner le « Ro », le second mot du Déferlement. « Ro » signifie « équilibre » en langue draconique. Associez-le à « fus », la « force » pour affiner d'avantage votre Thu'um. »

       Maître Einarth s'approcha du milieu du puits de lumière et prononça calmement :

« Ro »

       Une inscription se fit au sol, comme celles sur le mur dans le Tertre des Chutes Tourmentées. Je m'approchai du Mot, il rentra en moi comme la lumière dans le Tertre… Je sentais ma force augmenter.

« Vous apprenez les mots avec brio… vous possédez réellement le don, me dit Maître Arngeir. Mais apprendre un mot de puissance n'est que la première étape… vous devez débloquer son acception par une pratique constante afin de l'employer dans un cri. Nous autres apprenons les cris de cette manière. En tant qu'Enfant de dragon, vous pouvez directement absorber la force vitale et le savoir d'un dragon abattu. Pour votre initiation, Maître Einarth vous autorise à absorber sa connaissance du « Ro ».

       Il s'approcha de moi et une aura lumineuse et magnifique sortit de son corps comme celle du dragon que j'avaistué. Le même sentiment de puissance, d'invincibilité m'envahitpresque…

« Voyons maintenant avec quelle rapidité vous arrivez à maîtriser votre nouveau Thu'um. Utilisez votre cri pour toucher les cibles lorsqu'elles apparaissent. »

       Un des Maître s'approcha du puits de lumière puis cria :

« FIIK LO SAH ! »

       Une sorte de fantôme spectrale apparut à ce moment-là. Je supposai donc qu'il fallait que je cris sur cette… chose.

« FUS… RO ! »

       La cible fut bousculée à terre puis disparue. J'avais bien senti la puissance supplémentaire du « Ro », c'est elle qui mepermitde le faire tomber, car en temps normal, la cible n'aurait été que déstabilisée.

« -Bien joué. Recommencez.

   -FIIK LO SAH !

   -FUS RO ! »

       Le phénomène recommença mais je me sentis plus épuisé qu'au premier cri.

« -Vous apprenez vite. Encore une fois.

   -FIIK LO SAH !

   -FUS RO ! »

       La cible chuta et moi de même… Trop de puissance avait été utilisée, je compris alors qu'il ne fallait pas utiliser trop de cri à la suite, sous peine d'épuisement.

« Impressionnant. Votre Thu'um est très précis. Votre avenir est prometteur, Enfant de dragon. Votre prochaine épreuve aura lieu dans la cour. Suivez Maître Borri. »

       Nous nous dirigeâmes vers deux portes, qui menaient à une immense cour. Elle était magnifique, et aménagée de pierres anciennes, mais une chose étrange m'intriguait particulièrement… Une arche dont jaillissait un brouillard et un vent si épais et puissant, qu'il n'y avait pas moyen de voir à travers.

       Les Grises-Barbes étaient passés devant, et se dirigeaient vers une sorte d'immense portail en fer.

« -Voyons maintenant comment apprendre un nouveau cri. Maître Borri va vous enseigner le « Wuld », la « tornade ».

   -Wuld...

   -Vous devez d'abord entendre le Mot résonner en vous avant de pouvoir le projeter dans un Thu'um. »

       Je devais absolument me souvenir de la phrase énumérée… Une autre inscription se fit dans la neige de la cour du Haut Hrothgar. Je m'approchai d'elle puis elle me procura une puissance non familière à celle du Déferlement.

« Allez voir Maître Borri qui va vous transmettre son savoir du « Wuld ». »

       L'opération de tout à l'heure se répéta libérant une puissance toujours plus grande en moi…

« Voyons avec quelle rapidité vous pouvez maîtriser un nouveau cri. Maître Wulfgar va vous faire une démonstration d'Impulsion. Puis il vous laissera la place. Maître Borri. »

       Maître Borri ouvra la porte à distance grâce à un cri étrange puis Maître Wulfgar s'élança dans un majestueux :

« WULD ! »

       Ce qui le propulsa avec une si grande rapidité, qu'il put passer la porte avant qu'elle ne se referme.

« C'est à vous, me fit Maître Arngeir. Venez près de moi. Maître Borri va ouvrir la porte. Utilisez votre Impulsion pour la traverser avant qu'elle ne se referme. »

       Maître Borri ouvra la porte par le cri de tout à l'heure puis dans un élan monstrueux, le Thu'um se libéra en moi, dans une Impulsion à travers l'air et l'espace, grâce à un :

« WULD ! »



Chapitre VII

La Corne de Jurgen Parlevent


       Tous mes muscles et mon corps furent propulsés par la puissance de ce mot, ce qui permit de franchir la porte, pourtant placée à environ quinze mètresde là. Stupéfait, je décidai de me rediriger vers Maître Argneir, en cherchant à cacher ma stupéfaction :

« -Vous avez maîtrisé ce nouveau Thu'um avec une rapidité… étonnante. J'avais entendu parler des capacités de l'Enfant de dragon, mais en faire l'expérience…

   -Je ne sais pas comment j'arrive à faire ça. Je le fais, c'est tout.

   -Les dieux vous en ont fait cadeau pour une raison précise. A vous de trouver comment en faire bon usage. L'heure de la dernière épreuve est venue… Vous allez devoir retrouver la corne de Jurgen Parlevent, notre fondateur. Elle se trouve dans sa tombe, au sein du temple ancien d'Ustengrav. Restez fidèle à l'art de la Voix et vous vous en sortirez.

   -Qui était Jurgen Parlevent ? J'ai lu les tablettes gravées sur le chemin mais je voudraisen savoir plus.

   -C'était un grand chef de guerre chez les anciens Nordiques, un maître de la Voix, ou de la Langue. Après le désastre du Mont Ecarlate, où l'armée Nordique a été décimée, il a passé de nombreuses années à repenser à cette terrible défaite. Il a finalement compris que les dieux avaient puni les Nordiques pour leur arrogance et leur utilisation impropre de la Voix. Il fut le premier à comprendre que la Voix devait glorifier uniquement les dieux, et non les hommes. La maîtrise de la Voix ne rencontra bientôt plus d'obstacle et l'art de la Voix vit le jour.

   -Qu'est-ce que l'art de la Voix ? Je voudrais en savoir davantage.

   -La Voix était un présent de la déesse Kynareth, à l'aube des temps. Elle a donné aux mortels la capacité de parler comme le font les dragons. Ce présent à souvent été improprement utilisé, mais la Voix doit uniquement glorifier les dieux. Vous n'atteindrez la véritable maîtrise de la Voix que par l'harmonie entre votre esprit et vos actions. C'est dans la contemplation des cieux, le domaine de Kynareth, et la pratique de la Voix, que nous tentons d'atteindre cet équilibre.

   -J'essaye d'appliquer les préceptes de l'art de la Voix.

   -C'est louable. Mais n'oubliez pas que le sang de dragon est un don d'Akatosh que vous ne pouvez ignorer. Vous devez utiliser la Voix, tel est votre destin. Sinon pourquoi Akatosh vous aurait-il fait don de ce pouvoir ? Si vous n'utilisez la Voix que pour servir Akatosh, vous resterez fidèle à nos enseignements.

   -Dites m'en plus sur les Grises-Barbes.

   -Nous étudions l'art de la Voix selon les enseignements de notre fondateur, Jurgen Parlevent. Etudier avec nous ici, au Haut Hrothgar, est un privilège rare. Mais dans votre cas, Enfant de dragon, le privilège est de vous guider vers la maîtrise de la Voix.

   -Pourquoi est-ce que les autres ne parlent pas ? Ils n'ont pas ouvert la bouche depuis mon arrivée.

   -Leurs Voix sont trop puissantes pour quiconque n'est pas coutumier de cet art. Un simple chuchotement vous serait fatal.

   -Merci beaucoup, Maître Arngeir, merci de m'avoir guidé

   -C'était notre devoir. Oh, une dernière chose, je sais que ça a dû être compliqué pour vous de gravir cette montagne. Suivez-moi. »

       Je le suivis vers le bord de la montagne, empli de neige :

« -Je vous offre ce passage, bien plus rapide que de gravir les Sept mille marches…

   -Merci, mais… quel passage ?

   -Observez. »

       Il leva les bras, le sol se mit à trembler sous nos pieds. La neige se divisa en creusant un chemin. Des marches surgirentde la neige, laissant apparent un escalier gris qui descendait au pied des Sept mille marches près de Fort-Ivar.

« -Que le vent vous guide.

   -Merci, Maître Arngeir. »

       J'allai récupérer Lydia, mon cheval, puis je regardai ma carte. Ustengrav était bien loin, mais il était à proximité d'une ville, Morthal, m'indiquait la carte. Je savais qui pouvait m'y conduire, le cocher qui m'avait amené à Fort-Ivar !

       J'empruntai donc le chemin qu'Arngeir avait dressé pour redescendre à Fort-Ivar puis arrivai à celle-ci. Le soleil m'indiquait le milieu de l'après-midi. Le cocher était encore là, mais sans son cheval, ni sa charrette :

« -Bonjour, j'aimerai que vous m'ameniez à Morthal, mais où sontvotre cheval et votre charrette ?

   -Hélas, mon cheval est mort peu de temps après que vous soyez parti. Le voyage de Blancherive à Fort-Ivar a dû l'achever… Quant à ma charrette, elle est située près de l'auberge, mais sans cheval, elle ne m'est pas très utile…

   -Dommage, et désolé. J'ai peut-être une solution. Mon cheval est en parfaite santé, il pourra sans doute faire la route sans problème ?

   -C'est une bonne idée, j'accepte, en espérant que levôtre tienne le coup ! »

       Nous étions partis dans l'après-midi pour Morthal, une ville peut connue en Bordeciel, pourtant considérée comme une ville et non un village.

       La route fut longue, mon cheval était épuisé, peu habitué à supporter tant de poids, mais nous arrivâmes enfin à Morthal dans la nuit. Morthal est une petite ville, à peine plus grande que Rivebois, n'ayant pas de rempart et qui s'est taillé une sinistre réputation principalement à cause des voyous présents autour dela ville.

       Quand j'arrivai, un groupe d'hommes était réuni devant la « Salle Hautelune », la demeure du jarl de Morthal :

« -Qu'est-ce que le jarl va faire à ce sujet ? ditun deshommes.

   -Comment pourrions-nous nous sentir en sécurité dans nos propres maisons ?

   -Pitié, ça suffit ! J'ai parlé de vos problèmes à Idgrod. Elle s'occupera de tout le monde. Maintenant, reprenez vos activités.

   -Nous n'avons pas besoin de sorciers parmi nous !

   -Morthal a déjà assez de problèmes !

   -Bah, ça ne sert à rien. Revenons à nos moutons. »

       La discussion entre ces trois hommes pris fin puis ils repartirent vers leur habitation. Un certain problème de sorcier…

       Une journée de plus en Bordeciel s'était finie et je ne pensais qu'à dormir, ou alors… non, juste dormir. J'allai donc à l'auberge de la ville sous une fine neige.

       J'entrai dans l'auberge, mais je ne vis personne. L'auberge était pleine de toiles d'araignées et trop calme… J'aperçus une femme adossée à un poteau de bois. Ce devait être l'aubergiste :

« -Bienvenue au Mauresque. Je suis dans le coin, si vous avez besoin. Je suis ravie d'avoir un client.

   -Le commerce n'est pas trop calme, à Morthal ?

   -Calme ? Non. Il est juste inexistant. Il y avait déjà assez peu de raison de s'arrêter à Morthal avant la guerre. Eh bien… Disons que la grande porte n'est pas très usitée.

   -Figurez-vous que je viens vous donner quelques septims, en échange d'une chambre et de nourriture, bien sûr…

   -Formidable !

   -Gardez le pourboire. »

       J'allai m'installer dans ma chambre avec Lydia, mais je vis près de mon lit, un livre. Je décidai de le lire avant de me coucher. En voyant l'écriture tout au début, je savais qu'il s'agissait d'un livre écrit par un jeune enfant :

« Alduin é bien réell et cé pas Akatosh

par Thromgar Crâne-de-Fer, fiair Nordique

 

       Comme le disai p'pa : les Impériaux cè des idiot !

       Ces pour ça que j'écri ce livre. J'ai jamè écri de livre avant et je conte pas en récrire daute, mais defois, un nomme doit faire son deuvouar. Et mon deuvouar ces de parlé du dieu Akatosh et du dragon qui sapèle Alduin. Y sont pas la mème chose, quoi quendise et quenpense les Impériaux.

       P'pa s'ocupai pas trop des dieux, mais m'man si. Elle priai tout les dieus et elle ma apri des tadechoses.

 

       Du cou, je sait quelque truques sur Akatosh. Au temps que nain porte quelle Impérial. Je sai que cétai le premié de tout les dieus a prendre sa forme au Commencement. Et je sai quil a la forme d'un dragon.

       P'pa ma mème raconter l'istoire de Martyn Septim, et les truques qui sont arriver quan les portes d'Oblivion se sont ouvaire. Septim s'est transformer en espri d'Akatosh et a tuer Mehrunes Dagon. Vous je vou connèpas, mais je me content terai de nain porte quelle dragon qui poura vincre le Prince de la Destruction.

 

       Bon, j'espère que vou avez compri le preublème. Akatosh est gentil. Tous le monde le sai, des Nordiques au Impériaux. Mai Alduin ? Ilai movais ! Le contrair de bon ! Ya rien de pire queue cette Alduin. Vous voyez, Akatosh et Alduin peuve pas être la mème chose.

       Moi jai grandit en Bordeciel et jai entendut toute les zistoires. Ces mon père qui me lèsa raconter, et son père qui lui avè raconter, qui les conèsai par son père et un si de suite. Et une de c'est zistoires parlè d'Alduin.

 

       Mai vous voyez, il étai pas Akatosh. Cétai un nautre dragon et un vraie.

       Pour moi Akatosh cest pluto l'espri d'un dragon, quan il a envi de faire le dragon (et pa un dieu qui vit dans un endroi divain comme Oblivion). Mai Alduin, ces un vrai dragon, avec de la chère et des dens et une trainée de feu plu longue que la Rivière blenche. Et avant Alduin a essailler de régner sur Bordeciel avec ses ôtres dragons.

 

       Au finale, il aura fallu des sacré éros pour réucire a tué Alduin et en finire avec cète çatané istoire.

       Alor laissé moi vous demandez : pour vou, sa ressemble a Akatosh ? Bah non l'ami, padutou.

       Et donc moi, Thromgar Crâne-de-Fer je clame ohéfore, avec la plu grende convicsion qu'Alduin é bien réell et cé pas Akatosh ! »

       Très intéressant, malgré l'orthographe, médiocre… Pour résumer, il disait que le dieu Akatosh n'était pas la même personne qu'un certain Alduin, aussi énuméré sur les tablettes des Sept mille marches… A ce qu'il disait, c'était un dragon. Un dragon, comme celui d'Helgen et de la tour de garde de Blancherive. Très intriguant mais très étrange et inquiétant. Trêve de réflexion sur les dieux et les dragons, il fallait que je me repose.

       Je me réveillai dans cette auberge, je sortis, observantle soleil scintillant, puis partis pour Ustengrav avec mon cheval et Lydia. Ustengrav n'était point loin mais il neigeait, il faisait froid, mon équipement lourd ralentissait mon cheval, mais nous arrivâmes quand même au tombeau d'Ustengrav, gardé à l'extérieur par des bandits.

       Ils avaient installé un camp, avec sacs de couchage, feux et tonneaux. Je sortis mon arc et une flèche fit son travail, une deuxième également, puis une autre qui interrompit l'incompréhension du troisième. Un nettoyage rapide et efficace.

       Nous entrâmes dans le vieux tombeau, la détermination dans les bras, et dans la tête. Un grand hall de pierre nous accueillait et je fus surpris de voir un combat se produire au fond de celui-ci, entre 2 personnes… ou plus, je ne voyais pas au loin dans l'obscurité. Je décidai d'attendre que le combat de magie se finisse pour intervenir. Mais ils nous virent arriver et arrêtèrent de se battre pour venir nous attaquer, ensemble. Lydia se chargea de leur régler leur compte avec une rapidité incroyable. Nous suivions les allées jonchées de cadavres de draugrs et de mages. D'autres ennemis s'entretuaient plus loin mais nous étions tapis dans l'ombre, il nous était aisé de les abattre. Quelques autres créatures voulurent nous attaquer mais j'avais pris goût au combat, sentais mon expérience à la bataille augmenter à chaque bataille.

       Nous continuions dans les couloirs quand nous arrivâmes face à un antre resplendissant. Nous étions en hauteur au-dessus d'une immense grotte éclairée par une lumière bleue magnifiquement étincelante. Elle était disposée en plusieurs « étages », mêlant ponts et grandes pierres.

« -Je n'ai jamais rien vude tel ! me chuchota Lydia.

   -En effet, c'est magnifique. Mais il faut continuer, le temps joue contre nous. Si les dragons sont vraiment de retour, il ne faut pas perdre une seconde… »

       L'exploration continua sans trop de soucis avec des draugrs par-ci par-là, jusqu'à ce que j'aperçoive un grand mur, avec un Mot de puissance, comme celui du Tertre des Chutes Tourmentées. Il fallait absolument que je descende mais un saut m'aurait été fatal, il fallait que je continue à travers les allées et non sauter tête baissée.

       Arrivés à l'étage inférieur encore, des squelettes avec des armes vinrent nous attaquer. Je laissai Lydia faire ce travail car tout à coup, des voix vinrent à moi. Plus je me rapprochai de ce passage de pierre descendant, plus le volume sonore était puissant, plus mon champ de vision se rétrécissait. Je décidai de descendre, et je vis le Mur qui m'attendait. Je tuai furtivement les bandits présents à proximité puis allai absorber le Mot de puissance.

       La lumière entra en moi et je sentis une fois de plus une forcesupplémentaire. Je me sentis déconnecté du monde quelques secondes. Je ne savais pas dequelle puissance ou nouveau Mot j'avais hérité, je n'avais aucune connaissance de ce Cri, il me fallait absorber la puissance d'un dragon pour tout savoir sur celui-ci.

       Je me contentai de continuer sans me poser trop de questions. Je remontai et dû emprunter un grand pont, qui reliait à l'autre partie de la grotte. Il passait à plus de trente mètres du sol et il était très fin. Lydia voulu passer absolument avant moi au cas où le pont craquerait. Elle passa sans soucis mais ce ne fus pas si facile pour moi. Le pont commençait à fissurer sous mespieds quand ce fut à mon tour :

« Thane ! Courez ! me cria-t-elle. »

       Je me mis à courir, avec le pont qui fissurait de plus en plus vite derrière moi, mais dans un saut surpuissant, je sortis mon épée et la planta dans le sol, ce qui me permit de me suspendre au-dessus du vide. Je réussis à remonter grâce aux mains et bras de Lydia, qui, en temps qu'huscarl, devait se battre jusqu'à la mort pour son thane, autrement dit ici, moi.

       Nous découvrîmes plus loin encore une autre chose étrange. Il y avait trois pierres avec des inscriptions à la suite. Je m'approchai d'une d'entre-elles puis elle s'alluma. Je reculai et elle s'éteignit. Il y avait devant, trois grilles de fer, se succédant également, dans un même couloir. Je répétai l'opération, et une des grilles s'ouvrit. Je m'approchai de la deuxième pierre, et une autre grille s'entrouvrit. Par contre, je m'étais éloigné de la première pierre donc la première grille se referma dans un claquement fracassant.

       Je compris. Il fallait courir le plus vite possible pour allumer toutes les pierres et pour ouvrir toutes les portes et donc passer. J'essayai de courir, les trois pierres s'éclaircirent mais les grilles se refermèrent juste devant mon nez. Je n'étais pas assez rapide. J'enlevai donc mon équipement pour m'alléger mais cela ne fonctionna pas non plus. Lydia essaya de régler le problème :

« -Il faudrait peut-être que vous preniez une plus forte impulsion avec vos jambes.

   -Impulsion, impulsion… Impulsion ! Merci Lydia.

   -Euh… De rien. »

       Je courus en activant les trois pierres puis avant d'atteindre les grilles, je criai :

« WULD ! »

       Je passai à proximité des trois pierres qui n'eurent pas le temps de s'éteindre, me laissant traverser les trois grilles. Un système mécanique placé à la sortie du couloir permit à Lydia de me rejoindre.

       Nous étions en train d'avancer dans le tombeau quand nous arrivâmes dans une pièce avec des plaques qui jonchaient le sol. Je mis une pomme dessus pour voir ce qu'elles faisaient. La pommese fit carboniser par des flammes jaillissantes de ces plaques. Il y avait heureusement sur les côtés, des petites plateformes. Lydia et moi sautâmes surcelles-ci et arrivâmes devant une, deux et une troisième givrépeire plus grande que les autres. Nos flèches abattirent les deux premières mais c'est avec un lancer d'épée que je tuai la plus grande, la plus coriace.

       Arrivés devant une grande grille de fer, j'abaissai le levier et elle s'ouvrit, nous conduisant dans un autre endroit étrange, et majestueux, un lieu qui me fit ressentir un bon pressentiment. Il y avait de l'eau sur les côtés et une sorte de tombeau au bout. Enfin… Nous étions arrivés devant le tombeau de Jurgen Parlevent. Je marchai dans sa direction et quatre statues sortirent successivement de l'eau, dans des tremblements magnifiques. Je continuai ma marche vers le tombeau mais mon bon pressentiment se transformait en mauvais. Arrivé au tombeau, je ne vis pas la corne de Jurgen Parlevent, non, mais une lettre…

« Enfant de dragon,

Je dois vous parler. C'est très urgent.

Louez la chambre mansardée de l'Auberge du Géant Endormi de Rivebois, je vous y retrouverai.

~~ un ami »

       Je n'en revenais pas ! Quelqu'un était déjà venu ici et avaitdéjà pris la corne ! Tout ce chemin, déjà parcouru.

       Je m'assieds et commençai à réfléchir.

« -Rivebois, l'Auberge du Géant Endormi, ami, donc déjà rencontré, aventurier… ou aventurière ! Lydia, on y va !

   -Entendu. »

       Un léger rayon lumineux traversait le plafond. Malgré les profondeurs, nous étions proches d'une éventuelle sortie. Je pris une pioche que j'avais ramassée sur le chemin et commençai à miner. Je savais qui était passé ici. Nous étions sortis et étions repartis avec mon cheval pour Rivebois. La route vers la petite ville se fit au galop. Il faisait nuit, j'entrai dans l'auberge et me dirigeai vers l'aubergiste :

«  -Bonjour, Delphine, dis-je, je souhaiterais louer la chambre mansardée car une personne, ou peut-être… vous, avez quelque chose qui est censé m'appartenir.

   -La mansarde, hein ? Eh bien… nous n'avons pas de mansarde, mais vous pouvez prendre la chambre sur votre gauche. Faites comme chez vous. »

       Je m'assieds sur la chaise de la chambre et Delphine vint me rejoindre :

« Vous êtes donc l'Enfant de dragon dont j'ai tant entendu parler. Je crois que c'est ce que vous cherchez. »



Chapitre VIII

 

Une Lame dans l'ombre


       Elle me tendit la Corne.

« Nous devons parler. Suivez-moi. »

       Je la suivis dans la grande chambre, elle m'ordonna de fermer la porte, j'obéis, puis elle ouvrit l'armoire, qui était en réalité une porte à clé, suivie de faux panneaux, qui conduisait à la mansarde, emplie d'équipements, d'un autel d'enchantement et d'une table d'alchimie. Des armes, des flèches, des livres, Delphine avait dû y avoir élu domicile. Elle prit place de l'autre côté de la table, une carte sur celle-ci :

« -Maintenant nous pouvons parler. Les Grises-Barbes semblent croire que vous êtes l'Enfant de dragon. J'espère qu'ils ont raison.

   -C'est vous qui avez pris la corne ?

   -Ça vous surprend ? Je crois que je simule de mieux en mieux mon emploi de petite aubergiste inoffensive.

   -Pourquoi tout ce mystère ?

   -On n'est jamais trop prudent. Le Thalmor a des espions partout.

   -C'est la copie de la carte que Farengar a extrait de la Pierre de dragon ? dis-je distrait, en désignant la carte.

   -En effet… vous êtes perspicace…

   -Que me voulez-vous ?

   -Je ne me suis pas donné tout ce mal sur un coup de tête. Il fallait que je sois sûr qu'il ne s'agissait pas d'un piège des Thalmor. Je ne suis pas votre ennemie. Je vous ai déjà donné la corne. J'essaie de vous aider. Il faut juste que vous m'écoutiez.

   -Poursuivez, je vous écoute.

   -Comme je l'ai dit dans mon mot, j'ai entendu dire que vous étiez l'Enfant de dragon. Je fais partie d'un clan qui vous recherche… ou qui recherche quelqu'un comme vous depuis très longtemps. Enfin, si vous êtes vraiment l'Enfant de dragon. Avant que je vous en dise plus, je dois être sûr de pouvoir vous faire confiance.

   -Vous dites que les Thalmor en ont après vous ?

   -Oui. Nous sommes de vieux ennemis. Et si mes doutes sont fondés, il se pourrait qu'ils soient liés au retour des dragons. Mais ce n'est pas le plus important pour le moment. Ce qui compte, c'est que vous êtes peut-être l'Enfant de dragon.

   -Pourquoi cherchez-vous un Enfant de dragon ?

   -Nous nous rappelons ce que la plupart oublie : que le destin de l'Enfant de dragon est de nous débarrasser des dragons. Il n'y a que vous qui puissiez tuer irrémédiablement un dragon en dévorant son âme. En êtes-vous capable ? Pouvez-vous dévorer l'âme d'un dragon ?

   -Oui, c'est comme ça que j'ai découvert que j'étais Enfant de dragon.

   -Bien. Et vous aurez bientôt l'occasion de me le prouver. »

       Je fus intrigué par cette réponse, mais je passai :

« -Pourquoi avez-vous pris la corne à Ustengrav ?

   -Je savais que les Grises-Barbes vous enverraient ici s'ils pensaient que vous étiez l'Enfant de dragon. Ils sont pour le moins… prévisibles. J'ai tout de suite su que les Grises-Barbes vous envoyaient, et non les Thalmor.

   -Comment savoir si je peux vous faire confiance ?

   -Si vous ne me faisiez pas confiance, vous auriez commencé par ne jamais mettre les pieds ici.

   -Pas faux… Mais… Qu'est-ce que vous oubliez de me dire ?

   -Ce n'est pas simplement que les dragons reviennent, ils reviennent à la vie. Ils ne se sont pas absentés pendant toutes ces années. Ils étaient morts, tués il y a des siècles par mes prédécesseurs. Quelqu'un ou quelque chose ramène les dragons à la vie. Je veux que vous m'aidiez à mettre fin à ça.

   -Qu'est-ce qui vous fait penser que les dragons sont en train de revenir à la vie ?

   -Je le sais. Je suis allée voir les vieux tertres ou étaient enterrés les dragons, et je les ai trouvés vides. Et j'ai découvert où apparaîtra le prochain. On va aller là-bas et vous tuerez ce dragon. Si nous réussissons, je vous dirais tout ce que vous voulez savoir.

   -Je l'ai déjà fait une fois, je peux le refaire. Alors, où allons-nous ?

   -Le Bosquet de Kyne. Un dragon a été enterré non loin de là, il y a fort longtemps. Si nous arrivons là-bas avant que cela se produise, nous apprendrons peut-être comment empêcher le phénomène.

   -Allons tuer ce dragon.

   -Il faut que j'aille mettre ma tenue de voyage. Laissez-moi une minute pour me préparer. »

       Je vis sur sa table, un livre, avec sur sa couverture, un symbole qui me semblait bien familier, un dragon vue de face, la tête de profil, avec les ailes sur les côtés, le tout gris argenté, sur un fond noir…. Pendant qu'elle se préparait, je décidai de le lire :

« Le Livre de l'Enfant de dragon

Par Prior Emelene Madrine

Ordre de Talos

Prieuré de Weynon

An 360 de l'ère Troisième, vingt-et-unième année du règne de sa Majesté Pélagius IV.

       Beaucoup de gens ont entendu le terme "Enfant de dragon" (ne sommes-nous pas gouvernés par les "empereurs Enfants de dragon", après tout ?), mais peu savent ce qu'il signifie réellement. En revanche, c'est un sujet qui est cher à l'Ordre de Talos, aussi vais-je tenter, dans ce livre, de mettre en relief l'histoire et l'importance de ceux qui ont porté le titre d'Enfant de dragon au fil des âges.

       La plupart des érudits s'accordent pour dire que ce terme a, pour la première fois, été utilisé en rapport avec le Contrat d'Akatosh, quand Sainte Alessia a reçu l'Amulette des rois et qu'elle a pour la première fois allumé les Feux du dragon dans le Temple de l'Unique. « Akatosh, voyant avec pitié les souffrances des hommes, pris le sang précieux de son cœur et s'en servit pour bénir Sainte Alessia, avant de passer un Contrat disant que, tant que les descendants d'Alessia seraient fidèles à son sang, le sang du dragon, il garderait fermées les Portes d'Oblivion, afin de barrer la route aux armées de Daedras, de morts-vivants et d'Ayleids. ». Par la suite, ceux qui avaient été bénis par Akatosh en recevant le sang du dragon furent tout simplement connus sous le nom d'Enfants de dragon.

       Le lien avec les dirigeants de l'Empire existe donc depuis le premier jour. En effet, seuls ceux dont le sang du dragon coulait dans les veines pouvaient porter l'Amulette des rois et allumer les Feux du dragon. Tous les empereurs légitimes étaient Enfants de dragon, qu'il s'agisse de ceux du premier Empire de Cyrodiil fondé par Alessia, de Reman Cyrodiil et de ses héritiers, ou bien sûr de Tiber Septim et de ses héritiers, jusqu'à notre empereur actuel, Sa Majesté Pélagius Septim IV.

       En raison de ce lien avec les empereurs, toutefois, l'autre fait marquant lié aux Enfants de dragon a fini par être oublié par tous, sauf les plus grands érudits et ceux qui, comme moi, ont voué leur existence au service du grand Talos, qui était Tiber Septim. Peu de gens réalisent que le statut d'Enfant de dragon n'est pas une simple question d'hérédité. En effet, il s'acquiert par le biais d'Akatosh en personne, aussi nul ne peut-il dire comment ni pourquoi il est conféré. Ceux qui deviennent empereurs et allument les Feux du dragon sont clairement Enfants de dragon, puisqu'ils peuvent les allumer et porter l'Amulette des rois. Mais l'étaient-ils avant, ou bien est-ce en enfilant l'amulette et en tentant d'allumer les feux qu'ils ont reçu la bénédiction d'Akatosh et sont devenus Enfants de dragon ? Tout ce que nous pouvons dire, c'est que ces deux hypothèses sont possibles et que cela constitue un mystère divin.

       Tous les Septims étaient Enfants de dragon, bien sûr, ce qui explique d'où provient cette ridicule notion d'hérédité. Mais nous savons avec certitude que les premiers empereurs de Cyrodiil n'étaient pas de la même famille. Rien ne prouve non plus que Reman Cyrodiil était le descendant d'Alessia, même si de nombreuses légendes le prétendent, mais la plupart d'entre elles remontent à l'époque de Reman, et sans doute ont-elles été créées de toutes pièces afin de légitimer son règne. Nous savons également que les Lames, traditionnellement considérées comme les gardes du corps de l'empereur, étaient à l'origine des croisés d'Akavir, qui ont envahi Tamriel pour des raisons obscures à la fin de l'ère Première. Ils cherchaient apparemment un Enfant de dragon (les évènements qui se sont produits au Col clair semblent le confirmer) et ils furent les premiers à proclamer que Reman Cyrodiil l'était. En fait, ce sont les Akavirois qui ont le plus fait pour l'élever au rang d'empereur (bien que Reman n'ait jamais porté ce titre de son vivant). Et, bien sûr, il n'existe aucun lien héréditaire connu entre Tiber Septim et les empereurs Enfants de dragon précédents de Tamriel.

       Quant à savoir s'il peut y avoir plusieurs Enfants de dragon en même temps, c'est là un autre mystère. Les empereurs font tout leur possible pour nous faire comprendre qu'une telle possibilité serait ridicule, et pourtant, le processus de succession impériale implique qu'il y ait au moins deux Enfants de dragon potentiels en même temps : l'empereur actuel et son héritier. L'histoire des Lames va également dans ce sens. Même si l'on ne sait en effet que peu de choses sur leurs activités entre l'empire de Reman et l'ascension sur le trône de Tiber Septim, d'aucuns pensent que les Lames ont, durant cette période, continué à chercher et à garder ceux qui pouvaient être (ou pouvaient devenir) Enfants de dragon.

       Nous en arrivons enfin à la question que beaucoup se posent, à savoir quel est le véritable sens du fait d'être Enfant de dragon ? Le lien avec les dragons est si évident qu'il a presque été oublié. En ce temps où les dragons ne sont plus qu'un lointain souvenir, beaucoup ne se rappellent plus que, dans les premiers temps, être Enfant de dragon signifiait "avoir le sang du dragon". Certains érudits pensent qu'il faut comprendre cela le plus littéralement possible, même si le sens de leur théorie reste incertain. Les récits nordiques évoquent des héros Enfants de dragon qui étaient de grands tueurs de dragons, capables de voler leur pouvoir après les avoir occis. Il est bien connu que les Akavirois tuèrent un grand nombre de dragons au cours de leur invasion, et certains indices tendent à laisser penser qu'ils ont continué même après être devenus les Gardes-dragons de Reman Cyrodiil (encore une fois, le lien avec les dragons), ceux-là mêmes qui finiraient par devenir les Lames que nous connaissons aujourd'hui.

     Je vous laisse sur ce que l'on appelle "la Prophétie de l'Enfant de dragon". Beaucoup affirment qu'elle provient d'un Parchemin des Anciens, même si d'aucuns attribuent plutôt son origine aux Akavirois du temps jadis. De nombreux érudits ont tenté de la déchiffrer, et beaucoup pensent que les signes qu'elle annonce ont été accomplis et que la venue du "Dernier Enfant de dragon" est imminente. Je ne prétends pas savoir interpréter les prophéties, mais elle laisse penser que le don qu'Akatosh a fait à l'humanité n'a pas encore été véritablement compris :

Lorsque l'anarchie gagne les huit extrémités du monde

Lorsque marche la Tour de cuivre et que le temps est remanié

Lorsque le triplement béni échoue et que la Tour rouge tremble

Lorsque le souverain Enfant de dragon perd son trône et que la Tour blanche tombe

Lorsque la Tour enneigée est démolie, sans roi, maculée de sang

Le Dévoreur de mondes s'éveille et la roue tourne vers le dernier Enfant de dragon. »

       Au moment où je finis de lire, Delphine eut terminé et nous dûmes partir, mais je pris quand même quelques potions de sa cachette. Elle alla avertir l'homme qui s'occupait du bar puis nous partîmes pour le bosquet de Kyne.

