Echec et mat le rotary

Camille Prieur

Rotary Club

Mes voisins sont adorables, du genre a toujours vous aider si besoin et à vous présenter la ville en deux temps trois mouvements (évidement seulement la partie « fréquentable » c’est-à-dire les notables et les scouts !) Le problème avec les gens adorables c’est qu’on ne sait jamais leur dit non. Vous voulez savoir pourquoi ?

Épuisée par une journée de boulot oppressante, je devais passer faire mes adieux à mes voisins avant mon prochain déménagement. Les parents quittant la ville pour s’installer à Lyon dans quelques mois, je voyais la se finir mes années de plaisance financière ou la seule partie de mes dépenses consistait à passer chez Maje et Sandro faire des emplettes. Il était donc jusque la aisé de vivre avec mon seul salaire, tant celui-ci ne servait qu’à payer mes billets d’avion et mon shopping.

Habitant que le très chic quartier de Vauban, nous avions la chance de disposer d’un sublime appartement au sein duquel j’avais mon propre petit « studio ». Nos voisins étaient issus des grandes familles du nord, textile et industrielle. Nous avions tissé au fil du temps des liens amicaux et il n’était pas rare d’organiser des dîners entre nous. Retraités, ils disposaient d’une réelle connaissance de la ville et avaient toujours l’anecdote historique à raconter sur les grandes fortunes de la région (dont ils ne jugeaient pas utile de préciser qu’ils faisaient partie).

J’avais donc promis de passer leur dire au revoir avant l’arrivée des grandes vacances et leur départ dans leur maisonnette estivale, comme ils se plaisaient à l’appeler (personnellement j’appellerai ça un château avec un parc de 300 hectares entourant des maisons secondaires pour les réceptions, mais bref dit-on, « tout dépend des points de vue »).

Denise m’attendait impatiemment et m’avait préparé toute une série de macaron à déguster sans modération (3kg la boule au chocolat hum hum)

-          Entre ma chérie, je suis ravie de te voir, comment vas-tu ?

-           Bien merci, tout va bien, je commence les cartons

-          Oh oui le déménagement approche, s’exclama t’elle attristée, mon dieu comment vas-tu faire ici seule ? (si par la elle entendait comment vas-tu vivre dans 30m2 sans la place pour caser toute tes fringues c’est clair qu’elle était loin d’imaginer dans quelle merdre j’étais). Mon mari souhaite te parler et te proposer d’entrer dans l’un de « nos club »

-          Ah oui ?!! (hum club.., club.. comme « Hype Club » ou peut être « Private Club »  me demandais-je rapidement. Les connaissant, il s’agissait certainement plutôt du « Yacht Club du Touque »t ou du « Rallye des Junior UMP » de la vieille ville. Réfléchissant à toute allure l’idée semblait tentante, à savoir que dans ce genre de club il y avait toujours de bon partis encore fallait il les décoincer !) Oh Denise c’est tellement gentil de votre part, je serais ravie ajoutais-je, trop vite sure de moi.

-          Camille, tu dois entrer dans notre club, rajouta solennellement Francis, son mari.

-          Merci Francis, de quoi s’agit t-il (au fait!?)

-          Je vais te parrainer pour rejoindre le « ROTARI International Club », toi qui aime les voyages cela te conviendra parfaitement, le dernier était en Amérique latine.

-          Génial, c’est vraiment adorable.

J’étais sur un nuage, Le Rotary (so chic et de plus International) Club était forcement fait pour moi, c’était mon élément, des voyages, du luxe et des bonnes connexions.  Je pourrais siroter mes cocktails préférés dans des lointaines destinations et j’enchaînerai rapidement des voyages avec tout le gratin de la jeune bourgeoisie lilloise. Facile de chez facile, ce Club « is mine » !

-          Je serais ravie, rajoutais-je, j’adore voyager et il est évident que ce club me conviendrait, j’étais d’ailleurs au Mexique il y a quelques mois et j’ai trouvé de magnifiques cadres et..

