Enfants sauvages

Devant l'hôtel de ville, la place aux pavés blancs 

Des éléments de mobilier urbain en plastique moulé sont dispersés. Couleurs vives  

Pour s'asseoir, s'allonger. Les enfants les traversent par les tunnels, dans leur base 

Devant le Quick, ouverts, les sacs à dos cubiques sur les bancs. Les livreurs attendent les commandes. Ils discutent, consultent leur portable 

Un arbre. Des barrières de voirie. Une chaîne cadenassée les tient ensemble 

Au pied du tronc, une flaque d'eau. Un moineau se baigne. Les gouttes roulent sur ses ailes  

Un moineau se pose au bord de l'eau. Il attend son tour 

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La place est vide. Les pavés luisent. Il pleut 

Au sol, un pigeon ébouriffé. Trempé. Sale. Il tourne sur lui-même, bat des ailes 

Épuisé, il ne bouge plus. De biais. Ses ailes pendent en angle 

Sursaut. Il bat des ailes 

*** 

Bienvenue dans la Vallée de la Lune 

Cœur rouge 

Au bord de la piste, un panneau rond  

La communauté est établie dans la vallée  

Pistes sinueuses, poussière, ornières, eucalyptus, cistes 

A l'entrée, une ancienne maison blanche -en mauvais état  

Le frère d'un résident l'a décorée. Côté arrivants, perchée sur une branche, une chouette 

Le long de la piste, horizontale, une plume noire. Bande verte, extrémité bleue 

A droite, les enfants ont apposé leurs mains enduites de boue  

De temps en temps, la maison héberge les visiteurs, venus voir leur famille 

Face aux collines jusqu'à l'océan, à l'extérieur, le siège des toilettes  

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V et H ont séjourné dans la maison. La porte ne ferme pas 

V dort. Un bruit. V ouvre un œil. Penché sur lui, un mouton 

Un mouton. Un autre. Les moutons, dans leur bergerie  

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Réveil. Torse nu, face aux collines, un jeune s'étire. Longiligne, le corps en liane 

Pour une quinzaine de jours, auprès de son oncle 

Demain, Israël. Dix-huit ans, Tsahal, service militaire. Trente-deux mois 

* 

Enfants sauvages. Attention aux enfants  

Anna confectionne des panneaux de signalisation. Des triangles pointes en haut, bordés de rouge. Deux enfants courent, silhouettes de profil. Une grande, une petite  

Inciter les automobilistes à ralentir 

En amont et en aval de la communauté, Anna a planté les panneaux sur les deux pistes,  

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A l'entrée de la yourte, découpés dans une plaque de bois  

Le Soleil doré (de face), la Lune bleue (quartier, de profil), enlacés 

En un cercle parfait. Baiser d'amour  

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Dans la yourte, le lit est protégé par une moustiquaire 

Sur une feuille de papier, une peinture. Liseré jaune  

La petite fille, dans les bras de sa mère ; à l'arrière-plan, la vieillesse 

* 

Ulfi revient d'escapade 

Une patte postérieure en sang 

La griffe de l'un de ses ergots s'est accrochée dans un grillage 

Le chien a tiré, la griffe a été arrachée 

Tom le soigne 

La griffe a repoussé 

Ulfi a deux ergots, à chaque patte postérieure 

* 

Tom, communication téléphonique 

Ulfi vagabonde. Il est dans une propriété voisine, couché sur la terrasse. Il va manger les croquettes du chat  

Il n'est pas méchant, il est bien connu dans le voisinage 

Tom va le chercher en voiture. Je l'accompagne 

Allez, dépêche-toi 

Tom ouvre le coffre à l'arrière, le chien monte dans la voiture. S'assied  

Je dis -Alors, on vagabonde ? 

Tom -Ne lui parle pas. Il doit comprendre qu'il a mal fait 

La tête de Ulfi me surplombe. Il a chaud, langue pendante 

Par la suite, Tom a une explication avec son chien. Ce qu'il doit faire, ce qu'il ne doit pas faire 

Les yeux tombants, Ulfi écoute  

Comment résister à la tentation des croquettes ? 

*** 

Fin de l'après-midi, la chaleur s'adoucit 

Ingrid a recueilli deux chattes Isabelle, craintives 

Affairées, elles vont et viennent sur la terrasse du gîte 

Curieuse, une chatte vient à la porte vitrée  

L'autre chatte, le bout de la queue cassée. Elle se tapit derrière un massif. Pose de chasse. En sur place 

Elle guette le matou blanc et roux qui somnole au soleil, sur un muret 

* 

Au mur, un tableau 

La nuit, un lac. A droite, un feu de camp  

On danse. Des lueurs montent vers le ciel, un tourbillon incandescent 

Il se reflète dans le lac, rayonne sur l'assemblée 

D.D. 2001 

* 

Dans le gîte, devant le canapé, S joue par terre 

Deux petites voitures 

un 4 X 4 vert 

une voiture abîmée sans partie supérieure, avec de grosses roues. Sa préférée. Concentré, il la fait rouler, comme font ses frères 

Je m'assieds devant lui, à distance. S vient vers moi, agrippe mon T-shirt, se met debout 

Il tend le bras, referme sa main sur mes cheveux, au-dessus de l'oreille. Il approche la tête, l'appuie contre la mienne 

Tom -Il te fait un câlin 

Son visage est tout près. S, la bouche ouverte. Au milieu de la mâchoire supérieure, deux incisives carrées 

Je m'exclame -Il a deux dents 

Tom -Non, six. Il en aussi en bas 

Tom ouvre la main de S. Des cheveux tombent sur le carrelage 

Tom -Ne te laisse pas faire. Défends-toi 

S me sourit 

* 

Demain, Ingrid attend l'arrivée d'un groupe d'Israéliennes. Séjour de méditation, au son d'un bol tibétain  

J'ai été informé ; en aucun cas, elles ne doivent croiser un homme 

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Sur une piste je ramasse un morceau de marbre veiné blanc, parallélépipède presque parfait  

Je le pose sur l'étagère de ma table de nuit  

Je le prends dans ma main 

Je vais le ramener dans mes bagages. Le déposer dans le bol de la tortue raku, sur la commode de l'entrée. Des cailloux, coquillages, morceaux d'algues 

Je me ravise. Je sors sur la terrasse. Au coin à droite, des galets sont rassemblés en un vague rond 

Je dépose le caillou de marbre