Erotic Allégories : Peinture

r-one

Depuis le temps, il avait envie de peindre autre chose que des natures mortes, des paysages, des délires visuels venant de son cerveau embrumé.

Il voulait franchir ce cap, tenter d'aller au-delà, se dire qu'il en était capable. La douceur, la sensualité, le charme, il allait les peindre, les mettre sur sa toile, et le jour arriva.....

Il avait cherché sur la toile, virtuelle cette fois, une femme modèle susceptible de poser pour lui, capable de rester des heures dans une position qui risquait de devenir rapidement inconfortable. Il avait reçu pas mal de réponses et souvent les mêmes questions :

Quels types de poses ?

Érotique, Topless ?

Rémunéré ou non ?

Quelle diffusion ensuite ?

Intérieur ou extérieur ?

Quel appareil photo serait utilisé ?

Cette dernière posait problème.... sa réponse déroutait... 

« Je ne photographie pas, je peins »

Après de longues recherches, il avait fini par trouver, il ne pouvait plus revenir en arrière, échouer. 

Jour J : 

Ils s'étaient donné rendez-vous devant son atelier, un ancien petit entrepôt de 100 m◊ environ caché au fond d'une petite cour. Il était tombé dessus par hasard il y a trois ans et l'avait acheté pour une bouchée de pain. Une occasion à ne pas louper. Depuis c'était son havre de paix, il l'avait aménagé à son image et si ses finances l'avaient permis il aurait fait le nécessaire pour y vivre. Qui sait un jour... 

Elle était arrivée un peu en avance à priori, elle attendait devant appuyée sur la porte son livre entre les mains. Quand elle leva la tête, le sourire qui venait de se dessiner sur son visage le rendit timide et emprunté. Il bégaya en lui serrant la main, elle semblait un peu s'amuser de la situation.

Assis tous les deux dans la partie salon et un café fumant dans les mains, ils discutèrent ensemble. Il voulait la connaitre un peu, savoir ce qu'elle aimait, réussir à cerner sa personnalité en plus de sa plastique sur la toile. Elle était vivante, parlait franchement sans tabou. Il apprit qu'elle aimait la musique, la simplicité, l'art, les femmes... Sur le coup, cela le troubla. Bien sûr, cela ne le gênait pas, mais il avait espéré laisser divaguer son imagination sensuelle afin de trouver le meilleur coup de pinceau. Mais il s'était promis de réussir. 

Il savait déjà quelle pose lui proposer. Peu de temps auparavant, il avait trouvé cette chaise imitation Louis XV et cette tenture. Il cherchait à créer une ambiance feutrée, un décor un peu à l'ancienne sans sombrer dans le kitch. 

Après s'être mis d'accord, elle était partie se changer le temps pour lui de s'installer. Il ne se rendit pas compte de son retour, absorbé dans la préparation de son matériel. 

« Est-ce que cette pose te va ? » lui demanda-t-elle.

Quand il se retourna, le choc, une déferlante de charme qui arriva sans prévenir. Pris dans les remous, au bord de la noyade, il mit du temps à retrouver son souffle. 

« ou — oui » bégaya-t-il 

Les premiers coups de pinceau n'étaient pas mécaniques, manquaient de fluidité. Sa pensée dérivait vers une sensualité qui ne pouvait connaitre avec elle. Cela le perturbait, bloquait son oeuvre, son inspiration. 

Pourquoi n'était-il pas une femme ? 

La réponse était peut-être là. Voilà ce qu'il devait faire, penser comme une femme. 

Et sa main devint plus souple, inspirée, capable de reproduire les courbes de son modèle avec sensualité. 

Son pinceau était devenu la main qui délicatement parcourait son corps. Il était capable de sentir le grain de sa peau, sa douceur. Arrivé sur la poitrine il se permit même de détaillé un peu plus le téton, comme s’il était gonflé de plaisir. 

D'un coup, le voile se déchira. Il n'était plus lui, il était femme. 

Rêverie 

Il/elle était subjuguée par cet éclat de grâce qui venait directement s'imprimer dans sa rétine. Il sentait cette onctueuse envie qui remontait des jambes et s'attardait au creux des reins. 

Il/elle lâcha le pinceau pour s'approcher de son modèle. La timidité avait été remplacée par l'assurance. Il/elle déposa un baiser à la naissance de l'épaule, les mains peignaient son buste de touches sensuelles. La réaction de bien-être du modèle l'incitait à continuer. 

Tout devient une onctueuse inspiration, des touches par endroits, une insistance délicate sur sa poitrine qui se gonflait de plaisir. 

Il/elle s'agenouilla, lui écarta doucement les jambes. Ses mains étaient des pinceaux doux sur les cuisses, ses lèvres ajoutèrent une douche de couleurs chaudes. 

L'instant d’achever son oeuvre arrivait, sa langue la dessinait, les lèvres la buvaient. 

Le modèle se cabra, un cri rauque roula le long de sa gorge. 

Il sortit de sa rêverie brutalement. 

Le cri de plaisir n'en était pas un ….

"Excusez moi de vous sortir de votre inspiration, un début de crampe" 

Il regarda le tableau, c'était parfait. Elle était parfaite.

"non pas de soucis, j'ai terminé"

Dit-il  ….

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