Ephialtès, une vie pour le péché. (2)

guegueette

Errances dans les ruelles.

Torche à la main je marche dans les ruelles. La nuit est calme, la nuit est pour moi un moment spécial. Je ferme un instant les yeux et respire l'air frais qui me viens aux narines et écoutes ce qui se passe autour de moi. Que puis-je entendre? Je n'entend rien dans le silence de la ville endormie, mais je sens que la lune me regarde. Seul le bruit que font mes bottes et celles de mon camarade en écrasant lourdement les pavés vient fendre ce silence. Bientôt ce sera celui du crépitement du feu qui le fera, et je sentirai alors mon échine se prendre d'un frisson.

J'ouvre les yeux et regarde le blond, je lui ai laissé le soin de tout préparer pour l'ouverture du spectacle festif. Pourquoi faire alors qu'on peut faire pour moi? L'excitation me prend et je souris en coin sous mon capuchon. La torche éclaire mes pas. Lorsque un silence paisible repose, il y a toujours une perturbation à percevoir ou à créer et, cette nuit, va se rompre l'ennuyeux quotidien auquel nous sommes voués car nous avons la veille voté pour. En bonnes âmes que nous sommes, nous allons apporter la lumière sur Antwerpen.

Depuis que je suis revenu poser mes affaires dans cette ville qui m'a vue naître, enfin du moins le peu que j'ai, je n'ai rien de mieux à faire que de me gratter les valseuses. A défaut qu'on le fasse pour moi, j'aurais bien rompu mon ennuis en parcourant les remparts et en patrouillant chaque soir dans les ruelles, mais il me l'a été refusé. Un honteux délit de faciès. Pourtant lorsque je me regarde dans un miroir, j'arrive à me séduire moi même. A moins que celui qui a le monopole de pouvoir épier à travers les carreaux sous un prétexte sécuritaire ne veuille pas perdre son privilège afin de pouvoir continuer à satisfaire son vice en toute quiétude? Je penche plutôt pour cette option qui est la plus probable. Bon, j'ai quand même réussit à sortir du taudis puant depuis quelques jours et à me trouver une chaumière. Il n'était pas trop tôt, je vaux tellement mieux que ça. Je pose mes azurs partout autour de moi et en chuchotant je me penche sur le barbu.

- Avec un peu de chance, beaucoup de chance même, on verra une pucelle sortir à poil de sa chaumière.

Si je peut me rincer l'œil par la même occasion, je ne vais pas m'en priver. J'aime le gâteau, et la cerise. Assurément la cerise sur le gâteau, comprenez. D'ailleurs, les puterelles semblent même avoir abandonné l'idée de se faire écus dans le coin, c'est pour dire. Il doit y avoir une réglementation sur la passe, même la buccale. A ne pas en douter. De ma main libre je rabats un peu plus le tissu sur mon visage et aperçois des brouettes remplies de paille. Mes doigts sur le manche de la torche se resserrent et j'offre un regard malicieux au blond.

- Que le spectacle commence...

Signaler ce texte