Evenementiel

supra


La structure déployée dans le petit square de la rue des archives fut décrite après coup, par la célèbre critique Joris Kovensko comme une “ Double spinozoide imbriquée évoquant une génétique de l'erreur, de l'intransmissibilité , de la stérilité mécanique” et il n'y avait dans cette énoncé un fond de vérité mêlé à la masturbation intellectuelle constitutive de la tenue mensuelle de l'encart “Sur les berges du Mainstream” .


Il est vrai que l'installation ne laissa personne de marbre . La gérante de la pâtisserie “ la bonne pâte “ face aux deux journalistes qui avait flairé une demi page facile à écrire, pour la page 7 “tendance et société “ , déclara que ce tube torturé n'était qu' une abjection surgi de la butte jusque là uniquement parsemée des excréments de la faune urbaine, que de son temps les artistes peignaient les ineffables entrelacs de l'élément liquide et de la lumière ainsi qu'occasionnellement le pittoresque d'une barque échouée, et ne visait pas à dénaturer d'échardes de métal la beauté naturelle et rare d'une bouffée de verdure d'un petit square encastré entre deux grand ensembles. Les journalistes déstabilisés par le registre de la diatribe se contentèrent de rapporter “ une grogne des commerces de proximité peu sensibles à la portée intellectuelle de l'oeuvre controversée”


Les passants étaient eux aussi pour la plupart interloqués et bougons. Une dame permanentée exprima son incompréhension de la charge figurative véhiculée par le land art “ C'est censé représenter quoi ? Un arbre bizarre ? “   Les journalistes une fois le micro refermé admirent qu'ils n'en savaient rien, mais conseillèrent néanmoins à la dame de retenir le bichon qui tirait sur la laisse avec une volonté manifeste de faire ses besoins au pied du pylône déformé. 


L'oeuvre trouva néanmoins son public.  Certains y virent une représentation du génome de la ville, d'autre le flux de l'industrialisation et du changement frappant une nature condamnée en un picador mortel.


Il y eu des Tweets essayant d'attribuer la paternité de la sculpture Avant-Guardiste, certain y voyant la patte si reconnaissable de l'architecte ayant dessiné la nouvelle médiathèque. Mais il y avait quelque chose de profondément novateur, exogène à la sphère créatrice dans les matériaux, dans les lignes cassées. “ C'est assurément rafraîchissant, quoique un peu naïf comme démarche” asséna un des critiques les plus en vogues.  D'aucun s'étonna que l'événement ait commencé plus de deux mois avant la foire des arts nouveaux, mais se virent rétorquer que la création ne devraient avoir un calendrier. Il y eu du mépris dans les nombreux retweets de l'indignation d'un contemporain qui voyait sa fenêtre frappée des reflets ” du bastringue “ au plus fort de la journée . “ L'obscurantisme baisse ces volets quand la lumière vient frapper à sa fenêtre “ fut la lapidaire sentence en moins de 144 caractères  qui vint frapper l'indigné tout en recueillant l'assentiment d'une nuée de pouces levés. 


Puis la dénégation de la mairie parut , tardive comme il se doit, assurant qu'aucun permis n'avaient été attribué à aucun artiste pour une quelconque oeuvre, et que le service logistique allait être mobilisé pour y remédier. Le communiqué propulsa l'oeuvre en tant que Street art contestataire, digne du plus pur Bansky. Des cohortes se mobilisèrent contre la saisie de l'édifice contrevenant par le personnel de la DDE, les comparant à la perte des bouddhas géants de Bâmiyân. Il était maintenant avéré que la forme heurtée de la spirale dénonçait l'absurdité spiralique de cercles vicieux de fuites en avant sociétale de la consommation, mis en contraste avec la saine simplicité du petit square symbolisant l'Eden initial.


Puis vint la consécration de l'oeuvre survient, trois jours après l'apparition , lorsqu'une pièce métallique bascula, révélant et des silhouettes malingres sortirent en titubant, exécutant un ballet heurtés dans le théâtre de la rue. Leur costumes étaient un incroyable tissage de mailles multicolores et fluide qui masquait leur traits et liaient leur avant bras le long de leurs corps , tandis que leur bras s'agitaient convulsivement, enchâssés dans des maquillages évoquant Cronenberg. Un happening imprévu qui déchaîna les cercles qui s'étaient créé autour du “monolithe dual” tel que l'avait nommé les cercles avertis , les Hipsters accoururent dès que le réseau leur signala l'événement.


Ils assistèrent médusés à cette danse tribale, parfois apparemment inspirée des transes chamaniques, mais qui rompait brutalement avec la tradition, en introduisant soudainement des mouvements modernes , des changements de rythmes soudain. L'ensemble de la chorégraphie toucha au cœur les personnes présentes qui se sentirent privilégiées par la chance d'assister à cette évocation sincère de l'insignifiance de l'individu écrasé par les structures sociétales.


Elle se conclut par une lente léthargie qui gagnèrent les danseurs, tendant misérablement leurs appendices en direction du public dans une mimique de la posture d'Adam tendant les bras vers dieu, si dieu avait tenu un smartphone pour filmer la scène. Ils finirent par demeurés, prostrés sur le macadam, et la foule amassé jugea le moment propice pour applaudir.


On mis bien dix minutes à trouver leur immobilité trop prolongée, et se rendre compte que les danseurs malingres étaient définitivement inertes au sol. Ce qui acheva de créer le mouvement de panique fut lorsque on réalisa en voulant leur apporter les premiers secours que ce qui avait été considéré au premier abord comme des costumes, n'était pas des grimages. Ce qui gisait au sol, constatèrent les secouristes , n'était ni humain ni terrestre.


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