EnVie

Ana Elle (Cendrillon Des Routes)

A vous, pour cette belle journée. Au cercle... A la vie.

L'amour

Cet amour

Il n'est pas propre.

C'est sale. Ça sent le sang, et les effluves corporels, stagnantes. C'est génant. C'est fou l'odeur-

Vous sentez ?

Cette odeur

La peur pue. Ça slingue putain c'est… c'est parce que tu ne peux pas te laver.

Incapable de bouger. Paralysée sous la douleur. Sous les blocs et les blocs de pierre. Sous les comètes et les météorites qui nervent la chair.

Ça glisse. Quelque part, à l'intérieur l'existence glisse. La respiration-

-est ensevelie.

Je reste là.

Déterrée du sommeil. En silence et en pluie.

Et puis… elle revient.

Ecoute

Elle revient.

Comme la pute rose des matins.

Là entre tes mains.

Couchée dans l'aube et les cadavres.

Coucher avec toi

Coucher avec toi et mon propre cadavre.

Encore. Encore. La résonance. La petite musique. Tout bas, dans les restes du corps – qui mâche et crache

De la viande

Dans particules et des particules de viandes

Comme des papillons.

Il ne faut jamais toucher un papillon

Ou il peut mourir

C'est drôle mais j'en suis recouverte

Des pieds à la tête.

Il faudrait qu'on étudie ça un jour

Qu'on voit comment c'est possible

Toutes ces falaises

C'est falaises au bord des yeux.

C'est- brutal comme un million de volt qui me transperce me traverse et m'électrise

Je respire. Ça y est-

Je respire

Je

Je retrouve seulement

Maintenant

A cet instant là

La mélodie cathartique de mon corps, ce désordre et cette odeur de mort. Abandonnée, rejetée par la mer. Vomi et rendu par la grève du monde.

De nouveau. Je. Enfin. Je retrouve, au fond de mon corps, au fond de moi-même, perdu dans les ruines, les fracas, les séquelles, les arrachements de peau et d'amour trop cruel, je retrouve en moi ce qu'on appelle : la vie.

 

Le chemin est pourtant long pour être et avoir En-Vie.

Signaler ce texte