et on s'en fout
My Martin
Les Bat' d'Af'
Chant des bataillons d'infanterie légère d'Afrique
19 février 1937. Film "Les Réprouvés", de Jacques Séverac 1902-1982
D'après un roman d'André Armandy 1882-1958. Auteur de romans pour la jeunesse
Il est sur la terre africaine
Un bataillon dont les soldats
Sont tous des gars qu'ont pas eu de veine.
C'est les Bat' d'Af', et nous voilà, et nous voilà
...
J'ai vu mourir un pauvre gosse,
Un pauvre gosse de 18 ans, de 18 ans,
Frappé par le destin féroce.
Il est mort en criant Maman, criant Maman.
C'est moi qui ai fermé ses paupières,
Recueilli son dernier soupir, dernier soupir,
Qu'ai écrit à sa pauvre mère
Un vrai soldat vient de mourir, vient de mourir
Mais après tout qu'est-ce que ça fout,
Et on s'en fout !
...
Dans le sable on nous enterrera, nous enterrera
Avec pour croix une baïonnette,
A l'endroit où l'on est tombé, l'on est tombé.
Qui voulez-vous qui nous regrette,
Puisque nous sommes des réprouvés
Mais après tout, qu'est-ce que ça fout,
Et on s'en fout.
***
France. Second Empire (1851-1870), Napoléon III
La France s'ouvre à la révolution industrielle, se dote d'infrastructures et d'un urbanisme encore actuel
A partir de 1815, les fondements du second empire colonial -régions d'Afrique acquises à partir des anciens comptoirs. Algérie (dès 1830), Tunisie (1881), Maroc
1853-1870. Transformations de Paris, travaux haussmanniens ; grands boulevards et places dégagées
***
Paris. Jeudi 11 janvier 1866
L'homme se rend chez une femme artiste-peintre ; récemment, il lui a livré des cadres
Elle lui ouvre la porte. L'homme bondit, tente d'étouffer la femme avec un linge
Elle se débat avec force. Le bruit attire les voisins
« Ce n'est rien, elle est malade »
L'homme descend rapidement l'escalier
La femme retrouve son souffle. « Arrêtez-le ! »
L'homme est rattrapé dans la rue. Livré aux gendarmes
***
Des témoins
Un ouvrier
Le regard mauvais
Un tatouage sur le bras
---
Dimanche 5 au lundi 6 novembre 1865. Rue Sainte-Marguerite (11e arrondissement, rue Trousseau. Paris Est)
Double meurtre. Flore Mage (32 ans, prostituée) et son fils Henri (4 ou 5 ans) -le visage lacéré
La mort d'Henri surtout, émeut l'opinion publique
Frédéric Chauvaud, historien. Les sévices subis par les prostituées ne déclenchent pas l'empathie d'une société, plus soucieuse de se débarrasser d'elles, plutôt que de les protéger
Tardive prise en compte, en tant que féminicides
---
Sophie Fouché, prostituée rue Sainte-Marguerite, se rend à la police
Elle a été approchée par le tueur
Elle l'a rencontré, d'abord dans un café
Elle s'est enfuie
Sa description est précise
... un homme brun
un tatouage sur le bras ...
---
Janvier 1866. Meurtre. Près de l'église de la Madeleine (8e), au-dessus du commissariat
---
1861-1866. Neuf prostituées égorgées, presque décapitées. Leur argent a été volé
Ni viol, ni violence sexuelle
Similitude entre les modes opératoires ; un même meurtrier
***
Frédéric Chauvaud (né en 1955), historien français. Spécialisé dans la justice pénale et les féminicides
A l'époque, les scientifiques s'interrogent sur la nature de l'addiction qui conduit aux multicides
Relève-t-elle d'une maladie mentale -qu'il convient d'isoler ?
Dans ce cas, le meurtrier est-il ou non, responsable de ses actes ?
Les spécialistes de la médecine légale et du monde judiciaire, ne cessent d'en débattre
La pulsion sexuelle est évoquée
« Les observateurs sociaux, les journalistes, les féministes, ne nomment pas ces féminicides non intimes »
Il semble que la police ne considère comme féminicides, que les féminicides intimes -perpétrés par un partenaire ou ancien partenaire
***
Paris. Dimanche 17 juin 1866
Procès
---
Louis-Joseph Philippe
Le visage marqué par la petite vérole
1er octobre 1831. Naissance à Velleminfroy (Haute-Saône), à 17 km de Vesoul nord-est
Ex-militaire français, des Bataillons d'Afrique. Les Bat' d'Af'
Des bagnes militaires ; en leur sein, des soldats qui avant leur incorporation à l'armée, ont fait de la prison
---
Il s'installe à Paris
Plusieurs emplois, souvent renvoyé pour ivrognerie
1861 (30 ans) - 1866 (35 ans). En cinq années, Louis-Joseph Philippe aurait commis une douzaine de meurtres
---
Louis-Joseph Philippe est jugé coupable de l'assassinat de sept prostituées
Il est condamné à mort
*
Mardi 24 juillet 1866. Six heures du matin. Prison de la Roquette (11e)
1851 à 1899. Lieu de plus de deux cents exécutions capitales, en public
Un prêtre à ses côtés, Louis-Joseph Philippe (35 ans) s'avance. Les mains attachées derrière le dos
Il observe la foule
Lors de son procès et jusqu'à son exécution, il garde le sourire
Il monte sur l'échafaud
Les aides du bourreau le saisissent, le couchent sur la bascule
Épaisseur 1 cm, largeur 30 cm, poids 7 kg. Le couperet s'abat
---
La tête. Le corps frémissant est déposé dans le panier en osier, prévu à cet effet
Sur le bras gauche, un tatouage. « Né sous une mauvaise étoile »