-          Il ne s’agit pas de faire du tourisme me coupa Francis choqué !

AH bon ?!!! Ba de quoi alors ?

C’est un club pour jeune huppé ou pas ?

Que peuvent ils faire sinon du tourisme !

Oui bon, ces voyages sont sans doute ponctuer de quelques visites culturelles et historiques mais au pire je pourrais toujours dire que j’ai des vertiges (ou une Tourista contagieuse s’ils sont vraiment pénibles) et aller bronzer discrètement sur les plages de sable fin. Simple comme bonjour non ?!

Face aux visages inquiets de mes voisins, je pris conscience de la nécessité de préciser que moi aussi je n’y allais pas pour ça (du moins presque pas, et qu’en bien même quel mal y aurait-il) mais car j’étais une vraie baroudeuse, une aventurière, une.... (hum... Bon bref !)

- oh bien sur, pas de shopping ni de tourisme de masse qu’elle horreur, vous avez raison ! Vous savez j’aime les voyages d’aventures, d’ailleurs en Australie j’ai fait du camping vous savez ! Ça oui c’était l’aventure, enfin inutile qu’ils le sachent. D’ailleurs c’était même sur une île déserte, pas obligé de leur préciser aussi que j’avais tellement peur que je n’ai pas osé aller au toilette la nuit, obligé d’aller derrière la tante du garde faire pipi, cas de force majeure oblige, y avait de très grosses bêtes sur cette Île !

Toujours aussi sceptiques, leurs traits semblaient se décrisper peu à peu et ils voyaient en moi la candidate qu’ils avaient espéré, c’était gagné !

-          Et bien te voila servie me dit Francis rassuré, laisse moi t’expliquer tes futures missions : le club organise des actions internationales dans le monde entier, il s’agit d’action bénévole visant à aider les plus démunis (quoi quoi quoi, bénévole ? démunis ? c’est quoi ce bordel ! Pas de shopping, pas de yacht et pas de détente c’est une torture ce truc ! Faut que je parte tout de suite avant qu’ils me fassent signer son inscription)

-          Tu viendras organiser des événements et participer ponctuellement à des déplacements conclu Francis, ravi de me faire entrer dans « The Club » ! Ba oui tu parles et quel club, j’aime pas le bénévolat, non c’est vrai, ça c’est pour les gens sympas qui ont... du temps et de l’argent ! Moi je suis pas sympa, j’ai pas trop d’argent, la preuve j’arrive à tout dépenser, et je suis trop jeune pour faire du bénévolat, c’est complément Has been son club ! J’y repenserais quand....je serais à la retraite !

 

Me voyant songeuse, Francis en rajouta une louche :

-          Ton engagement me plait mon petit (voila qu’il me donne un surnom maintenant), tu vois le mois dernier notre organisation a livré des médicaments en Inde, les conditions étaient certes difficiles, beaucoup sont tombés malades mais personnes n’est morts ! (je n’arrive plus à avaler ma salive, pourquoi n’y a-t-il personne dans cette pièce susceptible de faire diversion pour que je partes en courant ?!)

-           Nous avons aidé des tas d’enfants, tu sais reprit-il soudain ému, ils s’en sont sortis grâce à nous.

Bon la il marque un point, il est même carrément en train de m’attendrir, j’ai de toute façon déjà dit oui donc je suis bloquée, autant assumer avec un minimum de dignité (oh la la je vais pleurer) ! Vous comprenez maintenant le problème qu’on a avec les gens adorables ? On ne sait pas leur dit non !

En avant pour le Rotary Club, qui sais une bonne action ne peut jamais faire de mal ! Francis commença ensuite à me questionner sur ces qualités de marcheuses, mes aptitudes à participer à une chasse « Royale ». Plus dupe et voyant sentir le 2ème piège venir il fallait mieux ne pas répondre et partir ! Après les avoirs remercier rapidement je décidais de foncer vers la porte de sortie avant qu’il ne m’invite à ses parties de chasse sur son château, chose à laquelle je ne pouvais me résoudre

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