Du Temps Pour Vivre

Simba Lioness

Fatigué, c'est le mot qu'elle aurait choisi pour résumer l'état qu'elle ressentait en ce moment. Depuis combien de temps ? Elle n'aurait pas su dire. Tout s'enchaînait sans cesse. Même quand elle faisait en sorte de ne pas encombrer son emploi du temps, d'essayer de libérer des plages horaires, la vie se chargeait toute seule de lui donner d'autres obligations, d'autres heures à tenir, d'autres tâches à accomplir… Métro-boulot-dodo, tout en répondant à des besoins physiques primaires et au confort qui contribue à les faciliter ; et il fallait aussi compter sur quelques activités qu'elle s'efforçait de pouvoir continuer, des projets qu'elle souhaitait voir aboutir… en tentant de ne pas oublier l'importance de s'occuper d'elle et de ses proches. Finalement, elle ne demandait qu'à avoir du temps, de grandes bouffées, aussi vitales que celles que l'on respire. Pas un temps calibré avec précision en fonction d'une présence déterminée et obligatoire, de congés annuels et autres dénominations contractuelles qui se doivent d'être respectées. Pas de réveil matin qui sonne avant que le soleil ne soit levé, qui assomme, qui maltraite, mais auquel on cède toujours – ou presque. Pas de conventions sociales, pas de faux semblants. Difficile d'échapper à une organisation formatée qu'on fasse ou non ce que l'on aime. Elle voulait du temps pour vivre. Pour découvrir le monde, voyager, ouvrir grand les yeux et tous les sens, échanger sincèrement, s'instruire, profiter du réel, sans toujours se demander si elle serait en retard. Elle voulait se découvrir elle-même, écouter sa voix intérieure, tenter de ressentir l'âme du monde, ne plus se cacher derrière des peurs. L'argent et les objets parviennent à nous posséder. Elle ne voulait plus agir et réagir par automatisme, mais être pleinement consciente du présent : tout aimer avec le cœur qui bat, et pas par habitude. Fallait-il tout quitter sans se poser de questions ni même se retourner ? Fallait-il tenter d'œuvrer pour du changement – au risque qu'il n'arrive jamais ? Fallait-il accepter ?... Le réveil sonnait dans 4 heures et 37 minutes. Impératif de clore les paupières. Voilà le temps qui lui restait pour recharger ses batteries avant que la société n'ait à nouveau besoin d'elle. Elle rêvait de liberté.

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