Enfin j'ouvre les yeux (4)
Voici l'opus numéro quatre ! Bonne lecture et commentaires bienvenus !
- Bien en faites, .... Je pensais....
- Ne me dîtes pas que vous pensez que j'essaie de vous séduire !!!
- Ben si, je dois vous l'avouer.
Nous sommes parties toutes deux d'un fou rire pour des raisons différentes, certes, mais sans le savoir, elle m'a sorti une épine du pied. Je n'étais pas encore prête à lui confier ce doux rêve.
Je voyais depuis quelques minutes une femme qui nous observait, une certaine inquiétude dans le regard. Mais oui, c'est sûrement son rendez-vous, nous avions largement dépassé la demie heure restante.
- Gaby, je crois que vous êtes attendue, regardez derrière vous.
- Oui vous avez raison, je vais vous laisser. J'ai été ravie de ce déjeuner, vous m'avez bien faite rire Cécile.
- Ne bougez pas, je suis en retard, je vous laisse et merci pour tout.
En payant l'addition au comptoir, discrètement, j'observais cette femme, marchant vers Gaby en lui souriant. Les deux femmes face à face, les yeux dans les yeux n'étaient plus de ce monde, rien ne pouvait les atteindre. En partant, je vis le bonheur sur le visage de Gaby.
Pour une fois, j´étais ravie de me trouver dans les bouchons, mon esprit pouvait s´échapper, se concentrer et surtout s´interroger sur le sens de tout cela. Quel message dois-je comprendre, quelle équation le destin me donne à résoudre ? Je n'avais certainement pas toutes les données en main, et pour cause, elles se trouvaient sûrement au plus profond de moi.
Quelque chose clochait dans les propos de Gaby. Sa mise en garde ne semblait pas tenir debout. Bien sûr, dans le fond, elle avait raison mais pour la forme, quelque chose m'échappait.
- Hé ! Ma belle, tu trouveras sur ton bureau tes réservations pour Saint-Domingue.
- Merci, Katia, que ferais-je sans toi !
- C'est ça, fous toi de moi. Et ce déjeuner ?
- Super ! Un bon moment.
- Je te laisse bosser a plus.
Ces quelques échanges de banalités n'avaient pas l'air de satisfaire Katia. Que faire ?
Je ne pouvais pas, cette fois ci, tout lui dire comme à l'accoutumé.
Je réalisais à peine, que j'avais mes billets dans la main et que la direction ne c'était pas moquée de moi. A la vue du dépliant, si l'hôtel tient toutes ses promesses, conjuguer le verbe travailler va être très difficile. L'idée de ce voyage me faisait du bien.
Éric, avait préparé le dîner et je n'eus qu'à mettre les pieds sous la table.
- Que me vaut ce repas romantique ?
- Mais je n'ai pas besoin de raisons pour faire plaisir à ma future femme, mon amour. Maintenant, si tu en veux une, comme tu pars en déplacement durant une semaine, un tête à tête à la maison me semblait de circonstance.
Je lui donnai un baiser amoureux, ce repas était le bienvenu après nos journées bien remplies, à courir sans cesse. Et puis à la veille d'un départ, j'aimais profiter de mon chez moi ou plutôt de notre chez nous.
- Mais dis-moi, Éric, mon déjeuner avec Gaby a été très instructif.
Il esquissait le même sourire lors de notre dernière discussion la concernant.
- Tu sais !? Elle t'a tout racontée ?
- Oui, enfin je pense. Disons que j'en sais déjà suffisamment comme çà, elle m'a cloué sur place. Et toi, tu savais hein ? Tu aurais pu me mettre sur la voix !!! C'est presque une cause d'annulation de mariage !!! Je n'ose pas imaginer la tête que j'ai dû faire quand elle m'a annoncé qu'elle était....qu'elle était....
- Homosexuelle ! Tu as du mal à le sortir. Ce mot te faire peur ?
- Non pas du tout, disons que...euh....et bien, je n'ai pas l'habitude de l'utiliser et depuis quelques jours, il revient assez souvent. Voilà !
- Comment çà depuis quelques jours ?
Ou là, une fois encore, mes paroles ont dépassés mes pensées.
- Enfin, je voulais dire depuis aujourd'hui. Ce jour a été tellement long et dense que j'ai l'impression d'en avoir vécu deux en un !
- On dirait, qu'elle t'a perturbé notre chère Gaby ! Me répondit-il en s'esclaffant.
- Et bien, il y a de quoi ! Comment se fait-il que tu sois au courant de ses déviances d'abord ?
- Ses déviances comme tu dis, elle me les a confiées, comme à toi. Elle en avait besoin, son fardeau depuis des années devenait trop pesant à porter. Son mari, n'est pas au courant, alors, parfois je la renseigne sur son emploi du temps. Sa confidence nous a rapprochées. Après tout, elle a toujours très bien rempli son devoir d'épouse, ses sacrifices depuis des années l'ont empêchés de vivre sa vie de femme. Et comme la carrière de son époux touche à sa fin, je trouve légitime qu'enfin elle vive et surtout qu'elle aime.
- Tu vois, j'étais loin de me douter que tu étais aussi tolérant.
- Ce n'est pas une question de tolérance Cécile, mais de justesse. Etre gay n'est pas une tare. Ils vivent, travaillent, mangent, dépensent leur argent comme tout le monde. Après, dans l'intimité cela ne nous regarde pas. Mais au final, qu'est ce qui est le plus important ?
- L'Amour !
- Exactement, tu as tout compris ma Chérie.