Enfin j'ouvre les yeux (2)

Sandrine Darcos

Voici l'épisode (2)
-          Non, je ne crois pas. Ses traits étaient assez vagues, par contre, je pourrais presque te dessiner son corps....il.... épousait tellement bien le mien.
-          Si tu te voyais en me disant ça, tes yeux brillent de bonheur. Remarque, je te comprends, ce n'est pas avec les "thons" que nous avons ici que tu peux fantasmer.
Elle continuait à rigoler tout en allant à son bureau.
-          Katia !! et ta nuit avec, avec "machin chose" sais plus son prénom.
-          Oui ben c'est même pas la peine que tu le saches, je suis sure que tu t'es plus éclatée dans ton rêve que moi dans mon lit avec "bidule".
Quel cas cette Katia, elle avait le don de tout tourner en dérision et j'avoue que cela me faisait le plus grand bien, son optimisme, sa joie de vivre et son ouverture d'esprit me réconfortaient.
 
Elle avait raison, je me mis au travail, j'avais un dossier à préparer pour un futur déplacement et ce rêve n'allait plus qu'être un doux souvenir. J'étais chargée de former le personnel des grandes entreprises d'import-export sur des logiciels, développés par nos informaticiens. Ma prochaine destination faisait pâlir de jalousie mes collègues, les caraïbes. D'ailleurs, moi aussi. Je n'avais encore jamais eu l'occasion d'aller dans cette partie du globe et la découverte d'une terre inconnue était loin de me déplaire.
 
Le ciel de Paris s'assombrissait à ma sortie du bureau et Éric m'attendait le sourire au coin des lèvres, nous devions dîner en ville avec son staff. J'en connaissais une bonne partie mais il tenait à me présenter à ses supérieurs. Le repas avait lieu dans une brasserie à la mode, bien évidement bondée, et il était facile de deviner avec le vacarme et le visage des personnes attablées que nous étions vendredi soir. Ce genre d'endroit tumultueux la semaine où le stress est palpable aussi bien dans l'atmosphère que dans les regards croisés aux détours d'une table, change complètement d'aspect en fin de semaine.
A notre tablée, l'ambiance était à l'unisson de toute la salle. J'étais assisse entre Hubert et Charles, deux jeunes cadres fraîchement sortis des grandes écoles, sympathiques et plein d'humour, en face de moi Éric, qui lui était encadré par deux femmes, Gabrielle et Louise, épouses respectives de ses deux supérieurs. Redoutant un peu cette soirée par le côté guindée qu'elle aurait pu avoir, je me réjouissais d'être de la partie.
-  Alors Cécile, prêtre pour faire le grand saut ?
-  Oui, Gabrielle plus que jamais, vous employez les grands mots.
-  Appelez-moi Gaby c'est plus simple et surtout plus court. Oui bien sûr, je vous taquine. Mais c'est une décision qui ne doit pas être prise à la légère.
-  Vous avez raison, elle s'est prise naturellement à deux comme une évidence.
Je ne voyais pas du tout où elle voulait en venir.
-          C'est une mise en garde ? Attention vous me faites peur.
-          Non pas du tout, ne me voyez pas comme une femme vieux jeux qui vous donne une leçon du mariage réussi. Vous m'êtes sympathique, vous faites un joli couple, Éric est un garçon sensible que je considère comme un fils. Bon, n'en parlons plus, vous allez me prendre pour la belle-mère que je ne suis pas. Mais qu'elle horreur, vous allez me détester !
Elle se mit à rire en se confondant en excuses.
-          Pour me faire pardonner, laissez-moi-vous inviter à déjeuner la semaine prochaine. Au moins, pour vous laisser une autre image de moi, si çà continu vous allez me refuser l'entrée de vos noces.
A mon tour je me mis à rire et accepta son invitation.
 
De retour chez nous, Éric me lança :
-          J'espère que tu ne t'es pas trop ennuyée, faut connaître Gaby, tu sais.
Ma curiosité déjà bien aiguisée par notre conversation, je saisis la perche au vol.
-          Non du tout, mais dis-moi, elle parait très protectrice à ton égard ?
Signaler ce texte