En vrac.

Clement Billaux

   Le vent souffle fort, dehors. (Quelle perspicacité, constatant la longueur de l'article tu l'a surligné pour déceler un texte caché. Maintenant, assume XD )

////En fait, ça doit bien faire trois jours que j'ai l'impression que le parasol trônant sur la terasse va épouser le granit dur et ferme. Se rammasser, quoi.
Le week-end qui vient de s'écouler a été gris, pluvieux, carrément apocalyptique, et en réponse mon humeur fut mi-figue mi-raisin, morose, carrément dépressive. Le lien de cause à effet ici relaté n'est pas systématique.
Je n'y peux rien, voilà tout ! J'ai beau clamer haut et fort que j'ai un coeur de glace, ce mensonge que je rabache pour essayer de me convaincre moi-même se fissure chaque jour un peu plus. La vérité, c'est que je n'y comprends rien. Ultrasensible et insensible, c'est possible ? Je pense être fou, sous certains aspects.

////Je peux m'emmerveiller en écoutant du Chopin, rester insensible devant un morceau de Nickelback, tout aussi bien qu'être en extase devant les rithmes pulsés de Mika, et froid comme le marbre face à de la country. Et inversement ! Je peux aussi danser seul chez moi, instinctivement, naturellement, ridiculement, parfois même sans musique, juste en écoutant les pulsations émanant de mon esprit, alors que bouger mon corps dans une boîte de nuit me parait fade et vide de sens.
La mort ne me fait rien, en enterrement, lorsque je quitte mon père pour repartir à 24.000km de lui, lorsque ma mère en manque de nicotine guele à tout bout de champ, je n'ai jamais pleuré. De tristesse, devrais-je préciser. Car ce matin, en ouvrant les volets et en étant touché par un rayon de soleil filtré par les palmes végétales, les larmes ont failli jaillir de leur propre-chef. C'est sans doute l'éblouissement... Je pense être fou, sous certains aspects. Ceci dit, je pense avoir trouvé quelques constantes :

////Dans une conversation, je reçois les informations en différé. Je n'arrive pas à être complètement absorbé par des paroles, j'ai toujours cette espèce de recul qui me donne l'impression d'être... à part. Pas exclus, attention. Mais pas totalement dans mon élément non plus. Les autres me donnent ainsi l'impression d'être à la fois complexes - bien entendu, ils restent humains-, mais aussi défaillants. Lacunaires. Et quant cette impression s'accumule pour déborder enfin, j'entre dans une crise de blues adolescente, sur laquelle j'essaye sans succès de poser des mots. Je n'y suis pas, aujourd'hui. Elle vient de passer.
/////Je trouve fascinant ce changement viscéral de personalité qu'induit chez les autres la fête, l'alcool, l'amour. On est toujours fasciné, sinon répugné, par ce que l'on ne comprends pas :
L'alcool, par exemple. Bien sur, mon corps en ressent les effets, je peux à l'excès parfois perdre vaguement l'équilibre, sourire facilement, voir ressentir une légère nausée envahir mon cerveau, mais je ne peux jamais m'empêcher d'être... lucide. Alors que les autres bougent, se déhanchent et rigolent avec une bonne humeur franchouillarde, je continue à analyser, à tenter de décrypter et comprendre. J'essaye de temps en temps de voiler la face, de rentrer dans l'ambiance, mais quant on ne peut s'y plonger, la fête apparaît vide de sens et crétine. Fade.
Moi, un intello ? Les mathématiques me donnent une acnée spirituelle, les calculs complexes me mettent tout simplement hors de moi, et leur manque de chaleur m'apparaît comme... abbérante. 
Inversement, certaines choses d'apparence banales m'ont toujours marqué.
/////Je peux rester des heures entières à contempler un paysage, à fermer les yeux et à écouter la vie extérieure, avec une sensation de véritable plénitude. Dans ces moments là, j'ai l'impression de faire parti d'un tout. Le vent et le cris des oiseaux, le bourdonnement léger du pasage d'une mouche et la chaleur des photons s'écrasant sur ma peau viennent se mêler aux propres pulsation de mon esprit, et j'accède à quelque chose de... différent. Un bien-être qui n'a rien à voir avec ce que m'apporte la société. Alors, je ne serais donc qu'un amoureux transit de la nature, et le problème serait résolu. Sauf que la nature n'est dans mon panthéon qu'à égalité avec l'humain, et que je ne peux pas rester plus de trois semaines en campagne sans ressentir cette même morosité que m'apporte la totale urbanisation. Rat des champs, mais aussi rat des villes.

////En fait, je cherche ma place, comme tout un chacun. L'adolescence n'est-elle pas l'âge des remise en questions ? Je ne m'en pose probablement pas beaucoup plus que les autres. En revanche, la rélfexion que j'y alloue, de part cette lucidité chronique, diffère assurément.

////Ma place, je l'ai trouvé : en communion avec Gaïa, et entouré d'autres gens. Mais aucune des deux solutions ne me satisfait réellement.
J'ai voyagé, et vu pas mal de choses. Je m'avance même en disant que j'en ai probablement vu plus que 90% des personnes qui s'emmerdero** à lire cet article jusqu'au bout. Ce n'est pas de l'arrogance, juste un constat qui fait parti de cette psychanalyse. Lachons le, pas de demi-mesure, j'ai la prétention d'être citoyen du monde. Et toc !

-------------------=[ Mais les braves gens n'aiment pas que, l'on suive une autre route qu'eux ]=-------------------

Comme un funambule, j'avance à tâton sur le fil de ma vie, en espérant finir par atteindre un bord que je ne vois pas. Je me sens bien en tanguant à droite, tout comme à gauche, mais je sais que ce n'est pas le précipice qui est mon objectif. Et ce, même si je ne le connais pas.

Comme un gosse, je rêve de changer les hommes afin qu'ils changent le monde, et j'y crois dur comme fer. La géopolitique me fascine, mais comme on est fasciné par un casse-tête qui semble simple. C'est juste le nombre de joueurs têtus et bourrus qui s'y penchent qui rend la solution ardue. L'homme se complique la vie, c'est chez lui un besoin essentiel. "Qui est responsable, où sont mes intérêts ", plutôt que " Comment résoudre le problème ". Pour Bernard Werber, c'est là l'avantage qu'auraient les fourmies sur l'humain... ne me faite pas dire qu'elles valent mieux que nous, ce ne sont pas elles qui ont peint la Joconde, crée des mondes sur papier et atteint la lune.

///Je mégare. Ce qui, considérant que je ne sais pas où je vais, est plutôt paradoxal ! Je pense être fou, sous certains aspects. Je suis donc ultrasensible et insensible, peut être schyzophrène, souffrant d'une forme de lucidité chronique, en interrogation devant un monde d'une incroyable complexité, je cherche quelque chose sans connaître sa nature, et je fais des articles inutilement longs pour finalement dire que je ne sais rien ( Disciple involontaire de Platon ? ).
Mais ceci dit, bien que ce ne soit pas aisé, être fou est-il nécessairement une mauvaise chose ?

Le vent souffle fort, dehors.


 -=[Texte écrit le 3 Novembre 2008]=- 


Signaler ce texte