Etrangère

Elle était toujours vide cette rue.

Les chiens n'y trainaient plus et laissaient les rats conquérir un territoire . Elle vous donnait cet étrange sentiment d'être seul au monde. Les murs décrépis tenaient à peine et les magasins qui autrefois accueillaient les clients bras ouvert étaient devenus des cimetières , dont le seul trait de couleur était l'œuvre des graffeurs .

J'étais de ceux là . 

Les murs étaient devenus mon domaine et un corps qui prenait vie sous mes gestes. Les rues étaient les veines et les artères , et le sang se créait de mes mains. 

Je n'avais alors que seize ans quand les murs de ma maison étaient devenus trop étroits. Les cris de ma mère et de ma sœur étaient des pics , et les coups de mon père le marteau invisible qui nous terrifiait. 

Alors, je l'ai découverte. 

Elle se balançait sur la pointe des pieds et je me demandais si la gravité ne l'avait jamais attirée. Elle était seule , une cigarette roulée tournait dans ses mains. Je ne sais pas si elle hésitait à l'allumer , où si ses rêves la hantaient déjà. Ce ne serais que plus tard que les réponses viendraient frapper à ma porte.

Elle ne m'avait pas vu , mais je la buvais des yeux. Son cou élancé rencontrait un visage que j'aurais aimé dessiner, elle n'était ni trop , ni trop peu . Son short un peu court pour la saison , me laissait espionner ses jambes qui paraissaient trop longues pour un homme comme moi.

Qui était elle et qu'attendait -elle , cette nuit devant la rue la plus déserte de la ville.

"T' as une seconde pour parler ou c'est la claque ."