D'un hibou à l'autre

Yeza Ahem

Où l'objectif était de placer des mots dans un ordre établi...

Il y a quelques années, je n'ai pas réussi à y couper : j'ai dû faire un stage dans une structure associative de protection de l'environnement en milieu rural. Après avoir parlé avec le responsable, j'ai été assignée à l'inventaire des hiboux, chouettes et autres oiseaux nocturnes. A chaque fois que j'entendais hululer, je devais noter l'heure, le lieu, et disposer quelque mulot congelé afin que l'animal put le manger.

Le vrai problème avec les horaires décalés, c'est que je n'ai pas arrêté de me faire rouler : pas une fois en 2 mois je n'ai eu la première ou troisième tranche de la nuit. Faut dire que le planning se jouait à la crapette, et que je n'ai jamais été bien douée ! Du coup, pour me venger, je ne manquais jamais, en revenant au camp, de chanter haut et fort, surtout près des chambrées...

L'ambiance dans l'équipe n'était pas toujours sereine. Beaucoup se connaissaient, habitués de ces camps à mi-chemin entre scoutisme et club de sciences, et les autres se retrouvaient à l'écart. Cela, ajouté à la fatigue et à l'éloignement d'avec nos proches, ont conduit chacun de nous, à tour de rôle, à craquer doucement, pleurant, qui dans son oreiller, qui mordant sa manche. C'était souvent à l'heure où s'éteignaient les lampes à pétrole. Lorsque la dernière mèche était soufflée, le camp entier et la nature même semblaient être mis sur pause et dormir.

Au petit matin, tout était recouvert de rosée, baignée de lueurs oranges et rosées. Dans un pré voisin braillait un voisin. qui menait ses moutons à brouter. Le soleil semblait alors allumer le ciel, sortant de derrière les bois et poussant loin de lui l'obscurité.

Licence CC : BY-NC-SA

Signaler ce texte