       En sortant, elle m'interpella :

« -Le Bosquet de Kyne est par là. Nous pouvons voyager ensemble ou nous séparer et nous retrouver là-bas, comme vous voulez.

   -Autant voyager tous les trois, enfin, quatre, avec mon cheval, le voyage sera plus sécurisé.

   -Entendu. »

     C'est ainsi que nous partîmes de Rivebois pour le Bosquet de Kyne, où une autre aventure nous attendait.

       J'avais récupéré dans son endroit secret, une épée, qui me semblait puissante, une « épée de Lame », m'avait dit Delphine. Elle allait bien m'être utile, même bien plus qu'utile...

       Le bosquet était bien plus loin que Fort-Ivar. Nous croisâmes sur le chemin quelques bandits, et je vis que Delphine avait une expérience poussée au combat, elle simulait réellement bien son rôle d'aubergiste. Nous croisâmes également trois personnes, habillés avecraffinement, dont un garde impérial, sans doutes des nobles voyageurs, ils parlaient d'Empire et de mariage :

« -Venez, on ne s'arrête plus, il faut que nous retrouvions le chemin de Solitude, fit un des hommes.

   -Qu'est-ce qu'on va faire à un mariage à l'autre bout de l'Empire ? se plaignit une autre femme.

   -Je vous l'ai dit, c'est le mariage de Vittoria Vici, une marchande qui a d'excellents contacts avec la Compagnie de l'Empire Oriental. La cousine de l'Empereur ! Vous vous souvenez ? Avec un peu de chance, ces cadeaux la rendront bienveillante à notre égard, nous assurerons le contrat d'importation et nous vaudra même une audience auprès de l'Empereur. »

       Ce devaient être des nobles qui marchandaient. Ces affaires sont courantes quand on parle d'Empire. Enfin, il fallait continuer vers le bosquet…

       Le jour se levait mais nous n'étions pas fatigués, bien heureusement. Enfin nous arrivâmes à destination au beau matin. Un rugissement se fit dans les airs, et je le vis, le dragon d'Helgen, il était là, sans aucun doute Al-du-in… au-dessus du bosquet… Une femme courra vers moi comme si la fin de notre monde était proche, les cheveux mélangés, les yeux catastrophés :

« -Non, vous n'allez pas monter ! Un dragon… Un dragon nous attaque !

   -Oui je sais, je vais m'en charger, dis-je d'un air rassurant mais peu sûr dans mon esprit.

   -Je ne sais pas ce qu'il fabrique là-bas, mais je ne serai plus dans le coin quand on le découvrira ! »

       Moi non plus je ne savais pas ce qu'il faisait, il était dans les airs, décrivant des cercles dans le ciel, autour de quelque chose… Je montai avec Delphine. Nous nous cachâmes derrière une pierre, observant ce qu'il se passait :

« Regardez ce qu'il se passe… me dit-elle. C'est pire que ce que je pensais »

       Le grand dragon noir s'approcha d'un étrange cercle dans le sol, surement le tombeau du dragon dont m'avait parlé Delphine, puis prononça des mots de langue draconique :

« -Sahloknir ! cria-t-il. Ziil gro dovah ulse ! Slen Tiid Vo ! »

       Un immense bruit de tonnerre fracassant éclata dans le ciel et le dragon effectua un Cri vers le tombeau. Des pierres et de la terre jaillirent du tombeau et une horreur se produisit… Les os du squelette d'un dragon sortirent du sol, puis se déplacèrent dans des cris ignobles… Le dragon repris peu à peu ses écailles. Le ressuscité s'adressa à son sauveur :

« -Alduin, thuri ! Boaan tiid vokriiha suleyksejun kruziik?

-Geh, Sahloknir, kaali mir. Ful, losei Dovahkiin ? Zu'u koraav nid nol dov do hi. »

       C'était bien lui… c'était Alduin… Je sortis de ma cachette, par instinct, et celui-ci s'adressa à moi :

« -Tu ne parles même pas notre langue, n'est-ce pas ? Et tu oses te faire appeler dovah. Quelle arrogance…

   -Je ne sais pas ce qu'il t'amène en Bordeciel… mais je t'empêcherais de faire du mal à ma contrée… Tu n'aurais pas dû revenir…

   -Parle pour toi… me dit-il. Sahloknir, cria-t-il à l'autre dragon, krii daar joorre. »

     Alduin s'enfuit puis disparut dans le ciel, et un combat acharné commença. Je crus comprendre qu'Alduin avait donné l'ordre au dragon, nommé Sahloknir par celui-ci, de nous tuer.

       Delphine et moi bombardionsce dragon de flèches pendant que Lydia était à l'épée, attendant qu'il se pose. Nous nous concentrâmes sur son aile gauche, afin qu'il se pose et que Lydia serve à quelque chose. Le dragon fut enfin forcé de se poser après de longues minutes d'acharnement. Mais seulement, tout ne pouvait pas se passer parfaitement bien… Mon courageuxcheval, que j'avais laissé en bas, nous avait rejoints… il essaya donc de se débattre contre le dragon. Ildétourna l'attention de celui-ci quelques secondes, mais se fit abattre immédiatement…

       Quand le dragon se retourna vers moi, il put appréciersa fin et mon épée entre ses deux yeux. Ils'étala au sol de tout son poids.Sahloknir le dragon était vaincu…

       Comme à Blancherive, ses écailles commencèrent à brûler et à s'envoler, dans un bruit de flammes. Son âme, son esprit, sa connaissance vint à moi. Je fus déconnecté du monde, dans les nuages, le temps que j'absorbe son âme et sa puissance. J'étais réparé du combat… et non fatigué. Très étrangement, j'avais acquis une puissance, mais également une connaissance, celle du nouveau Cri acquis à Ustengrav, le Corps Ethéré, oui, je savais quel était le nom de mon nouveau Cri. Les âmes des dragons semblaient donner toutesconnaissances qu'ils avaient sur les Cris appris. Delphine vint vers moi :

« -Vous êtes vraiment l'Enfant de dragon… Eh bien… Je vous dois des réponses, n'est-ce pas ? Allez-y. Tout ce que vous voulez savoir. Je ne vous cacherai rien.

   -Qui êtes-vous et que me voulez-vous ?

   -Je suis l'un des derniers membres des Lames. Il y a de cela très longtemps, les Lames étaient des chasseurs de dragons au service de l'Enfant de dragon, le plus grand tueur de dragons. Au cours des deux-cents dernières années, depuis le règne du dernier empereur Enfant de dragon, les Lames se sont recherchées une cause. Et maintenant que les dragons sont de retour, celle-ci est claire. Nous devons les éliminer.

   -Les Lames ? De qui s'agit-il ?

   -Exactement. Plus personne ne se souvient de nous aujourd'hui. Autrefois, nous étions reconnues dans tout Tamriel comme les protecteurs de la dynastie des Septim. Mais tout ça, c'est de l'histoire ancienne. Depuis deux-cents ans, conformément à notre serment, nous cherchons l'Enfant de dragon afin qu'il nous guide et nous protège. Mais nous ne l'avons jamais trouvé. Jusqu'à aujourd'hui.

   -Que savez-vous sur le retour des dragons ?

   -Pas la moindre chose. J'ai été aussi surprise que vous de trouver ce gros dragon noir ici.

   -J'ai déjà vu ce dragon… celui qui s'est enfui.

   -Vraiment ? Où ?

   -C'est celui qui a attaqué Helgen quand Ulfric a échappé aux Impériaux.

   -Intéressant, le même dragon… Bon sang, nous tâtonnons en pleine obscurité ! Nous devons trouver qui se cache derrière tout ça !

   -Qu'allons-nous faire, maintenant ?

   -La première chose à faire, c'est de découvrir qui se cache derrière les dragons. Notre meilleure piste, c'est celle des Thalmor. S'ils ne sont pas directement impliqués, ils sauront qui l'est.

   -Rafraîchissez-moi la mémoire… c'est quoi, déjà, le Thalmor ?

   -La faction qui dirige le domaine Aldmeri... Ceux qui ont failli détruire l'Empire pendant la Grande Guerre, il y a trente années de cela. Les humains ne connaissent pas de pires ennemis en Tamriel... L'Empire a failli succomber lors de la dernière guerre. Et le Thalmor n'a pas l'intention de perdre la prochaine.

   -Qu'est-ce qui vous fait penser que le Thalmor est en train de ramener les dragons à la vie ?

   -Rien de sûr pour le moment, mais mon instinct me dit qu'il ne peut s'agir que d'eux. L'Empire avait capturé Ulfric. La guerre était comme terminée. Soudain, un dragon attaque, Ulfric s'enfuit et la guerre refait rage. Et maintenant les dragons attaquent partout, au hasard. Bordeciel est affaibli, l'Empire est affaibli. A qui cela profite-t-il, si ce n'est aux Thalmor ?

   -C'est vrai… Pourquoi est-ce que les Thalmor vous en veulent ?

   -Avant la Grande Guerre, les Lames aidaient l'Empire à combattre les Thalmor. Selon notre Grand Maître, ils représentaient la plus grande menace pour Tamriel. A l'époque, cela était vrai. Et ça l'est peut-être encore. Nous les avons donc combattus dans l'ombre, dans tout Tamriel. Nous pensions être supérieurs à eux, mais nous nous trompions. Nous devons découvrir si les Thalmor sont responsables du retour des dragons. Il faut trouver le moyen d'entrer dans l'Ambassade du Thalmor…

-Comment faire pour entrer dans cette Ambassade du Thalmor ?

-Je ne le sais pas encore. J'ai quelques idées, mais il va falloir du temps pour concrétiser tout ça… Retrouvez-moi à Rivebois. Si je n'y suis pas à votre arrivée, attendez-moi, je ne serai pas longue.

   -Pendant ce temps, je vais retourner donner la corne de Jurgen Parlevent aux Grises-Barbes.

   -Surveillez le ciel. Les choses ne font qu'empirer. »

       L'intrigue était à son comble… Pourquoi les dragons étaient de retour, sinon, par qui ou quoi ? Les Thalmor ? Trop de questionnement après ce combat acharné, où l'on a perdu notre fidèle cheval… Nous allions devoir marcher, vers le Haut Hrothgar. Les Grises-Barbes ne doivent à présent plus douter de ma détermination à accomplir mon destin…

       La mi-journée venait de passer et un bon coup à l'auberge du Bosquet de Kyne ne pouvait que nous faire du bien à moi et à Lydia. Nous bûmes et mangeâmes sans retenue.

       Après s'être bien reposés et avoir fêté la mort du dragon, Lydia et moi, sans le cheval, partîmes vers le Haut Hrothgar. La route ne fut pas si longue. Au fil du temps, je m'étais habitué aux longs voyages dans le froid. Nous passâmes par le petit chemin offert par les Grises-Barbes. Une fois arrivé dans la cour, j'entrai dans le monastère et me dirigeai vers Arngeir :

« Ah ! Vous avez retrouvé la corne de Jurgen Parlevent. Bravo. Vous avez réussi toutes les épreuves. Venez avec moi. Il est temps de vous reconnaître officiellement Enfant de dragon. »

       Nous nous dirigeâmes dans la salle principale, là où je me plaçai au centre des Grises-Barbes.

« Vous pouvez maintenant apprendre le mot final du Déferlement, c'est « Dah », qui signifie « pousser ». En combinant ces trois mots, le cri est bien plus puissant. Utilisez-le avec parcimonie. »

       Maître Wulfgar s'approcha de moi et fit un « Dah » qui s'inscrit au sol.

« Maître Wulfgar va maintenant vous offrir son savoir du « Dah ». Votre formation est terminée, Enfant de dragon. Nous souhaiterons nous entretenir avec vous. Tenez-vous entre nous et préparez-vous. Peu de personnes peuvent supporter la Voix débridée des Grises-Barbes. Mais vous avez suffisamment patienté. »

       Le Haut Hrothgar se mit à trembler violemment, sous les Voix des Grises-Barbes. L'air était lourd et comblé :

« Lingrah krosis saraan Strundu'ul, voth nidbalaan lov praan nau. Naal Thu'umu, mu ofan nii nu, Dovahkiin, naal suleyk do Kan, naal suleyk do Shor, ahrk naal suleyk do Atmorasewuth. Meyz nu Ysmir, Dovahsebrom. Dahmaan daar rok. »

       Le monastère arrêta de trembler et les Grises-Barbes baissèrent leurs bras. L'air redevint léger. J'avais ressentis un vide profond en moi durant ces quelques phrases.

« -Dovahkiin. Vous avez entendu et supporté la Voix des Grises-Barbes. Le Haut Hrothgar s'ouvre à vous.

   -Merci beaucoup, Maître Argneir.

   -Suivez votre destinée. »

       Dans un mouvement de retournement, un bruit métallique retentit au sol. Je baissai la tête puis me souvins, en la voyant, de l'amulette que j'avais récupérée en rentrant à Blancherive lors de l'appel des Grises-Barbes. Arngeir vit l'objet et se précipita sur celui-ci :

« -Par les dieux… Où avez-vous récupérécette amulette ?

   -En retournant à Blancherive, lors de votre appel. Qu'a-t-elle de si important ?

   -C'est l'amulette du Dovahkiin… L'amulette ayant appartenuà Tiber Septim, Talos. Elle vous procure une grande puissance, des connaissances, des cris…

   -Des cris ?

   -Si le Dovahkiin porte cette amulette autour du cou, celle-ci lui confère différents cris supplémentaires. Comme par exemple, le Souffle Ardent, « Yol », « Toor » et « Shul », un cri vous permettant de vous exprimer grâce aux flammes. Il y a également le cri Ralenti, « Tiid », « Klo » et « Ul », un cri qui ralentitle temps, tout en permettant au Dovahkiin de se déplacer plus aisément que les autres. Elle contient aussi le cri Désarmement, « Zun », « Haal » et « Viik », un cri qui grâce à sa puissance magnifique, peut désarmer quiconque. Et enfin, elle te procure un cri d'une très grande puissance, te permettant de créer une tempête tellement ardente, qu'elle peut fâcher les dieux, fâcher le ciel, et le mettre à votre merci : « Strun », « Bah » et « Qo ». Voici la puissance que l'amulette du Dovahkiin vous procurera.

   -Je ne saurai vous remercier, Maître Argneir.

   -Je n'ai fait que vous montrez votre voie, à vous d'atteindre la destination.

   -Je vous obéirais, Maître Arngeir.

   -C'est maintenant officiel… à présent. Maintenant, Enfant de dragon, vous ne répondrez plus au nom de Xerphinn, mais au nom… de Dovahkiin. »



Chapitre IX

 

L'Ambassade


       C'était officiel, j'étais Dovahkiin… Le Dovahkiin…

       Lydia et moi étions sortis et dûmes marcher jusqu'à Rivebois, afin d'y retrouver Delphine pour découvrir quel était son plan etsavoir si les Thalmor avaient vraiment quelque chose à voir avec le retour des dragons. Je devais également apprendre à utiliser mon nouveau Mot de Déferlement et évidemment mes nouveaux cris, mais je décidai de ne pas encore en faire l'usage.

       Il faisait nuit sur Rivebois. J'entrai dans l'Auberge du Géant Endormi et vis Delphine qui m'attendait à côté du bar, empli de bières et d'hydromels :

« Apparemment, personne n'a essayé de nous suivre. Venez. J'ai un plan. »

       Nous étions descendus dans sa cachette, qui lui faisait office de chambre, puis elle m'expliqua le déroulement de son plan :

« -Je sais comment nous allons faire pour entrer dans l'Ambassade du Thalmor.

   -Eh bien, ça n'aura pas mis longtemps.

   -Ça fait longtemps que je fais ça, vous vous souvenez ? Pendant que les Thalmor me cherchaient, je les observais.

   -Alors, quel est votre plan ? Comment dois-je faire pour m'infiltrer à l'intérieur de l'Ambassade du Thalmor ?

   -Elenwen, l'ambassadrice du Thalmor, organise régulièrement des réceptions pour permettre aux nantis de venir faire leurs courbettes aux Thalmor. Je peux vous faire participer à une de leurs réceptions. Une fois à l'intérieur de l'ambassade, trouvez le moyen d'accéder aux documents secrets d'Elenwen. Je connais quelqu'un à l'ambassade. Il n'est pas capable de ce genre de mission à haut risque, mais il pourra vous aider. Il s'appelle Malborn. Un Elfe des Bois qui a de nombreuses raisons de détester les Thalmor. Vous pouvez lui faire confiance. Je lui dirai de vous retrouver à Solitude, au Ragnard Pervers… Vous connaissez ? Pendant ce temps, je me débrouillerais pour vous obtenir une invitation à la petite réception d'Elenwen. Retrouvez-moi aux écuries de Solitude lorsque vous aurez mis les choses au point avec Malborn. Des questions ?

   -Comment est-ce que je vais pouvoir accéder à la réception ?

   -Je m'en occupe. Vous aurez une vraie invitation, ne vous en faites pas. Du moment que vous faites semblant de flagorner chez les Thalmor, les gardes vous laisseront passer.

   -Et une fois à l'intérieur de l'ambassade, qu'est-ce que je fais ?

   -C'est là que les choses sérieuses commencent. Vous devrez vous éloigner des invités sans éveiller les soupçons. Vous devrez ensuite trouver le bureau d'Elenwen et fouiller ses documents. Malborn devrait être capable de vous mettre dans la bonne direction.

-Je vous retrouve à Solitude, après avoir rencontré Malborn.

   -Parfait. Faites attention à vous. »

       Lydia et moi profitâmes de notre présence à l'auberge pour dormir et acheter des provisions. Je ne savais pas comment j'allais rejoindre Solitude, mon cheval avait été tué par le dragon du Bosquet de Kyne et celui du cocher avait péri d'une maladie. Il ne me restait plus qu'à retourner à Blancherive afin d'acheter un nouveau cheval, de mes petites économies... La route de Rivebois à Solitude est très longue, à pied, elle aurait prise plusieurs jours, et aurait été bien fatigante, or, nous n'avions pas tellement le temps.

       Je me rendis de bon matin à Blancherive pour y acheter un nouveau cheval. Je n'avais malheureusement plus beaucoup de septims sur moi. Par ce beau temps, je fus très surpris, en arrivant, de voir mon ami le cocher, celui qui m'avaitamené à Fort-Ivar et à Morthal, avec un cheval à sa charrette :

« -Vous avez un nouveau cheval ! dis-je étonné.

   -En effet, l'écurie m'en a fait don.

   -Vraiment ?

   -En réalité, cela les arrange, si les voyageurs apprennent qu'il n'y a plus de cocher à Blancherive, personne ne viendra ici, si personne ne peut rentrer chez soi.

   -C'est un bon raisonnement, et une bonne chose pour tout le monde.

   -En effet, où voulez-vous aller ?

   -A Solitude.

   -Remontez et nous partirons. »

       Je montai dans la charrette à l'arrière et le voyage vers Solitude s'engagea. La route fut longue et rude, à travers les plaines, les montagnes et les forêts. Je pris le temps de repenser à tout ce qu'il s'était passé depuis mon retour sur ma terre natale, une aventure extraordinaire.

       Nous étions arrivés à Solitude tard dans la journée. Je vis de là une sorte d'immense port, avec des bateaux et des marchands, cela me disait quelque chose mais je ne savais pas quoi. Sûrement les images sorties des livres de Hauteroche. Nous passâmes devant la ferme, où je devais retrouver Delphine après avoir rencontré Malborn, mais elle ne semblait pas y être. Je montai l'immense allée, grand chemin de pierres, avant d'arriver devant la grande porte presque dorée de Solitude. Cette ville est le siège de la Légion Impériale de Bordeciel, l'Empereur n'y vit pas mais les personnes voulant rejoindre les rangs des Impériaux doivent se rendre ici pour postuler, plus précisément au Mornefort, où se trouve le Général Tullius, dirigeant de l'Empire en Bordeciel.

      J'entrai dans la ville et fus surpris de voir un attroupement de personnes à l'entrée de celle-ci. Ils étaient tous regroupés devant un Capitaine Impérial, un homme en tunique légère, un billot et un bourreau… Ce devait être une exécution. Une petite fille était dans le troupeau :

« -Ils ne peuvent pas faire de mal à tonton Roggvir, s'inquiéta-t-elle. Dites-leur qu'il est innocent !

   -Svari, tu dois rentrer à la maison, répliqua un homme. Vas-y et reste-y jusqu'à ce que ta mère revienne. »

       Une personne se rendit près de l'accusé :

« En position. »

       Une vieille femme s'approcha de l'homme s'étant adressé à la petite fille :

« -Vous devriez lui dire que son oncle est une vermine qui a trahi le haut-roi. Il vaut mieux qu'elle le sache maintenant, Addvar.

   -Quelle générosité, Vivienne ! »

       Le capitaine prit la parole et s'adressa à l'accusé, prêt à se faire exécuter, tandis qu'un lourd silence parcourait la fosse aux spectateurs :

« -Roggvir. Vous avez aidé Ulfric Sombrage à fuir la ville après que celui-ci ait assassiné le Haut-Roi Torygg. En ouvrant les portes à Ulfric, vous avez trahi le peuple de Solitude.

   -Il ne mérite pas la parole !

   -Il n'y a pas eu meurtre ! cria Roggvir. Ulfric a défié Torryg. Il a vaincu le haut-roi en combat singulier. C'est notre façon d'être ! Telle est la coutume de Bordeciel et de tous les Nordiques !

   -Mensonge ! cria une femme dans le tas. »

       Il posa sa tête sur le billot puis, avant de se faire exécuter, il prononça ses dernières paroles :

« Aujourd'hui… je vais à Sovngarde… »

      La tête roula sur l'estrade dans un silence crépusculaire, puis les passants reprirent leurs activités respectives. Le conflit entre l'Empire et les Sombrages était rude, j'étais certain que les Sombrages auraient clamé la même chose que Roggvir, que ce n'était pas un assassinat mais un défi.

       Après ce froid moment, je décidai d'aller rencontrer Malborn, afin de faire le point avec lui sur le plan de l'Ambassade du Thalmor. J'entrai donc dans l'auberge du Ragnard Pervers, mais je ne savais plus à quoi ressemblait Malborn. Je m'assis à une table à côté d'un homme accroché à sa chope d'hydromel :

« -Connaissez-vous Delphine ? dis-je.

   -Delphine ? Bien sûr ! me répondit-il d'un air un peu soul entre deux gorgées.

   -Très bien, je suis celui qui doit entrer dans l'Ambassade du Thalmor, je viens voir le plan avec vous.

   -Le plan ? Quel plan ?

   -Celui qui me permettra de m'infiltrer chez les Thalmor et de voir si oui ou non ce sont eux qui ramènent les dragons à la vie, voyons.

   -C'est une plaisanterie ? Delphine est ma voisine, elle habite près du Palais Bleu !

   -Quoi ? Je, euh… oui ! Vous m'avez démasqué ! C'était une blague, ha ha… ha… hum…

   -Ah ! Je me disais bien que je n'avais jamais entendu parler de vous.

   -Désolé… Je… je dois partir… »

       Je m'étais trompé… Oui, j'étais peut-être le Dovahkiin mais je ne pouvais pas toujours avoir raison. Personne ne s'était rendu compte de ma gaffe, tout le monde vaguait à ses occupations.Tout à coup, je me souvins que Delphine, la Lame, m'avait parlé de Malborn en Elfe des Bois, un Bosmer. Je regardais autour de moi et vis un Elfe des Bois assit à une table, seul, d'un air patient. Je m'approchai de lui, espérant que ce soit la bonne personne :

« -Nordique.

   -C'est notre amie mutuelle qui m'envoie.

   -Vraiment ? C'est vous qu'elle a choisi ? J'espère qu'elle sait ce qu'elle fait. Ecoutez, je peux vous faire entrer de l'équipement en douce dans l'Ambassade. N'apportez rien avec vous, le Thalmor ne plaisante pas avec la sécurité. Donnez-moi ce dont vous avez absolument besoin et je ferai en sorte de le cacher dans l'Ambassade. Le reste dépend de vous.

   -Quel genre de chose dois-je apporter ?

   -Pardon ?? Elle m'avait promis d'envoyer quelqu'un qui connait la musique… Si vous voulez vous en sortir indemne, prévoyez de quoi vous déplacer en silence ainsi qu'une arme efficace et je vous apporterai tout ça.

   -Je n'ai pas d'équipement discret… Pourriez-vous apporter ces armes et armures?

   -Cela pourrait être suspect de les apporter à la main, non ?

   -Alors mettez cet équipement et ces armes sur vous afin de vous faire passer pour un aventurier.

   -Ce n'est pas une mauvaise idée… Je n'aurais qu'à faire comme si je déposais mon équipement. Très bien, j'apporterai cet équipement à l'Ambassade, je dois y aller. »

      Il enfila l'équipement puis je sortis de l'auberge et me dirigeai vers l'écurie afin d'y retrouver Delphine. Malborn emprunta une autre charrette située plus loin pour se rendre à l'Ambassade. Elle était belle et bien à la ferme, m'attendant :

« -Avez-vous donné à Malborn les choses que vous vouliez faire passer dans l'ambassade ?

   -Oui, Malborn est prêt.

   -Bien. J'ai votre invitation à la réception. Mais le seul moyen de passer les gardes est de figurer sur la liste des invités. Ce qui veut dire que vous devez en avoir l'air, et que vous ne devez porter aucune arme sur vous. Tenez, mettez ça. Je garderai le reste de vos affaires jusqu'à votre retour. Vous n'aurez que ce que Malborn aura fait passer pour vous, plus ce que vous pourrez trouver à l'intérieur. »

       Elle m'avait donné des vêtements de fêtard, de quoi me ridiculiser. Le Fêtard Dovahkiin, joli nom. J'enfilai les vêtements et revins verselle :

« -Hmm. Il faudra se contenter de ça. Vous devriez donner le change sans trop de problèmes, au moins jusqu'à ce que vous ouvriez la bouche. En route pour l'Ambassade ?

   -C'est parti. Gardez le reste de mes affaires pour moi.

   -Ne vous inquiétez pas. Vous retrouverez tout intact à votre retour. Contentez-vous de revenir en vie avec les informations dont nous avons besoin. Bonne chance. »

       J'entrai dans la charrette placée non loin de là, puis je partis dans la nuit, vers l'Ambassade du Thalmor. Pour la première fois, je ne devais pas être le Dovahkiin aventurier dans de dangereuses ruines, mais le Dovahkiin infiltré secrètement chez les Thalmor qui pouvaient être assez dangereux pour ressusciter les dragons.

       J'avais donné à Malborn : l'intégral de mon armure, mes armes, plus précisément mon épée de Lame, des potions et… l'amulette du Dovahkiin.

       J'arrivai devant une grande grille dorée et un bâtiment, l'Ambassade du Thalmor. J'avais ordonné au cocher de rester à sa place afin de repartir le plus vite possible si nous devions nous enfuir dans la précipitation puis me dirigeai vers l'entrée. Un soldat Thalmor m'interpella :

« -Bienvenue à l'Ambassade du Thalmor. Votre invitation je vous prie.

   -Tenez, dis-je en montrant l'invitation.

   -Merci. Entrez. »

      J'entrai dans l'ambassade, bien décorée, dorée et agrémenté de plats en argents, emplie de riches personnes ou importantes personnalités de Bordeciel. Une dame vint à moi dès mon arrivée, elle avait les yeux jaunes, habillée en tunique noire, avec des gants de cette même couleur :

« -Je ne crois pas que nous nous connaissions…. Je suis Elenwen, l'ambassadrice du Thalmor en Bordeciel. Et vous êtes… ?

   -Je suis le Dova… Xerphinn, hum… je suis Xerphinn. C'est un plaisir de vous rencontrer.

   -Ah oui. Je me souviens avoir vu votre nom sur la liste des invités. Parlez-moi un peu plus de vous. Quel bon vent vous amène en Bordeciel ? »

       Je n'avais pas de réponse appropriée mais heureusement, Malborn, qui se trouvait au bar, interrompit la discussion :

« -Madame l'ambassadrice ?

   -Qu'y a-t-il, Malborn ? s'écria-t-elle.

   -C'est que nous sommes à court de vin Alto. Ai-je votre permission pour déboucher cette bouteille de rouge d'…

   -Naturellement ! Je vous ai déjà dit de ne pas m'importuner avec de telles broutilles.

   -Bien, madame l'ambassadrice.

   -Mes excuses. Nous essaierons de faire plus ample connaissance un peu plus tard. Passez un agréable moment. »

       Elenwen s'écarta puis je m'approchai discrètement de Malborn :

« -Que désirez-vous ? me dit-il. Ah, vous avez réussi à entrer, parfait. Dès que vous aurez distrait les gardes, j'irai ouvrir cette porte et nous pourrons poursuivre. Espérons que tout ça se passera bien.

   -Je suis prêt.

   -Bien sûr. Je vais voir s'il en reste une bouteille, dit-il fort pour que tout le monde entende. Je vais attendre près de la porte que tout le monde soit distrait, me chuchota-t-il ensuite. »

       Je compris ma mission, je devais faire en sorte que tout le monde soit distrait, afin que je puisse continuer avec Malborn. Je devais donc trouver quelqu'un ou quelque chose permettant de m'aider, je devais commencer par m'adresser aux personnes présentes dans la salle.

       Je me dirigeai premièrement vers un homme très bien habillé, avec des bijoux et des vêtements raffinés :

« -Elenwen organise toujours des soirées extraordinaires. J'y vais à chaque fois que je le peux.

   -Qu'est-ce qui vous amène à cette réception ? questionnai-je.

   -Vous venez d'arriver en Bordeciel ? Sinon vous sauriez déjà qui je suis. J'ai des investissements dans pratiquement toutes les affaires d'importance, à Solitude. Je pense qu'il est temps de laisser de côté les différends du passé et de laisser la paix et la prospérité s'installer entre l'Empire et le Domaine Aldmeri. J'essaie de faire mon possible dans ce sens… Du reste, entre vous et moi, ça me permet de m'en mettre plein les poches, ha ha ha !

   -Je vois ! dis-je en riant. Vous vous exprimez vraiment comme un homme d'affaires.

   -Vous savez, les Nordiques ne sont pas tous passionnés de force, d'honneur et d'habilité aux armes. Quelques-uns sont nés avec un talent commercial. Mes investissements sont ma force et ma fortune est mon arme. Quant à l'honneur, eh bien disons qu'il y a des luxes que moi-même je ne peux pas m'offrir. »

       Je me dirigeai ensuite vers une femme, plutôt âgée. Je me rendis compte en la voyant de face, que cette femme était la jarl de Morthal, Idgrod :

« -Ce ne sont pas les yeux qui révèlent la véritable nature d'un autre, mais le cœur.

   -Alors, on s'amuse bien ? dis-je ironiquement en souriant.

   -Des visages amicaux et de la bonne nourriture, c'est bien beau, mais l'honnêteté est rarement aussi plaisante.

   -Vous allez souvent à l'ambassade ?

   -Il y a des mots exprimés et des mots tacites. Prenez garde à ces Thalmor, car ce sont des adeptes des deux langues. Pour cette raison, je les évite quand je le peux.

   -D'accord, de toute façon, je ne suis pas ici pour faire la fête, si vous voulez tout savoir… »

       J'allai ensuite vers une femme assise sur un banc, elle aussi, très bien habillée :

« Je crois que c'est la première fois que je vous vois à ce genre d'évènement, et je connais tous les gens importants de Bordeciel. »

       Dans ma tête, je me dis alors qu'elle ne croyait pas si bien dire…    

« -Pour quelle raison êtes-vous à cette réception ? dis-je.

   -J'entretiens mes relations. Au fait, j'ignore qui vous êtes, mais si vous voulez que je garde votre identité secrète, je vous conseille de m'éviter pendant le reste de la réception.

   -Quel genre de relations entretenez-vous avec le Thalmor ?

   -Nous nous respectons mutuellement. Je n'ai que faire des rivalités entre le Thalmor et l'Empire. Mais j'ai du respect pour le pouvoir, et le Thalmor n'en manque pas. Ils me laissent en paix et j'en fais autant. »

       Dans un dernier espoir, j'allai discuter avec un homme assis lui aussi sur un autre banc, se plaignant :

« -Qu'est-ce qu'il faut faire pour avoir un verre, ici ? Ah, pardonnez-moi, je ne savais pas que vous étiez là. Permettez-moi de me présenter : Razelan. Je suis dans l'import-export, mais mon passe-temps, c'est d'observer la nature humaine.

   -Vous avez l'air d'avoir soif.

   -Vous êtes très perspicace ! J'ai une soif formidable que je n'arrive pas à étancher ! Et aucun des serveurs ne m'apporte à boire. Cette garce frigide d'Elenwen a dû leur donner l'ordre de ne plus me servir. Elle a peur que je fasse encore du tapage, j'imagine…

   -Que vous amène-t-il à la réception ?

   -Vous venez sûrement d'arriver dans la région. C'est impoli de poser une question aussi directe lors d'une des petites soirées d'Elenwen. Mais je n'ai rien à cacher. Je viens du sud, je suis là pour les affaires. Et si vous voulez faire affaire en Tamriel, ces temps-ci, vous avez intérêt à caresser les Thalmor dans le sens du poil. Que ça vous plaise ou non.

   -Hum…

   -Pff… Il me faut un verre…

   -Je reviens. »

       J'allai chercher auprès de Malborn une bouteille de Colodvie puis revins en faire don à Razelan.

« -Tenez, je vous ai apporté à boire.

   -Ah, vous êtes la seule personne généreuse au milieu de tous ces grippe-sous et parasites. S'il y a quoi que ce soit que je puisse faire pour vous, n'hésitez pas à me le demander !

   -Puisqu'on en parle, il y a bien quelque chose que vous pourriez faire pour moi...

   -Merveilleux ! Comme ça, je pourrai vous remercier de votre générosité immédiatement. Je vous écoute.

   -Il faudrait que vous fassiez une scène, pour attirer l'attention de tout le monde pendant quelques minutes.

