Etoile Filante (Extrait de VIATIQUES)
ludion
Il y eut des rencontres magiques et secrètes,
Dans des tours solitaires et de nous seuls connues
Où nos envies vaincues se heurtèrent,
Fantastiques destins où la nuit se terre,
S'égaie et s'étire lentement
En de longs et furtifs et fragiles filaments
D'une étoile filante qui crève.
Blanches lueurs des rires
Baisers si attendus
Comme suspendus
A une nuit qui se love au téton
Et travestit en bleus et en verts
Des mots à peine entrouverts
Sur des secrets chuchotés
Par des langues furtives
Qui cernent les voluptés destructives.
Ton visage cent fois, mille fois caressé,
Transparent à mes désirs,
Si embrasé si empressé
Que des mains pleines de plaisirs
Apportent ces fragiles tortures
Comme les coupables et perverses montures
Chevauchées à cru
Lançant un sauvage appel accru.
Pourquoi taire ces cris
Que le feu de ton corps décrit ?
Nous escaladons les cimes voluptueuses
Qui déploient leurs ailes d'or
Et se répandent comme d'atroces tueuses
Par-dessus les flaques agglutinantes ou encor
A l'écoute des râles rauques de la bête sauvage
Qui sortent des entrailles noires
Des mères anthropophages
Que nous ne pouvons voir.
Elles accouchent des amazones
Fières et mutilantes
Qui offrent leur rutilante
Assiette de faune
A des montures lestes
Légères et célestes
Par la grâce de leurs reins puissants
Gonflés de plaisirs agissants.
Donne-moi ta mains...
Il y a encore des plaisirs à prendre !
Comme ces cris sortis de la gorge
Et ton pouce sucé qu'un plaisir engendre
Et force en moi une agonie qui m'égorge.
Laisse-moi dévorer ce plaisir inventé.
Nuits chaudes absorbées
Jours bercés d'envies dérobées
Comme les belles images
Volées aux enfants sages
Et de rêves défendus
A des amants éperdus.
Vagues de mer délirantes
Qui viennent lécher les formes attirantes
De tes hanches qui se hasardent
Sur mes rives gardées
Tranquilles et fragiles.