Espoir

Dominique Capo

Poème onirique

D'aussi loin que je m'en souvienne, je n'ai jamais pu exprimer mes sentiments autrement que par écrit. D'aussi loin que je m'en rappelle, les incertitudes de l'existence m'ont malmené tant de fois qu'elles m'ont fragilisé à l'extrême. D'aussi loin que ma mémoire s'en libère, je n'ai jamais été capable d'en affronter certaines.

Car, si j'ai aimé secrètement des dizaines de femmes au cours de mon existence, je n'ai jamais été adroit pour les approcher et leur parler ouvertement. Si j'ai souvent admiré leur beauté nonchalante, j'ai toujours été incapable pour leur révéler l'émoi qu'elles ont su faire naître en moi. Si j'ai régulièrement été la proie de leurs charmes intolérables, je n'ai été esclave que de gaucherie et de maladresse à leur contact. Et à chaque fois que j'ai osé franchir ces limites imposées par mon passé fracassé, à chaque fois que j'ai tenté de les aborder dans le but de m'exprimer, j'ai été projeté dans un monde de saisissements, de terreurs, et de troubles permanents ; au point d'en perdre sommeil, appétit et quotidiennes ambitions ; et subir régulièrement les assauts de vaines et éphémères tentations. De la même façon que mon corps et mes sens échappant à tout contrôle de ma part, je n'ai pu que souffrir silencieusement et supporter sueurs froides et frissons d'effroi sans équivalent. Parce que mes émotions non habituées à tant de tourments, et inadéquates en de telles circonstances, je ne sais que pleurer cette joie que je ne connaîtrai jamais ; et me décomposer d'amertume, de chagrin, et d'affliction, qui me condamnent au Néant.

Alors, moi qui aimerait tant réaliser ce rêve qui hante mes nuits remplies de Démons, comment puis-je avouer à celle que j'ai désiré ces multiples sentiments ? Je n'ai donc pas d'autre solution que de demeurer cloîtré aux fins fonds de ma tour d'argent. Et je songe à ces mile femmes que je côtoie imprudemment, et que, pourtant, je vénère tant ; en espérant cette fois ne pas me brûler les ailes en implorant la clémence de Dieux décadents qui s'amusent si souvent à mes dépends. C'est pour cette raison que je tends la main en direction de celles qui m'attirent en ce lieu discret, sans danger d'être blâmé et écrasé par leurs rires et leurs moqueries mortifiantes. Même si je désirerai tant aujourd'hui me défaire de ces liens qui m'enchaînent à mes cauchemars d'antan, je ne sais si j'en ai le droit...

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