   -C'est tout ? Vous vous adressez à la bonne personne. Faire du tapage, c'est un petit peu ma spécialité… Reculez et admirez le travail. »

      Il se leva et commença un long discours qui détourna l'attention de tout le monde. C'est ainsi que je retournai discrètement auprès de Malborn afin de continuer ma quête. Nous entrâmes dans la petite pièce qui suivait le bar.

« Jusqu'ici, tout va bien. Espérons que personne ne nous ai vus nous éclipser, me chuchota Malborn. Nous devons traverser la cuisine. Votre équipement est caché dans le garde-manger. Restez près de moi et laissez-moi parler, d'accord ? Suivez-moi. »

       Nous étions entrés dans la cuisine mais une Khajiit, sans doute la cuisinière, nous interrompit :

« -Qui est là, Malborn ? Tu sais que je n'aime pas les odeurs étranges dans ma cuisine, dit-elle d'une voix granuleuse.

   -Un convive qui ne se sent pas bien… Il vaut mieux ne pas s'en occuper.

   -De la visite, dans la cuisine ? C'est contraire aux règles…

   -C'est génial, hein, Tsavani ? Au fait, je croyais que c'était interdit de manger du sucrelune. Je devrais peut-être demander à l'ambassadrice…

   -Tss ! Sortez, je n'ai rien vu… »

       Nous arrivâmes enfin au garde-manger :

« -Je vais verrouiller la porte derrière vous. Votre équipement se trouve dans le coffre. Je vous conseille de réussir. Dépêchez-vous. Il faut que je sois de retour avant que l'on ne remarque mon absence.

   -Merci beaucoup, Malborn…

   -Il fallait. Réussissez, et cela aura servi à quelque chose. »

       Je récupérai mon équipement et m'approchai de la porte d'une pièce, où deux soldats Thalmor discutaient. Je pris l'un par surprise mais l'autre s'en rendit compte. Je sortis mon épée de Lame rapidement, celle que j'avais récupérée dans la cachette de Delphine puis dans des mouvements de moulinets, je l'abattis. Un autre soldat me vit, mais je sortis mon arc et lui alignai quelques flèches, ce qui l'abattu sur place.

       Je fouillai l'endroit puis sortis vers la cour centrale de l'Ambassade. Plusieurs soldats y étaient, ils me virent dès mon arrivée et foncèrent sur moi. Ils étaient trop nombreux. Mon armure était résistante, mais pas face à de mauvais sorts… Une idée me vint spontanément. Je les écartai avec un coup d'épée, puis dans un élan de puissance, depuis les entrailles de mes cordes vocales et mon corps, sous la tempête de neige de la plus belle contrée de Tamriel, dans cette atmosphère terrible, et depuis mes veines de dragon, dans la toute-puissance, je criai :

« FUS RO DAH !!! »

       Une force bien plus puissante, sortie des entrailles de mes veines de de dragon, celle du Déferlement, fit s'envoler les Thalmor en l'air et en les plaquantviolemment contre le mur. L'un d'eux fut transpercé par un des piques argentés qui gardaient les murs.

       Le troisième Mot du Cri l'avait transformé d'un petit cri qui déstabilisait l'adversaire, à une puissance si forte, qu'elle pouvait faire voler et valser les ennemis à plusieurs mètres. Mon arc me permit de les abattre pendant qu'ils étaient au sol. Jamais je n'avais vu autant de puissance puiser en moi !

       J'entrai dans l'autre partie du bâtiment puis tuai les soldats qui s'y trouvaient. L'un d'eux était un grand Elfe, qui avait une clé sur lui, je décidai de la récupérer pour plus tard. Je fouillai et trouvai enfin le coffre qui contenait les précieux documents secrets qu'il me fallait. Etant donné que plus personne n'était dans cette pièce, et que je devais reprendre un peu l'énergie puisée lors du Cri, je les lus rapidement. D'abord, un document nommé « Enquête sur les dragons : Etat Actuel ». C'était à coup sûr le document que Delphine cherchait :

« Première émissaire Elenwen,

 

       Nous sommes sur le point d'aboutir dans nos efforts pour démasquer le groupe ou la puissance qui se cache derrière le phénomène de la résurrection du dragon. Un informateur a identifié une piste potentielle, que nous avons fait amener à l'Ambassade pour un interrogatoire complet. Le sujet est obstiné, mais tout indique qu'il tente de cacher l'information que nous cherchons. J'ai autorisé l'usage d'une coercition manuelle intermédiaire ; je pense que cela devrait suffire, sauf bien entendu si vous estimez que le temps presse.

       Je sais que vous voudrez être présente pour l'interrogatoire final, et je vous ferai donc quérir dès que le sujet commencera enfin à se montrer coopératif. Je pense que c'est l'affaire d'un jour ou deux.

       Pendant ce temps, nous vous encourageons à venir observer nos techniques si vous le souhaitez : votre expertise en la matière est toujours la bienvenue. Par souci pratique, j'ai fait enfermer le prisonnier dans la cellule la plus proche de l'escalier de votre bureau.

-- Rulindil, 3 Em. »

       Alors les Thalmor ne faisaient pas des réceptions que pour la bonne visite. Ils emprisonnaient des gens pour enquêter eux aussi sur les dragons. Ce qui signifiait qu'ils n'étaient en aucun cas responsables de leur retour… Cela ne nous avançait pas. Je décidai de lire rapidement le deuxième dossier, qui s'intitulait « Dossier du Thalmor : Ulric Sombrage » :

   « État actuel : agent dormant (peu coopératif), approbation niveau émissaire.

       Description : jarl de Vendeaume, chef de la rébellion des Sombrages, vétéran de la Légion impériale.

       Antécédents : Notre premier contact avec Ulfric a eu lieu au cours de la Première Guerre contre l'Empire, lors de la campagne de la Tour d'or blanc, au moment où il a été fait prisonnier. Nous nous sommes rendu compte de sa valeur potentielle (fils du jarl de Vendeaume) pendant son interrogatoire et il a été désigné comme agent de l'interrogatrice, qui est à présent la Première émissaire Elenwen. On lui a laissé croire lors de son interrogatoire que les renseignements qu'il donnerait seraient essentiels pour la capture de la Cité impériale (la ville était déjà tombée quand il a accepté de coopérer), puis on l'a laissé s'échapper. Le contact établi après la guerre lui a permis de prouver qu'il était un atout de valeur. Le prétendu incident de Markarth a particulièrement été utile du point de vue de nos intérêts stratégiques en Bordeciel, bien qu'il ait débouché sur une nette réticence d'Ulfric en cas de contact direct.

       Notes opérationnelles :

       Le contact direct reste une possibilité (uniquement en cas extrême), mais il vaut mieux considérer cet agent comme dormant. La non-intervention est préconisée tant que l'issue de la guerre civile est indécise. L'incident d'Helgen est un exemple d'exception : la mort d'Ulfric aurait largement augmenté les chances de victoire impériale et donc menacé notre position générale en Bordeciel. (ATTENTION : l'intervention fortuite du dragon à Helgen est encore en cours d'examen. La seule conclusion manifeste est que celui se cache derrière les dragons a également intérêt à ce que la guerre se poursuive, mais nous ne devons pas en déduire que son but est identique au nôtre.) La victoire des Sombrages est également à éviter et nous ne devons donc leur fournir une aide indirecte que dans des circonstances particulières. »

 

      Ulfric Sombrage avait donc d'anciennes relations avec les Thalmor… Etrange. Je lus également le dernier dossier qui se nommait « Dossier du Thalmor : Delphine » :

   « Statut : active (morte ou vive), priorité haute, accord de niveau émissaire

       Signes distinctifs : femme, Brétonne, dans les 50 ans

Antécédents : Delphine était une cible de haute priorité pendant la Première guerre, pour des raisons opérationnelles et politiques. Elle était directement impliquée dans plusieurs des opérations les plus destructrices des Lames au cœur du Domaine. Elle avait été identifiée et devait disparaître dans l'épuration initiale mais par malchance, elle fut rappelée en Cyrodiil juste avant le début du conflit. Pendant la guerre, elle a échappé à trois tentatives d'assassinat, décimant dans l'une d'elle un commando d'assassins au complet. Depuis, nous n'avons que des preuves indirectes de ses mouvements car elle met tout en œuvre pour tromper notre surveillance. Elle est considérée comme extrêmement dangereuse et toute action à son encontre doit être conduite en nombres conséquents et après une planification exhaustive.

     Notes opérationnelles : Nous pensons qu'elle œuvre encore activement contre nous en Bordeciel, bien que nous ignorions où elle se trouve. Elle travaille visiblement seule car nous n'avons relevé aucune activité de Lames dans cette région ; nous savons également qu'elle a tout fait pour éviter les autres Lames en fuite par le passé, pour sa propre sécurité (ce qui explique en partie qu'elle ait échappé à l'élimination). Son obstination à rester en vie est un affront fait à nous tous. Toute information sur ses déplacements ou activités doit être immédiatement transmise au Troisième émissaire. »

     Le passé de Delphine était bien sombre, plusieurs tentatives d'assassinat… Elle n'avait pas que des amis. Même si elle n'en avait déjà pas énormément… Et elle avait même repoussé avec succès toutes ces tentatives.

       Je continuai dans ces couloirs et arrivai sur un escalier, qui menait à une porte verrouillée. La clé que j'avais récupérée sur le corps du Thalmor me permit de l'ouvrir. C'est ainsi que je me retrouvai dans une salle où un soldat thalmor rôdait. Je le tuai de quelques flèches puis descendis vers ce qui semblait être la salle « d'interrogatoire » des Thalmor sans doute, pour ne pas dire « detorture ».

       En descendant, j'entendis une petite voix. Je me dirigeai vers un des cachots et vis un homme attaché à un mur :

« -Je vous l'ai dit, je ne sais rien d'autre à ce sujet, dit-il, les yeux baissés sur le sol.

   -Je ne suis pas ici pour vous torturer, répondis-je.

   -Vraiment ? espéra-t-il en levant la tête. Qu'est-ce que vous voulez ?

   -Pas le temps de vous expliquer, fichons le camp d'ici.

   -Oui, bien sûr, d'accord.Venez. J'ai vu les gardes passer par là pour se débarrasser des corps. Ça doit bien mener quelque part…

   -Qui êtes-vous et que faites-vous ici ?

   -Ils m'ont mis la main dessus à Faillaise. Ils ont l'air de penser que je sais quelque chose. Ils n'arrêtent pas de me poser les mêmes questions.

   -Attendez, vous savez peut-être quelque chose d'important.

   -Certainement. Si ça peut vous aider à les dérouter… Ils cherchent un vieux. Un dénommé Esbern. Une histoire de dragons, d'après ce que j'ai entendu, quand ils croyaient que j'étais évanoui. J'ai vu un type à Faillaise qui pourrait être l'homme en question. Pas de quoi fouetter un chat, je ne sais même pas où il habite, ni son nom. Mais ça a eu l'air de les intéresser. C'est tout. Maintenant, sortons de là.

   -Partez devant. Moi, je n'en ai pas encore fini ici.

   -Pas de problème. Merci de m'avoir sauvé. Je vous dois une fière chandelle. Passez me voir à Faillaise si vous vous en sortez. »

     Il termina sa phrase quand des soldats Thalmor, enragés, arrivèrent brusquement sur le coup.

     Ils étaient deux, non, trois, avec Malborn… :

« -Arrêtez-vous, intrus, vous êtes démasqué, cria un soldat vers moi. De plus, nous tenons votre complice…

   -Non ! Malborn ! Ne le tuez pas !

   -Ne me faites pas de mal ! cria Malborn.

   -Vous n'aurez que votre châtiment… »

       Le soldat lança un sort si puissant qu'il éblouittout le monde dans la pièce, avant d'entendre un cri… Je me jetai alors sur les soldats Thalmor puis juste de mon épée, j'esquivai, je parai, je me retournai, frappais puis transperçai le premier soldat avant de me faire repousser par le deuxième.

      Je reculai fortement, repris l'amulette du Dovahkiin d'un rapide geste, puis sentis une force surhumaine en moi. Dans un élan de vengeance et une inspiration infinie, je criai :

« YOL TOOR SHUL !!! »

       Des flammes en quantité ahurissantes sortirent de mon corps puis allèrent brûler, carboniser l'ennemi, dont les os jonchèrent le sol par la suite.

       J'accourus vers Malborn puis le trouvai au sol, sans vie. Une rage infinie sortit de moi, dans un silence sourd et lourd. Le complice qui m'avait permis de faire tout ça était à présent disparu… à cause de ces satanés Thalmor !

       Le prisonnier, qui ne s'était pas rendu compte de la mort de Malborn, me fit signe que la trappe était verrouillée à clé. J'allai la récupérer sur le corps d'un soldat avant d'aller installer celui de Malborn à l'étage, entouré de fleurs, sur ce qui sera son tombeau, à jamais maintenant…

       Avant de partir, je pris le temps de fouiller l'endroit. A ma grande surprise, je trouvai un dossier dans un coffre, intitulé : « Dossier du Thalmor : Esbern ». Le deuxième dossier qu'il me fallait.

       Nous nous étions introduits dans la trappe qui menait à une grotte. Je compris vite pourquoi les Thalmor envoyaient les corps ici… Un immense troll des glaces y avait élu domicile. Les cadavres devaient lui servir de nourriture. Il était coriace, très coriace. Par une chance incroyable, il fut bloqué par un gros rocher que j'avais fait tomber grâce à la force des flèches de mon arc. Nous n'avions qu'à le cribler de flèches pour l'abattre. Il fut plus facile à tuer que celui des Sept milles marches…

     Nous étions donc sortis à quelques dizaines de mètres de l'entrée principale, par la fente de la grotte, sans doute passage secret des Thalmor. Nos chemins se séparèrent, mais le prisonnier m'interpella avant de partir :

« -Au fait, je m'appelle Etienne Rarnis. Rien ne vous forçait à m'aider… Merci.

   -Pourquoi ne l'aurais-je pas fait ? Enchanté de vous connaître, je suis Xerphinn, ou plutôt, je suis le Dovahkiin, à votre service. »



Chapitre X

 

Dans la Souricière


       Je courus vers la calèche qui m'avait amené ici, puis repartis vers Rivebois. La fatigue m'assaillait…

       En chemin, je me rappelai du dossier que j'avais récupéré à l'intérieur de l'interrogatoire. Je le sortis de ma poche, qui était à présent bien remplie, puis commençai à le lire. Il parlait d'un certain Esbern :

       « Statut : en fuite (capturer vivant), priorité maximale, accord de niveau émissaire

       Description : homme, Nordique, proche des 80 ans

       Antécédents : Esbern était l'un des experts des dragons anciens des Lamesavant la Première guerre contre l'Empire. Il n'était pas un agent de terrain mais nous pensons maintenant qu'il était l'instigateur de la plupart des opérations les plus destructrices des Lames, dans les années qui ont précédé la guerre ; nous parlons notamment de l'incident de Falinesti et de l'évasion massive de la prison de la Rivière bleue. Son dossier est resté en souffrance pendant de nombreuses années, une erreur inexcusable commise par mes prédécesseurs (ils ont été rappelés à Alinor pour y être punis et rééduqués). Ces derniers estimaient, à tort, qu'il ne représentait pas une menace en raison de son âge avancé et de son manque d'expérience sur le terrain. Que ceci nous serve de leçon : tout agent des Lames ne doit être considéré comme une cible de faible priorité sous aucun prétexte. Nous devons les trouver tous et leur faire subir le sort que leur réserve la justice.

     Notes opérationnelles : Comme nous ignorons encore tout des raisons et de la signification du retour des dragons, j'ai décidé de faire de la capture d'Esbern notre première priorité, car il est l'un des experts des dragons anciens des Lames. À mon grand désespoir, nous avons encore beaucoup de retard sur ces derniers dans la connaissance des dragons ; leurs origines akaviroises leur donnent un avantage considérable sur nous, notre savoir n'étant que purement théorique. Les archives du Temple d'Athmodie, considérées comme les plus anciennes et les plus documentées, ont été détruites en grande partie lors du siège. Malgré de nombreux efforts pour récupérer tout ce qui pouvait l'être, il s'est avéré que la majorité des textes concernant les dragons avaient été déplacés ou détruits avant notre attaque. Il est donc évident qu'Esbern est notre meilleure chance d'apprendre pourquoi les dragons sont revenus, d'autant plus que nous ne pouvons ignorer la possibilité que les Lames elles-mêmes soient connectées d'une manière ou d'une autre à cet événement.

       Nous avons récemment appris de source sûre qu'Esbern était encore en vie et qu'il se cachait dans Faillaise. L'interrogatoire d'un témoin oculaire potentiel est en cours. Nous devons faire preuve de la plus grande prudence afin d'éviter qu'Esbern ne se rende compte du danger qui le guette. S'il se trouve en effet à Faillaise, il faut à tout prix l'empêcher de fuir. »

       Mais alors… le Thalmor était peut-être déjà en route vers Faillaise ! Il fallait vite que j'y aille afin d'aller chercher Esbern, seulement, je devais d'abordinformer Delphine de toutes les informations récoltées dans cette soirée.

       Je pris le temps de m'assoupir pendant le voyage. La soirée avait été bien mouvementée, et je repensais à Malborn… Le chemin fut long mais j'arrivai enfin à Rivebois tard dans la nuit. C'est ainsi que je me fis un plaisir d'y retrouver Lydia, qui avait dû rester ici pendant tout ce temps.

       J'allai à l'auberge puis y retrouvai Delphine :

« -Au moins, vous avez réussi à sortir en vie. Comme promis, vos affaires sont dans ma chambre. Vous avez appris quelque chose d'utile ?

   -Le Thalmor ne sait rien au sujet des dragons…

   -Vraiment ? J'ai du mal à le croire. Vous n'avez aucun doute à ce sujet ?

   -Oui, c'est sûr. Ils recherchent un certain Esbern.

   -Esbern ? Il est en vie ? s'écria-t-elle. Je croyais que les Thalmor l'avaient arrêté il y a des années. Ce vieux fou… Mais il est logique que les Thalmor aient voulu le retrouver s'ils veulent eux aussi découvrir ce qui se passe avec les dragons.

   -Qu'est-ce que le Thalmor veut bien vouloir à Esbern ?

-Vous voulez dire, à part tuer toutes les Lames qui leur tombent sous la main ? Esbern était l'un des archivistes des Lames avant que le Thalmor ne nous écrase pendant la Grande guerre. Tout ce que les Lames savaient sur les dragons, c'est de lui qu'elles tenaient. C'était un vrai passionné. Pas grand monde ne faisait attention à lui, à l'époque. En fait, il n'était peut-être pas aussi fou que nous le pensions.

   -Ils semblent penser qu'il se cache à Faillaise.

   -A Faillaise ? Alors il se cache sûrement à la Souricière. C'est là que j'irai voir en premier. Allez à Faillaise. Adressez-vous à Brynjolf. Il connaît… pas mal de monde. C'est déjà un bon moyen de commencer. Oh, et quand vous aurez trouvé Esbern… Vous me trouvez paranoïaque, mais vous aurez du mal à obtenir sa confiance. Demandez-lui juste où il était le 30 Soufflegivre. Il comprendra.

   -Qu'est-il arrivé aux Lames ? Pourquoi êtes-vous en fuite ?

   -Ce qui est arrivé, ce sont les Thalmor. Depuis trente ans, ils mènent une chasse sans merci contre les Lames. Le traité de l'Or Blanc leur a permis d'opérer dans tout l'Empire en toute impunité.

   -« Le Traité de l'Or Blanc » ? Qu'est-ce que c'est que ça ?

   -La Grande guerre… Elle a fini il y a trente ans seulement et c'est déjà de l'histoire ancienne pour tout le monde. Moi, j'ai l'impression qu'elle vient tout juste de prendre fin… J'ai même l'impression qu'elle n'a pas encore pris fin. Mais pour répondre à votre question, le Traité de l'Or Blanc est le joli nom qu'on a mis sur le traité de la paix entre l'Empire et les Thalmor. Il a mis fin à la guerre et a permis à l'Empire de ne pas se battre un jour de plus. Il a aussi foulé au pied le nom sacré de Talos et a autorisé les Thalmor à proscrire son culte dans tout l'Empire.

   -Oh, euh… Une dernière chose… Malborn… n'est plus.

   -Ce n'est pas possible… Merci de m'en informer… et bonne chance pour la Souricière, faites votre devoir… de façon à ce qu'il ne soit pas mort en vain.

   -Merci Delphine, je reviendrai avec Esbern, je vous le promets… »

       J'allai récupérer le reste de mon équipement dans son coffre et profitai de l'instant et du lieu pour acheter des provisions puis me reposer. Le lendemain, je devais aller à Faillaise, chercher Esbern.

       Le jour se levait sur Rivebois et ses alentours. Il fallait que je me dirige vers Faillaise, j'allai donc à Blancherive, chercher le si gentil cocher qui m'avait amené plusieurs fois dans des endroits lointains de Bordeciel. Nous partîmes vers Faillaise, sous la pluie. Faillaise est une ville assez sinistre, il pleut souvent, les nuages sont gris et les voleurs font régulièrement irruption, avec la soit disante guilde… Delphine m'avait dit que je devais m'adresser à un certain Brynjolf, quelqu'un qui pourrait m'aider dans ma quête.

     Nous arrivâmes à la ville à une heure encore inconnue pour moi, car les nuages et la pluie cachaient le soleil. Je me dirigeai vers la porte mais un garde m'interpella rapidement :

« -N'avancez plus. Avant d'entrer à Faillaise, vous devez payer la taxe de séjour.

   -A quoi sert cette taxe ?

   -C'est pour le privilège d'entrer dans la ville. Qu'est-ce que ça peut faire ?

   -C'est manifestement du chantage !

   -D'accord, ne parlez pas si fort… Vous voulez que tout le monde vous entende ? J'ouvre la porte, vous pouvez entrer. »

       Un peu de résistance ne peut faire de mal à personne. Il m'ouvrit la porte et je me retrouvai dans la grande ville. En arrivant, un autre homme, paré d'une belle armure, vint me parler :

« -Je ne vous connais pas. Vous êtes à Faillaise pour chercher des ennuis ?

   -Je ne fais que passer, dis-je en mentant.

   -Ah ouais ? Eh bien, j'ai du nouveau pour vous : il y a rien à voir ici. Les Roncenoir n'ont certainement pas besoin qu'un étranger vienne fourrer son nez dans des histoires qui ne le concernent pas.

   -Qui sont les Roncenoir ?

   -Les Roncenoir ont tout Faillaise dans leur poche et la protection de la Guilde des voleurs, alors ne vous mêlez pas de leurs affaires.

-Et vous ?

   -Moi ? Je suis Maul, je surveille les rues pour eux. Si vous avez besoin de ragots en tout genre, je suis votre homme… mais ce ne sera pas gratuit.

   -Je n'ai pas besoin de vous.

   -Comme vous voulez, mais ne venez pas vous plaindre après… »

       Je me rendis bien compte que tous les habitants de Faillaise étaient, plus ou moins… accueillants. Je continuai à déambuler à travers la ville à la recherche de la personne, mais un autre homme, habillé élégammentvint me parler directement, je compris instinctivementque c'était Brynjolf :

« -Tout l'or que vous trimballez n'a pas été gagné par un travail honnête, pas vrai l'ami ? me dit-il avec l'air le plus calme au monde.

   -En fait, je suis à la recherche de ce vieux bonhomme qui se cache à Faillaise…

   -Les informations, ça se paye, vous savez ? Aidez-moi d'abord et on verra si je peux vous aider en retour. En plus vos poches ont l'air bien légères, je me trompe ?

   -Laissez-moi d'abord le trouver. Les dragons, c'est mauvais pour les affaires…

   -Manquer une occasion en or est pire encore.

   -Hhh… Qu'avez-vous en tête ?

   -J'ai une tâche à accomplir et j'ai besoin d'un coup de main. Et dans mon boulot, le coup de main est bien payé.

   -Que faut-il que je fasse ?

   -C'est simple… Je fais diversion et vous allez dérober l'anneau d'argent de Madesi, dans un coffre situé sous son étal. Une fois l'anneau en votre possession, je veux que vous alliez le déposer dans la poche de Brand-Shei sans vous faire remarquer. »

       J'approchais ma tête de la sienne d'un air sombre :

« -Je suis le Dovahkiin, mon destin n'est pas de jouer au voleur…

   -Désolé… J'ai le nez pour ce genre de choses d'habitude. Oubliez tout ça, l'ami. Revenez me voir si vous changez d'avis. »

       C'était définitif, je détestais Faillaise. Si je comprenais bien, il me proposait de voler un objet pour le remettre dans la poche de quelqu'un d'autre sans me faire repérer pendant qu'il faisait une diversion pour obtenir l'emplacement d‘Esbern. C'était un plan plus que risqué. La destinée de l'Enfant de dragon n'était sûrement pas d'enfreindre la loi. Brynjolf repartit vers son étale, dans le marché central de Fallaise, essayant de vendre une sorte de potion qu'il nommait l'Elixir de Falmer, pouvant, soit disant, guérir la cécité ou d'autres maladies.

       Je décidai alors de ne pas recourir à l'aide de Brynjolf et de demander à quelqu'un d'autre. Je me dirigeai vers un pauvre homme, ni foyer, ni de quoi se nourrir :

« -Bonjour, savez-vous où je peux trouver la Souricière ?

   -Soif… J'ai… soif…

   -Tenez, prenez ces gourdes et ces quelques septims.

   -Merci, c'est très aimable, vous me rappelez quelqu'un qui était venu un jour à Faillaise…

   -Désolé, mais je suis pressé, où se situe la Souricière ?

   -Prenez le petit pont, descendez les escaliers puis prenez la première porte, vous y serez.

   -Merci beaucoup.                                

   -Faites attention là-dedans… Il y a des gens pas nets à l'intérieur… »

       Je me dirigeai là où se trouvait la porte puis j'entrai, avec Lydia, dans les profondeurs de la Souricière. Dès notre arrivée, des bandits nous attaquèrent, des bandits assez vulgaires d'ailleurs… Nous les tuâmes sans problème puis continuâmes notre chemin. Les allées étaient sombres, emplies de bestioles. Le chemin était jonché de pièges et des personnes semblaient avoir élu domicile dans certaines de ces pièces. Le chemin ressemblait à un vrai labyrinthe. Des ragnards, mêmes gros rats qu'au Tertre des Chutes Tourmentées, et bandits nous rencontraient à chaque coin de chemin, mais leur expérience était bien inférieure à la nôtre.

       A un moment, nous rencontrâmes une salle très étrange. Au centre, un puits de lumière éclairait ce qui semblait être une hache plantée dans un tronc, recouverte de sang. Nous suivîmes la route sans nous en soucier réellement. Une salle, où nous étions arrivés, conduisait à plusieurs chemins. Tous nous ramenaient au début à notre point de départ… sauf un. Une porte se présenta, je la poussai et découvris où j'étais. Je l'avais lu dans les livres, j'étais accidentellement entré dans la Guilde des voleurs.

       Plusieurs personnes y étaient, mais elles ne semblaient pas m'en vouloir. Non très serein, sentiment que je cachais, je me dirigeai vers ces personnes, puis parlaià l'un d'entre-eux :

« -Ne causez pas d'ennuis, ou je demanderai à Funeste de vous « raccompagner ».

   -Je suis à la recherche d'un vieux bonhomme qui se cache quelque part à Faillaise.

   -Hein ? Ce n'est pas les vieux hommes qui manquent, ici. Je ne sais pas comment je pourrais vous aider.

   -Il faut que je lui parle. C'est un ami, et sa vie est en danger.

   -Quelle histoire touchante. Maintenant hors de ma vue. Bonne journée. »

       Ce fut très chaleureux. J'allai donc parler à un autre homme :

« -Vekel n'aime pas que les étrangers fouinent autour de la Souricière, me dit-il. Je peux vous aider ?

   -Je suis à la recherche d'une vieille personne qui se cache à Faillaise.

   -Intéressant. Qu'est-ce que ça peut me faire ? Vous voulez un verre ou seulement quelques os brisés ?

   -Bon d'accord… Peut-être que ceci pourra vous aider à retrouver la mémoire… dis-je en lui tendant quelques septims.

   -Vous savez quoi ? Je crois que je connais ce type dont vous parlez. Il habite quelque part dans les Galeries de la Souricière. Il faut être fou ou désespéré pour vivre là-bas. Ou peut-être les deux.

   -Le vieux bonhomme qui se cache par ici… où habite-il exactement ?

   -Dans les Galeries de la Souricière. C'est sympa comme endroit, si vous n'avez rien contre la puanteur, les rats et les variétés de crapules qui font office de voisins.

   -Merci.

   -A la prochaine fois. »

       Les gens de la Guilde des voleurs étaient à la fois gentils, mais également très brutaux et directs. Il pointa du doigt une porte puis je m'aventurai à l'intérieur de celle-ci.

       En arrivant, je fus surpris de voir des Thalmor qui rôdaient dans ces allées. Nous nous étions cachés :

« -Ils ont été plus rapides que nous, chuchotai-je à Lydia.

   -Il va falloir s'en débarrasser… »

       Ils semblaient avoir eux-aussi la détermination de trouver Esbern. Je tuai furtivement certains d'eux sans que les autres ne s'en rendent compte. Mais un soldat semblait plus puissant, plus grand, plus fort que les autres, sûrement le chef de l'opération.

       Après quelques secondes d'acharnement passé furtivement à l'arc, il ne restait plus que lui, mais il nous repéra rapidement, sûrement à cause des corps qui gisaient au sol. Il jeta une boule de feu d'une puissance magnifiquesur Lydia, ce qui la blessa et la fit tomber à terre. Je me précipitai donc face à ce Thalmor, l'affrontantau corps à corps. Je le plaquai au sol puis me mis sur lui afin de l'empêcher de bouger. Je rangeai mon arme. Je lui attribuai un coup de poing :

« Celui-là, c'est pour avoir enfermé Etienne Rarnis ! »

       Je lui mis par la suite un autre coup :

« Celui-là, c'est pour avoir blessé Lydia ! »

       Je pris la dague de son compagnon en main puis criai :

« Et celui-là… C'est pour Malborn !!! »         

      C'est en poussant ce cri que je plantai la dague dans son cœur… Je me retournai vers Lydia, qui semblaitimpressionnée de cet acte :

« -Eh bien… Il ne faut pas vous énerver…

   -Maintenant… ils sont pardonnés… enfin presque… »

       Je donnai à Lydia une potion de soin pour la guérir puis nous reprîmes la route. Nous suivions les couloirs et salles avant de trouver une pièce où se situait une table sur laquelle s'amassait sacs d'or et butins. Etant donné que personne n'était là, et que tout ce butin devait appartenir à des brigands, je me servis. Mes poches furent bien remplies après cela…

       Nous arrivâmes par la suite vers une porte qui menait à une autre partie de la Souricière. J'entrai puis vis curieusement au loin, une autre porte, blindée cette fois-ci, qui disposait de plusieurs verrous. C'était un lieu parfait pour se cacher en sécurité où l'on pouvait vivre longtemps… Entre-autre, sans aucun doute l'habitat d'Esbern.

       Des personnes complètement folles résidaient dans ces quartiers. Je me dirigeai vers cette porte et essayai de l'ouvrir, mais impossible. C'est alors qu'un vieillard ouvrit le judas de celle-ci afin que je ne puisse voir que sesyeux :

« -Allez-vous-en ! cria-t-il.

   -Esbern ? Ouvrez la porte, je ne vous veux pas de mal.

   -Pardon ?! Non, vous vous trompez... Je ne suis pas Esbern. Je ne vois pas de quoi vous parlez.

   -Tout va bien, c'est Delphine qui m'envoie.

   -Delphine ? Mais comment vous… Alors vous l'avez trouvée et elle vous a donné mon adresse. Et me voilà, fait comme un rat.

   -Delphine a besoin de votre aide pour stopper les dragons.

   -Vraiment ? Elle a enfin ouvert les yeux, alors ? Vous feriez bien d'entrer pour me dire comment vous m'avez trouvé et ce que vous me voulez. »

       Esbern commença à déverrouiller la grande porte. Je me rendis compte, au son, qu'elle ne comportait pas moins d'une dizaine deserrures… Le vieillard finit enfin pardéverrouiller la porte après une longue minute. J'entrai donc dans le petit abri douillet d'Esbern :

« -Delphine continue donc le combat, après toutes ces années… Je pensais qu'elle aurait fini par réaliser que c'était sans espoir. J'ai tenté de lui faire comprendre, il y a bien longtemps…

   -Comment ça, c'est sans espoir ?

   -Vous n'avez pas encore compris ? Que vous faut-il pour réaliser enfin ce qui se passe ? Alduin est revenu, comme l'annonçait la prophétie ! Le dragon du crépuscule des temps, qui dévore les âmes des morts ! Personne n'échappe à son appétit de puissance, ici comme dans l'au-delà ! Alduin dévorera toutes les choses et le monde s'éteindra. Rien ne peut l'arrêter !! Absolument rien ! J'ai essayé de les prévenir. Personne ne voulait m'écouter. Imbéciles. Tout s'est avéré… je n'avais plus qu'à regarder notre fin approcher…

   -Alduin… c'est le dragon qui ramène les autres à la vie ?

   -Oui ! Oui ! Vous voyez, vous le savez, mais vous refusez de comprendre !

   -Vous voulez parler de la fin du monde au sens littéral ?

   -Absolument. Tout était écrit. La fin a commencé. Alduin est revenu. Seul un Enfant de dragon peut l'arrêter. Mais cela fait des siècles qu'aucun Enfant de dragon ne s'est manifesté. Les dieux semblent s'être lassés de nous. Ils nous ont abandonnés à notre triste sort, entre les mains d'Alduin le Dévoreur de mondes.

   -Ce n'est pas sans espoir, Esbern… Je suis Enfant de dragon. »



Chapitre XI

 

Le Mur d'Alduin


« Comment ? Vous seriez… est-ce possible ? Vous, Enfant de dragon ? Alors... l'espoir renaît ! Les dieux ne nous ont pas abandonnés ! Il faut… il faut… Il faut partir, et vite. Conduisez-moi à Delphine, nous avons tant à nous dire. Mais, attendez… un instant… que je rassemble deux trois choses… »

       Alduin ramenait les autres dragons à la vie… et sa puissance ne devait être affrontée par personne, sauf moi… Le Dovahkiin.

