Etouffe mon silence

maharia

Si tu veux parler, alors parle,

mais parle moi comme à une étrangère,

comme on parle à un malade sur un lit d'hôpital,

parle moi comme à un mourant,

comme à quelqu'un qui s'asphyxie sous la glace,

parle moi comme on parle à quelqu'un croulant sous son mutisme,

comme à quelqu'un qui souffre et que tu fais souffrir,

parle moi comme à un prisonnier,

prisonnier des liens que tu avais tissés et qui maintenant étouffent,

comme à un fou que tu aurais empoisonné,

parle moi comme si chacune de tes paroles me rapprochait de la fin,

comme si ton souffle déchainait les vents de la nuit,

parle moi sachant que tes mots ressèrent la corde autour de mon cou,

parle moi comme on parle à un mort,

comme on parle à quelqu'un qu'on a soi même tué.

Et puis,

regarde moi et ne dis plus rien.

Enfin,

comprends que tu m'as suicidé.

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