Etre un homme...qu'ils ont dit.

yeager

Quand on est un garçon on ne pleure pas. On ne doit pas pleurer. Ça fait fillette.
Alors on apprend à retenir ses larmes et à les écraser dans son lit sur son coussin.

Quand est garçon on doit savoir se battre. Donner des coups de poings. Y a que les filles qui pleurnichent. Et puis qui tirent les cheveux. Pas les mecs.
J'ai arrêté de tirer les cheveux. Pourtant c'était pratique. Mais je ne sais toujours pas me battre. Et j'ai encore peur de la violence.

Il semblerait que les ados doivent être entreprenants avec les filles. Les draguer. Mais faut faire comment ? Et si je lui plaît, pourquoi elle vient pas d'elle même. Ça simplifierait tout, non ?

D'ailleurs, un homme il aime pas les autres hommes. Il aime les Femmes. Ah bon. Moi j'ai jamais aimé les hommes et à force d'entendre que l'homosexualité n'était pas normale j'en suis arrivé à détester les pd. Enfant puis ado, ils m'ont dégoûté. Et puis j'en ai rencontré. Il y en avait même dans ma famille. Ils étaient comme vous, comme nous. Merde. Tout un concept qui s'écroule. Il a mis du temps à partir complètement. Aujourd'hui je vous en veux de m'avoir mis ces pensées dans cette petite tête.

 Un homme mûr ne doit toujours pas pleurer, ne pas faire la cuisine, ni le ménage. Il doit bosser, boire, être virile. C'est ce que disent aussi certaines femmes. J'ai tout raté. Je suis un petit prof de banlieue, je ne rencontre pas de grands hommes, je ne gagne pas grand chose. Je ne bois pas. Ou alors seul. Pour oublier, pour faire passer cette tristesse sociale qui me sourit tous les jours au collège.
Je ne suis pas virile. Je suis même assez ridicule de ce côté. Pas d'abdos, pas de sourire de vainqueur. Pas de grosse voiture.

Je m'occupe souvent de mes enfants, je les lave, leur donne à manger, les torche. Ma compagne est une « business woman ». Elle connaît du très grand monde. Elle aime ces rencontres de l'autre côté de la Terre. Il y a des vidéos d'elle sur internet. Elle twitte, instagrame, blogue. Croyez moi elle est parfaite. Elle a même cette fibre artistique : écriture, dessin, musée... j'arrive pas à suivre. J'arrive pas à son niveau. Mais je l'admire.
J'aime entendre les clefs dans la porte quand elle rentre du boulot. J'ai dressé la table et avec les petits on lui souhaite la bienvenue. Pas toujours. C'est vrai que des fois le boulot m'a épuisé. Un petit con m'a manqué de respect. Une gamine se fait cogner par son père. Un gamin va faire de la taule. Alors le sourire il vient pas. Je suis plutôt en mode grognon. Ça plombe.

On me dit que je suis la femme du couple, en rigolant on me demande quand est-ce que mon homme va rentrer du boulot. Elle aime pas ça ma chérie. Elle a raison de pas aimer. Pourquoi j'aurais pas le droit de torcher mes mômes ? Et pourquoi elle aurait pas le droit de bosser, de voyager ? Et puis elle aussi elle s'occupe de nos enfants !

Ces derniers temps je n'ai pas été à la hauteur. J'ai pris mon rôle de « mère» trop à cœur. Je me suis enfermé. Je ne me suis occupé que de mes enfants, j'ai laissé tomber mon couple. Je suis en train de payer mes errements de jeune « maman ». Ma compagne se lasse, se casse, et passe. Voir ailleurs ? Non. Non. Juste se voir ailleurs. Alors, je me fais tout petit. Je promets de changer. Je mets mes enfants de côté. J'essaie de sortir de ce rôle de « maman ».

Je voudrais pas me retrouver mère célibataire de 40 ans avec deux enfants sur les bras !

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