       Je pris donc le temps de visiter son charmant petit endroit, avec pas mal de livres, c'est sûr, c'est un des meilleurs moyens de s'occuper. Il finit de se préparer puis nous étions repartis pour sortir de cet endroit immonde. Esbern connaissait mieux les passages, il passa donc devant. Nous avons fait le chemin dans le sens inverse, en courant, sous les yeux des membres de la Guilde des voleurs. D'ailleurs, l'endroit où résident ces membres s'appelle la Cruche Percée, un nom qui s'accorde très bien avec le contexte ! Mais ce n'est pas ici qu'ils stockent tout leur butin… C'est dans un autre lieu, secret…

       Nous étions enfin ressortis de cet enfer après quelques minutes de course. Esbern fut infiniment ébloui par la lumière du soleil, il lui fallut de très longues minutes pour s'y habituer. Nous étions sortis de la ville, puis avons pris la charrette pour nous rediriger vers Rivebois... Sur le chemin, j'en profitai pour poser quelques questions à Esbern :

« -Oh… euh… Que s'est-il passé le 30 Soufflegivre ?

   -Il a fait froid ce jour-là. A la fin de Soufflegivre, on approche de l'hiver dans les montagnes de Jerall. Nous avons appris la nouvelle à Athmodie, un messager tout droit venu de la Cité Impériale. Le 30 Soufflegivre 171. Il y a trente ans. Cette date marqua le début de la Grande Guerre. L'ambassadeur du Thalmor imposa un ultimatum à l'Empereur Titus Mede : il devait lui livrer la tête de chaque agent des Lames se trouvant sur le domaine Aldmeri. Ce jour-là, j'ai su que la fin était proche.

   -Pourquoi est-ce que les Thalmor ont tellement envie de vous retrouver ?

   -Eh bien, parce qu'ils traquent toutes les Lames depuis la Grande Guerre, par principe. Pour ce qui est de mon cas, en particulier… je pense qu'ils ont commencé à entrevoir ce qu'implique le retour des dragons. Je ne pense pas qu'ils souhaitent la fin de ce monde plus que nous. Mais ils préfèreraient tout de même que ce soit à leur manière. »

       Nous arrivâmes à Rivebois après un voyage sans trop de péripéties. Lydia, Esbern et moi nous dirigions vers l'auberge où nous retrouvâmes Delphine. Esbern fut stupéfait :

« -Delphine ! Comme c'est… bon de vous revoir. Ça fait… longtemps…

   -Contente de vous voir également, Esbern. Cela faisait longtemps, mon ami. Trop longtemps. Parfait, vous avez réussi, me dit-elle, et il ne vous est rien arrivé. Venez, je connais un endroit où nous pourrons parler. Orgnar, occupe-toi du bar une minute, tu veux bien ?

   -Oui, bien sûr, répondit-il. »

       Nous allâmes dans la chambre de Delphine et une longue conversation entre elleet Esbern commença, pleine de bonnes surprises :

« -Bon. J'imagine que vous êtes au courant de…

   -Oh oui ! L'Enfant de dragon ! Bien sûr, dit Esbern. Cela change tout, bien évidemment. Il n'y a plus de temps à perdre. Nous devons localiser… je vais vous montrer. Je suis sûr de l'avoir mis par ici…

   -Esbern, qu'est-ce…

   -Donnez-moi… juste un instant… dit-il en sortant un livre de ses affaires. Ah ! Le voilà. Venez, je vais vous montrer. Vous voyez, juste là. Le Temple d'Havreciel, construit près de l'un des principaux camps militaires akavirois de la Crevasse, pendant leur conquête de Bordeciel.

   -Vous comprenez de quoi il parle ? me chuchota Delphine d'un air peu convaincant.

   -Shh ! s'écria Esbern. C'est là qu'ils ont construit le Mur d'Alduin, pour graver dans la roche la somme de leur savoir sur les dragons. Un rempart contre l'oubli. Sage idée en ces temps troublés. A cette époque, le Mur d'Alduin était considéré comme une des merveilles du monde antique. On en a cependant perdu toute trace.

   -Esbern, où voulez-vous en venir ?

   -Comment ça… ne me dites pas que vous n'avez jamais entendu parler du Mur d'Alduin ? Aucun d'entre vous ?

   -Admettons que non, interrompit-elle. Qu'est-ce que le Mur d'Alduin et en quoi peut-il permettre d'éliminer les dragons ?

   -Le Mur d'Alduin regroupe tout le savoir des Lames au sujet d'Alduin et de son retour. Il mêle histoire et prophétie. Son emplacement était perdu depuis des siècles, mais je l'ai retrouvé, il n'était donc pas perdu, juste oublié. Les archives des Lames possèdent tant de secrets… Je n'ai pu en sauver qu'une infime partie.

   -Donc, vous pensez que le Mur d'Alduin nous apprendra comment vaincre Alduin ?

   -Eh bien… oui. C'est possible. Nous en serons sûrs après l'avoir trouvé.

   -C'est donc le Temple d'Havreciel. Je savais que vous auriez quelque chose pour nous, Esbern. Je connais la région de la Crevasse dont parle Esbern, me dit Delphine, près de ce qui s'appelle aujourd'hui Karthecime, dans les gorges de la Karth. On peut se retrouver là-bas, ou voyager tous ensemble, comme vous voulez.

   -Allons-y ensemble. Vous êtes prête ?

   -Toujours prête. En route pour Karthecime. »

       Delphine remonta l'escalier de sa chambre puis fitses adieux au tenancier du bar :

« -Orgnar, ça y est. L'auberge est à toi. Je ne reviendrai sûrement jamais ici.

   -Eh bien, voilà qui donne à réfléchir, répondit-il.

   -Prends soin de toi, Orgnar. Adieu.

   -Oui… d'accord. Vous aussi, Delphine, prenez soin de vous. »

       Sur ces belles paroles, nous sortîmes de l'auberge pour nous diriger vers le Temple d'Havreciel.

« -Attendez, fis-je. Je connais un cocher très sympathique près de Blancherive, il sera sans doute d'accord pour nous amener au moins à Markarth.

   -Bonne idée, conduisez nous à ce cocher, Enfant de dragon. »

       Nous allâmes à sa rencontre puis nous partîmes ainsi tous ensemble, Esbern, Delphine, Lydia, le cocher et moi, pour Markarth. Cette ville est située à l'extrême est de Bordeciel, dans une région nommée la Crevasse. Markarth est une ville que je déteste particulièrement, elle n'inspire aucune confiance et son slogan non plus : « Le sang et l'argent coule à flot, à Markarth », charmant. Elle fut bâtie, d'après les rumeurs, par les Nains, plutôt appelés, les Dwemers. Cette espèce est considérée comme la plus intelligente de tout Tamriel, malgré le fait qu'elle soit disparue… Les Dwemers ont laissé derrière eux toutes les merveilles de la nouvelle magie, la mécanique.

       Nous étions enfin arrivés devant la ville de pierresaprès une nuit de voyage. Nous n'avions pas le temps d'entrer dans celle-ci. Nous étions donc partis vers le Temple d'Havreciel aussitôt notre arrivée.

       Nous suivîmes tranquillement la route mais nous tombâmes rapidement et par surprise nez-à-nez devant un monstre du ciel, incroyable stupéfaction, un des hérauts de la fin des temps, un dragon.

       Il n'était pas comme les autres, il paraissait plus puissant. Il nous attaqua à coup de flammes et boules de feu. Il était fort, mais à quatre contre un, on pouvait résister.

       Nous le bombardâmes de flèches, il décrivait des cercles autour de nous, tout en nous assaillant. Il semblait étrangement s'attaquerà d'autres que nous, au loin. Sûrement des Parjures, des sauvages qui vivent dans la Crevasse. Ils étaient là bien avant les Nordiques, mais sont loind'être aussi sympathiques. Nous nous concentrions principalement sur l'aile gauche du dragon afin de l'obliger à se poser au sol.

       Après de longues minutes face aux flammes, nous avons réussis à le plaquerau sol. Il fut forcé de se défendre à coups de boules de feu. Il était placé de l'autre côté de la rivière. Ses boules de feu me blessèrent à plusieurs reprises. La magie développée d'Esbern m'impressionnait.

       Tout à coup, il se mit à pleuvoir. Un coup du sort favorable qui permit d'éteindre rapidement les boules de feu. Il n'avait plus de quoi se défendre, sauf ses crocs, mais il était trop loin, en quelques secondes il fut achevé glorieusement, sous quatre grandes flèches qui le transpercèrent en même temps.

   En passant par le pont, nous nous précipitâmes vers le dragon étalé au sol, qui commençait à s'évaporer en ma présence. Je pus absorber sa puissance, sa connaissance et son âme. Ce fut un moment magique pour moi, avant d'entendre une flèche ricocher sur mon armure, puis deux, puis trois, puis plusieurs… D'un coup, je vis une trentaine de Parjures éloignés, accourir vers nous. Il s'avérait impossible de tous les tuer :

« -Foncez vers la grotte ! criai-je. Vite ! »

       Nous nous étions dirigés très rapidement à l'intérieur, et les Parjures ne nous avaient pas suivis.

       Nous étions enfin à l'entrée de la grotte, des parjures y avaient élu domicile. Nous les tuâmes sans qu'ils n'opposent trop de résistance et continuâmes le chemin avant d'atteindre une structure ancienne faites de pierres craquelées. Trois piliers était dressés face à nous, et à notre gauche, un pont, qui devait sûrement s'abaisser en trouvant à la bonne combinaison.

« -Voilà qui est prometteur, murmura Delphine.

   -Oui, s'écria Esbern. C'est une construction akaviroise, j'en suis certain.

   -Il faut que nous abattions ce pont. Ces piliers y sont sûrement pour quelque chose.

   -Oui, ce sont des symboles akavirois, reprit Esbern. Voyons… il y a le symbole du « roi »… et celui du « guerrier »… Et bien sûr le symbole de « l'Enfant de dragon ». Il est reconnaissable par cette espèce de flèche pointant vers le sol. »

       Je tournai alors les trois piliers sur les symboles de l'Enfant de dragon puis le pont s'abaissa de lui-même. Nous avons donc pu continuer vers une salle jonchée de plaques gravées au sol. Sur certaines d'entre elles, il y avait le symbole du roi, surd'autres, celui du guerrier, et enfin sur les restantes, le symbole de l'Enfant de dragon. Je décidai de tirer une flèche sur une des plaques du roi puis une explosion survint du fond de la salle. A cet endroit, je vis une petite chaînette, et à notre droite ce qui semblait être un pont qui était remonté.

« -Il faut sans doute que je marche sur les plaques de l'Enfant de dragon pour pouvoir aller activer la chaîne au fond et donc pouvoir vous faire passer et abaisser ce pont.

   -Essayez toujours, pour voir. Mais prenez garde, Enfant de dragon. »

       Je posai mon pied sur une des plaques de l'Enfant de dragon et rien ne se passa. Les plaques semblaient faire un chemin parmi les autres. Je le suivis et parfoismanquai presque de marcher sur une mauvaise plaque en craignant de déclencher uneexplosion. J'atteignis enfinla chaîne et l'activai. Toutesles plaques se bloquèrent et le pont s'abaissa.

« Oui, oui ! Je crois que nous nous approchons de l'entrée, s'écria Esbern. »

       Effectivement, après avoir traversé les couloirs du temple, nous nous retrouvâmes face à une immense salle éclairée par un puits de lumière avec en son centre, un coffre, et au fond, un symbole étrange présent sur le sol, et un peu plus loin, un mur surmonté d'une grande tête en pierres anciennes.

« Magnifique ! s'écria Esbern. Et remarquablement conservé. Ah, voilà le « sceau hématique ». Un nouvel exemple d'art akavirois. Il s'ouvre normalement avec… bah, du sang. Votre sang Enfant de dragon. »

       Esbern et Delphine observèrent l'endroit, puis je m'approchai du sceau. Je pris ma dague, et y fis couler un peu de mon sang. Instantanément, une lumière éblouissante sortitde la gravure et la tête présente sur le mur s'ouvrit, ce qui permit de nous laisser entrer dans le fameux Temple d'Havreciel.

« Après vous, Enfant de dragon. Il est normal que vous entriez en premier dans le Temple d'Havreciel. »

       Nous nous précipitâmes dans le temple puis arrivâmes dans une autre immense pièce, ou se trouvait, une table, des escaliers, des portes, et un grand mur, gravé, le Mur d'Alduin :

« -Par Shor ! Le voilà ! s'écria Esbern. Le Mur d'Alduin… si bien préservé… je n'ai jamais vu de bas-relief akavirois de l'Ere Seconde aussi finement sculpté…

   -Esbern, dit Delphine. Nous avons besoin de renseignements, pas de cours d'histoire de l'art.

   -Oui, oui. Voyons ce que nous avons-là… Regardez, voilà Alduin ! Ce panneau renvoie à l'époque où Alduin et le Culte du Dragon régnaient sur Bordeciel. Là, les humains se révoltent contre leurs suzerains, c'est la célèbre Guerre draconique. La défaite d'Alduin est la pièce centrale du mur. Regardez, ici, il tombe du ciel. Les Parleurs Nordiques, ou les Maîtres de la Voix, se sont déployés pour le vaincre.

   -Et alors ? Est-ce que ça prouve qu'ils l'ont vaincu ? Est-ce que ce n'est pas pour ça que nous sommes ici ? questionna Delphine.

   -Patience, très chère. Les Akavirois n'étaient pas les plus directs. Tout n'est pour eux qu'allégorie et symbole mythique. Oui, oui. Ces vrilles, sortant de la bouche des héros Nordiques… C'est ainsi que les Akavirois symbolisaient un « Cri ». Mais… rien de précis comme type de cri. J'imagine que celui-ci est lié aux dragons où même à Alduin.

   -Vous voulez dire qu'ils ont utilisé un cri pour vaincre Alduin ? C'est certain ?

- Hmm ? Oh, oui. Ils n'auraient sans doute pas donné autant de relief au cri s'il n'était pas primordial. N'oubliez pas, ce mur devait servir de mémoire aux futures Lames. Rien n'est laissé au hasard.

- Alors nous sommes à la recherche d'un cri. Mince… »



Chapitre XII

 

La Gorge du Monde


       Delphine se dirigea vers moi :

« -Vous avez déjà entendu une chose pareille ? Un cri qui peut faire tomber un dragon du ciel ?

   -Non, je n'ai jamais entendu parler de ça.

   -C'est la réponse que je craignais. Tant pis, nous demanderons de l'aide aux Grises-Barbes. J'espérai les tenir en dehors de tout ça, mais nous n'avons pas le choix.

   -Je demanderai à Arngeir s'il sait quel Cri ils ont utilisé.

   -Bien, c'est une bonne chose qu'ils aient choisi de vous accepter. Ça n'aurait sûrement pas été le cas pour moi ou Esbern. Nous allons inspecter le Temple d'Havreciel pour voir ce que les Lames d'autrefois ont laissé pour nous. Je n'aurais pas pu espérer une meilleure cachette. Que Talos vous protège, Dovahkiin.

   -Regardez, s'écria Esbern, ici, sur le troisième panneau. La prophétie ayant au départ conduit les Akavirois en Bordeciel, à la recherche de l'Enfant de dragon. Là, ce sont les Akavirois, les Lames, on remarque leurs longues épées distinctives. Ils s'agenouillent maintenant, car la mission est terminée : le dernier Enfant de dragon élimine Alduin lors de la fin des temps. Vous écoutez, Delphine ? Vous pourriez bien apprendre quelque chose. Je connais la prophétie par cœur. Autrefois, tous les Lames la connaissaient :

« Lorsque l'anarchie gagne les huit extrémités du monde

   Lorsque marche la Tour de cuivre et que le temps est remanié

   Lorsque le triplement béni échoue et que la Tour rouge tremble

   Lorsque que le souverain Enfant de dragon perd son trône et que la Tour blanche tombe

   Lorsque la Tour enneigée est démolie, sans roi, maculée de sang

   Le Dévoreur de mondes s'éveille et la roue tourne vers…

   -… le dernier Enfant de dragon. » complétais-je. Je l'ai lue dans le livre dans la chambre de Delphine.

   -Bon, je vais inspecter un peu les environs, intervint Delphine, histoire de voir ce que les Lames d'autrefois ont laissé pour nous.

   -Oui… oui, c'est une excellente idée, Delphine. Qui sait quels autres trésors nous allons encore découvrir. »

       Delphine et Esbern se séparèrent dans la grande pièce pour explorer les lieux et pour chercher d'autres traces des Akavirois. Cet antre était très grand et sombre, il y avait des escaliers qui semblaient mener à des portes en hauteur. J'ouvris celles-ci puis arrivai dans une grande cour extérieure, en haut de la montagne. Des morceaux de pierres anciennes, datant des Akavirois se trouvaient au sol. Je pus admirer une vue imprenable sur la vallée et les cascades magnifiques de la Crevasse. Après cela, je descendis de lamontagne car je connaissais ma quête, aller demander aux Grises-Barbes quel Cri les Parleurs Nordiques avaient utilisélors de la bataille contre Alduin.

       Je me redirigeai vers Markarth afin d'y trouver le cocher, qui nous ramena vers le chemin des Grises-Barbes. Je pus donc lesretrouver en haut de leur montagne. Une chose attirait particulièrement mon attention. Dans la cour, il y avait une tour, et à côté de celle-ci une sorte de grand portail, impossible de voir derrière, des vents et des brouillards épais le recouvrait.

       Certains pensaient que le Haut Hrothgar était le sommet de la montagne mais elle était bien plus haute en réalité. Nous rentrâmes dans le bâtiment et retrouvâmes les Grises-Barbes. Arngeir était assis près de la table à manger :

« -Le ciel au-dessus, la Voix au-dedans, me dit-il d'une voix calme.

   -Je dois apprendre le cri utilisé pour vaincre Alduin.

   -D'où tenez-vous cela ? reprit-il d'un tout autre air. Qui vous en a parlé ?

   -C'était inscrit sur le Mur d'Alduin.

   -Les Lames ! Bien sûr. Ils adorent se mêler de ce qu'ils sont incapables de comprendre. Leur arrogance démesurée ne connaît pas de limites. Ils ont toujours cherché à détourner l'Enfant de dragon de la voie de la sagesse. N'avez-vous donc rien appris de nous ? Souhaitez-vous simplement être le pantin des Lames et servir leur cause ?

   -Les Lames veulent juste vaincre Alduin. Pas vous ?

   -Ce que je souhaite importe peu. Ce cri a autrefois été prononcé, et regardez où nous en sommes. Avez-vous envisagé qu'Alduin ne puisse être vaincu ? Ceux qui l'ont jadis renversé n'ont fait que repousser le jour du jugement final, sans pour autant l'empêcher. Si le monde doit s'éteindre, qu'il s'éteigne. Il renaîtra.

   -Donc, vous refusez de m'aider ?

   -Non. Pas pour le moment. Pas avant que vous n'ayez regagné la voie de la sagesse. »

       Sur ces mots froids, la discussion prit fin. J'étais déçu de ne pas pouvoir compter sur l'aide des Grises-Barbes. Seulement, un autre membre des Grises-Barbes se leva et se dirigea vers Maître Arngeir. Le Haut Hrothgar se mit à trembler puis il commença à énumérer des mots de la langue draconique :

« Arngeir. Rok los Dovahkiin, Strundu'ul. Rok fen tinvaak Paarthurnax. »

       Après cela, Maître Arngeir revint vers moi :

« -Enfant de dragon… attendez. Pardonnez-moi. Je me suis montré… excessif. J'ai laissé mes émotions affecter mon jugement. Maître Einarth m'a rappelé à l'ordre. La décision de vous aider ou pas ne me revient pas.

   -Alors, vous pouvez m'enseigner ce Cri ?

   -Non. Je ne peux vous l'enseigner, car je ne le connais pas moi-même. On l'appelle « Fendragon », mais ses Mots de puissance nous sont inconnus. Ce n'est pas une grosse perte. Le Fendragon n'a pas sa place au sein de la Voix.

   -Je pensais que vous connaissiez tous les Mots de puissance.

   -Pas le Fendragon. Le savoir lié à ce cri a disparu avec le temps, et ce, bien avant l'histoire de l'homme. Seuls ses créateurs l'ont peut-être connu. Mais vous en parler n'entre pas dans mes prérogatives

   -Qu'est-ce que le Fendragon a de si terrible ?

   -C'est le fruit de ceux qui avaient subi l'inimaginable cruauté du culte d'Alduin. Ils dédient leur vie entière à la haine des dragons et ont déversé toute leur colère et leur haine dans ce cri. Lorsque vous apprenez un cri, vous l'enfouissez jusqu'au tréfonds de vous-même. Dans un sens, vous devenez le cri. Pour apprendre à le maîtriser, vous devez faire entrer ce mal en vous.

   -Si le secret du Cri a été perdu, comment pourrai-je vaincre Alduin ?

   -Seul Paarthurnax, le maître de notre ordre, peut répondre à cette question, s'il accepte.

   -Qui est Paarthurnax ?

   -Il est notre maître. Il maîtrise la Voix mieux que chacun d'entre nous.

   -Pourquoi n'ai-je pas encore rencontré Paarthurnax ?

   -Il vit reclus au sommet de la montagne. Il s'adresse rarement à nous et encore moins à des étrangers. Pouvoir s'entretenir avec lui est un grand privilège.

   -Comment puis-je atteindre le sommet de la montagne pour le voir ?

   -Seuls ceux dont la Voix est assez puissante peuvent trouver le chemin. Venez, nous allons vous enseigner le cri permettant d'ouvrir le chemin vers Paarthurnax. »

       Nous sortîmes tous, puis nous dirigeâmes vers la porte toujours enrobée de brouillard. Arngeir se mit au pied de l'escalier qui se trouvait tout près :

« Le chemin vers Paarthurnax se trouve derrière cette porte. Je vous enseignerai comment l'atteindre. »

      Il se mit en position, puis prononça doucement ces mots :

« Lok… Vah… Koor… »

       Trois inscriptions draconiques apparurent au sol. Je leslus les uns après les autres. J'avais appris un nouveau cri :

« -Vous allez profiter de ma connaissance du Ciel Dégagé. C'est notre dernier présent, Enfant de dragon. Faites-en bon usage. Le Ciel dégagé chassera les brumes, mais temporairement. Le chemin menant à Paarthurnax est périlleux, mieux vaut s'y aventurer en connaissance de cause. Ne vous arrêtez pas surtout pas, concentrez-vous et vous atteindrez le sommet.

   -Merci beaucoup, Maître Arngeir, j'irai parler à Paarthurnax, et trouverai le moyen d'arrêter Alduin.

   -Ne soyez pas si enthousiaste… »

       Je pus absorber ses connaissances du Cri « Ciel Dégagé ». Je montai les escaliers puis me retrouvai face à face avec la porte et ses brumes. Je sentais ses morceaux de glace et son vent me fouetter le visage. Je me mis en position, puis en allant chercher au plus profond de mes entrailles, je criai :

« LOK VAH KOOR !!! »

       Un bruit de tonnerre éclata, puis la brume face à moi disparut, m'ouvrant un large passage. Par la même occasion, les nuages qui recouvraient le ciel se dissipèrent, le cri devait également faire venir le beau temps.

       Nous commençâmes donc l'ascension vers le sommet de la Gorge du Monde, la plus haute montagne de tout Tamriel.

       Nous suivîmes le chemin mais un autre brouillard épais nous rencontra. Je dus réutiliser le cri à plusieurs reprises. Il faisait froid, très froid, trop froid. Nous trouvâmes sur le chemin plusieurs animaux gelés, morts de froid. Derrière nous, nous vîmes la brume revenir. Arngeir avait raison, elle disparaissait temporairement. Nous dûmes affronter, une sorte de fantôme de glace, un spectre de glace. Il était coriace, mais, de fait, pas très résistant aux flammes toutes puissantes.

       Nous continuâmes la route vers le sommet de la Gorge du Monde. Dans le froid, des squelettes de dragons étaient ancrés, enfoncésdans la neige, sans doute pris dans la glace depuis des millénaires ! Nous rencontrâmes souvent des spectres de glace impitoyables. Le chemin était réellement périlleux. Lydia voulu souvent faire des pauses, mais elle ne pouvait pas. Le risque de congeler sur place était trop grand.

       Nous trouvâmes des chèvres, et un courant plus puissant de brouillard et de vent se frayant un passage entre deux rochers. Une chèvre voulut le traverser, mais elle se fit balayer violemment par la bourrasque.

       Je criai pour dissiperle brouillard, puis nous arrivâmes devant le sommet de la montagne, le réel sommet et devant un Mur de dragon détruit.

« Bien, fit Lydia, d'un air épuisé, où est Paarthurn… Par Talos… »

     Tout à coup, nous fûmes grandementsurpris par la sortie d'un dragon de derrière la montagne. Nous sortîmes nos armes et il se posa devant nous, s'adressant à nous :

« -Drem yol lok. Bonjour, wunduniik. Je suis Paarthurnax. Qui êtes-vous ? Qu'est-ce qui vous amène sur ma strunmah… ma montagne ?

   -Je ne m'attendais pas à ce que vous soyez un dragon ! m'étonnai-je.

   -Je suis tel que mon père Akatosh m'a créé. Comme vous… Dovahkiin. Dites-moi, que venez-vous faire ici, volaan ? Pourquoi perturbez-vous ma méditation ?

   -Il me faut apprendre le Cri Fendragon. Pouvez-vous me l'enseigner ?

   -Drem, patience. Il y a des formalités à respecter lorsque deux dov se rencontrent pour la première fois. »

       Paarthurnax avait une voix très grave, comme tous les dragons d'ailleurs. Il se dirigea vers le mur :

« Selon la tradition, l'aîné parle en premier. Ecoutez mon Thu'um ! Sentez-le au plus profond de vous-même. Et égalez-le si vous êtes vraiment Dovahkiin ! YOL TOOR SHUL ! »

       Le Souffle Ardent alla droit au Mur de Dragon, ce qui forma des inscriptions sans doute destinées à me faire apprendre le cri :

« -J'ai parlé. Le Rotmulaag attend. Apprenez le Souffle Ardent.

   -Je n'ai pas réellement le besoin de l'apprendre… je le connais déjà.

   -Un don, Dovahkiin. Yol. Comprenez le feu à la manière des dov. Maintenant, montrez-moi ce dont vous êtes capable. Saluez-moi non en tant que mortel, mais en tant que dovah !

   -YOL TOOR !

   -Aah… oui ! Sossedov los mul. Je sens la puissance du sang de dragon qui coule dans vos veines. Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas eu le plaisir de discuter avec l'un des miens. Hmm… Alors vous avez réussi à venir ici. Cela tient de l'exploit pour tout joor… tout mortel. Même pour quelqu'un qui appartient aux Dovah Sos, les Sang-de-dragon. Que voulez-vous me demander ?

   -Pouvez-vous m'enseigner le Cri du Fendragon ?

   -Vous n'auriez pas fait tout ce chemin pour une simple tinvaak avec un vieux dovah. Non, vous cherchez une arme contre Alduin.

   -Comment savez-vous que je cherche à sauver le monde d'Alduin ?

   -Alduin komeyt tiid. Que pourriez-vous chercher d'autre ? Alduin et Dovahkiin reviennent ensemble. Mais je ne connais pas le Thu'um que vous cherchez. Krosis. C'est une chose que je ne peux connaître. C'est une arme que les joore… les mortels, ont créée pour lutter contre les dov… les dragons. Nos hadrimme, nos esprits sont incapables de comprendre sa nature.

   -Comment puis-je l'apprendre, alors ?

   -Drem, chaque chose en son temps. Pourquoi souhaitez-vous apprendre ce Thu'um ?

   -Je dois absolument stopper Alduin.

   -Oui. Alduin… zeymah. Le frère aîné. Doué, cupide et fauteur de trouble, comme souvent le cas des premiers-nés. Pourquoi ? Pourquoi cette tâche vous revient-elle ?

   -J'aime ce monde, je ne veux pas qu'il soit détruit.

   -Pruzah. C'est une excellente raison. Nombreux sont ceux qui pensent la même chose, mais pas tous. Certains, diraient que tout doit avoir une fin, afin de laisser place à la suite. Ce monde est peut-être simplement l'œuf du prochain kalpa. Lein vokiin. Empêcheriez-vous la naissance d'un nouveau monde ?

   -L'au-delà devra se débrouiller tout seul.

   -Paaz. Une réponse très juste. Ro fus… Peut-être ne faites-vous qu'équilibrer les forces qui œuvrent pour précipiter la fin du monde. Même nous qui voguons sur les flots du Temps ne pouvons voir au-delà de la fin provoquée ou non par Alduin. Wuldestiid los tahrodiis. Ceux qui tentent de précipiter la fin pourraient la retarder. Ceux qui œuvrent pour le retarder pourraient la précipiter. Mais vous m'avez laissé étancher ma soif de discussion assez longtemps. Krosis. Je vais maintenant répondre à votre question. Savez-vous pourquoi je vis ici, au sommet du Monahven, que vous nommez la Gorge du Monde ?

   -Non. Les dragons aiment bien les montagnes, pas vrai ?

   -C'est vrai, mais rares sont ceux qui se souviennent que c'est ici-même qu'Alduin a été vaincu par les anciens Parleurs. Vahrukt unslaad… Peut-être suis-je le seul à me souvenir de la manière dont il a été vaincu.

   -En utilisant le Cri du Fendragon, non ?

   -Oui et non. Viik zun ni kron. Alduin n'a pas vraiment été vaincu non plus, ou vous ne chercheriez pas un moyen d'en finir avec lui. Les Nordiques avaient utilisé le cri de Fendragon pour affaiblir Alduin, mais cela n'a pas suffi. Ok mulaag unslaad. Ils ont dû avoir recours au Kel, le Parchemin des Anciens, pour… le jeter dans les flots du Temps.

   -Un Parchemin des Anciens ? Qu'est-ce que c'est que ça ?

   -Hmm… Comment vous expliquer ça dans votre langue ? Les dov ont des mots pour ce genre de chose qui sont absents de la langue des joorre. Il s'agit d'un… artefact hors du temps. Il n'existe pas, mais il a toujours existé. Rah wahlaan. Ces parchemins sont… hmm… des fragments de création. Les Kelle, les Parchemins des Anciens, ont souvent servi d'outils divinatoires. Oui, votre prophétie provient de l'un de ces parchemins. Mais ce n'est qu'une infime partie de leur pouvoir. Zofaas suleyk.

   -Vous voulez dire que les anciens Nordiques auraient envoyé Alduin dans l'avenir ?

   -Ce n'était pas leur intention. Certains espéraient le faire disparaître à jamais. Meyye. J'ai toujours su qu'un jour, il referait surface. Tiid bo amativ. La course du temps est immuable. C'est pour cette raison que j'attends ici depuis des milliers d'années. Je savais où il apparaîtrait, mais pas quand.

   -En quoi est-ce que ça peut m'aider ?

   -Tiid krent. Le Temps a été… brisé ici, à de ce qu'ont fait les anciens Nordiques à Alduin. Il y a comme une fracture hors du temps ici… Si vous rameniez ce Kel, ce Parchemin des Anciens ici… à la Tiid-Ahraan, la Fracture du Temps… Avec le Parchemin des Anciens qui a brisé le Temps, peut-être pourrez-vous… retourner en arrière. De l'autre côté de la rupture. Vous pourriez apprendre le Fendragon auprès de ceux qui l'ont créé.

   -Savez-vous où je peux trouver le Parchemin des Anciens ?

   -Krosis, non. J'ai peu d'échos de ce qui se passe dans le reste du monde depuis que je vis ici. Vous le savez sûrement mieux que moi.

   -Hmm… Esbern ou Arngeir auraient peut-être une idée à ce sujet.

   -Fiez-vous à votre instinct, Dovahkiin. Laissez votre sang vous guider.

   -Qu'est-ce que je devrais faire avec le Parchemin des Anciens quand je l'aurai trouvé ?

   -Rapportez-le ici, à la Tiid-Ahraan. Ensuite… Kelle vomindok. Ensuite… rien n'est certain avec de telles choses… Mais je crois que le lien du Parchemin avec la Tiid-Ahraan vous offrira une… une vision du moment de sa création. Puis vous sentirez le Fendragon, vous connaîtrez la puissance de sa première expression. Vous les verrez… wuth fadonne… mes amis. Hakon, Gormlaith, Felldir.

   -Hakon, Gormlaith, Felldir. Qui sont-ils ?

   -Les premiers mortels auxquels j'ai appris le Thu'um : les premiers Parleurs. Ceux qui ont mené la rébellion contre Alduin. Ils étaient assez puissants et braves pour oser affronter Alduin… Dahrott hunne. De nombreux héros Nordiques leur ont succédé, mais pas un ne les surpasse.

   -Comment un Parchemin des Anciens a pu renvoyer Alduin dans le temps ?

   -Vomindok. Je l'ignore. Il est possible que cette connaissance ait été effacée du Temps par la même occasion. Les dov sont les enfants d'Akatosh. Nous avons donc un lien particulier avec le flot du Temps. Peut-être même une faiblesse unique. Je les avais prévenus des dangers d'un tel acte, car personne n'aurait pu en prévoir les conséquences. Nust ni hon. Ils n'ont rien voulu entendre.

   -Vous voulez dire que vous étiez là ?

   -Oui. Quelques-uns d'entre nous s'étaient rebellés contre la thur d'Alduin, sa tyrannie. Nous avons aidé les humains à le renverser. Mais il ne nous faisait pas confiance. Ni ov. Ils conféraient toujours en secret. J'étais loin d'ici lors de la chute d'Alduin. Mais comme tous les autres dov, j'ai ressenti… la rupture du Temps lui-même.

   -Que fait au juste le Cri de Fendragon ?

   -Je ne peux vous l'expliquer en détail, car je n'ai jamais vu personne l'utiliser. Kogaan. C'était le premier Thu'um créé uniquement pas les mortels. On raconte qu'il force un dragon à connaître la notion de mortalité. C'est un concept totalement vonmindoraan, incompréhensible, pour un dov immortel. 

   -Merci beaucoup, Paarthurnax.

   -Que la Voix vous guide, Dovahkiin. »

       La longue discussion prit un terme. Il y avait d'ailleurs, à côté du Mur de dragon, une place, où le temps semblait déformé, l'espace paraissait bouger. C'était la Fracture du Temps.

