Dunes

novembre

esseulant les lèvres du littoral
tu descends ce matin les dunes
le vent autour du cou ses deux
bras tissant ton chemin

suis les algues
sans te retourner

les cerfs-volants signent dans l’air ton passage

je sais

la plage te la rappelle
et son collier brisé
un grain pour une perle
une perle pour un coquillage

je sais
que tu songes à ses boucles
comme à celles d’une morte écriture
peut-être blondes ou peut-être brunes
à ses boucles tracées dans le sable
que tu ne savais parler

plus au loin
avance

chacun de tes pas
fait la mer se retirer aux recoins de l’horizon
comme une femme dans lit trop étroit
rejetant de sa pudeur des étoiles mortes
un soleil violet
parfois

songes-tu
dans quelle plaine ta mémoire s’enlise
car le monde a pour toi grand ouvert sa paupière bleue

plus au loin
avance maintenant
où ma voix n’est plus qu’un voilier
sur le fil ténu de l’horizon

oui

ta conscience n’est plus
qu’un cargo dans la brume.

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