Le pantin libéré

amour-tranchant

"Le plus souvent, nos démons sont toujours là tapis quelque part dans l'ombre. Guettant inlassablement le moment où l'on baissera la garde." Guillaume MUSSO

Petite poupée de cire, on te façonne puis tu fond.

J'ai été une petite poupée de cire à ma façon

Il semblerait que l'humain comprenne de ses erreurs et ne les recommencent jamais, je pense pour ma part ne pas être de ce genre là, parfois je me surprend à penser que peut-être ce monde n'est pas le mien, à moins que cela résulte du fait que par le passé j'ai endossé le rôle de pantin. 

Il y a seulement 3 ans que le cauchemar pris une tournure que je n'envisageais pas, il paraît que les animaux captifs ne peuvent pas être relâcher à l'état sauvage car le seul issue serait de mourir incapable de prendre leur autonomie, peut-être suis-je de cette sorte là. 

Mais l'autonomie n'était pas le problème, en effet, le mien prenait place dans ma tête. Cela ne se distinguait pas aux premières abords, je semblais un peu folle certes, souriante, à rigoler pour rien. Pourtant lorsqu'on découvrait mes poignées et le bas de mon estomac on y trouvait des marques contradictoires à cette bonne humeur contagieuse, certains se risquaient à demander leurs histoires et un mensonge en résultait, d'autres ne voulaient pas les voir cela semblait si irréelle pourtant elles trônaient bien sur mon corps preuves vivante de mon mal-être intérieur. 

Je ne me rappelle pas vraiment comment j'ai eu l'idée de commencer, je me remémore juste des sentiments qui m'animaient : beaucoup trop de tristesse ainsi que de détresse un cocktail explosif pour une personne âgées de 17 ans. Je me souviens de ma première entaille aux ciseaux puis de la seconde à la lime à ongle en fer pointue ainsi que de la troisième, puis la découverte par mes amies et leurs désarrois, elles étaient si rouges, si boursoufflées, si fraîches, si belles ...

Puis plus rien pendant quelques mois seulement, une promesse jeté en l'air a qui voulait bien l'entendre, je ne recommencerais plus j'avais promis. Pourtant, un soir de plus de grandes désillusions, le soir de trop, une peine de coeur, une dispute, une mauvaise note, une accumulation de faux sourires et de faux rires me fit péter les plombs, larmoyante je me lançait à corps perdue à la recherche d'un objet tranchant voulant bien accueillir mes veines, une frénésie emmenant à l'hystérie je mis enfin la main sur des lames de rasoirs. 

Lorsqu'elle entailla mon poignée, un soulagement,  la douleur m'avait manqué, le sang qui coule, le déchirement de la peau, l'agrandissement de l'entaille, la roulette russe : peut-être toucherais-je une veine ce soir ? 

Un appel au secours, que quelqu'un vienne me sortir de cette vie qui me tuait à petit feu ou juste du masochisme. J'aimais ce côté douloureux autant que je le détestais.

Je vivais dans un corps qu'on m'avait appris à détester chaque partie me révulsais, chaque soir je rêvais de me réveiller dans une vie qui me conviendrais mais chaque jour je me levais dans ce corps boursouflé.

Ah triste histoire que celle du pantin libéré qui se détestait.

Si seulement il n'y avait eu que ce récit tout résultait d'un enchainement de mauvaises décisions que les autres avaient pris à ma place. 

Pour certain le destin existe pour d'autres le Karma quoi qu'il puisse être je le suppliait de me laisser en paix mais aucun moment de répit ne faisait signe. Cela faisait 3 ans que le cauchemar avait cessé et qu'un autre prenait sa place.


Cela faisait 3 ans que la poupée de cire se mutilait  

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