       J'avais le choix entre aller m'adresser à Arngeir ou à Esbern, l'un deux devait sans doute savoir où se trouvait le Parchemin des Anciens. Esbern me semblait plus qualifié sur l'emplacement du Parchemin, mais Arngeir était beaucoup plus près. Faire la route jusqu'au Mur d'Alduin une deuxième fois, il en était hors de question. Je décidai alors d'aller voir Arngeir. Je me dis d'abord que je devais faire tout le chemin en sens inverse, mais, durant le combat contre le dragon, j'avais acquis les connaissances du Corps Ethéré, il servait à me transporter entre le monde normal et le Néant, me conférant une forme qui ne peut ni blesser, ni être blessé. Je n'avais qu'à l'utiliser poursauter et atterrir au pied du Haut Hrothgar, sans être affecter par la chute. Je regardai au bord de la falaise, et aperçus le Haut Hrothgar. Lydia n'avait pas la capacité d'effectuer ce Cri :

« -Lydia, nous avons un soucis. Je peux descendre à l'aide de mon Cri de Corps Ethéré, mais vous, comment allez-vous faire pour descendre ?

   -Ne vous inquiétez-pas, thane. Je vais redescendre en glissant dans les neiges. Cela ne me pose aucun souci.

   -Bien. En attendant, je vais aller parler à Arngeir. Faites bien attention.

   -D'accord, thane. »

       Je me mis au bord de la falaise, je me concentrai, sentis le vent très froid de la montagne m'envahir :

« FEIM ! »

      Le Néant s'empara de moi… je me sentais infiniment vide. Je sautai du haut de la falaise, sentis la fraîcheur de chute, puis atterrisprès du Haut Hrothgar, les pieds fermes, les jambes intactes, sans douleur, léger, sans attraction.

       Je me relevai et, rassuré, vis Lydia, descendre lentement la montagne, en glissant sur l'épaisse neige.



Chapitre XIII

 

Le Savoir Ancien de Griffenoire


       Je me dirigeai vers la cour du Haut Hrothgar, afin d'y trouver Arngeir et lui demander l'emplacement du parchemin des Anciens. Les Grises-Barbes s'entraînaient à crier dans la cour, puis je vis Arngeir sortir du Haut Hrothgar, venant vers moi :

« -Vous avez donc… parlé à Paarthurnax. Le sang de dragon coule fièrement dans vos veines ! A-t-il répondu à vos interrogations ? Vous a-t-il enseigné le cri de Fendragon ?

   -Non, mais il m'a dit comment le découvrir.

   -Soit. S'il estime nécessaire de vous en instruire… nous nous soumettrons à sa volonté.

   -J'ai besoin du Parchemin des Anciens. Savez-vous où je peux le trouver ?

   -Les parchemins n'ont aucune utilité pour nous. Les dieux eux-mêmes craignent à juste titre de s'y frotter. Quant à l'endroit où il se trouve… seuls les mages de Fortdhiver possèdent un tel engouement pour le blasphème. Ils sauront peut-être vous renseigner sur le Parchemin des Anciens que vous cherchez. »

       Fortdhiver, ce nom de ville me disait réellement quelque chose, mais je ne savais pas quoi… Pas seulement le fait qu'il s'agissait d'une grande ville de Bordeciel, il y avait autre chose…

       Je sortis de la cour et retrouvai Lydia, essoufflée. Nous étions donc allés à Blancherive afin d'y trouver le cocher, puis nous partîmes pour une des villes les plus froides de Bordeciel, Fortdhiver. C'est une ville très ancienne, au nord de la région. Cette ville était à une époque la capitale, mais une grande partie tomba en ruine, dégringola des falaises pour aller plongerdans la mer, à cause du Grand Ravage. De nombreuses grandes tempêtes qui ont touché Bordeciel en 4E 122. Fortdhiver fut la plus détruite, et la plus appauvrie. Etrangement, comme protégée et protégée des dieux, la célèbre Académie de Fortdhiver ne fut pas impactée par cette tempête. Cette académie est la plus connue, la plus reconnue et la plus prestigieuse en l'art de la magie. Les mages les plus prometteurs, ceux promis à un grand avenir, peuvent la rejoindre, s'ils ont le niveau. Bien sûr, il peut y avoir quelques apprentis… et exceptions d'admissions…

       Nous arrivâmes dans la ville non fortifiée, sous la neige, un peu comme tout le temps dans cette partie de Bordeciel. Des maisons détruites et autrefois incendiées côtoyaient les autres habitations.

       Je regardai en direction d'une de ces maisons… et Lydia me vit m'agenouiller, à quelques dizaines de mètres de celle-ci :

« Ça ne va pas, thane ?

       Je pointai du doigt une des maisons détruites :

« Cette maison… C'est là où je suis né… où j'ai grandi, avant de partir en Hauteroche… »

       Un long silence se fit entendre dans la ville et dans mon esprit, au milieu des souvenirs les plus anciens vécus ici. C'était donc pour ça que je connaissais si bien la ville… C'était ici que j'avais vécu étant enfant...

« -Je ne comprends pas… Comment ma maison a-t-elle été détruite, alors que le Grand Ravage avait déjà détruit une grande partie de la ville. Quand je suis parti, cette maison était intacte, comment a-t-elle put être détruite ? Comment ? Quand ? Pourquoi ?

   -Peut-être que les habitants de cette ville sauront, me dit Lydia. Allons leur parler. »

       Marchant dans l'allée principale de la ville, nous étions partis parler à une vieille femme, située près de l'auberge :

« -Excusez-moi… lui dis-je dans le désespoir. Bonjour. Je voulais vous poser une question…

   -Allez-y, mon bonhomme, me répondit-elle avec l'air souriant d'une vieille femme aimable.

   -Eh bien… qu'est-il arrivée à cette maison, là-bas ?

   -Oh… dit-elle avec un tout autre visage. Cette histoire me revient d'un coup dans mon esprit… Voulez-vous vraiment savoir ce qu'il s'est passé ?

   -Je veux tout savoir.

   -Eh bien… c'est arrivé après le Grand Ravage. Une grande partie de la ville fut détruite et enfouie dans la mer. Une fois que la paix et le calme furent revenus, les voyageurs commencèrent à revenir ici. La maison dont vous parlez était intacte en ces temps de deuil. Mais la paix ne dura point longtemps… Un homme, un grand homme, les cheveux mélangés, une tenue étrange, tout habillé de rouge, vint un jour… où il ne neigeait pas. Ce phénomène est extrêmement rare dans cette région. Ici il neige en permanence. Cet homme, il ne venait pas pour de bonnes intentions… Non… Il vint ici et commença à brûler tout ce qu'il voyait, aucun garde ne put l'arrêter… il était trop puissant… Il tua quelques personnes et d'autres qui essayaient de se défendre. Il brûla la maison juste ici, et celle dont vous parlez… Ensuite, il partit de lui-même, dans les grands champs de glace vers le nord-est… et plus personne ne le revu… Il avait disparu…

   -Oh… Je ne pensais pas à une histoire si tragique… Les habitants de cette maison, ont-ils été tués ?

   -Non… Mais personne ne sait où ils sont partis… Ils onteux-aussi disparus après cette attaque.

   -C'est une bien sombre histoire… Merci beaucoup.

   -Bonne journée ! reprit-elle avec son air aimable. »

       Lydia et moi-même allâmes surle lieu de mon ancienne maison. Le sol était jonchéde neige, la cheminée détruite aussi. Les meubles troués essayaient de résister au temps.

« Je n'ai aucune idée de ce que mes parents sont devenus… Je suis parti très tôt, je doute qu'ils n'aient survécu tout ce temps. Mais j'espère les revoir… »

       Après ce long quart d'heure de contemplation et d'interrogation, nous reprîmes notre quête afin de trouver un mage pournous aider à trouver le Parchemin des Anciens, mais je gardais en tête ce qui s'était passé, je devais retrouver cet homme. Ce pyromane… Ce barbare…

       Nous nous dirigeâmes donc vers l'immense Académie, dans le but d'y trouver un mage pouvant nous aider. En arrivant à l'entrée des ponts de celle-ci, une Elfe m'interpella :

« -Passez ce pont à vos risques et périls ! C'est un chemin dangereux et la porte ne s'ouvrira pas. Vous n'entrerez pas !

   -Que faites-vous ici ? dis-je.

   -Mon rôle est de guider tous ceux qui veulent acquérir le savoir de l'Académie. Et si, dans le cadre de mes attributions, je parviens à démasquer toute personne venue pour nous causer du tort, ce ne peut être que positif. La vraie question est : pourquoi êtes-vous là ?

   -Hmm… Puis-je entrer à l'Académie ?

   -Peut-être. Mais qu'espérez-vous y trouver ?

   -Je cherche à en savoir davantage sur les Parchemins des Anciens.

   -C'est vrai ? Il est vrai que certains ici ont passé des années à étudier la somme de connaissances que contiennent les parchemins. Mais ce que vous cherchez a un prix et peut détruire quiconque n'ayant pas la force mentale nécessaire. Je pense que l'Académie peut vous offrir ce que vous cherchez. Mais la question est : que pouvez-vous offrir à l'Académie ? Ils n'acceptent pas n'importe qui. Les postulants doivent démontrer qu'ils possèdent un don certain pour la magie. Une petite épreuve, si vous voulez.

   -Laisseriez-vous entrer l'Enfant de dragon ?

   -Enfant de dragon ! Nous n'avons plus de contact avec les Grises-Barbes depuis si longtemps. Maîtrisez-vous vraiment la Voix ? Je serai plus qu'impressionnée. »

       Je m'éloignai un peu d'elle puis criai :

« -FUS !

   -Ce qu'on dit est donc vrai… vous êtes Enfant de dragon ! Normalement, vous auriez dû faire la preuve d'un certain don dans l'une des écoles de magie, mais dans votre cas… Je pense que j'apprendrai autant auprès de vous que vous auprès de moi. Je pense que l'Académie sera honorée de votre présence. Bienvenue. Oh, je suis Faralda, je vais vous faire passer le pont. Une fois à l'intérieur, parlez à Mirabelle Ervine, notre Maître-sorcier. Suivez-moi, je vous prie. »

       Nous la suivîmes donc, à travers les ponts qui menaient à l'Académie. De par sa magie, Faralda allumait d'étranges lumières à l'aide d'un sort que je ne connaissais point, tout en nous parlant :

« Les jours glorieux de Fortdhiver sont peut-être derrière nous, mais l'Académie perdure. L'Académie est une chance pour Bordeciel, même si bien peu en sont conscients ou l'apprécient. »

       Nous arrivâmes près de la grande porte de l'Académie, une structure immense de vieilles pierres. La porte s'ouvrit toute seule, comme par magie, quoi de plus normal dans la plus prestigieuse académie de magie de Tamriel… Une grande statue nous faisait face, avec, devant elle, un faisceau de lumière bleue magnifique fendant l'espace. Deux personnes se parlaient, une femme, et un Elfe, un Thalmor…

« -Je crois avoir été très claire, s'écria la femme.

   -Oui, bien sûr. J'essaye juste de comprendre la raison de cette décision, fit le Thalmor avec qui elle parlait.

   -L'Empire vous fait peut-être des courbettes en toute occasion, mais je crains que les Thalmor n'aient pas le même traitement de faveur, ici. Si vous êtes un hôte de l'Académie, c'est parce que l'Archimage l'a demandé. J'espère que vous vous rendez compte de la chance que vous avez.

   -Oui, bien sûr. Je remercie l'Archimage. Très bien. Alors nous en avons terminé, conclut-il. »

       Le Thalmor partit en me regardant d'un air questionné et sombre puis je me dirigeai vers la jeune femme :

« -Excusez-moi, je cherche Mirabelle.

   -C'est moi, qu'y-a-t-il ?

   -On m'a dit de venir vous voir.

   -Encore de nouveaux élèves… Vous êtes de plus en plus nombreux, ces derniers temps, ma parole ! Tout d'abord, vous allez avoir besoin de ces habits. Bien qu'on ne vous demande pas de les porter, vous les trouverez sans doute plus appropriés que les vôtres. Je vais vous faire rapidement visiter, puis nous vous amènerons à votre premier cours. On y va ?

   -J'aimerais beaucoup jeter un œil à l'alentour, mais je…

   -Magnifique. Suivez-moi et ne vous éloignez pas. »

       Elle me donna les vêtements de force puis je commençai à la suivre :

« L'Académie de Fortdhiver est installée en Bordeciel depuis des millénaires. La grande salle des éléments est le plus important, ici. C'est là qu'ont lieu les conférences, les cours pratiques et les réunions générales. L'Arcanaeum se trouve au-dessus de la salle et les quartiers de l'Archimage, encore au-dessus. Bien que techniquement directeur de l'Académie, l'Archimage est souvent pris par ses autres responsabilités. C'est pour cela que je m'occupe du fonctionnement de l'Académie au quotidien. Maintenant veuillez me suivre, je vais vous montrer vos quartiers. Malheureusement, suite à des problèmes avec les gens d'ici, nous avons dû imposer des règles de plus en plus strictes. Nous ne préparons aucune violence, mais ça ne faitjamais de mal de se préparer à tout. Nous hébergeons nos membres les plus récents ici, au Pavillon de l'Accomplissement. Je vous demanderai de bien vouloir parler à voix basse quand vous êtes à l'intérieur, d'autres peuvent être en train de travailler ou de réaliser des expériences… délicates. »

       Nous entrâmes dans le Pavillon de l'Accomplissement, éclairé par un autre de ces faisceaux lumineux bleu :

« -Je vais vous montrer vos quartiers. Vous allez partager votre espace avec nos jeunes apprentis, que vous allez rencontrer incessamment. Voilà, vous logerez ici. Voici votre lit et votre bureau, pensez bien à ne pas déranger les autres.

   -Mais je n'ai pas l'intention de rest…

   -Maintenant, retournons dans la Grande salle des éléments où la plupart des membres se rassemblent pour les conférences et les cours d'étude.

   -Mais je vous dis que…

   -Vous allez d'abord suivre les cours de Tolfdir, l'un de nos magiciens les plus respectés.

   -Une vraie machine… me chuchota Lydia. »

       Sur ce, j'allai dans la Grande salle des éléments, afin d'y chercher une personne pouvant m'aider, et non une formation forcée à la magie ! Elle m'avait parlé de l'Arcanaeum, un endroit qui m'intriguait. Il y avait une porte à l'entrée de la salle des éléments, sans doute ce fameux lieu. Je l'ouvris etmontai les escaliers.

       J'entrai alors dans une immense bibliothèque, avec un Orque au fond de celle-ci. Il pouvait peut-être m'aider :

« -Vous vous trouvez dans l'Arcanaeum, dont j'ai la charge. Je suis Urag gro-Shub. Cela pourrait tout aussi bien être mon plan personnel d'Oblivion. Semez le désordre dans mon Arcanaeum et je vous fais déchiqueter par mes Atronachs en colère. Bien, cela étant dit, avez-vous besoin d'aide ?

   -Voilà une bibliothèque impressionnant, dis-je en observant autour de moi.

   -Un mage ne vaut que parce qu'il sait. J'essaye donc de faire en sorte que nous ayons accès au plus de connaissances possible. Cette collection date de la Deuxième Ere. Certains livres ont disparu au fil du temps, d'autres y ont été ajoutés, mais elle est majoritairement intacte.

   -Je suis à la recherche d'un Parchemin des Anciens.

   -Et qu'est-ce que vous voulez en faire ? Savez-vous même de quoi vous parlez où n'êtes-vous qu'un coursier ?

   -Bien sûr. Vous en avez ici ?

   -Vous pensez que si j'en avais un ici, je vous le montrerais ? Il serait gardé sous haute surveillance, et même le plus grand des voleurs ne pourrait pas mettre la main dessus.

   -Et l'Enfant de dragon ?

   -Que… attendez. C'est vous ? C'est vous que les Grises-Barbes voulaient voir ? Je vais vous apporter tout ce que nous avons, mais ce n'est pas grand-chose. N'en espérez pas trop. Ce sont surtout des mensonges, agrémentés de rumeurs et de conjectures ! »

       Il se leva et alla chercher deux livres dans une armoire, qu'il posa sur la table :

« Tenez, essayez de ne rien leur renverser dessus »

       Je les pris dans mes mains, deux livres : « Effets des Parchemins des Anciens » et « Réflexions sur les Parchemins des Anciens ». Je m'assis et commençai à lire le premier d'entre eux :

« Effets des Parchemins des Anciens

       Les érudits savent parfaitement que la lecture des Parchemins des Anciens comporte un certain danger. Pourtant, la façon dont leurs effets fonctionnent reste jusqu'ici largement méconnue, même si des théories fumeuses de savoirs cachés et de châtiments divins ont fait l'objet de moultes hypothèses qui n'ont, du reste, donné lieu qu'à fort peu d'enquêtes sérieuses.

       Moi, Justinius Poluhnius, j'ai entrepris de documenter scrupuleusement les affections infligées par ces Parchemins à leurs lecteurs, bien qu'il m'ait été impossible de dégager une théorie générale quant à la façon dont elles se manifestent. Cela reste un sujet pour des recherches futures.

       J'ai regroupé les effets en quatre catégories, ayant découvert que l'expérience subie dépendait largement de l'esprit du lecteur.

Si l'ensemble reste obscur, j'espère qu'une dichotomie appropriée éclaircira l'ensemble.

 

       Groupe premier : les Ignorants

       Pour quelqu'un n'ayant reçu aucune formation concernant l'histoire ou la nature des Parchemins des Anciens, le Parchemin lui-même reste inerte et il est impossible d'en dégager la moindre prophétie ou le moindre fragment de savoir. Si l'objet n'apprend rien à cette personne, il ne l'afflige pas non plus d'autres effets. Visuellement, le Parchemin n'est qu'un incompréhensible gribouillis de lettres anciennes et de vieux symboles. Ceux qui connaissent l'astronomie prétendent souvent reconnaître des constellations dans les schémas et les liaisons mais de telles hypothèses sont impossibles à étudier plus avant, étant donné que la nature de ces recherches consiste précisément à avoir recours à des sujets ignares.

       Groupe deuxième : les Esprits irréfléchis

       Ce deuxième groupe rassemble les personnes qui réalisent le terrible danger qu'implique la lecture des Parchemins des Anciens. Ces sujets comprennent la nature des Parchemins et possèdent suffisamment de connaissances pour lire réellement ce qui y est inscrit. Ils n'ont, toutefois, pas développé la discipline nécessaire pour se prémunir contre l'effet dévastateur sur l'esprit qu'inflige la vision d'un aperçu de l'infini. Ces pauvres âmes sont frappées de manière immédiate et définitive d'une cécité totale, le prix à payer pour avoir surestimé ses propres facultés. Il est toutefois intéressant de noter qu'avec cette cécité vient un fragment de savoir caché, qu'il concerne le futur, le passé ou la nature profonde de certains êtres... tout dépend de l'individu et de sa place dans les sphères supérieures, mais ce savoir est bien réel.

       Groupe troisième : les Compréhensifs moyens

     Unique à Tamriel, le culte de la Phalène ancestrale semble être le seul avoir découvert la discipline consistant à se protéger correctement l'esprit contre les effets de la lecture des Parchemins. Ses adeptes doivent entreprendre une formation mentale des plus rigoureuses et passent souvent une bonne dizaine d'années, sinon plus, au monastère avant d'être autorisés à lire leur premier Parchemin des Anciens. Les moines disent que c'est pour la protection des adeptes eux-mêmes, car nombreux sont les Esprits irréfléchis et impatients qu'ils ont dû compter dans leurs rangs. Avec une force d'âme appropriée, ces lecteurs deviennent également aveugles, mais beaucoup moins que les Esprits irréfléchis. Leur vision se brouille légèrement mais ils distinguent toujours les formes, les couleurs et conservent suffisamment d'acuité pour pouvoir lire des textes banals. Le savoir qu'ils gagnent lors de la lecture du Parchemin est, lui aussi, légèrement atténué et nécessite des séances de méditation et de réflexion pour apprécier et exprimer pleinement ce qui a été vu.

       Groupe quatrième : les Compréhensifs éclairés

       Il existe un phénomène de progression entre le groupe précédent et celui-ci qui a, jusqu'à présent, été atteint uniquement par les moines de la Phalène ancestrale. Grâce à leurs lectures continues, ces moines sont devenus de plus en plus aveugles, mais ont ainsi glané des connaissances plus importantes et plus détaillées. Passant tout leur temps éveillé à étudier ces révélations, ils y gagnent un meilleur niveau de force d'âme. Par ailleurs, chaque moine arrive un jour à ce qu'on appelle la Pénultième lecture, lors de laquelle le seul savoir inculqué par le Parchemin implique que la prochaine lecture du moine sera sa dernière.

       Totalement imprévisible, cette Pénultième lecture survient à un moment différent pour chaque moine. Des études préliminaires ont tenté de prévoir ce moment en notant le niveau de cécité d'un moine donné, mais tous ceux qui atteignent les niveaux supérieurs attestent que la cécité progressive semble diminuer avec un nombre croissant de lectures. Certains pensent qu'à ce niveau, c'est un autre sens, invisible, qui continue de diminuer mais je laisse de telles suppositions aux philosophes.

       Pour se préparer à sa Lecture ultime, un moine s'isole généralement pour réfléchir à sa vie de révélations et préparer son esprit à accueillir sa toute dernière vision. Lors de cette dernière lecture, il devient aussi aveugle que les Esprits irréfléchis qui se sont montrés si impatients. Toutefois, ces Éclairés retiennent toute leur vie leur compréhension du savoir glané et possèdent généralement une notion plus entière de ce qui leur a été révélé.

       J'espère que cette liste se montrera utile à ceux qui souhaitent améliorer notre compréhension en tant que mortels des Parchemins des Anciens. Les prêtres de la Phalène restent peu prolixes sur le sujet, se montrant généralement fiers de l'infirmité progressive qui accompagne leurs lectures. Que cela puisse servir de base à ceux qui espèrent poursuivre de telles recherches.

---- Dicté à Anstius Metchim, le 4 de vifazur en cette 126e année de l'ère Deuxième »

       Ce texte fut très intéressant, mais comme le disait Urag gro-Shub, ce n'était peut-être que du charabia. Je pris l'autre livre et commençai à le parcourir :

REFLEXIONS SUR LES PARCHEMINS DES ANCIENS par Septimus Signus, de l'Académie de Fortdhiver

       Imaginez vivre sous la mer avec une excellente étoffe bénie de conscience. En collant le tissu contre vos branchies, vous commenceriez à boire et à respirer ses fibres, sa trame. S'il est vrai que les fibres végétales imprègneraient votre âme, le plancton salirait le tissu jusqu'à ce qu'il empeste jusqu'aux cieux. C'est l'une des premières choses qui arrivèrent aux Parchemins... mais sommes-nous la mer ? La créature qui respire ? L'étoffe ? Ou sommes-nous la respiration elle-même ?

       Pouvons-nous glisser à travers les Parchemins pendant que le savoir, l'eau en l'occurrence, se glisse en nous ou sommes-nous la vase puante, filtrée par l'étoffe ? 

       Imaginez maintenant quelque chose de différent. Un oiseau luttant contre le vent est soulevé par une bourrasque et s'abat sur une pierre. La pierre peut venir du haut si l'on considère que l'oiseau est à l'envers, mais dans ce cas d'où vient la bourrasque ? De quelle direction ? Les dieux ont-ils envoyé la pierre et la bourrasque, ou l'oiseau a-t-il décidé de leur présence par la seule force de son esprit ? 

       La pleine conscience des Parchemins sublime l'esprit au point que les positions relatives reviennent à leur état primal absolu. 

       Tenez, imaginez encore. Cette fois, vous êtes une graine, plantée en terre par une jeune Elfe des bois bien intentionnée. Vous voulez grandir, mais craignez ce que vous pouvez devenir alors vous repoussez l'eau, la terre et le soleil pour rester dans votre trou. Mais c'est en repoussant tout cela que vous devenez un arbre, malgré vous. Comment cela est-il arrivé ? 

       Dans ce cas, la graine est une sorte d'œuf d'arbre, et l'eau et le soleil sont le savoir. Nous sommes le poussin à l'intérieur de l'œuf mais sommes aussi la terre. Le savoir des Parchemins est ce que nous repoussons pour devenir nous-mêmes et atteindre la pleine conscience. 

       Enfin, une dernière image avant de refermer votre esprit après cette bouffée de savoir éternel. Vous êtes maintenant une flamme claire qui brûle d'une couleur bleue dans un vide immense. Après quelque temps, vous apercevez vos frères et sœurs brûler également au loin, tout autour de vous, en une mer de points lumineux, en une constellation de souvenirs. Chaque flamme brûle d'une lueur vive, puis vacille. Deux autres prennent alors sa place mais ne durent pas, de peur que le vide ne s'emplisse totalement d'une lumière âcre qui absorbe toute pensée. 

       Chaque esprit est en réalité le vide et le savoir des Parchemins correspond aux points lumineux. Sans leur lumière aveuglante, ma conscience serait aussi vaste que le néant, ignorant si ce vide en tant que tel est conscient de lui-même. Mais les flammes sont dangereuses, il faut y faire très attention, les ramener à elles-mêmes et les diffuser à leurs semblables. »

     Ce Septimus Signus était bien compliqué à comprendre. Je décidai d'en parler à Urag gro-Shub, car je n'avais pas pris toute la mesure de ce qui y était écrit :

« -Ce livre est vraiment incompréhensible, dis-je.

   -Oui, c'est l'œuvre de Septimus Signus. C'est une sommité en ce qui concerne les Parchemins des Anciens, mais… bon. Cela fait longtemps qu'il nous a quittés. Trop longtemps.

   -Il est mort ?

   -Oh, non ! J'espère bien que non. Mais ça fait des années que je ne l'ai pas vu, et nous étions proches. Il est devenu obsédé par les Dwemers. Il est parti au Nord en disant qu'il avait trouvé un vieil artefact. Depuis, je ne l'ai pas revu. Si vous voulez essayer de le voir, il est quelque part dans les champs de glace. »

       Urag se leva pour retourner ranger ses livres. Moi, je savais ce que je devais faire : aller chercher Septimus dans les champs de glace se trouvant au nord-ouest de l'Académie et lui demander de l'aide à propos du Parchemin des Anciens. Je sortis si tôt de l'Académie pour me diriger vers ces fameux champs de glace, de grands lacs avec de gros morceaux de glaces flottants, le froid incarné.

       Nous ne pouvions pas nager dans leurs eaux, sinon nous n'aurions pas tenus plus d'une demi-minute, mais j'avais trouvé une solution. Lydia s'était fortement agrippée à mon dos, puis j'enchaînais les Cris d'Impulsion :

« WULD ! Hhh… WULD ! »

       Tout ce chemin et nous arrivâmes à l'avant-poste de Septimus Signus. Nous entrâmes donc dans son antre et le trouvâmes aux côtés d'une immense sphère étrange et mécanique, sans doute l'artefact dontUrag m'avait parlé :

« -J'ai entendu dire que vous saviez des choses au sujet des Parchemins des Anciens.

   -Les Parchemins des Anciens. Bien sûr, dit-il d'une voix calme. Les Impériaux. Ils se sont enfuis avec. Enfin, c‘est ce qu'ils pensent. Ceux qu'ils ont vus. Ceux qui pensent avoir vu. J'en connais un. Oublié. Isolé. Mais je ne peux pas aller le chercher, pauvre Septimus, je… je suis devenu trop puissant.

   -Est-ce que… ça va ?

   -Oh, tout va bien. Tout ira bien. Tout est détendu, totalement tranquille, dit-il d'un air euphoriquement calme.

   -Alors, où est le Parchemin ?

   -Ici. Enfin ici, sur ce plan. Mundus. Tamriel. A proximité relative. A l'échelle cosmique, il est tout près.

   -Vous pouvez m'aider à trouver le Parchemin des Anciens, oui ou non ?

   -Un bloc entraîne l'autre. Septimus vous donnera ce que vous désirez, mais il attend quelque chose en retour.

   -Qu'est-ce que vous voulez ?

   -Ceci est un chef-d'œuvre Dwemer. Leur savoir est caché au plus profond. Septimus brille parmi les hommes, mais ce n'est qu'un imbécile parmi les Dwemers. Une chance qu'ils aient transmis leur technique de lecture des Parchemins des Anciens. Les profondeurs de Griffenoire en abritent un. Connaissez-vous Griffenoire ? « La cime reculée où dorment les villes dwemers, cache des savoirs secrets sous la terre. »

   -Et où est donc ce « Griffenoire » ?

   -En profondeur. Au-delà de l'obscur. Le château caché. La tour de Mzark. Alftand. Le point de perforation, de l'accès premier, vers les profondeurs. Traversez-le de part en part et vous trouverez Griffenoire. Mais tous ne peuvent y pénétrer. Seul Septimus connait le secret du loquet permettant de s'enfoncer dans les profondeurs mortelles.

   -Comment puis-je entrer ?

   -J'ai deux choses pour vous. Deux formes. L'une anguleuse, l'autre arrondie. L'arrondie pour la fréquence. La musique dwemer est douce et subtile, elle ouvre leur porte les plus complexes. Le Lexique, anguleux, attend d'être gravé. Pour nous, c'est un vulgaire morceau de métal. Pour les Dwemers, une pleine bibliothèque de savoirs. Mais… vide. Localisez Mzark et son dôme céleste. Ses mécanismes liront le Parchemin et inscriront le savoir qu'il renferme sur le cube. Faites confiance à Septimus. Il sait que vous pouvez trouver.

   -Pourquoi voulez-vous la copie du Parchemin des Anciens ?

   -Ooooh, quelle perspicacité. Bonne question pour Septimus. Ce coffret dwemer. Observez-le et émerveillez-vous. Le cœur est à l'intérieur. Le cœur d'un dieu ! Votre cœur. Et le mien. Mais il nous a été caché. Pas par les Nains. Ils avaient déjà disparu. Quelqu'un d'autre. Invisible. Inconnu. Quelle ironie. A trouvé le cœur et a utilisé une ruse dwemer pour l'y enfermer à jamais. Le Parchemin donne la compréhension nécessaire à son ouverture. Car même les meilleurs mécanismes dwemers ne peuvent résister à la compréhension suprême conférée par un Parchemin des Anciens. »

       J'admirai la grande sphère dwemer dont Septimus décrivait le secret, impressionnant… Nous étions sortis de son antre pour regarder notre carte afin de savoir où se trouvait Alftand. Septimus l'avait marqué sur la carte. Il se trouvait au milieu des hautes montagnes se situant entre Fortdhiver et Aubétoile, ville situé au grand nord de Blancherive.

       Nous étions donc partis sous la neige éternelle de Fortdhiver. Nous avons dû traverser les hautes montagnes enneigées et dangereuses, emplies d'ours et de loups. Nous croisâmes même quelques chasseurs à la recherche de créatures à tuer.

       Nous arrivâmes à Alftand à la tombée de la nuit. Etonnamment, il y avait ici d'anciennes habitations et camps dressés, mais pas moyen de voir quelqu'un aux alentours. Où étaient donc passés les occupants de ce camp ? Etaient-ils rentrés dans le temple Dwemer et jamais ressortis ? Pas moyen de le savoir. Nous vîmes également un levier, caché derrière des grilles, que nous ne pouvions pas briser. J'avais lu dans les livres d'Hauteroche sur ce qu'étaient ces leviers. C'étaient des ascenseurs dwemers. Mais impossible ici de l'atteindre. Nous fouillâmes l'endroit et trouvâmes des cadavres dans la neige, et un carnet, ancien, nommé « Manifeste d'expédition » :

     « Nous avons réussi à sécuriser le site et à contenir tous ceux risquant d'essayer de voler les découvertes faites jusqu'à présent, particulièrement ceux de l'Académie de Fortdhiver qui pensent que l'honneur d'explorer chaque ruine leur est réservé.

       Notre expédition se compose des membres suivants :

       Sulla Trebatius (moi-même) - Chef de l'expédition
Umana - Mon garde du corps personnel et compagnon de toujours
Valie - Un mage qui n'est pas en cheville avec Fortdhiver (et que j'ai eu du mal à dénicher)
Endrast - Un autre explorateur local, célèbre dans la région
Yag - Une femme au physique de brute, engagée pour surveiller le travail
J'darr et J'zhar - Deux frères Khajiits, engagés comme ouvriers

       J'ai besoin d'encore quelques ouvriers, car traverser le glacier s'avère difficile.

       Nous avons établi notre camp et effectué une reconnaissance des environs. Les petites ruines qui se dressent sur le plateau inférieur du glacier ne semblent pas reliées à la structure principale, et nous n'avons pas trouvé de moyen d'atteindre le parapet de la tour que nous avons découverte. Yag dit avoir vu, dans le mur de glace, une crevasse qui pourrait mener aux ruines et nous essayons donc de trouver un moyen d'y descendre avec le matériel. On dirait qu'une tempête se prépare. »

       Et la tempête a dû leur être fatale… Triste destinée pour ces jeunes explorateurs. Nous ne devions pas rester ici trop longtemps, de peur de ne pas rester en vie de par ce froid glacial. Nous continuâmes nos fouilles et trouvâmes ce qui semblait être la fente dans le glacier dont parlait l'homme du carnet. Ils avaient réussi à dresser des ponts pour y descendre, mais n'avaient sans doute pas eu le temps d'y pénétrer. Cependant, des cadavres restaient introuvables, certains avaient déjà dû rentrer et ne pas en ressortir… Nous étions entrés dans les ruines gelées d'Alftand.

       Nous suivîmes les couloirs glaciaux puis entendîmes une voix au loin, nous nous cachâmes pour écouter ce discours étrange. C'était la voix d'un Khajiit, très sûrement l'un des deux frères Khajiits de l'expédition :

« Où est-il ? Je sais que vous essayez de le garder rien que pour vous, J'zhar… Vous essayez tout le temps de le faire ! Non ! Il doit y avoir plus de skooma… Taisez-vous ! Taisez-vous ! Ne me mentez pas J'zhar ! Vous l'avez caché ! Vous essayez toujours de me voler mon skooma ! »

       Le Khajiit arrêta de s'exclamer puis nous pûmes continuer dans la plus grande des discrétions pour ne pas nous faire repérer. Nous tombâmes nez à nez avec deux araignées dwemers, des mécanismes autonomes fonctionnant grâce à la puissance des gemmes spirituelles, et de leurs engrenages complexes. Ce fut difficile de les abattre, la magie de feu ne fonctionnait pas sur elles,mais les armes étaient bien assez puissantes.

