Fait-Divers (2006)

Thyl Sadow

A l’heure où le cinéma français semble traverser une grande crise (Césars donnés à des intermittents du spectacle, Christian Clavier dans son premier rôle Dramatique, le tournage des « Choristes 2 » avorté), une lueur pointe pourtant le bout de son nez dans ce tunnel sombre de films à vocation « artistique », pour ne pas dire prétentieux et avouons le, chiants. Cette lumière Divine se nomme René Louis, un réalisateur qui n’a pas froid aux yeux, un réalisateur qui va au plus près des réalités de son pays, un réalisateur qui repense complètement le cinéma avec les nouvelles technologies qui sont aujourd’hui accessibles au plus grand nombre. Engagé politiquement (avec son grand copain de Frederic Nihous), René est aussi dessinateur reconnu pour les enseignes de « Chez Ginette », un endroit où il aime retrouver ses copines. Auteur d’une filmographie inégale qui alterne cinéma vérité à la « Jeanne Dielman » (« Là, je vais nourrir les poules » et « La communion de Jean »), il aborde aussi la comédie avec un peu moins de succès il faut bien l’avouer ( « Encore un pour la route, c’est moi qui paye ») mais c’est lorsque René Louis se montre plus sensible qu’il convainc réellement ( « J’lui ai dit, si tu pars, je t’ouvre plus » et le fabuleux « Dis à ton fils que c’est un con »). Et puis c’est la consécration, montée des marches aux Dailymotion awards, il est vite repéré par Jean-Luc Delarue qui lui donne un budget pour sa première Superproduction intitulée « T’as été conçu dans le foin ». René se paye Jean Pierre Léaud pour le jouer, Amanda Lear dans le rôle de sa femme, Pierre Bénichou dans celui de son fils, Michel Lebb dans le rôle du livreur Chinois et Fanny Ardant dans le rôle de Georges. Le film bénéficie d’une promotion gargantuesque notamment au JT de Jean-Pierre Pernault. Et pourtant une semaine avant la sortie, c’est le drame. René est attaqué en justice par son propre fils pour « Diffamations et avoir été joué par un vieux », le film étant une preuve judiciaire pour le procès, il est interdit de sortie, même la salle des fêtes de Valigny-sur-Marne, qui avait pourtant fait installer expressément des chaises dans son bâtiment, ne pourra pas le diffuser. René est anéantit, tous ses espoirs de gloir…d’une société meilleure et d’une transmission culturelle s’évaporent peu à peu. Sans scrupules, avide de célébrité et d’argent, son fils surfe sur l’affaire en écrivant un livre dans lequel il descend son père. Le nom Louis est alors définitivement souillé. Pas tellement par le contenu du livre qui ne sont que balivernes et faux linge sale familial mais par ce fils indigne, qui, odieusement, raconte comment son père le faisait dormir dans l’étable chez Ardisson (l’émission, pas l’étable). L’affaire s’oublie en attendant le procès jusqu’un beau matin de mai où « Ici Paris » titre « René Louis, la folie meurtrière ». Le corps sans vie, et sans tête de Philipe Louis est retrouvé dans son étable. René Louis est accusé de « meurtre avec caméra vidéo », il purge actuellement une peine de prison de 5 ans, puisqu’il est multirécidiviste mais pas mineur. Jean-Luc Delarue, tient par ailleurs à rendre hommage à sa Poul…à son ami en produisant une autobiographie réalisée par un des ses nouveaux petits protégés, Martin Lelièvre.

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