En quoi suis-je si différent des autres...

Dominique Capo

Réflexion personnelle

Je ne comprends pas cette violence et cette haine qui se déchaînent parfois autour de moi. Je ne comprends pas pourquoi la différence fait t-elle si peur. Oui, mes opinions, ma manière d'agir, de penser, de réagir, est différente de la plupart des gens. Oui, je considère que l'amitié - qui est une autre forme d'amour - peut être ardente, passionnée, à la fois remplie d'une infinie tendresse, d'un désir de partager ce qu'on a de meilleur en soi ; d'une envie de donner à l'autre ce que l'on a de plus beau en soi.

Beaucoup de gens s'imaginent que derrière la gentillesse, la douceur, l'extrême sensibilité, l'envie d'échanger dont je suis le détenteur, se cachent des pensées malsaines, et selon certains, de la perversité. Ils me jugent sans me connaître, sans apprendre qui je suis et ce qui se cache derrière mes mots, il est vrai parfois, d'une grande tristesse, d'une infinie mélancolie. Ils ne cherchent pas à creuser derrière les écrits teintés de merveilleux, de fantastique, de magie, d'Histoire, de Mythes, et de Légendes, quel a été mon parcours, quelles ont été les épreuves et les embûches que j'ai dû affronter tout le long de mon existence, pour en arriver là. Ils se contentent, sans remords ni état d'âme, simplement, de juger et de condamner ce qu'ils ne comprennent pas. Ils cèdent à la facilité et à la médiocrité de leur manière de penser, de leurs vérités, de leur vision d'un monde uniforme, gris et sans attraits ; à leur image, il semblerait.

On se demande souvent pourquoi l'Humanité va si mal ; pourquoi elle suit un chemin destructeur et sans avenir ? Mais si, à la base, c'est rattachée à cette façon d'imaginer que les relations des uns envers les autres sont forcément basées sur la concupiscence, le désir de dominer, sur le pouvoir et l'argent ; sur les plus bas instincts dont l'homme est pourvu, il est certain que rien ne changera jamais. Pour ma part, ce n'est pas ainsi que j'ai décidé de cheminer tout le long de ma destinée. Malgré les humiliations, les rejets, les jugements, les blessures, les crises, les blessures, les solitudes, les peurs, etc., j'ai, il y a longtemps, décidé que je ne voulais pas ressembler à tous ces "moutons" qui, sans réfléchir, se contentent d'aller dans le même sens. Il y a longtemps, j'ai réalisé que si je suivais "la meute", non seulement je ne serais pas heureux, que je ne serais pas moi, mais que les accompagner me blesserai davantage que je ne le suis déjà. A une époque, pourtant, j'ai essayé de me fondre dans le moule auquel on m'avait destiné. Comme un bon petit soldat, j'ai suivi la multitude, toutes ces personnes qui se contentaient de leur "métro-boulot-dodo". Mais, je n'ai pas réussi à m'adapter à celui-ci. Et cela n'a entraîné chez moi que désespoir, solitude, rejet, blessures amicales et sentimentales. Cela a bien failli, à plusieurs reprises, me tuer ou me conduire aux frontières de la démence.

