En attendant le grand soir

Romain Arcadie

Le combat aura lieu dans quatre jour. Encore quatre longues journées à attendre. Je ne peux plus rien faire: j'ai passé un an à m'entrainer, à apprendre de mes erreurs passées, à faire progresser mes capacités physiques, à améliorer ma résistance mentale. Ma préparation est terminée, et je dois éviter les risques de blessures. Non, la seule perspective restante est d'attendre.


Un an pour une revanche, un an pour réaliser une meilleure performance que ce KO cruel, m'ayant mis à terre, la joue sur ce ring lisse et glacé. J'ai mis des mois à travailler, à préparer mon retour, à voyager de petits combats de quartier en rings régionaux, pour me refaire une confiance. Il y eut de belles victoires, et des défaites riches en introspection sur mon entrainement.


Il y a une semaine, de l'avis de mon coach, j'ai livré mon meilleur match depuis un an. 5 rounds, une victoire nette et sans bavure, pas de blessure. Je suis prêt. Mais le temps me semble monstrueusement long. Que va-t-il se passer ? Dans quel état d'esprit serais-je au lendemain de mon prochain combat ? Mes jambes me démangent, mes poings sont remplis du feu de l'ardeur. J'ai moins peur de prendre des coups que par le passé. J'ai juste une rage de me battre, montant dans ma poitrine au fil des heures, une envie déraisonnable de finir essoufflé, un besoin absurde de me faire mal au delà de mes expériences passées.


Je veux vivre ce match, sentir ma chair palpiter de toute la gamme d'émotions possibles, je veux toucher le trophée de mes mains tremblantes de fatigue et d'incrédulité.


Je veux me battre. 

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