       Nous continuâmes dans les allées gelées et arrivâmes face à un Khajiit, seul, sans doute J'darr, le frère de J'zhar. Il s'étonna et s'écria :

« Quoi ? Qui est-ce, mon frère ? Quoi ? Encore une de ces personnes à la peau lisse qui cherche de la nourriture ? Mais celle-ci n'était pas piégée avec nous… Vous allez mourir ! »

       S'en suivi un assaut de sa part, mais par réflexe, je sortis mon épée de Lame et le tuai sans avoir pu l'aider… Une autre araignée dwemer avait succombé au même châtiment que lui. Nous avons trouvé un peu plus loin son frère, couvert de sang, allongé au sol, mort, aux côtés d'un carnet, le « Journal de J'zhar » :

     « Je suis au bout du rouleau... Je me suis lancé avec J'darr dans cette expédition pour essayer de le désintoxiquer du skooma. J'en avais apporté une petite quantité pour lui faire réduire progressivement sa consommation, mais la tempête nous bloque au cœur de ce glacier depuis des semaines.

       Les autres n'ont pas encore compris pourquoi quelqu'un en fourrure tremblait autant, mais je suis à court du peu de skooma que j'avais apporté et J'darr ne va pas bien du tout. Il commence à avoir des hallucinations et croit voir des créatures qui sortent des ruines et de la glace. Les autres commencent à penser qu'il est la cause de la disparition de Valie, mais jamais il ne ferait une chose pareille ! »

       J'darr était donc dépendant au skooma, il est vrai que les races telles que les Khajiits et les Argoniens sont fortement dépendants de cette drogue, qui peut mener à la folie. Il y avait d'autres personnes enfermées dans ces ruines, mortes ou peut-être encore vivantes, à sauver de cet enfer. A ses côtés une sacoche se présentait, avec des bouteilles de skooma vides et des potions, que je pris pour ma survie.

       Plus loin encore dans les allées, je trouvai un autre carnet, celui d'Umana :

   « Cela fait une semaine que Valie a disparu et voilà que c'est au tour d'Endrast... on a trouvé des traces de sang qui vont au-delà du seuil barricadé. Sulla semble penser qu'ils ont trouvé un moyen de passer et qu'ils cherchent uniquement à lui faire quitter les lieux.

       Il persiste à dire que nous devons continuer. Nous avons réussi à pénétrer dans une autre partie des ruines, une "Animachinerie" où les nains fabriquaient autrefois leurs automates.

       Nous avons appris à nos dépens que ces créatures de métal y sont toujours actives et ça n'a pas franchement amélioré l'humeur de Yag. Elle maintient que les frères Khajiits ne sont pour rien dans les disparitions et elle garde Sulla à l'œil.

       Nous sommes arrivés au bout de nos provisions et allons bientôt devoir décider s'il faut braver la tempête ou tenter de nous enfoncer plus loin dans les ruines. J'ignore si les hurlements qui hantent mon sommeil sont ceux de nos camarades disparus ou si ce sont juste des cauchemars. »

       La situation ici semblait désespérée, encore une autre disparition et ce qu'ils appelaient l' « Animachinerie ».

       Les bruits de souffles et de machines se faisaient bien entendre. Nous marchâmes dans les allées quand tout à coup, une sphère gardienne de ces lieux surgit de nulle part. Sa puissance était bien grande. Esquives, lames tranchantes ont dû être employées. Un acharnement qui a failli nous coûter la vie face à cette machine infernale. Après un combat acharné, nous la tuâmes enfin de longues minutes plus tard.

       Nous continuâmes le chemin et rencontrâmes quelques araignées dwemers moinsoffensives. La route fut longue pour arriver devant ce qui devait être l'Animachinerie dont parlait Umana. Nous franchîmes la porte et nous retrouvâmes dans un endroit empli d'une lumière jaunâtre. Nous entrâmes dans une pièce avec encore une fois une sphère dwemer bien coriace que l'on abattit non sans mal. Je vis un escalier qui partait de la pièce puis vis un couloir étroit, sous celui-ci, qui conduisait à un cul de sac. Je l'empruntai et tombai nez à nez avec un cadavre, sans aucun doute celui d'Endrast, car à côté de lui se trouvait le « Journal d'Endrast » :

     « Les créatures sans yeux nous ont attaqués pendant notre sommeil. J'ignore ce qui est arrivé aux frères Khajiits, ils ont disparu de leur cellule. J'ai réussi à crocheter la serrure et à m'enfuir, mais nous avons été séparés. Sulla a crié quelque chose, refusant de partir tant que nous n'avions pas trouvé ce que nous étions venus chercher et Umana s'est lancé à sa poursuite. Yag et moi avons tenté d'atteindre le haut de la crevasse, mais l'une des passerelles était brisée. Sans hésiter, elle m'a attrapé par la tunique et m'a lancé de l'autre côté du rebord, m'ordonnant de courir.  Ce que j'ai fait. Je ne me suis même pas retourné. J'ai couru comme le dernier des lâches. Je l'entendais distinctement les combattre et pourtant j'ai continué à m'enfuir. Je n'ai remarqué la flèche fichée dans mon l'épaule que lorsque je me suis caché ici.

       Ces créatures de métal rôdent toujours dans les environs et j'ai bien trop peur pour oser bouger. Que les Huit Divins me prennent, maintenant ! »

       Bien triste mort pour cet homme… Yag, la puissante femme, s'était sacrifiée pour le sauver, et je savais peut-être qui étaient les créatures sans yeux…

       Nous suivîmes le chemin sans trop de soucis, devant encore éviter bien d'autres pièges et araignées dwemers. Nous arrivâmes devant une grille dont le levier permettant de l'abaisser se trouvait de l'autre côté de celle-ci. Je tendis mon bras le plus loin possible et enfin je réussis à abaisser le levier pour actionner la porte qui s'ouvrit.

       Nous nous retrouvâmes dans une immense pièce plongeant interminablement dans les profondeurs d'Alftand, constituée de plusieurs ponts permettant d'y descendre. Nous empruntâmes ces ponts et entrâmes dans une salle où se trouvait un grillage verrouillé à clé. Je voyais derrière celui-ci un squelette, avec un livre dans une de ses mains. J'essayai de crocheter la serrure avec des morceaux de ferrailles qui traînaient mais je me décidai à tendre plutôt mon épée à travers le grillage pour y agripper le livre, que je n'avais qu'à lire plus tard.

     Nous reprîmes la route et dûmes chuter quelques mètres plus bas pour continuer. Nous fîmes ainsi une charmante rencontre avec un cadavre criblé de flèches appartenant aux « créatures sans yeux », celui de Yag… Pas de carnet aux alentours, donc impossible de savoir ce qui s'est passé ici. Ce n'est que plus tard que nous avons rencontré les Falmers, les créatures sans yeux…

       Ce sont des créatures répugnantes, cruelles et infâmes qui, après de très longues années, à cause de la nuit éternelle des profondeurs, ont perdu la vue mais ont surdéveloppé par la suite leurs autres sens, ce qui leur permet d'être normaux. Enfin… normaux, pas physiquement.

       Le combat contre deux de ces Falmers s'entama. Leurs armes étaient assez puissantes et leur barbarie tout autant. D'autres araignées dwemers et Falmers se joignirent au combat. Ils étaient en surnombre, il était impossible de tous les combattre à la fois. Je me décidai donc à fuir avec Lydia, cela ne nous aurait rien apporté de tous les tuer si ce n'est que denous mettre en danger inutilement.

       Nous poussâmes une porte et nous retrouvâmes dans une salle où d'autres Falmers rôdaient. Leur force était excessive mais une bonne maîtrise du Déferlement me permit de les tuer, dans un acharnement puissant. Je commençais à bien maîtriser ce Cri.

     Nous continuâmes et tuâmes encore d'autres Falmers grâce à la destruction par les flammes. Puis après ça, nous avons pénétré dans une salle de torture ou gisait le cadavre de… Valie. A ce point-là, il ne devait pas rester beaucoup de survivants… Je tuai les Falmers qui étaient là, je descendis, levai la tête et vis tous les ponts que nous avions traversés, nous étions presque au plus profond.

       Nous avions traversé une grande une porte pour nous retrouver dans une grande pièce rocheuse, aux dimensions pharaoniques, magnifiquement bien éclairée. Il y avait ici, un escalier, et devant, une grande grille. Elle était fermée et ne semblait pas contenir de levier pour la lever. Par chance, un autre escalier était présent, nous permettant de monter vers une plateforme en hauteur qui contenait un levier. Je l'abaissai et la grille de métal dwemer s'ouvrit aussitôt. Nous montâmes l'allée et les escaliers rocheux et interrompis par un chef d'œuvre de la technologie dwemer, d'une puissance incroyable, un Centurion.

       Ce sont les machines les plus redoutables créées par les dwemers pour défendre les ruines comme celles-ci. Ils sont immenses et leur métal est aussi résistant qu'un mur de pierre. Un des seuls moyens de les abattre est de toucher leur cœur, leur point faible.

       Une lutte acharnée s'en suivit. Il était durement coriace et très difficile à toucher. De plus, il émanait de son mécanismeune sorte de souffle, de vapeur, nous causant nausée et fatigue. Tout à coup, je vis son cœur, mais pas moyen de l'atteindre sans prendre de risques démesurés. Il fallait que je sois rapide et agile. J'avais la solution. Je reculai, enfilant mon amulette du Dovahkiin, puis en puisant dans mes entrailles :

« TIID KLO UD ! »

        Le temps fut comme… déformé. Il s'était considérablement ralenti. Je pus me déplacer plus rapidement que le Centurion et Lydia, c'est comme ça que fonctionnait ce Cri. L'auteur de celui-ci pouvait ralentir le temps tout en pouvant se déplacer plus librement. Dans une course maîtrisée, je l'esquivai, au ralenti, puis enfonçai mon épée de Lame dans son Noyau, ce qui l'abattu. En une fraction de seconde, le temps redevint normal. Le monstre mécanique s'écrasa au sol… vaincu. Lydia avait été légèrement blessée mais sauvées par une de mes potions de soin. Le Centurion avait sur lui une clé, qui devait sans doute ouvrirla porte qui se trouvait derrière. Je déverrouillai la porte et entra avec Lydia dans une étrange salle.

       En son centre, se trouvait une table étrange. L'apparition de deux silhouettes humaines nous fit sursauter. C'était bien eux… Il ne pouvait s'agir que d'Umana et Sulla, seuls survivants. Ils parlèrent sous nos yeux, se croyant discrets… sans se rendre compte de notre présence :

« -Sulla, ne restons pas là. Il y a déjà eu assez de morts ! chuchota Umana.

   -Oh, bien sûr que vous voulez que je parte. Vous attendez que je tourne le dos. Pour vous en attribuer toute la gloire !

   -Des intrus ! cria Umana en nous voyant.

   -Non ! Nous ne vous voulons pas de mal ! m'écriai-je.

   -Vous aussi vous voulez nous tuer par derrière… je le sens, s'exclama Sulla.

   -Non ! J'ai retrouvé vos amis disparus.

   -Vraiment ? Où sont-ils ?

   -Ils sont… morts… Mais écoutez-moi…

   -Vous les avez tués ! Je le savais !

   -Non écoutez-moi ! Ils ont été tués par les Falmers.

   -Mensonge ! »

       Ils chargèrent sur nous et un combat s'engagea. Bizarrement, il semblait qu'Umana et Sulla n'étaient pas du même camp, essayant eux-aussi de s''entretuer, ce qui fut à notre grand avantage. L'un des deux était un mage très qualifié et par sa magie des puissantes flammes élimina facilement Umana. Il ne nous resta plus qu'à tuer le dernier pour enfin nous retrouver tranquilles, enfin presque.

       Je pris le temps d'examiner cette pièce et je vis au centre de celle-ci, une sorte de table étrange avec, sur son plateau, plusieurs anneaux dwemer, et un emplacement pour une sphère. La sphère que m'avait donnée Septimus lors de notre visite dans son antre ! Je posai la sphère en son socle et une vibration croissante se fit sentir, les anneaux se mirent à bouger et un escalier descendant se forma sous nos pieds, nous menant à une porte, qui s'ouvrit… aux entrailles et profondeurs de la terre… Griffenoire.

       C'était le plus bel endroit que je n'avais jamais vu. Les profondeurs du monde ressemblaient donc à ça… Une beauté à couper le souffle. Les lumières qui l'éclairaient étaient bleus et resplendissantes. Des sortes de champignons géants formaient la végétation et des structures de pierres se distinguaient au loin. C'étaient les villes Dwemers.

       En pleine contemplation, nous fûmes interrompus par l'arrivée d'une sphère gardienne dwemer, redoutable au combat, plus que les autres sphères dwemers classiques, et plusieurs Falmers… Nous nous débattions mais leur nombre était excessif. Nous étions dépassés, je commençai donc à combattre en retraite mais Lydia ne semblait pas vouloir me suivre :

« -Courez, thane, je les retiens !

   -Mais qu'est-ce que vous faites ?!

   -Je vous sauve la vie ! Arg… Courez !

   -Mais… Rrrrrh… »

       Je me précipitai vers elle :

« -Agrippez-vous à mon dos, Lydia.

   -Partez !

   -Accrochez-vous à mon dos je vous dis !

   -Hhh… D'accord…

   -WULD ! »

       Cette Impulsion nous fut bénéfique pour fuir nos premiers ennemis mais sur le chemin d'autres créatures répugnantes crachant du venin dégoûtant nous interpellèrent. Je dus enchaîner les Cris d'Impulsion, ce qui m'épuisait énormément, en plus de la fatigue pensante qui commençait à se faire ressentir. Je voyais de plus en plus de monstres, créatures, Falmers, même des Centurions derrière nous :

« -Regardez là-bas, c'est la Tour de Mzark ! dis-je essoufflé en courant.

   -Vous savez je peux courir, maintenant…

   -Cela m'aiderait beaucoup, mais alors courrez vite car ils nous poursuivent de proche ! »

       En effet la tour sombre se trouvait droit devant nous, dans les parties obscures. Nous courûmes à travers les paysages magnifiques de Griffenoire. Il y avait sur notre droite, un endroit bien étrange, une sorte de cité sousla terre, avec au-dessus de celle-ci, une sphère géante et jaune, qui fit monter en moi un sentiment de peur, mais qui pour autant m'attirait, de façon hypnotique.Une flèche ricochant sur mon armure me rappela vite qu'il fallait courir.

       Enfin, nous arrivâmes à l'ascenseur de la Tour de Mzark, tous deux essoufflés de cette course des plus épuisantes. J'enclenchai l'ascenseur puis d'une pulsion vers le haut, l'ascenseur nous fit monter et entrer dans la tour.

       Il n'y avait personne dans la Tour, à notre grande chance. Une porte nous conduisit face à une immense sphère dwemer, que l'on pouvait voir de haut en montant via un passage sur le côté. Je contemplais cette sphère magnifique. C'était un grand système dwemer constitué de miroirs etde cristaux verts avec au plafond de la pièce, accroché par de grands bras métalliques, une sorte de pierre en forme d'ogive qui contenait quelque chose, et je savais déjà quoi. Je montai sur une estrade pour voir comment trafiquer le système afin de le récupérer. Il y avait sur cette estrade quatre boutons, un emplacement, et un socle pour le cube dwemer de Septimus.

       Je posai le cube sur le socle et deux des boutons s'allumèrent. Je poussai le premier et la grande sphère se mit à pivoter puis s'arrêta. Je poussai le deuxième et l'opération se répéta différemment. Au bout de quelques autres tentatives, letroisième s'alluma et le cube également. Puis des miroirs en hauteur se mirent à bouger. Je le repoussai et les miroirsse placèrent de façon à refléter le puits de lumière qui venait d'en haut. Le quatrième bouton se dévoila. Je le pressai d'un geste lent, puis les miroirs s'écartèrent pour faire place à la pierre en ogive, qui descendit, s'ouvrit, et fit place aux écritures du jour et de la nuit, du présent et de l'au-delà, de la vie et de la mort, du passé, du présent et du futur, du Temps et de la Fracture, de la lumière et de l'obscur, de l'aube et du crépuscule, le Parchemin des Anciens.



Chapitre XIV

 

Le trépas d'Alduin


       L'objet le plus important de l'histoire du monde se trouvait juste sous mes yeux. Le Parchemin des Anciens… Je le pris, l'admirai, et l'accrochai solidement à mon dos avec mon arc. Puis j'empruntai la porte qui se trouvait non loin de là. Elle menait à un ascenseur, qui lui-même conduisaità l'extérieur. Je l'activai et me retrouvait dehors, mais non pas à la fente du glacier de notre arrivée qui nous avait permis d'entrer dans cet enfer. Nous étions à un autre campement, lui aussi abandonné, dans une cage dwemer, comme celle d'Alftand, mais nous avons réussi à nous en libérer grâce à un levier.

       La lumière du jour avait enfin repris vie dans mon esprit, après cette nuit de malheur et d'infinie obscurité. Je n'avais qu'une idée en tête, me reposer. L'enfer de Griffenoire était fini, je pouvais enfin apprécier les bienfaits du sommeil. Nous avions passé toute la nuit dans ces ruines infernales. Je décidai donc de nous installer temporairement dans cet ancien camp pour nous y reposer.

       La période de repos finie, il fallait repartir vers la Gorge du Monde, afin d'y utiliser le Parchemin des Anciens dans la Facture du Temps etapprendre le Cri du Fendragon auprès des anciens Parleurs. Seulement… nous n'avions aucune idée d'où nous étions… Nous n'étions pas sortis à l'endroit où nous étions entrés et le chemin que nous avions parcourus était gigantesque. Je regardai ma carte pour y repérer des paysages particuliers afin de voir si un de ces lieux était proche de nous. Tout à coup, je repérai sur la carte un petit point orange, couleur de la cage dwemer, qui était aussi présent à Alftand. Je vis également le côté de la montagne qui nous indiquait l'orientation à prendre pour nous rendre à la Gorge du Monde.

       Reposés et déterminés nous étions donc enfin partis dans sa direction. En chemin, je fis très attention, afin de ne pas perdre ou abîmer le Parchemin des Anciens.

Durant mon parcours, une exclamation spontanée me vint à l'esprit :

« -Lydia !

   -Oui, thane ?

   - J'ai oublié le cube dwemer de Septimus dans la Tour de Mzark !

   -Oh… Vous pensez vraiment que ce vieux fou qui délire allait vous aider enquoi que ce soit ? Retourner là-bas prendrait trop de temps, et lui ramener encore plus. Et puis, s'il prétend être si puissant, qu'il aille le chercher lui-même !

   -Vous avez sans doute raison… »

       Lydia avait bien exprimé ses pensées… Et d'une part je les partageais… Après une longue route, nous arrivâmes enfin à la Gorge du Monde. Toutes nos aventures nous avaient forgés une détermination et une résistance au froid à toute épreuve. Paarthurnax vint nous parler :

« Alors vous avez le Kel, le Parchemin des Anciens. Tiid kreh… qualos. Le temps frissonne à son contact. Il n'y a plus aucun doute, la main du destin vous guide. Kogaan Akatosh. Les os mêmes de la terre sont à votre disposition. »

       Je me plaçai au centre de la Fracture du Temps, pris le Parchemin, regardai Paarthurnax, puis l'ouvrit…

       Je fus projeté à l'intérieur de celui-ci, je voyais… je voyais le passé, je voyais Alduin, je voyais Hakon, Gormlaith et Felldir. Je voyais la bataille contre le Dévoreur de Mondes. Je ne pouvais pas me déplacer, juste regarder, mais me sentis quand même à l'intérieur du Parchemin, dans l'histoire de Bordeciel. Hakon et Gormlaith étaient présents, face à un dragon, pas Alduin.

« -Gormlaith ! Nous n'avons plus le temps ! Le combat… cria Hakon.

   -Daar sul thur se Alduin vokrii. Aujourd'hui, Alduin remonte sur son trône, s'écria le dragon. Mais je salue ton courage. Krif voth ahkrin. Maintenant, tu vas mourir. Pour rien.

   -Pour Bordeciel ! »

       Hakon et Gormlaith commencèrent un combat acharné contre ce dragon. Gormlaith se jeta brusquement sur sondos en lui infligeant de multiples coups d'épée :

« Sachez que c'est Gormlaith qui vous tue ! cria-t-elle. »

       Elle l'abattu de coups violents d'épée puis revint vers Hakon :

« -Hakon ! Quel jour de gloire, tu ne trouves pas ?

   -Vous n'êtes pas capable d'agir autrement que par effusion de sang ?

-Je ne vois pas ce qu'il y a d'autre à faire !

-Le combat n'évolue pas en notre faveur. Si Alduin ne relève pas notre défi, je crains que tout soit perdu.

   -Tu t'inquiètes trop, frère. Nous serons victorieux. »

       Felldir l'Ancien les rejoignit :

« -Pourquoi Alduin reste-t-il replié, questionna Hakon à Felldir. Nous avions tout parié sur votre plan, vieillard.

   -Il viendra, répondit-il. Il ne peut ignorer notre défi. Et pourquoi aurait-il peur de nous, même maintenant ?

   -Nous l'avons déjà bien couvert de sang, intervint Gormlaith. Quatre de ses parents sont déjà tombés sous ma lame rien qu'aujourd'hui.

   -Mais personne n'a encore fait face à Alduin en personne. Galthor, Sorri, Birkir…

   -Ils n'avaient pas Fendragon. Une fois qu'il sera à terre, je jure de lui couper la tête.

   -On ne peut pas tuer Alduin comme un vulgaire dragon. Sa force dépasse largement la nôtre. C'est pour cela que j'ai apporté le Parchemin des Anciens, dit-il en le sortant.

   -Felldir ! Nous avions convenu de ne pas les utiliser ! s'écria Hakon.

   -Je n'ai jamais voulu ça. Et si tu as raison, je n'en aurai pas besoin.

   -Non. Nous allons nous occuper d'Alduin nous-mêmes, ici, et maintenant.

   -Nous le saurons bientôt. Il approche ! »

       Alduin se posa sur le Mur de dragon, terrifiant :

« -Meyye ! Tahrodiis aanne ! Him hinde pah liiv ! Zu'u hin daan !

   -Comme ceux qui nous regardent de Sovngarde doivent nous envier en ce jour. »

       Alduin s'envola mais Gormlaith l'interrompit brutalement, avec le Fendragon… :

« JOOR ZAH FRUL !!! »

       Alduin fut forcé de se poser, et se sentit affaibli. J'avais, en entendant ce Cri, appris le Fendragon, j'avais appris le moyen de vaincre Alduin ! Il s'était enfouie en moi :

« -Nivahriin joorre ! Qu'as-tu fais ? Quels sont ces mots déformés que tu as créés ?! Tahrodiis Paarthurnax ! Je vais te rompre le cou ! Mais avant cela dir ko maar. Tu mourras dans la terreur car voici ton destin : nourrir mais pouvoirs lorsque je te retrouverai en Sovngarde !

   -Si je meurs aujourd'hui, ce ne sera pas de terreur. »

       Le combat commença et Gormlaith était fort déterminée :

« Tu ressens la peur pour la première fois, ver de terre, dit-elle. Je le vois dans tes yeux. Bordeciel sera libre ! »

       Alduin, prit d'un excès de colère, força ses crocs puis tua violemment Gormlaith …

« Non ! Soit maudit ! cria Hakon. Ça ne sert à rien ! Felldir, utilisez le Parchemin ! Maintenant ! »

       Pendant qu'Hakon et Alduin se confrontaient dans un combat digne de la plus grande gloire, Felldir sortit le Parchemin des Anciens et prononça ces mots :

« Viens, Alduin l'Ailé ! Kynareth, prête-nous ton souffle sacré pour lui faire entendre notre prière ! Disparais, Dévoreur de mondes ! Par ces mots qui te précédèrent, nous rompons le lien qui t'unit à ce monde et te congédions ! Soit banni à jamais ! Alduin, les cris de tes maîtres t'enjoignent de t'enfuir ! »

       Le Parchemin commença à agir et Alduin fut surpris :

« Faal Kel… ?! Nikriinne… »

       Alduin disparut dans un effet d'évaporation et d'effondrement :

«-Soit banni à jamais !

   -Ça a marché… Vous avez réussi, s'émerveilla Hakon.

   -Oui, le Dévoreur de mondes n'est plus… Que les esprits aient pitié de nos âmes. »

       Le combat se termina, le passage du Parchemin des Anciens par la même occasion, puis, en me réveillant de cette lecture hypnotisante, je vis le chaos qui avait envahi les lieux. Alduin était face à moi :

« Tu vas mourir et je te retrouverai en Sovngarde ! cria-t-il. »

       Il s'envola et le combat inattendu s'entama contre le Dévoreur de Mondes…

« Dovahkiin ! Utilisez le Fendragon si vous le connaissez ! me cria Paarthurnax. »

       Je me plaçai au centre de la Gorge du Monde.

« Il est trop tard Alduin… Ta défaite est proche… JOOR ZAH FRUL !!! »

       Une aura bleuâtre sortit de mon corps et monde esprit en allant droit à Alduin, ce qui provoqua pour lui un affaiblissement, et le força à se poser. Je sentis la fureur des souvenirs qu'il avait de ce cri. J'enchaînais les coups d'épées et de bouclier. D'un coup, Alduin parla violemment puis des boules de feu et de roches enflammées tombèrent du ciel. Il avait utilisé le même Cri qu'à Helgen. Propulsées avec force et vitesse,les boules de feu étaient compliquées à éviter.

       Après s'être battu au sol, Alduin se s'envola de nouveau. Lydia sortit son arc et essaya de le cribler de flèches. Lydia, Paarthurnax et moi n'arrivions pas à le tuer, il était trop puissant. Je dus enchainer les Fendragon pour qu'il reste au sol, mon épée n'étant pas assez forte pour lui infliger de grosses blessures. Quant à moi je commençai à fatiguer.

       Tout à coup, Alduin prit en chasse Lydia. Il commença à la survoler de près. Puis d'un mouvement cabré inattendu, il s'approcha d'elle dans les airs, l'agrippa entre ses grandes griffes, et la lâcha du haut de la montagne.

     Il l'avait tué… Elle est était tombée de la Gorge du Monde…

« -Qu'as-tu fais ?!

   -Oh, ta pauvre huscarl est tombée de la montagne ? Comme c'est dommage…

   -Tu vas périr dans des circonstances à peine imaginables ! Espèce d'enflure ! »

       Paarthurnax avait disparu, je ne le voyais plus dans les airs, mais il ne fallait pas que je me déconcentre de mon objectif. Je criblais Alduin de flèches et de coups d'épée enragés, sous sa pluie de flammes qui brûlaient presque ma peau sans que ne m'en rende compte sous l'effet de la rage intense. Je commençais à fatiguer, et lui aussi. Au bout d'une dizaine de minutes d'acharnement, Alduin et moi étionsépuisés.

« -Dovahkiin, l'arrogance que tu tiens causera ta perte.

   -Tes projets irréalisables, et l'acte que tu viens d'entreprendre causeront la tienne, et peut-être aussi la mienne. Mais au moins, je me serais battu pour Bordeciel… au moins pour une cause utile… Maintenant… il est temps d'en finir…

   -J'en suis d'accord…

   -YOL…

   -TOOR…

   -SHUL !!!

   -SHUL !!! »

       La puissance du feu de nos deux Thu'um se rencontra, le duel de Voix était intense :

« -Tu ne peux pas me vaincre !

   -Tant que mon esprit persistera, tu ne pourras pas non plus ! Pour Lydia ! »

       Nos Thu'um étaient magnifiquement puissants, ce dueldevait presque décider del'avenir de Bordeciel… Le feu rencontrait le feu, le bien rencontrait le mal. De longues secondes d'acharnement de nos deux Thu'um se passèrent dans la rage et le défoulement insensé. Des larmes commencèrent à couler de mon visage, dans les souvenirs de Lydia et dans l'intense puissance de ce combat :

« -Alduin ! Tu te souviens de Sahloknir ? Je l'ai tué comme je vais te tuer !

   -Je te tuerais avant ! Car ta puissance ne pourra jamais égaler la mie… Arg ! »

       Un autre Thu'um s'était rajouté au mien ! L'accumulation de ces deux puissances dépassa Alduin et vint le frapper violemment. Nos Thu'um cessèrent :

« -Qu'as-tu fais ?! cria-t-il.

   -Je l'ai aidé ! intervint Paarthurnax, qui venait de ressurgir de la montagne.

   -Tu n'es qu'un traître Paarthurnax, je vais te tuer comme j'aurais dû le faire bien avant ! »

       Tous deux épuisés, Alduin vint à moi :

« -Meyz mul, Dovahkiin. Tu es devenu puissant. Mais je suis Al-du-in, premier né d'Akatosh ! Mulaagi zok lot ! Mon destin n'est pas de périr ici, par ta main, ni par celle de quiconque ! Tu ne peux pas me vaincre. Je te survivrai… mortel !

   -Je… te… stopperais… Alduin… Soit… maudit… »

       Sur ces mots, je le vis s'envoler au loin, puis m'évanouis à terre, épuisé, le vide en mon cœur et mon esprit…



Chapitre XV

 

La Grande Trêve


       Quand je me réveillai, j'étais encore à la Gorge du monde, et où les flammes d'Alduin avaient été éteintes. Paarthurnax vint à moi calmement :

« -Lot kongrah. Vous avez réellement la Voix d'un dovah. Après une telle victoire, les alliés d'Alduin réfléchiront à deux fois.

   -Il faut que je découvre… où il est parti, il a tué Lydia ! Je dois l'éliminer !

   -Ne vous inquiétez pas pour ça… Oui… Ses alliés le savent probablement. Motmahus… mais je doute qu'ils se laissent facilement convaincre de le trahir. Peut-être au hofkahsejun, le palais de Blancherive… Fort-Dragon. Il a été bâti à l'origine pour emprisonner un dovah. Ce serait l'endroit idéal pour piéger l'un des alliés d'Alduin, non ?

   -Fort-Dragon a été construit pour enfermer un dragon ?

   -Oui, c'était il y a bien longtemps. Nous étions plus nombreux alors, avant que les bruniikke, les Akavirois, ne massacrent tous mes zeymah. J'avais un ami qui s'était fait prendre par le piège. Je lui rendais visite de temps en temps. Cet isolement forcé l'avait presque rendu fou. Tiiraz sivaas… Il avait même oublié son propre nom. J'ignore comment il s'est fait capturer. Mais le bronjun, le jarl… était très fier de son animal de compagnie. Paak ! Depuis, le hofkahsejun est connu sous le nom de Fort-Dragon. Il pourrait nous servir à emprisonner un allié d'Alduin…

   -Le jarl de Blancherive ne sera peut-être pas du même avis.

   -C'est possible, mais votre su'um est puissant. Je suis persuadé que vous réussirez à le convaincre.

   -Bien, merci… »

       Ma mission était d'aller voir le jarl de Blancherive pour lui demander la faveur d'utiliser son antre, pour capturer un allié d'Alduin.

       Alduin avait tué Lydia, la tristesse et la rage me hantaient comme un vague de poussière planant dans le vide noir des tristes regrets. Je me retrouvais donc seul, mais sûr prêt à la venger, mais je devais d'abord savoir où Alduin était parti. Cette enflure de dragon devait mourir, rapidement ou alors dans la souffrance…

       Je rentrai à Blancherive dans la nuit, nostalgique, me dirigeant vers la Jument Pavoisée. Je posai mon casque d'acier à terre, au milieu du barde vantard et du pauvre soul, laissant enfin tomber mes cheveux devant mes yeux profonds… à présent devenus sombres et tristes. Je pris une chope d'hydromel, repensant à Lydia, à son énergie, ses combats, reprenant une chope d'hydromel, à son visage, ses traits, une autre chope d'hydromel, aux fois où elle me sauvait de peu, encore de l'hydromel. Les larmes commencèrent à couler sur mes joues noircies par les flammes et la neige… Les chopes d'hydromel s'enchainaient, à en devenir soul et à m'endormir près du feu intense de l'auberge, près de mon casque, humidifié par les pleurs incessants de ces souvenirs revenant à chaque pensée…

       Je me réveillai, même lieu que la veille au soir, le mal de tête aussi résonant que les souvenirs de Lydia. Chaque pas semblait faire rebondir tout mon corps. J'essayai de me déplacer mais mes équipements semblaient m'attirer vers le sol d'une façon considérable. Je me dis que j'avais trop d'équipements. Je n'avais plus de place sur moi pour accrocher les potions, les armes, les livres importants… Je devais avoir un lieu de stockage sûr pour mon équipement, par exemple une maison… Les paroles du jarl me revinrent à l'esprit :

« En gage de mon estime, j'ai dit à Avenicci que vous pouviez maintenant acheter une propriété dans la ville. »

       Je me dirigeai donc vers le Fort-Dragon, poussai la grande porte, et allai m'adresser au jarl, installé fièrement sur son trône, en profitant du moment pour lui parler du plan :

« -J'ai besoin de votre aide. Je dois capturer un dragon dans votre palais.

   -J'ai dû mal entendre. J'ai compris que vous vouliez que je vous aide à piéger un dragon dans mon palais.

   -Vous savez bien que je ne vous le demanderais pas si ce n'était pas important.

   -Je suis désolé, c'est impossible. Nous allons devoir continuer à combattre les dragons du mieux que nous pouvons.

   -J'ai besoin de votre aide.

   -Ce que vous me demandez, c'est de la démence. C'est impossible. Vous voudriez que je laisse un dragon au cœur de ma ville, alors que la guerre est à ma porte ?

   -C'est le seul moyen de stopper les attaques de dragons.

   -Le risque est trop grand. Il doit y avoir un autre moyen.

   -La menace est plus terrible que ce que vous croyez. Alduin est de retour.

   -Alduin ? Le Dévoreur de mondes en personne ? Mais… comment le combattre ? Son retour ne marque-t-il pas la fin des temps ?

   -Je suis Enfant de dragon, c'est ma destinée de l'arrêter.

   -Je maîtrise mal le sujet, mais j'ai entendu dire que les Grises-Barbes vous ont appelé. Ça me suffit… Mais vous avez vraiment l'intention de piéger un dragon dans mon palais ? C'est insensé.

   -C'est le seul moyen de trouver Alduin avant qu'il ne soit trop tard.

   -Je veux vous aider, Enfant de dragon, et je le ferai. Mais avant cela, c'est moi qui ai besoin de votre aide. Ulfric et le Général Tullius sont à l'affût du moindre de mes faux-pas. Pensez-vous qu'ils vont rester les bras croisés pendant que ce dragon massacrera mes hommes et brûlera ma cité ? Non. Ils n'hésiteront pas à profiter de la situation. Je ne peux risquer d'affaiblir ma ville alors que nous sommes sous la menace d'une attaque. Je suis désolé.

   -Et si vous n'aviez pas à vous inquiéter d'une attaque ennemie ?

