Ephémère

Nicolas Pellion

2 août 2018

Des nuits entières, je sors, anonyme, affronte la solitude, me perds au milieu d'inconnus qui ne me sont rien, repousse les avances avec froideur ou d'un sourire, le plus souvent avec une mélancolie qui peut passer pour de l'arrogance, retiens l'ardeur et, quand la nuit est sur le point de s'achever, j'oublie le sentiment pour la chair, accepte la délivrance, gicle, extasie l'âme, transis la peau, frissonne, cherche la résonance, le tremblement des nerfs, ferme les yeux, inspire les mains qui me touchent, violente les corps, pénètre ou m'ouvre, pense à lui, voudrais jouir de lui, voudrais jouir en lui puis, le sexe inanimé et gonflé de plaisir, je repousse l'étreinte, laisse affluer la peine, cache les larmes dans l'ombre, offre mon dos à ceux dont je ne veux rien retenir, pas même le prénom...

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