C'est pour cette raison que j'ai alors décidé de suivre ma propre voie. Tant pis si bien peu de personnes comprennent mes cheminements, l'ardeur, la passion, la profondeur, des relations que je souhaite bâtir avec elles. Tant pis si la grande majorité d'entre elles n'imaginent pas que les relations entre un homme et une femme peut être dénué de désir sexuel ; qu'il y a des plaisirs qui vont au-delà des mots, des actes physiques que l'on peux partager intimement avec une femme. Évidemment, je ne les renie et ne les néglige pas. Faire l'amour a une femme est quelque chose de magnifique, d'unique, d'incroyablement beau. S'offrir a elle est un don sans égal, et dont je me régale à chaque fois que j'en ai la possibilité ; a chaque fois qu'une femme a le désir de partager ce genre d'instant magique en ma compagnie. Mais ce ne sont pas les seules genres de relations qui peuvent exister entre un homme et une femme ; ce ne sont pas les seules genres de relations que je cherche a développer, a enrichir, a faire fructifier. S'arrêter à cela montre bien la pauvreté des liens recherchés. Il y a tant d'autres plaisirs à partager, à échanger ; qu'ils soient intellectuels, artistiques, philosophiques, littéraires, amicaux ; a la fois tendres, délicats, pleins d'ouverture d'esprit, de curiosité, de générosité. Évidemment, pour cela, il faut aller au-delà des apparences, de la première impression, de ses certitudes ou de ses préjugés. Il faut oublier ses réactions naturelles face à l'inconnu que sont la peur de l'inconnu. Il faut envisager la personne sous un angle que l'on n'a pas l'habitude d'appréhender ; avec assez de recul pour ne pas succomber à la facilité des schémas classiques que la société nous a inculqué.

Dans ma vie, j'ai rencontré toutes sortes de gens : des intellectuels, des ouvriers, des homosexuels, des libertins, des médecins, des avocats, des syndicalistes, des gens vivants dans les banlieues les plus mal famées, comme des gens aux revenus extrêmement aisés. Des racistes, des royalistes, comme des anarchistes ; des drogués, des paumés, j'en passe. Toutes ces expériences, bonnes ou mauvaises m'ont appris la tolérance, l'ouverture d'esprit ; ne pas juger immédiatement une personne d'après ce qu'elle montre au premier abord ; toujours creuser sa personnalité, son parcours, son individualité. Ayant énormément lu depuis toujours, que ce soit pour mes recherches historique, mythologiques, ésotériques à la Bibliothèque Nationale, ou simplement pour mon plaisir, j'ai découvert d'autres cultures, d'autres modes de pensée, d'autres façons de voir le monde et l'univers. Cela m'a enrichit d'une infinie de possibilités, de rêves, d'espoirs, mais également de frayeurs et de cicatrices monstrueuses et indélébiles. Aujourd'hui encore, je nourris mon âme, mon cœur, mon esprit, de tout ceci, et de bien plus encore. Et cela m'est aussi indispensable que de manger, dormir ou boire. Et, surtout, cela m'a appris a me détacher de cette arrogance de se croire supérieur aux autres. Plus j'ai appris, plus j'ai appris a me sentir humble ; je suis à la fois semblable et différent ; et là est a la fois ma force et ma faiblesse. Ma force, parce que cela m'a aidé a surmonter nombre d'obstacles que l'existence m'a imposé - et Dieu sait que ma vie n'a été que long calvaire de souffrances et de malheurs, par moments. Ma faiblesse, parce que cela m'a rendu hypersensible, que l'on ma souvent jugé, repoussé, humilié, détruit, du fait que je ne suivais pas la route toute tracée que chacun se doit de parcourir.

Mais jamais, malgré tous ces inconvénients, je ne regretterai cette décision que j'ai prise il y a longtemps de cela. Je suis fier de la personne que je suis. Je ne suis pas parfait, loin de là. Comme tout le monde, j'ai mes défauts : je suis replié sur moi mêle la plupart du temps, extrêmement anxieux, je sors peu de chez moi, et bien d'autres choses encore. Mais j'apprends. Tous les jours, j'en apprends davantage sur les gens et le monde, l'univers, qui m'entoure. Et je laisse les crédules, les incultes, les orgueilleux, les gens fiers de leur argent, de leur pouvoir, de leur position sociale, etc. se montrer tels qu'ils sont, tels que nous sommes tous : de simples mortels qui séjournons brièvement sur cette planète, égaux face à nos particularités ; mais aussi, tellement riches de nos différences.

Alors, je pose cette question pour laquelle j'ai tant souffert encore récemment : pourquoi vouloir à tout prix que nous nous ressemblions tous ? Pourquoi moquer ceux qui ne sont pas comme tout le monde ; pourquoi les repousser, les humilier, les blesser, les briser ? Puisque nous sommes à la fois si semblables et si différents...

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