   -Alors je serai heureux de vous aider dans votre folle entreprise pour piéger ce dragon. Mais vous aurez bien du mal à amener les deux camps à signer une trêve maintenant. Le ressentiment est trop profond. Peut-être… hmm… Et les Grises-Barbes ? Ils ont le respect de tous les Nordiques. Le Haut Hrothgar est un territoire neutre. Si les Grises-Barbes voulaient bien accueillir un sommet pacifique… Ulfric et Tullius seraient obligés d'écouter.

   -Laissez-moi m'en charger. Je vais aller voir Arngeir pour le convaincre d'accueillir un conseil de paix.

   -D'accord, Enfant de dragon. Vous pourrez peut-être arrêter les dragons, et cette guerre par la même occasion.

   -D'ailleurs, je peux acheter une propriété en ville ?

   -Allez demander à mon chambellan, Proventus, c'est lui qui gère ce genre d'affaires.

   -Merci. 

   -Bonne chance. »

       J'allai donc vers Proventus, assis à une table :

« -J'aimerais acheter une maison en ville.

   -Parfait ! Une maison est actuellement disponible.

   -Je prends, dis-je en sortant quelques bourses de mes poches.

   -Merveilleux ! Voici la clé de votre nouvelle demeure. »

       Je sortis du Fort-Dragon et allai apprécier ma nouvelle maison, à l'entrée de la ville, que j'avais nommée tel un lieu pacifique : Douce Brise. Les répercussions des multiples chopes d'hydromel commençaient à se faire de moins en moins ressentir. J'allai donc me conforter dans mon nouveau lit, seul… qui me fit passer la nuit.

       Après avoir passé la nuit dans ma nouvelle demeure, et avoir déposé mes équipements inutiles, je me dirigeai vers le Haut Hrothgar, sous une neige froide, en me rappelant encore de Lydia… et de ce que m'avait dit la vielle dame à Fortdhiver.

       J'entrai et allai parler à Arngeir :

« -Alduin… nous avons entendu le cri de Fendragon d'ici… l'avez-vous vaincu ?

   -Oui, mais il s'est enfui. Il faut que je trouve le portail qu'il a emprunté pour se rendre à Sovngarde. Il m'a dit qu'il m'y retrouverait.

   -C'est bien ce que je craignais. Je crois l'avoir aperçu vers l'est après votre combat.

   -J'ai besoin de votre aide. Je dois capturer un dragon.

   -Nous ne sommes pas des guerriers. Ce qui est toléré pour l'Enfant de dragon est interdit aux adeptes de la Voix.

   -Laissez-moi me préoccuper de la capture du dragon. C'est pour arrêter la guerre que j'ai besoin de votre aide.

   -Notre autorité possède certaines limites que vous ne semblez pas connaître. Les Grises-Barbes ne se mêlent jamais de politique.

   -Le jarl Balgruuf refuse de m'aider tant que la guerre fait rage.

   -Je comprends. Le dragon vous mènera à Alduin, mais sans l'aide du jarl… Les deux camps respectent les Grises-Barbes. Ils écouteront. Paarthurnax a décidé de vous aider. Nous devons suivre cette voie. Visiblement, même les Grises-Barbes doivent s'adapter aux changements. Bien. Dites à Ulfric et au Général Tullius que les Grises-Barbes souhaitent leur parler. Nous verrons s'ils se souviennent toujours de nous.

   -Bien, merci, Maître Arngeir »

       Sur ce, je partis vers Solitude, ville Impériale, afin d'avertir le Général Tullius de la situation, ensuite, je devais aller à Vendeaume, pour y retrouver Ulfric Sombrage.

       Le souvenir que je gardais de Lydia était celui de la plus forte et glorieuse des guerrières… Toujours là pour me suivre et m'aider dans les plus folles aventures…

       Je me rendais donc à Blancherive et louai le voyage en chariot. Pas d'exécution en arrivant en ville cette fois… Je me dirigeai, au beau milieu de cette magnifique ville, vers le Mornefort, où réside le Général Tullius. J'entrai et me dirigeai vers celui-ci, qui discutait de la guerre, sans surprise :

« -Mes hommes laissent-ils n'importe qui se promener librement dans le château ? Avez-vous une bonne raison d'être ici ?

   -Je crois que nous nous sommes déjà rencontrés…

   -Hmm ? Oh… Oui, bien sûr. Vous étiez à Helgen ! Vous étiez parmi les prisonniers… si je me souviens bien…

   -Hum… Passons… J'ai un message des Grises-Barbes.

   -Les Grises-Barbes ? Qu'est-ce que ces vieux ermites pourraient bien me vouloir ?

   -Ils ont appelé la tenue d'un conseil de la paix au Haut Hrothgar.

   -Pourquoi ? Nous n'avions rien à dire tant que ce traître d'Ulfric continue de s'insurger contre son empereur.

   -Il nous faut une trêve tant que la question des dragons n'a pas été réglée.

   -Ils représentent un danger de plus en plus important, certes, mais on ne m'a pas envoyé en Bordeciel pour chasser les dragons. Ma mission est d'écraser cette rébellion et c'est bien ce que je compte faire. Au diable ces dragons.

   -Les dragons constituent un problème plus important que la guerre, à l'heure actuelle.

   -C'est à moi d'en juger. De plus, il semblerait que ces attaques handicapent tout autant les Sombrages.

   -L'Empire ne peut pas se permettre de snober les Grises-Barbes !

   -Hmm… Vous avez peut-être raison. J'oublie toujours que les Nordiques les prennent très au sérieux.

   -Vous viendrez au conseil de paix, alors ?

   -D'accord, d'accord. Je prendrai part à ce conseil des Grises-Barbes. Pour ce que ça changera… »

       La discussion prit fin et j'en profitai pour aller acheter quelques potions dans la belle boutique d'alchimie « Breuvages d'Angéline ». Après avoir fait un petit tour dans la ville, je repartis pour Vendeaume, avec le cocher, et sans Lydia... dont les souvenirs me hantaient terriblement, à chaque minute…

       La route fut longue, Solitude et Vendeaume sont très éloignées. Le voyage fit passer le paysage d'un beau à soleil à une neige glaciale et épaisse. En arrivant, je traversai la grande allée sombre et enneigée et entrai dans Vendeaume. C'est une ville réputée pour être froide, dans tous les sens du terme, et être la capitale des préjugés. Je détestais particulièrement cette ville, elle n'inspirait ni la confiance, ni l'espoir.

       J'entrai dans le Palais des Rois, lieu de résidence d'Ulfric Sombrage :

« -Je me souviens de vous… me dit-il d'une voix grave et calme. Vous étiez avec nous à Helgen ! Vous voulez rejoindre nos rangs ? Allez parler à Galmar, il s'occupe des nouvelles recrues.

   -Je ne suis pas là pour ça.

   -Je suis désolé de l'apprendre. Si vous changez d'avis, parlez à Galmar. Qu'est-ce qui vous amène jusqu'à moi ?

   -J'ai un message des Grises-Barbes.

   -Il était temps qu'ils arrêtent de fixer les cieux et qu'ils prêtent attention à notre patrie sanglante. Que veulent-ils ?

   -Ils veulent négocier une trêve tant que la question des dragons n'aura pas été réglée.

   -J'ai le plus grand respect pour les Grises-Barbes, naturellement. D'autre part, les attaques des dragons sont des fléaux de plus en plus fréquents. Mais la situation politique reste délicate. Certains jarls ne soutiennent pas pleinement mon ascension au titre de Haut-Roi. Je ne peux pas permettre de paraître faible. Je n'accepterai qu'à condition que Tullius en personne soit présent.

   -Le Général Tullius a accepté d'être présent.

   -Bien. Nous détenons encore la moitié de Bordeciel malgré tout ce que l'Empire nous a fait subir. Je doute qu'il puisse perdre encore beaucoup de sang.

   -Vous viendrez donc au conseil de paix ?

   -Oui. Je donnerai à Tullius une dernière chance de quitter Bordeciel la queue entre les jambes. »

       Après ces mots… plus ou moins… directs, et après avoir servi de Dovahkiin messager, je devais me rediriger vers Douce Brise, ma maison, pour y trouver des habits dignes d'un conseil de paix, rencontrant les grandes personnalités de Bordeciel, organisé par les Grises-Barbes. J'allai acheter des habits convenables puis repartis vers le lieu du conseil.

       Quand j'arrivai au Haut Hrothgar, plusieurs personnes y étaient déjà entrées. Les quatre Grises-Barbes étaient réunis au centre de la pièce principale.

« -Vous avez donc réussi. Vous avez rassemblé les hommes de violence dans cette pièce, toute entière dédiée à la paix. Je n'aurais pas dû accepter de tenir ce conseil. Les Grises-Barbes n'ont aucune raison de prendre parti en la matière.

   -Ne vous en faites pas, dis-je, je veillerai à ce qu'ils acceptent de faire la paix.

   -La paix ? J'en doute. Ils cesseront probablement le feu un moment, mais uniquement pour mieux s'élancer dans le prochain bain de sang. Ils ne sont pas encore lassés de la guerre. Connaissez-vous l'ancien terme Nordique signifiant la guerre ? C'est la « saison éternelle ». Mais les regrets sont inutiles. Nous y sommes. Prenez place à la table du conseil et voyons si ces guerriers de Bordeciel savent faire preuve de sagesse. »

       Je me dirigeai vers la table du conseil, fus surpris intérieurement de rencontrer autant de personnes si importantes, debout, autour d'une même table. Il y avait là : la jarl Élisif, dite la Juste, jarl de Solitude, femme du Haut-Roi Torygg, le Général Tullius, le Légat Impérial Rikke, le jarl Balgruuf de Blancherive, Elenwen, l'ambassadrice du Thalmor en Bordeciel, que j'avais rencontrée à l'ambassade, Delphine et Esbern, Galmar, Ulfric Sombrage et Arngeir.

       Je m'installai au bout de la table et le conseil de paix put commencer :

« -Puisque tout le monde est présent, prenez place, nous allons commencer.

   -Non. Vous nous insultez en l'amenant à cette négociation ? intervint Ulfric en parlant d'Elenwen. Celle qui fait la chasse aux disciplines de Talos ?

   -Eh bien, ça n'aura pas mis longtemps… déclara le Légat Rikke d'un air moqueur.

   -Toujours aussi diplomate, exprima le jarl Balgruuf.

   -J'ai tout à fait le droit de participer à cette négociation, s'écria Elenwen. Je dois veiller à ce que rien de ce qui sera conclu ici ne viole les termes du Traité de l'Or Blanc.

   -Elle fait partie de la délégation Impériale, déclara Tullius. Ce n'est pas à vous de décider qui je peux convier à ce conseil ou non.

   -Je vous en prie, exprima calmement Arngeir. Si nous en venons à négocier les termes de la négociation, nous n'arriverons à rien. Le moment semble opportun pour demander l'avis de l'Enfant de dragon en la matière.

   -Par la barbe d'Ysmir ! Ces chiens d'impériaux ont un de ces culots ! déclara fort Ulfric pour ma destination. Jamais je n'accepterai de m'asseoir à la même table que cette… garce de Thalmor. Si elle ne part pas, c'est moi qui m'en irai.

   -Qu'y a-t-il de mal à ça ? dis-je d'un ton réconciliateur. Nous devons trouver un accord, gardez vos opinions pour vous. Il est vrai que je ne suis pas quelqu'un qui dois aimer les Thalmor… hum… Mais elle peut y participer… Et puis, Tullius non plus ne veut pas vraiment d'elle ici.

   -Peut-être, mais c'est une provocation délibérée de l'amener ici. Tullius doit apprendre que nous ne nous laisserons pas faire.

   -Accordez donc à Tullius ce qu'il demande sur ce point, dis-je, ça l'obligera à faire des concessions par la suite.

   -Hmm. J'ai l'impression de faire une erreur, mais je m'en remettrai à votre jugement. Mais elle se contentera d'observer. Nous ne négocions pas avec elle, c'est bien clair ?

   -Pourquoi tant d'hostilité ? déclara Elenwen. Après tout, ce n'est pas le Thalmor qui brûle vos fermes et tue vos fils.

   -Elle est censé être de notre côté ? déclara le Légat Rikke, toujours d'un air moqueur.

   -Vous le savez exactement… Non. Pas cette fois, dit-il.

   -Cela étant dit, pouvons-nous continuer ? s'exclama Arngeir.

   -D'abord, j'ai quelque chose à dire, déclara Ulfric. Si j'ai accepté d'assister à ce conseil, c'est uniquement pour éliminer la menace draconique. Il n'y a rien d'autre à ajouter, sauf si l'Empire est enfin prêt à revendiquer le droit injustifié de régner sur le peuple libre de Bordeciel.

   -Je savais qu'il ne pourrait pas résister, murmura le Légat Rikke, encore et toujours avec un air moqueur.

   -Nous sommes ici pour arranger une trêve temporaire qui permettra à l'Enfant de dragon de s'occuper des dragons. Rien de plus, reprit Ulfric. Rien que de parler à l‘Empire est un geste généreux.

   -Avez-vous terminé, s'écria Tullius. Êtes-vous ici pour vous écouter parler ou pouvons-nous passer aux choses sérieuses ?

   -Oui, finissons-en.

   -Pouvons-nous poursuivre ? déclara Arngeir. Jarl Ulfric. Général Tullius. Ce conseil est extraordinaire. Nous voici ici tous réunis à la demande de l'Enfant de dragon, à la demande de Dovahkiin. Je vous prierai de bien vouloir respecter l'esprit du Haut Hrothgar et de faire le maximum pour tenter d'engager un processus de paix durable pour Bordeciel. Qui souhaite ouvrir les négociations ?

   -Oui, mettons-nous au travail, dit Ulfric. Nous voulons le contrôle de Markarth. C'est le prix que nous exigeons pour accepter une trêve.

   -Ainsi, c'est la raison de votre présence ici, Ulfric ? s'écria la jarl Élisif. Vous osez insulter les Grises-Barbes en utilisant ce conseil à vos seules fins ?

   -Jarl Élisif, laissez-moi f…

   -Général, c'est scandaleux ! Vous ne pouvez pas prendre cette demande au sérieux ! Je croyais que nous étions là pour discuter d'une trêve !

   -Élisif, laissez-moi faire, s'écria le Général. Ulfric, ne me dites pas que vous vous attendez vraiment que nous cédions Markarth sur la table des négociations. Vous espérez que ce conseil vous rapportera ce que vous n'avez pas réussi à gagner au combat, c'est ça ?

   -Je suis sûr que le jarl Ulfric prévoit une contrepartie, intervint Arngeir

   -Oui, ça ne lui ressemblerait pas du tout, exprima le Légat Rikke.

   -Que voudrait l'Empire en échange ? reprit Arngeir.

   -Attendez, Général ! s'écria Élisif. Vous n'avez tout de même pas l'intention de livrer Markarth à ce… traître ?

   -C'est comme ça que l'Empire nous remercie de notre loyauté ? exprima Balgruuf.

   -Assez ! cria Tullius. Que les choses soient claires. Ce conseil n'était pas mon idée. Personnellement, je trouve que c'est une perte de temps. Vous avez trahi l'Empire et vous ne méritez qu'une chose : la mort. Mais moi au moins, je négocierai de bonne foi. Comme nous sommes tous ici sur votre demande, me dit-il, énervé, j'aimerais savoir quelle faveur accordez-vous à Markarth.

   -Pourquoi pas Faillaise ? répondis-je.

   -Hmm… La Brèche nous aiderait à sécuriser nos communications avec Cyrodiil… et à menacer le flanc sud d'Ulfric… Vous avez entendu ce qu'il a dit, Ulfric ? Nous vous avons fait une offre équitable. Êtes-vous vraiment venu négocier ou essayez-vous juste de nous faire perdre notre temps ?

   -J'attendais mieux de votre part, Enfant de dragon, me dit-il d'un ton déçu. Je suis venu de toute bonne foi…

   -Hum hum ! déclara le Légat Rikke ironiquement.

   -Et vous aidez l'Empire à la moindre occasion, reprit Ulfric. Quant à vous général Tullius, je vois que Galmar avait raison. Il est toujours aussi vain de parler à l'Empire. Si vous pensez pouvoir conserver Markarth, vous vous bercez d'illusions, comme votre Empereur lorsqu'il a cédé notre liberté aux Thalmor. Bordeciel ne s'inclinera jamais devant votre Empire factice ! Partons, Galmar. J'aurais dû vous écouter dès le départ.

   -Vous avez toujours été stupide, Ulfric, s'écria Tullius. Vous n'êtes pas plus doué en diplomatie que sur le champ de bataille.

   -Stop ! cria Esbern, en calmant toute la salle. Le danger vous aveugle-t-il au point de ne plus pouvoir dépasser vos petits désaccords ? Vous vous disputez pour des… brouilles, alors que le sort du monde en jeu ? dit-il en se levant.

   -Est-il avec vous Delphine ? interrompit Ulfric. Dans ce cas, je vous conseille de lui dire de mâcher ses mots.

   -Il est avec moi. Et je vous conseille de bien écouter ce qu'il a à dire avant de commettre une imprudence, répondit-elle en s'adressant à Ulfric et Tullius.

   -Ne comprenez-vous pas le danger ? reprit Esbern. Ne comprenez-vous pas ce que le retour des dragons entraînerait ? Alduin est revenu ! Le Dévoreur de mondes ! Il dévore en ce moment même les âmes de vos camarades tombés au combat ! Il gagne en puissance à chaque nouvelle victime de votre guerre inutile ! Ne pourriez-vous pas mettre de côté, ne serait-ce qu'un instant, la haine qui vous habite en ce danger mortel ?

   -Un bien beau discours, intervint Elenwen, mais en quoi cela concerne-t-il…

   -Taisez-vous, l'interrompit Ulfric. Il a raison au sujet d'Alduin… Nous avons tous deux autant à perdre, Tullius, ne l'oubliez pas. Bon, retournons à nos moutons maintenant. N'essayez pas de faire passer une pinte de pisse de mouton pour de l'hydromel. Ces termes ne sont toujours pas acceptables.

   -J'imagine que vous avez quelque chose à l'esprit, intervint Tullius.

   -Bien sûr, déclara Galmar.

   -Cédez-nous Hjaalmarche et prenez Idgrod Ailedejais avec vous. Sorli la Fondatricesera le nouveau jarl de Morthal.

   -Jusqu'où irez-vous, Ulfric ? s'écria Tullius. Espérez-vous que je vous cède la totalité de Bordeciel ?

   -On dirait que je n'ai pas d'autre choix que de laisser l'Enfant de dragon décider. Néanmoins, je commence à douter de votre impartialité. Qu'en dites-vous, Enfant de dragon ?

   -Je suis vraiment désolé Ulfric, mais, ils ont raison, c'est de la folie, l'Empire ne peut pas céder davantage de terres. Vous avez entendu Esbern mais pour vous, pas moyen d'en assimiler le moindre mot. Vous avez deux choix, négocier la paix, donc stopper l'accroissement de puissance d'Alduin et après régler vos comptes avec l'Empire, ou ne rien faire, et tous nous faire massacrer par le retour des dragons et Alduin… Il a déjà fait trop de victimes… Réfléchissez… pour une fois…

   -Hhh. Même l'Enfant de dragon trahit Bordeciel. Ces termes ne sont pas acceptables. Vous le savez.

   -Est-ce possible d'être aussi insupportable ? déclara le Légat Rikke d'un air encore, toujours et éternellement moqueur, mais raisonnable.

   -Je vous écoute, exprima Tullius.

   -Ne jouez pas les idiots, Tullius ! s'écria Galmar.

   -Bah ! dit Ulfric. C'est une perte de temps. Je vois bien que ce conseil ne nous accordera pas de meilleurs termes. Qu'il en soit ainsi. Les fils de Bordeciel ont fait passer le bien de tous avant leurs propres intérêts, eux au moins.

   -Nous avons visiblement trouvé un accord ! s'écria Arngeir d'un ton joyeux. Jarl Ulfric… Général Tullius… Voici les conditions actuellement en discussion : Markarth est cédée aux forces d'Ulfric. Le jarl Igmund abdique en faveur de Thongvor Sang-d'Argent, qui devient le nouveau jarl de Markarth. Les Sombrages se retirent de la Brèche et garantissent l'accès total aux troupes impériales. Le jarl Laila Juste-Loi abdique en faveur de Maven Roncenoir, qui devient jarl de Faillaise. Vous êtes tous deux d'accord ?

   -Je ne devrais pas accepter ces termes qui favorisent l'Empire aussi ouvertement. Néanmoins, au vu des circonstances, je n'ai pas le choix. Mais une fois qu'Alduin sera vaincu, ce sera au tour de l'Empire. N'oubliez pas… « Evgir Unslaad ». Vous devriez être contente, Élisif. Vous avez bien réussi votre vie, vous êtes devenue la jarl favorite de l'Empire. Mais prenez garde, la loyauté de l'Empire est fluctuante. Ils se lasseront de cette guerre et, alors, c'est vous qui dicterez mes termes.

   -Je n'ai rien à dire à ce meurtrier, répondit-elle. Général, vous avez montré que vous êtes un ami de Bordeciel. Je vous fais confiance pour continuer à faire de votre mieux pour protéger nos intérêts.

   -Merci, jarl Élisif, répondit-il. J'apprécie votre loyauté. Oui, l'Empire trouve ces termes acceptables. Pour une trêve temporaire, jusqu'à ce que les dragons ne nous menacent plus. Après cela, Ulfric… nous réglerons nos comptes. Je vous le promets. »



Chapitre XVI

 

Le Déchu


       Sur ces mots, le conseil fut levé. La majorité des personnes importantes sortirent de la pièce et du Haut Hrothgar. Le jarl Balgruuf, Esbern, Delphine, Arngeir et moi étions restés :

«  -Abandonner Markarth est un terrible prix à payer pour cette trêve, Enfant de dragon, me fit Balgruuf. J'espère que ça en vaut la peine.

   -Jarl Balgruuf, j'imagine que vous connaissez déjà le plan du Dovahkiin ?

   -Oui, je suis prêt à jouer mon rôle. Donnez-nous l'ordre et mes hommes vous aideront à déclencher le piège.

   -Mais la difficulté reste la même : comment attirer le dragon à Fort-Dragon ? intervint Arngeir.

   -Ah, je devrais pouvoir vous aider, répondit Esbern. J'ai anticipé le problème. Pendant que vous arrangiez cette rencontre, je me suis rendu dans la bibliothèque du Temple d'Havreciel. Un trésor insoupçonné de savoirs perdus… mais l'important, c'est que les Lames aient gardé une trace des dragons qu'ils ont tués. En croisant ces informations avec la carte de Delphine renseignant sur les tombes des dragons, je pense avoir identifié l'un des dragons qu'Alduin a ramené à la vie.

   -En quoi est-ce que ça nous aide ?

   -Ah, ouvrez les yeux ! Les noms de dragons sont toujours composés de Mots de puissance, trois cris. En utilisant la Voix pour appeler le dragon, il vous entendra où que vous soyez.

   -Pourquoi viendrait-il quand on l'appelle ?

   -Rien ne l'y oblige, mais les dragons sont très fiers de nature et détestent refuser un défi. Après votre victoire contre Alduin, votre voix intriguera certainement le dragon. Selon moi, il ne pourra pas résister à l'envie de vous affronter.

   -Alors, quel est le nom de ce dragon ?

   -Ah, bien sûr. Je ne maîtrise en rien la Voix comme ces messieurs, mais il doit être écrit sur ce parchemin. Od - Ah - Viing. « Chasseur des neiges ailé », c'est ce qui est écrit.

   -Bien, dis-je, je l'appellerai, et il faudra qu'il vienne. »

       Après cette discussion, une autre mission m'attendait, appeler Odahviing à Fort-Dragon. En voulant sortir, Delphine m'attrapa le bras :

« -Encore autre chose. Nous connaissons Paarthurnax.

   -Il s'avère que c'est un dragon, mais il m'a donné un fier coup de main. Ou de patte, comme vous voulez.

   -Tant mieux. Nous avions besoin de son aide, mais plus maintenant. Il est grand temps qu'il paie pour ses crimes. Et ce n'est pas n'importe quel dragon. Il était le plus fidèle serviteur d'Alduin. Il a commis des atrocités qui ne sont pas oubliées des milliers d'années plus tard. Il faut qu'il meure. Il mérite de mourir. Et c'est à vous qu'il revient de le tuer. Tant qu'il n'est pas mort… Eh bien, désolée, mais nous violeront nos serments de Lames si nous continuions à vous aider.

   -Je suis désolé, mais je ne peux pas le tuer. Il a permis de trouver les moyens d'éliminer Alduin, il a changé de côté. Je l'ai vu et entendu pendant le combat, il voulait à tout prix l'éliminer, c'est pour cela qu'il m'a aidé à le combattre. Sans lui, le monde aurait déjà été éteint depuis longtemps… Pourquoi croyez-vous qu'il a appris la Voix aux anciens Nordique ? Désolé…

   -Eh bien… notre aide s'arrête ici. Au revoir, Dovahkiin…

   -Au revoir, Delphine… Merci de votre aide. »

       Sur ces mots, tout le monde quitta le Haut Hrothgar, sous la neige, dans la nuit. Quand je sortis, je vis une silhouette sombre se situant en hauteur, à travers les neiges :

« -Hé ! criai-je. Vous, là-bas ! Que faites-vous ici ? Descendez !

   -Je viens vous chercher… répondit une voix féminine. »

       Je sortis mon épée puis répétai la question :

« - Que faites-vous là ? Qui êtes-vous ?

   -Une personne que vous connaissez bien !

   -Désolé, je ne vois pas…

   -Vous devriez… thane…

   -Thane... Lydia ? C'est bien vous ?!

   -Eh bien ! Vous en avez pris du temps pour vous rendre compte que je n'étais pas morte !

   -Lydia ! Mais comment… ? Je l'ai vu ! Il vous a fait tomber de la montagne ! Alduin vous a jeté du haut de la Gorge du Monde !

   -Peut-être, mais pendant que vos flammes intenses rencontraient celles d'Alduin, Paarthurnax me rattrapa dans ma chute, juste à temps, puis me déposa près de Fort-Ivar, avant de retourner vous aider.

   -Comme c'est bon de vous revoir, mon huscarl ! dis-je en lui sautant dans les bras. J'ai terriblement été hanté par vos souvenirs ! Je ne le serais plus à présent. Comment avez-vous fait pour me retrouver ?

   -Les nouvelles vont vite ici. Un conseil réunissant presque toutes les personnes importantes de Bordeciel, et qui en plus est mené par les Grises-Barbes, ça ne passe pas inaperçu !

   -C'est un plaisir de vous retrouver. Venez, allons nous reposer dans ma nouvelle maison à Blancherive, avant de capturer cet Odahviing. »

       Sur ces mots, nous étions repartis dans la nuit vers Blancherive, réjouisd'enfin nous être retrouvés. Nous passâmes le reste de la nuit dans ma demeure, à dormir, et à penser ce qui allait arriver le lendemain. Cette nuit-là, je sentais que le dernier jour de cette épopée était proche… Mais je me sentais prêt… Je n'avais plus peur de rien…

       Le soleil se leva sur la plus belle ville de Bordeciel, à mon humble avis. Nous nous étions dirigés au marché, où se trouvait encore la belle Constance, puis nous étions rendus au Fort-Dragon pour préparer l'assaut d'Odahviing. Devant les escaliers de Fort-Dragon, un homme en tunique criait des phrases de rébellion contre l'Empire, devant une statue et un autel de Talos. Cet homme m'énervait particulièrement, crier comme ça à l'intérieur d'une si belle ville… C'était presque irrespectueux. Nous étions entrés dans le Fort et allâmes parler au jarl Balgruuf :

« -Êtes-vous prêt à déclencher le piège pour attraper le dragon ? lui dis-je.

   -Comme promis, mes hommes se tiennent prêts. Les grandes chaînes ont été huilées. Nous attendons votre signal.

   -Au travail, nous avons un dragon à capturer.

   -Mes hommes savent ce qu'ils ont à faire, jouez votre rôle au mieux. Le destin de ma cité est entre vos mains.

   -Par la même occasion celui du monde… Allons-y. »

       Nous quittâmes la grande salle du fort pour nous diriger vers le piège, le Grand Porche. Il est équipé d'un système permettant, grâce à des chaînes, de faire tomber une immense poutre, afin de piéger un dragon. Un système bien minutieux. Il y avait au fond de cette cour, un garde qui observait sagement la route qui précédait Blancherive.

       Le jarl me donna le signal, j'observai tout le monde présent, puis l'appelai :

« OD AH VIING !!! »

       Un silence sourd se fit entendre :

« Et donc ? N'y aurait-il pas un dragon qui devrait appar… Le voilà ! »

       En effet, Odahviing, le dragon aux écailles ardentes rouges et orange surgit de derrière le Porche et, sans problème, agrippa le garde qui observait la route pour le lâcher à plus de cent mètres de celle-ci.

       Nous avions tous sortis nos armes puis avions commencé à nous battre. Il était coriace, bien plus que les autres dragons que j'avais rencontré, excepté Alduin. Le jarl, Irileth, Lydia, un garde et moi-même nous débattions face à ce monstre.

« Ne le tuez pas ! criai-je. Il faut le capturer vivant ! Attirez-le au centre du piège ! »

       Je tirai une flèche sur le dragon, ce qui l'interrompit dans son assaut :

« He, toi, le dragon ! criai-je. Ça ne te plairait pas d'affronter l'Enfant de dragon en personne ? Je suis tout à toi ! Aller approche ! »

      Le dragon fut attiré par mon message. Je commençai à courir à reculons, et il me suivait avec distraction. Il finit par se désintéresser de ma provocation et se renvola. Je dus donc employer les grands moyens :

« JOOR ZAH FRUL !!! »

       Le dragon fut forcé de se poser par l'affaiblissement du Cri puis il commença enfinà me suivre vers le piège, qu'il n'avait pas encore repéré.

« -Dovahkiin, ta fin est là ! Tu vas pér… Arg !

   -Je vais quoi ? »

       Le piège s'était refermé sur le dragon, il ne pouvait plus bouger, plus attaquer. Nous avions tous rabattu nos armes puis nous étions dirigés vers Odahviing, immobilisé :

« -Zu'u bonaar. Tu as traversé mille épreuves pour me mettre dans cette position… humiliante. Hind siiv Alduin, hmm ? Tu souhaites sans doute savoir où se trouve Alduin ?

-C'est exact. Où est-il parti pour accéder à Sovngarde ?

   -Rinik vazah. Des mots appropriés. Alduin bovul. Si j'ai répondu à votre appel, c'est pour mettre ton Thu'um à l'épreuve en personne. Nombre d'entre nous ont commencé à remettre le règne d'Alduin en question, à se demander si son Thu'um était vraiment le plus puissant. Parmi nous, évidemment. Mu ni meyye. Nul n'était encore prêt à le défier ouvertement…

   -Vous étiez en train de me dire où se trouvait l'emplacement de Sovngarde…

   -Unslaad krosis. Innombrables excuses. Je m'égare. Alduin s'est rendu à Sovngarde pour retrouver toute sa force, dévorer les sillesejoor… les âmes des mortels défunts. Un privilège qu'il garde jalousement… Son portail vers Sovngarde est à Skuldafn, l'un de ses anciens temples, perché dans les montagnes de l'Est. Mindoraan, pah ok middovahhe lahvraan til. Je n'ai pas besoin de vous rappeler que tout ce qu'il reste de sa force y est concentré… Zu'u lost hin laan… maintenant que j'ai répondu à tes questions, me laisseras-tu partir ?

   -Promettez-vous de me servir ? dis-je en testant mon autorité.

   -Aam ? Te servir ? Non… Ni tiid. Quand tu auras vaincu Alduin, si tu y parviens un jour, j'y réfléchirai peut-être. Hmm… krosis. Il reste un… détail que j'ai omis de mentionner au sujet de Skuldafn… Une chose très simple : tu possèdes le Thu'um d'un dovah mais sans ailes, tu ne pourras poser le pied dans Skuldafn.

   -Hmm…

   -Bien évidemment… je pourrais t'y déposer, mais si je suis emprisonné ainsi…

   -Hmm… D'accord, je vous libère si vous me promettez de m'emmener à Skuldafn.

   -Onikaan koraav gein miraad. Il serait sage de reconnaître que tu n'as pas d'autres choix. Et tu peux me faire confiance. Zu'u ni tahrodiis. Alduin a démontré l'illégitimité de son règne. Je suis seul maître de mon destin maintenant. Libère-moi et je te porterai à Skuldafn. »

       La discussion avec le dovah pris fin. Les habitants de Fort-Dragon étaient réunis face au dragon, emprisonné, en étant presque humilié. Farengar fit une apparition spontanée. Il était infiniment émerveillé de rencontrer enfin un dragon réel, et de le voir de si près. Pendant ce temps, je montai les escaliers sur les côtés des lieux, pour aller demander au garde qui s'occupait du piège de l'ouvrir. Il était un peu septique de libérer un dragon de son piège mais y fut bien obligé. Le dragon fut libéré de son piège par confirmationd'ordredu jarl. Odahviing se plaça prêt du bord du Grand Porche, m'attendant pour aller à Skuldafn :

« -Saraan uth. J'attends ton ordre, comme promis. L'heure est-elle venue pour toi de découvrir le monde comme seuls les dovah en sont capables ?

   -Attendez, une minute. »

       Je me dirigeai vers Lydia :

« -Lydia, ce fut un honneur pour moi d'être thane d'une guerrière si puissante et glorieuse. Votre perte temporaire m'a terriblement attristé. Je ne sais pas si je vous reverrais… Dans ce cas, protégez Blancherive, et Bordeciel. Au revoir, Lydia…

-Bonne chance… Oui… Au revoir, thane. Ou plutôt… Au revoir… Dovahkiin. »

       Sur ces mots d'adieu, je fus prêt :

« -C'est bon, emmenez-moi à Skuldafn.

   -Zok brit uth ! Mais laisse-moi te prévenir : quand tu auras parcouru les cieux de Keizaal, tu jalouseras les dov davantage. Amativ ! Mu bo kotin stinselok. »

       Dans ce moment d'émotion, je montai sur le dos d'Odahviing, puis, sous les adieux de mes amis, sous le soleil crépusculaire magnifique, au-dessus de Blancherive, je m'envolai… vers Skuldafn… et Sovngarde…



Chapitre XVII

 

Skuldafn


       Je traversais les contrées de Bordeciel, survolant les grandes villes de l'Est. J'étais confiant, si fier de tout ce que j'avais accomplijusqu'ici… c'était mon histoire, ma force, mon destin. Le soleil était étincelant, les paysages plus magnifiques que jamais. Chaque maison, chaque femme et chaque homme semblait compter sur moi, compter sur le Dovahkiin. Après de longues minutes dans les nuages, nous étions arrivés à Skuldafn, emplie de draugrs surpuissants et de dragons.

