Entre-deux

Nicolas Pellion

7 mars 2019

La perte de l'absolu jonche mes pensées,

Envahit mes matins, occulte mes journées.


Disparu le fluet qui ignorait l'injure,

Éloignait la haine, gardait son âme pure.


Ne reste qu'un jouisseur, avare affamé,

Qui donne sans donner, possède sans aimer.


Où est le rêveur épris de mots et de larmes,

La blondeur submergée, le sauvage sans armes?


Ne vit plus qu'un félon, oublié de lui-même,

Qui butine l'instant, vent qui rien ne sème. 


Est-il perdu l'enfant qui parlait aux images,

Vibrait sous un saule, s'abimait dans les pages?


Demeure la surface mue par l'éphémère,

Qui trahit l'idéal, use la matière.


Reviendra-t-il le corps parcimonieux,

Candide ému qui ne se livrait qu'amoureux?

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