       J'avais tout prévu, épée, bouclier, arc, potions, flèches, armure, et surtout… l'amulette du Dovahkiin. Je commençai à traverser le pont qui menait aux structures de pierre mais deux archers draugrs me tirèrent dessus. Je les abattus d'une flèche chacun et continuai. Très vite, plusieurs dragons avaient fait leur apparition dans les airs. Ils étaient nombreux. Je me débattais tant bien que mal entre les infâmes draugrs surpuissants et les dragons de feu. Je réussis à en éliminer certains mais il s'en accumulait deux pour un vaincu. Les flèches, épées et boules de feu tombaient tout prêt de moi tel des météores. Ils étaient trop nombreux… Mais j'enchainais les coups d'épée et de bouclier et Cris.

« FUS RO DAH !!! YOL TOOR SHUL !!! WULD ! »

       Tout à coup, en suivant le chemin, tout en me débattant de ces monstres, je vis en hauteur d'un escalier, une porte, une grande porte. Il fallait que je l'atteigne. Le portail vers Sovngarde se trouvait peut-être derrière. Je continuais à me battre tout en me dirigeant vers celle-ci. Une dizaine de draugrs armés et protégés jusqu'aux dents me tiraient dessus et me poursuivaient accompagnés de quatre dragons. D'un coup spontané, une illumination dans mes souvenirs du Haut Hrothgar fit son apparition.

« L'amulette te procure un cri d'une très grande puissance, te permettant de créer une tempête tellement ardente, qu'elle peut fâcher les dieux, fâcher le ciel, et le mettre à votre merci : « Strun », « Bah » et « Qo ».

       Je m'éloignai, et enfilai l'amulette du Dovahkiin, puis, dans un grand élan de surpuissance :

« STRUN BAH QO !!! »

       Je venais d'effectuer le Cri de Tourmente. Un violent orage s'engagea alors que le soleil couchant brillait encore quelques minutes avant. La foudre en quantité titanesques commençait à s'abattre sur les draugrs et les dragons, ce qui en tua une grande partie. Je sentais la toute-puissance que je venais de déverser. Je me chargeai de terminer les autres à l'arc, armé de mes meilleures flèches…

       En arrivant à la grande porte, je la franchis et me retrouvai à l'intérieur du temple de Skuldafn. Il faisait sombre et j'entendais les bruits de pluie et de tonnerre que j'avais invoqués. Je pouvais aussi entendre des draugrs plus loin. Cet endroit ressemblait fortement à une ancienne crypte Nordique, avec les tombeaux de draugrs, mais déjà ouverts cette fois-ci…

       Je continuai dans ces allées sombres et lugubres, semées de draugrs puis arrivai, dans une pièce grandiose. Je pris le temps d'explorer cet endroit. Il était spacieux et se trouvaient au centre : trois piliers avec des animaux gravés, un levier, et deuxgrilles en fer. C'était une fois de plus une combinaison à trouver. Des indices étaient cachés dans la pièce. Il y avait aux côtés du pilier de gauche, le symbole de la baleine. A la droite du pilier de droite,se trouvait un serpent. Après quelques minutes de recherche, je distinguai la forme d'un serpent au-dessus de la porte de gauche et celle d'un oiseau sur celle de droite. Je plaçai correctement les piliers sur les bons animaux, en abaissant le levier, la porte de gauche s'ouvrit :

« Enfin ! m'écriai-je. M'y voilà ! »

       Ce couloir me mena vers une autre pièce. Il y avait dans celle-ci une table sur laquelle se trouvaient un cadavre de draugr et un coffre sous une flamme. J'ouvris le coffre mais au moment où je le touchai, deux draugrs sortirent de leur tombeau. Je sortis mon arc avec une rapidité fulgurante, et en une flèche, deux flèches, ils furent vaincus.

       Je continuai à travers les allées sombres et pleines de toiles de givrépeires. Je fus d'ailleurs attaqué par six de ces petites bêtes affreuses mais la puissance des flammes les consumèrent. Je suivis les couloirs étroits pour aboutir à une autre salle. C'était encore une pièce avec une combinaison. La correcte devait ouvrir le pont qui menait à une autre porte. Encore-là, comme par jeu, beaucoup d'indices me permirent de trouver le code. Serpent, oiseau, poisson. Le pont s'abaissa, me laissant place à une grande porte qui menait encore et encore à une grande salle. Ça n'en finissait plus. J'avais la curieuse impression que l'histoire et le temps se répétaient sans cesse… En boucle…

      Je continuai indéfiniment dans les couloirs interminables et me retrouvai à un moment face à un levier qui ouvra une grille. C'est ainsi que je pénétrai dans une sallesemblable à celle de la Chambre aux Secrets du Tertre des Chutes Tourmentées. La porte du fond était détruite, pas besoin de griffe. Je faillis marcher sur une plaque qui devaitdéclencher un piège mortel. Je suivis le chemin et entrai dans une autre pièce où se trouvait là aussi une sorte de Chambre aux Secrets, gardée par un draugr puissant. C'était presque le même que celui qui m'avait crié dessus, la première fois que le Thu'um s'était révélé en moi. Il me vit et vintprécipitamment à moi, en me criant froidement :

« FUS RO DAH ! »

       Je fus peu déstabilisé par son Cri mais je ripostai :

« Tu veux jouer à faire joujou avec les Cris ? FUS RO DAH !!! Ça c'est bien parler ! »

       Il fut propulsé contre le mur du fond, sa tête avait heurté le plafond, ce qui l'avait considérablement étourdi :

« YOL TOOR SHUL !!! »

       Ce Cri l'abattu. Il avait sur lui la griffe qui permettait d'ouvrir la porte du fond, la Griffe de Diamant… Un bijou fascinant ! Je fis comme dans le Tertre, je regardai derrière la griffe, et proposai la combinaison d'animaux gravés. Loup, papillons… dragon… La porte s'ouvrit,faisant place… à une énième pièce. En continuant à travers celle-ci, je sentis le froid venir. Je poussai une des portes, et me retrouvai sur le toit du Temple de Skuldafn. Beaucoup trop de dragons et de draugrs y étaient présents, et le vacarme de la tempête ardente n'était pas fini. Je courus vers la suite du toit, et fut ébloui… par l'intensité d'un faisceau de lumière… sortant d'un grand creux hypnotisant dans le sol… Le portail de Sovngarde. Je courus vers celui-ci, mais fus interrompu au loin par quelqu'un qui enleva la clé du portail, un Prêtre-Dragon.

       Le portails'éteignit, ou se ferma plutôt. La clé semblait être le sceptre que le Prêtre-Dragon avait pris. Il y a bien longtemps, les Prêtres-Dragons étaient les dirigeants de Bordeciel. Ils étaient à la tête du culte du dragon. A la fin de la Guerre Draconique, après qu'Alduin soit vaincu, les Prêtres-Dragons furent enterrés et devinrent des draugrs très puissants, mais le retour des dragons enchaîna leur réveil.

       Je commençai à lui foncer dessus sous la neige de l'Est, puis lui attribuaides coups d'épée… inutiles. Je fus rejeté par le grand draugr qui ne semblait pas très heureux de me voir. J'essayai de l'affaiblir avec des flèches, des coups, en vain. Une de mes nombreuses réflexions me vint à l'esprit. Son sceptre, la clé, lui servait d'arme également… arme… je n'avais besoin que de la clé, entre autre ici son arme… arme… désarmement… Le Cri de Désarmement.

       Je me plaçai, me stabilisai, puis, dans un immense élan, un cri survint du plus profond de moi-même :

« ZUN HAAL VIIK !!! »

       Le Cri Désarmement le désarma, ce qui fit tomber son arme, son sceptre, ce qui étaitla clé au sol. Il voulut la récupérer mais je m'interposai :

« FUS RO DAH !!! »

       Il fut poussé loin di portail, peinant à se relever, lui et tous ses os gisants. Je me dépêchai d'aller chercher son sceptre au milieu des flammes et des flèches ennemies, je le plaçai sur son socle. Le portail s'ouvrit, devant les yeux des draugrs et des dragons. Je sautai à l'intérieur, comme projeté dans un autre monde, une autre dimension,et me retrouvai dans l'infini, dans le royaume des morts, mais en tant que vivant, en tant que Dovahkiin. Je me retrouvai en Sovngarde…



Chapitre XVIII

 

Le Grand Final en Sovngarde


   « Un guerrier se lève… un homme… dont le combat est infini… sa détermination est d'acier… son destin, est éternel… Il se bat pour Bordeciel ! Face aux 400 !! Aller approche !!!* »

       J'avais réussis, j'étais en Sovngarde ! Le Royaume des morts. Une endroit d'une magnifique beauté, mais ici caché par une brume très épaisse recouvrant la totalité de ce lieu.

       Je le voyais, Alduin, au milieu des brumes, volant de ses ailes obscures. Même si la brume cachait le paysage, cet endroit était d'une beauté indescriptible. Etje vis, au loin, un immense bâtiment. Les légendes disaient donc vrai…

       Je suivis un des chemins mais un soldat Sombrage sortant de nulle part m'interpella dans ma lancée :

« -Tournez les talons ! dit-il d'une voix grave et calmement alarmante. L'horreur se tapit dans la brume. Nombreux sont ceux qui ont essayé de braver les dangers de la ténébreuse vallée, mais tout courage est si vain face au péril qui en garde le chemin

   -C'est quoi cette brume ?

   -Je l'ignore, mais jusqu'à présent nul n'a pu la traverser. Alduin à l'appétit insatiable, il pourchasse les âmes prisonnières de sa ténébreuse vallée. Pouvez-vous nous montrer la voie menant au Panthéon de Shor, et nous offrir le repos depuis si longtemps mérité ?

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*Dixit Bob Lennon, Youtubeur « L'intégral Skyrim – Ep 400 – Playthrough FR HD par Bob Lennon – 5H » ; https://www.youtube.com/watch?v=SxG4ExqHRw4

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   -Oui, c'est à l'autre bout de la vallée.

   -Je l'ai vu de mes yeux quand la première fois j'ai arpenté ce chemin si ardemment désiré. Peur et douleur se sont évanouies, comme dans un rêve, et c'est là qu'il est apparu… Le Panthéon de Shor, resplendissant par-delà la nuageuse vallée. Mais l'espoir est dissipé, chassé par la brume opaque. Mon esprit est assombri. J'ai perdu mon chemin et j'erre sans but. Pressez-vous ! Avant qu'Alduin ne dévore votre chair, portez la nouvelle de notre funeste destin au Panthéon de Shor !

   -Ne vous inquiétez pas, je serai là pour tuer Alduin.

   -Attention ! Le Dévoreur de mondes attend, tapi dans la brume ! »

       Nous partîmes tous les deux vers le Panthéon de Shor, aussi appelé Panthéon des Braves. Les héros morts de Sovngarde et de Bordeciel y résidentpour faire la fête éternellement, l'abondance de nourriture et d'hydromel les occupent et les maintiennent dans une sorte de joie perpétuelle.

       Je voyais Alduin partout... à droite, à gauche, au-dessus, il était terrifiant, mais pas pour moi. Nous courûmes à travers la brume, je vis d'autres soldats morts au combat se faire emmener et dévorer. Le soldat me suivait, puis j'entendis un bruit, me retournai et ne le vis plus… Il s'était lui-aussi fait emporter. Mais Alduin ne m'intimidait pas… Je continuai… donc.

       Il y avait un pont entre le Panthéon de Shor et le reste de Sovngarde. Ce pont était en os et se trouvait au-dessus du vide éternel, comme le Néant.

       J'arrivai enfin devant l'entrée du pont mais fus interpellé par un immense homme, musclé, qui frôlait les trois mètres de hauteur :

« -Qu'est-ce qui t'amène à Sovngarde, séjour des morts et récompense de Shor pour les âmes valeureuses ?

   -Qui êtes-vous ? répondis-je d'un air sûr.

   -Je suis Tsun, le bouclier de Shor. Il m'a chargé de garder le pont de Fanon et de peser les âmes des braves avant de les faire entrer dans son panthéon, où seuls entrent ceux que je juge dignes d'intégrer cette confrérie de l'honneur.

   -Je poursuis Alduin, le Dévoreur de mondes.

   -Une quête fatidique. Ils sont nombreux, ceux qui piaffent de défier le Ver depuis qu'il a établi son piège à âmes au seuil de Sovngarde. Mais, avisé de ta venue, Shor a calmé notre ardeur et retardé notre assaut.

   -Je cherche l'entrée du Panthéon des Braves.

   -C'est en vie que tu oses demander accès au royaume des morts, toi qui, simple mortel, n'es pourtant pas une ombre, comme celles qui passent d'ordinaire ici. De quel droit prétends-tu entrer ?

   -Du droit de la naissance. Je suis Enfant de dragon.

   -Ah ! Cela faisait trop longtemps que le destin ne m'avait pas amené quelqu'un qui revendiquait la lignée des dragons.

   -Je peux entrer au Panthéon de Braves ?

   -Mort ou vivant, par ordre de Shor, nul ne peut passer ce pont avant que j'ai jugé sa valeur en le soumettant à l'épreuve. »

     Visiblement, je n'avais pas le choix. Je pris ça comme un défi. Il commença à dégainer son arme et à venir vers moi. Je sortis mon épée et mon bouclier puis commençai à l'assaillir. Ses coups étaient puissants, mais mon Thu'um était supérieur au sien. Un enchaînement de parades et de coups violents d'épées me permirent de l'affaiblir. Au bout d'un certain temps, reconnaissant sa défaite et ma supériorité, il fut déstabilisé etcessa le combat. Il me laissa passer, me considérant digne d'accéder auPanthéon de Shor.

« Il y a bien longtemps qu'un être vivant n'était entré ici. Que Shor te bénisse, et bénisse ta quête. »

       Je passai donc l'entrée du pont de Fanon puis marchai sur les grands os du squelette, faisant office de passage vers le Panthéon. Je fis attention à ne pas tomber. Enfin, j'arrivai devant le grand Panthéon, confiant, n'ayant plus peur de la mort, ni d'Alduin. Je poussai une des quatre gigantesques portes et me retrouvai à l'intérieur du Panthéon.

       Dès mon arrivée, je ne crus pas voir ce que je vis... Il était en face de moi, Ysgramor. Maître des Compagnons, le plus grand guerrier que Bordeciel n'ait jamais connu. C'était le héros de nos terres, et lui, vint me parler :

« -Bienvenue, Enfant de dragon ! Notre porte n'a vu passer personne depuis qu'Alduin a posé son piège à âmes ici.

   -Ysgramor… dis-je en m'inclinant.

   -Sur ordre de Shor, nous avons rangé nos armes et nous ne nous sommes pas aventurés dans les brumes sombres du val. Mais trois des nôtres n'attendent que vos instructions pour faire connaître leur fureur à l'ennemie.

   -Les héros qui ont vaincu Alduin ! m'écriai-je en les voyants derrière Ysgramor.

   -Gormlaith la sans-peur, qui n'est heureuse qu'au combat, Hakon le vaillant, un guerrier à la main extrêmement lourde, et Felldir l'ancien, qui a un œil de lynx. Bonne chance, Enfant de dragon.

   -Recevoir des chances de la part du plus grand héros Nordique, c'est un honneur. Je ne vous décevrais pas.

   -Bon combat… »

       Ici, l'atmosphère était différente, légère. Je me sentais… libre, sans problèmes. Les tables étaient pleines de nourritures et de vin, servies dans des services dorés. Tous les plus grands héros faisaient la fête en ce lieu divin. Des personnages principaux de Bordeciel étaient là, Olaf le Borgne, Ysgramor, et même Jurgen Parlevent ! En admirant la splendeur de cet endroit, je vis Gormlaith, Hakon et Felldir, qui m'attendaient. Je me dirigeai vers eux, qui ne voulaient que le combat. Gormlaith sortit son épée à mon arrivée :

« -Enfin ! s'écria-t-elle. Il nous incombe de sceller le sort d'Alduin. Il vous suffit de dire le mot et nous nous hâterons, le cœur vaillant, de frapper cette vermine, où qu'elle se terre.

   -Attendez, camarades, interrompit Felldir. Prenons conseil avant de rejoindre aveuglément le combat. Les brumes d'Alduin sont plus qu'un piège, ce sombre brouillard lui sert de bouclier. Mais en joignant nos Voix, en unissant nos forces, nous pouvons dissiper la brume et engager le combat.

   -Felldir dit vrai, répondit Hakon. Le Dévoreur de mondes est un lâche qui vous craint, Enfant de dragon. Nous devons chasser cette brume en criant ensemble, puis tirer nos épées pour affronter notre terrible ennemi à ailes noires.

   -Pour Sovngarde !

   -Pour Sovngarde !

   -Pour Sovngarde !

   -Pour Bordeciel ! »

       Nous étions sortis tous les trois du Panthéon de Shor pour nous diriger d'un pas certain vers l'endroit central du combat, devant l'entrée du pont de Fanon et une grande falaise. J'étais confiant, prêt à sceller mon destin à celui d'Alduin. Nous nous étions retrouvés à travers les brumes :

« -Prêts ? Allons-y.

   -LOK

   -LOK

   -LOK

   -LOK

   -VAH

   -VAH

   -VAH

   -VAH

   -KOOR !

   -KOOR !

   -KOOR !

   -KOOR !!! »

       Nos quatre Thu'um partirent droit dans la brume puis la dissipèrent, mais ce fut vain, Alduin revint vers nous pour en rependre davantage :

« VEN MUL RIIK ! »

       Nous avions répété l'opération mais il fit de même. Nous avions donc réutilisés les Cris mais encore mais il rependit une fois de plus sa brume :

« -Sa force est-elle donc incommensurable ? Notre lutte est-elle vaine ? s'écria Hakon.

   -Faites vite ! Sa force diminue ! Encore un coup et il pourrait céder ! »

       Nous nous plaçâmes donc et criâmes une dernière fois, et Alduin ne put rajouter de la brume. Le combat final s'engagea, au milieu du royaume des morts, dans ce lieu et contexte épique. Alduin avait bel et bien reprit en force, et ça se voyait.

       Le vortex de Sovngarde éclairait le combat qui se déroulait entre les héros de Bordeciel, et le Dévoreur de mondes. J'essayai de lui infliger des flèches mais il était trop agile. Je décidai donc d'utiliser mes Cris :

« JOOR ZAH FRUL !!! »

       Il se posa mais ne resta pas très longtemps, sa puissance était trop grande. Il nous infligeait des coups de crocs et d'ailes, accompagnés de Cris de Souffle Ardent. Les esquives et parades se contaient par dizaines. Le combat se déroulait face au Panthéon, portant l'espoir de tous les Nordiques, de tous les habitants de Sovngarde, et de Tamriel.

       Le combat était acharné. Il y a avait en face de nous une grande colline en pierre que l'on pouvait atteindre en passant par derrière. D'un coup, j'eus une idée. Je me dirigeai vers la colline, montai, puis attendis le bon moment, pris mon amulette dans ma main, mon épée dans l'autre, murmurant doucement ces mots :

« Lorsque l'anarchie gagne les huit extrémités du monde…

Lorsque marche la Tour de cuivre et que le temps est remanié…

Lorsque le triplement béni échoue et que la Tour rouge tremble…

Lorsque que le souverain Enfant de dragon perd son trône et que la tour blanche tombe

Lorsque la Tour enneigée est démolie, sans roi, maculée de sang…

Le Dévoreur de mondes s'éveille et la roue tourne… vers le dernier Enfant de dragon... »

       En prononçant ces derniers mots, je courus, puis me jetai depuis le haut de la grande colline, éclairé par le vortex lumineux de Sovngarde, puis atterris exactement sur le dos d'Alduin en plein vol. Je le frappai de nombreux coups d'épée acharnés, à contresens face à sa puissance :

« -Que fais-tu, misérable ?!

   -Je sauve Bordeciel et Sovngarde !

   -Tu ne vas rien sauver, car tu vas périr ! 

   -Parle pour toi, enflure ! »

       Il me plaqua contre le côté de la colline, ce qui me fit tomber au sol. Je me relevai pour continuer la lutte. Il avait été affaibli par mes coups d'épée répétitifs. L'air de Sovngarde commençait à redevenir clair, mais pas complètement. Les forces d'Alduin commençaient à faiblir mais les miennes aussi.

       Il commença à dévier du lieu du combat, se dirigeant vers le Panthéon de Shor :

« Il veut attaquer le Panthéon ! »

       Alduin se posa sur le Panthéon mais nous fut interrompus par l'arrivée spontanée d'une silhouette sur le bâtiment, à l'opposé du Ver :

« -Toi qui oses t'en prendre à mon Domaine ! cria une voix masculine et grave.

   -Qui es-tu, misérable ? répondit Alduin. »

       Le visage de l'homme s'éclaircit, c'était Lorkhan, Shor… Ses cheveux étaient blonds, ses yeux sombres et ses marques de guerre Nordiques lui donnaient un aspect infiniment déterminé, sans craintes, d'invincibilité, son armure luisait sous la lumière embrumée de Sovngarde, et ses paroles semblaient sombres et sans aucune hésitation :

« -Sache que tu parles à Shor, et tu oses venir déranger les morts !

   -Tu ne me fais pas peur !

   -Tu devrais… »

       Shor commença à avoir les mains éblouissantes, il utilisait un sort. Il fit un long mouvement avec ses bras puis déversa toute sa puissance magique sur Alduin, qui fut expulsé pour venir se frapper violemment contre la colline dans un rayon de lumière brusque. Alduin fut très affaibli :

« Occupez-vous de ce dragon, Dovahkiin, dit-il. »

       Shor disparut puis nous nous dirigeâmes vers Alduin, celui-ci ne pouvant plus s'envoler.

« -Kriid ! dis-je. Kruziik kulaan ! Laat lest ! Laat kriid ! Alduin, Lingrah vod rahgol krif ! Nivahriin !

   -Nid, Dovahkiin nis lahney !

   -Alduin, alun Tamriel aus. Dovahkiin qahnaar ! Zul quanaar ! »

       Sur ces mots, nous poursuivîmes le combat acharné, sans qu'il puisse s'envoler, mais il avait encore une grande puissance en lui. Il arriva à se débattre de Felldir, donna un immense coup à Gormlaith et brûla Hakon, tous les trois affaiblis à terre. Il ne restait plus que moi et lui. Nous nous regardâmes fixement pendant quelques secondes :

« -Il est temps de décider…

   -J'en suis d'accord…

   -YOL…

   -TOOR…

   -SHUL !!!

   -SHUL !!! »

       Ce fut comme à la Gorge du Monde, nos deux Thu'um de feu se rencontrèrent dans un duel intense. Puis Hakon se releva et ajouta sa Voix à la mienne :

« YOL TOOR SHUL !!! »

       Puis Gormlaith :

« YOL TOOR SHUL !!! »

     Puis Felldir :

« YOL TOOR SHUL !!! »

       Nous étions à quatre Thu'um contre un, la tension était maximale, toute la puissance amassée par Alduin se déchainait contre nous. Nous étions presque submergés, même à quatre contre un ! D'un coup, je réussis à agripper mon épée à travers les flammes infinies, puis la lançai de toutes mes forces en sa direction. Par sa finesse de Lame, elle passa à travers les feux et vint frapper Alduin. Ce petit coup d'épée l'arrêté complétement.

       Il fut fortement épuisé, ne pouvant presque plus se battre. Hakon, Gormlaith et Felldir rangèrent leur arme.

« -Tu… Tu m'as vaincu ? Ce… n'est pas… possible… Ce n'est pas possible !

   -J'ai enduré une lourde quête pour en arriver là, cette aventure que je ne regrette pas : Helgen, le Tertre des Chutes Tourmentées, le combat contre le dragon à la tour de guet de Blancherive, l'appel des Grises-Barbes, les Sept Mille marches, le Haut Hrothgar, Ustengrav, Delphine, le combat contre Sahloknir, l'Ambassade du Thalmor, la Souricière, Esbern, le Mur d'Alduin et son dragon, la Gorge du Monde, les profondeurs infernales de Griffenoire, le Parchemin des Anciens, notre seconde rencontre en haut de la montagne, ta première défaite, la Grande Trêve, Odahviing, Skuldafn, et enfin… Sovngarde… Tout ce chemin parcouru n'a fait que me renforcer pour t'éliminer, une bonne fois pour toute.

   -J'hanterais toujours… Bordeciel…

   -Pas si je te tus maintenant… Tu ne reviendras pas… »

       Je sortis mon épée de Lame, lentement, dans un bruit métallique magnifique :

« -Cette épée, elle est signée de l'ordre des Lames, et c'est celle qui va te tuer.

   -Non… non ! Non ! Ce n'est pas possible ! Mon retour représente la fin des Temps !

   -C'est en effet la fin… ta fin. »

       Je disposai mon épée, pris mon élan :

«- Adieu, Alduin. Disparais à jamais de ce monde où tu n'aurais jamais dû être !

   -Je te hanterais, Dovahkiin !

   -Soit banni…

   -Ma puissance sera toujours la plus forte !!

   -Soit banni !

   -Meurs !!!

   -AAAH !!! »

       Je frappai violemment et mon épée se retrouva entre ses yeux deux profonds. Il commença à s'enrager sur lui-même, puis ses écailles commencèrent à se dissoudre dans les airs, sa chair disparaissait, puis… dans une explosion violente qui fit vibrer tout Sovngarde… son esprit se volatilisa et disparut à jamais, laissant place à la lumière, la vraie lumière de Sovngarde, et à l'épée de Lame, gisant au sol… Seule…



Chapitre XIX

 

Conclusion


       De cet acte, la clarté revint dans le royaume des morts. Tout le monde s'était regroupé aux côtés de l'épée, gisant au sol. Jurgen Parlevent était là, il y avait même le Haut-Roi Torygg, nous admirant. La longue nuit avait enfin pris un terme. La gloire de cette libération et cette victoire devait se chanter dans le Panthéon ! Les âmes des morts pouvaient enfin être en paix. Je pris le temps d'observer les allées de Sovngarde, éclaircies par sa vraie lumière, sous les remerciements et les louanges. Je pus aussi parler avec mes compagnons. Tsun vint vers moi au bout de quelques minutes :

« -Lorsque que tu voudras rejoindre le monde des vivants, préviens-moi, et j'accéderai à ta requête.

   -Pas encore. Je dois aller faire quelque chose… »

       Je me dirigeai vers Hakon, Gormlaith et Felldir pour leur faire mes adieux :

« -Ce fut un honneur de combattre à vos côtés.

   -Ce le fut encore plus pour nous. Combattre aux côtés de l'Enfant de dragon ayant libéré Sovngarde est un honneur inlassable.

   -Merci. Nous nous retrouverons dans le Panthéon de Shor quand ma vie prendra fin.

   -Adieu Dovahkiin, que vos exploits se fassent connaître et reconnaître, et que votre vie soit longue avant qu'elle ne recommence avec nous.

   -Adieu, Hakon. Adieu Gormlaith. Adieu Felldir. »

       Sur ces mots d'adieu, je revins vers Tsun mais Shor apparut de l'autre côté de la colline :

« -Merci, Dovahkiin. Vous avez défendu Sovngarde et Tamriel par la même occasion. Je vous remercie.

   -Ce fut un honneur de combattre ici, sous vos ordres.

   -J'espère vous voir ici quand votre vie de mortel prendra fin, vous serez le bienvenu dans mon Panthéon.

   -Ce sera un plaisir, mais il faut d'abord que je vive pleinement. Adieu, Shor.

   -Adieu, Dovahkiin. »

       Il disparut dans un éclat de lumière puis je me redirigeai vers Tsun :

« -Le moment est venu pour moi de rentrer à Tamriel. Ramenez-moi parmi les miens…

   -Maintenant rentre sur Nirn et rapportes-y ce bienfait de Shor, mon souverain : ce cri appellera un héros de Sovngarde au moment crucial. Adieu, Dovahkiin… NAHL DAAL VUS !!! »

       Sur ces mots… le Néant réapparut en moi. Je ne me sentais plus. Puis, quelques secondes plus tard, je me réveillai à la Gorge du Monde, sous les flocons de neige, face à une dizaine de dragons, m'observant et clamant la mort d'Alduin.

       Paarthurnax était là :

« -Vous avez réussi, dit-il. Alduin dilon. L'Aîné n'est plus, lui qui est né avant tous les autres et qui a toujours existé.

   -Alduin ne peut s'en prendre qu'à lui-même.

   -Je ne vous le fais pas dire. Alduin wahlaan daanii. Il s'est condamné lui-même en s'appropriant le pouvoir qui revenait de droit à Bormahu, notre père Akatosh. Mais je ne peux me réjouir de sa chute. Zu'u tiiraaz ahst ok mah. Il était tout de même mon frère. Ce monde ne sera plus jamais le même.

   -Je n'ai fait qu'accomplir ma destinée d'Enfant de dragon.

   -En effet, vous avez été plus perspicace que moi… et certainement plus perspicace qu'Alduin. Rok funta koraav. Vous devriez maintenant mieux comprendre les forces qui forment le vennesetiid, les flots du Temps. Vous commencez peut-être à voir le monde à la manière d'un dovah. Mais je m'égare. Krosis. So los mid fahdon. La mélancolie est un piège dans lequelles dragons tombent facilement. Vous avez remporté une victoire remarquable. Sahrot krongrah. Elle résonnera aux oreilles de tous à travers tous les âges. Savourez votre triomphe, Dovahkiin. Vous continuerez de mettre votre empreinte sur les flots du Temps. Goraan ! dit-il en s'envolant. Je ne m'étais pas senti aussi jeune depuis bien longtemps ! Nombre des dovahhe sont maintenant dispersés aux quatre coins de Keizaal. Libérés du joug d'Alduin, ils se soumettront peut-être au vahzen… et reconnaîtront mon Thu'um.

   -Je vous le souhaite.

   -Dans tous les cas, ils l'entendront ! Adieu, Dovahkiin ! »

       Sur ces mots, tous les dragons s'envolèrent et partirent, puis Paarthurnax se reposa plus loin. Etrangement, je vis dans le ciel, un autre dragon venir vers moi. Je le reconnus, c'était Odahviing. Il vint se poser devant moi :

« -Vous avez réussi ! Alduin n'est plus. Mais je doute que beaucoup seront prêts à échanger le règne d'Alduin contre la tyrannie de Paarthurnax et son « art de la Voix ». En ce qui me concerne, tu as prouvé ta maîtrise plutôt deux fois qu'une. Thuri, Dovahkiin. Je loue volontiers la puissance de ton Thu'um. Zu'u Odahviing. En cas de besoin, appelle-moi et si je le puis, je viendrai.

   -Merci, Odahviing, j'apprécie ton aide et ta reconnaissance. Au revoir, alors… Peut-être à une prochaine fois. 

   -Gloire au Dovahkiin ! »

       Sur ces mots, Odahviing s'en alla. Je ne m'étais jamais autant senti… satisfait, et libre. Je devais fêter ma victoire… en allant boire un verre à la Jument Pavoisé !

       En arrivant à Blancherive, une charrette vide se trouva près de la grande porte, étrange. En entrant dans la ville, les gens me félicitaient de partout pour ma victoire. J'entrai dans l'auberge et fus infiniment surpris d'y trouver un monde fou. Des personnes qui m'étaient inconnues et bien habillées se trouvaient dans un coin de l'auberge, le reste des gens de la ville était de l'autre côté.

« -Gloire au Dovahkiin !

   -Notre sauveur ! »

       Après cela, un des hommes que je ne connaissais pas vint à moi :

« -Salutations, Dovahkiin. Je me présente : Viarmo. Directeur de l'Académie des bardes de Solitude, et voici ma troupe.

   -Quelle est la raison de votre présence ici ?

   -Nous sommes venus de Solitude pour fêter votre victoire ! Allez vous installer, prendre une bonne chope d'hydromel, et écoutez cette chanson faite spécialement pour vous »

       J'allai m'installer. Derrière moi, venus en curieux pour fêter leur héros, se trouvait une grande partie deshabitantsde la ville.

       Ils prirent leurs instruments et commencèrent à jouer :

« Un héros, ce héros, viendra nous délivrer

Ecoutez-le lui qui vient l'Enfant de dragon !

Dans sa Voix le pouvoir de l'antique art Nordique

Oye, oye, l'Enfant de dragon !

Bordeciel sera sauvée, de ses ennemis

Prenez garde, il arrive, l'Enfant de dragon !

La nuit va disparaître, et la lumière vaincra

Vous le verrez bientôt, l'Enfant de dragon ! »

       Tout le monde se mit à applaudir cette magnifique chanson. Puis, ils firent signe qu'il y en avait une deuxième, encore plus belle, l'Histoire des Langues :

« Les ailes d'Alduin ont assombri les cieux

L'ombre noire a rugit, elle a semé le feu

Ils ont tenté de fuir, tenté de résister

Et n'ont pu que périr, dans l'horreur des brasiers

 

Qui peut nous sauver d'Alduin, et de sa noire colère ?

Quel héros sur le chant, peut livrer cette guerre ?

Mais si Alduin l'emporte, l'Homme est mort à jamais

Consumé par l'ombre des ailes noires déployées

 

Et vinrent les Parleurs par ces terribles temps

Qui plus durs que l'hiver devinrent combattants

Et monta la musique, le glas du destructeur

Le doux chant de Bordeciel, le Thu'um salvateur

 

Les Parleurs nous sauvèrent, d'Alduin et de sa rage

Ils nous léguèrent la Voix, la Voix d'un nouvel âge

Si Alduin est éternel, l'éternité n'est plus

Terminée son histoire… les dragons… disparus… »

       Un tonnerred'applaudissements se fit entendre.Avec cette magnifique chanson, l'émotion était à son comble. Nous bûmes tous dans la joie et l'allégresse,la victoire, bercés par les chansons de l'Académie des bardes de Solitude. Lydia nous avait même rejoint et avait fêté la victoire avec nous.

       Après cette belle soirée de chants, de joie, de victoire, je sortis de la Jument Pavoisé, et allai vers une des tours de garde qui se trouvait dans la ville, pour observer les extérieurs de celle-ci, sous la belle lumière des étoiles. Je contemplais les fermes dans cette magnifique nuit, espérant que la paix reste la plus belle, qu'à jamais perdurera la paix et la vie, dans la plus belle des contrées de Tamriel.


F I N

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