Falaise
vassilli
On ne sait jamais vraiment où nous allons aller. Je ne sais jamais vraiment ce que mes pensées vont dicter à mes doigts, et quelles mots vont remplir cet espace. Mais il y a une vérité à laquelle je n'échappe pas, il faut que j'écrive.
Cet amour des mots est cyclique, et c'est navrant. Un genre de redécouverte des possibilités que ce mode d'expression autorise, avec tout ce que cela implique d'introspection, et d'effort de compréhension de soi. Une parenthèse que je m'accorde, à contre temps, prenant de la hauteur sur le monde qui avance si vite, frénétiquement, happant tous ces gens qui ne maîtrisent plus rien et ne cherchent plus à comprendre.
La clé, c'est cette temporalité. J'ai comme envie de faire une pause, et de vous regarder tous, si concentré sur votre quotidien, jouant votre rôle sans énergie, remplissant votre existence de contraintes plus ou moins assumées. Qu'on se rassure, je suis comme vous. A la différence que je vous regarde, moi, et que je cherche à comprendre ce qu'il se passe.
Le temps passe.
Chacun son but. Ses propres choix. Le sentiment plus ou moins fort de subir ou d'être aux commandes. Ce fabuleux cycle qui se répète à l'infini. Nous visons des rêves inatteignables afin de mesurer les difficultés à les réaliser, et s'en plaindre ou s'en trouver des excuses. La prise de risque est limitée, voire inexistante. Et nous cherchons le bonheur là où nous pouvons, de moins en moins loin, en étant de moins en moins ambitieux, tout en collant à notre réalité terre à terre, le concret au premier plan. C'est une mort à petit feu, l'apprentissage de la résilience, courber l'échine et faire le dos rond en attendant les jours meilleurs. Gardant espoir, la météo rythme les humeurs, le programme TV aussi, et on s'autocentre dans cet univers (drôle de mot pour un endroit si restreint) où on peut maîtriser tant de choses.
Et si nous nous posions une question simple… : quelles sont vos ressources, quelle est votre énergie disponible pour réaliser vos rêves, pour sortir de votre condition, pour faire face à vos difficultés ? Ok, je vous l'accorde, elle n'est pas si évidente que ça. La réponse l'est davantage… Nous avons tous une grande réserve d'espoir, et la volonté que les choses s'arrangent, que la vie s'adoucisse. Notre plus grande difficulté réside dans le fait d'être capable de mobiliser cette énergie, et la mettre à notre service.
Depuis quelques temps, j'ai vécu ma vie en m'efforçant de ne pas me projeter à moyen terme. Tout ce que j'entreprenais, mes choix, mes envies se cristallisaient sur du court terme. Et ça m'a rendu très heureux. Une incroyable solution, facile à mettre en œuvre, donnant d'excellents résultats, et permettant de ne pas regarder trop loin ni devant ni derrière. Si on y réfléchit, ce n'est pas si loin de ce que fait l'autruche, de temps à autre. Et il arrive toujours un moment où, fort de réussite sur tous les plans, l'avenir se rappelle à nous, insistant et accompagné de son lot de positif et de négatif. Le retour de la compréhension des difficultés à appréhender, et des compromis à effectuer, un test de patience engendrant de la frustration et le retour de la posture avec son dos bien rond…
Je ne perdrais pas ma capacité à m'enthousiasmer, mon envie de vibrer, de ressentir des émotions fortes, et celle de rendre la vie savoureuse. C'est mon moteur, et je l'alimente autant que possible dans mon quotidien aussi difficile soit-il. Vous ne pourrez pas prendre mon énergie vitale, au moyen de ces multiples assauts répétés de manque de respect, de manque de compréhension, de manque de sensibilité et d'excès d'égoïsme. La mauvaise foi, le rapport de force, la manipulation, le « je baisse les bras », l'absence d'empathie…vous les utilisez à merveille, mais elles sont inefficaces contre moi. J'ai décidé il y a longtemps que cela ne m'atteindrai plus. Mais j'ai également décidé de ne pas me laisser faire, et d'être capable de réagir tel un miroir, rendant coup pour coup, feignant la méchanceté et l'absence de compréhension. Parce que ces règles, ce n'est pas moi qui les aies écrites, ce cadre de jeu c'est vous qui l'avez décidés, et vous ne pourrez récolter que ce que vous avez décidés de semer. Mon infini gentillesse est votre si vous savez la susciter. Mon terrible caractère s'exprimera dans les cas contraire. Je ne veux plus changer le monde qui m'entoure, en cela j'ai muri, et je juge sévèrement mais avec justice (et justesse).
Mes amis sont peu nombreux. Je suis exigeant dans mes relations humaines, et je suis loin de d'être l'ami parfait. En distance, beaucoup interprète mes actions comme du manque d'intérêt. A tort. L'intérêt existe, mais il déteste l'unilatéralité. Cela rend les relations effectivement distante, jusqu'à la disparition. On pourrait me qualifier de solitaire. Et vous auriez raison…si vous ne pouviez voir ce dont je suis capable avec les personnes qui le méritent vraiment. J'ai cette incroyable chance d'être terriblement bien accompagné dans ma vie amoureuse, et d'apprendre mon quotidien avec délectation. Certes, c'est un bel exemple, et je fais de mon mieux pour être à sa hauteur. Cela me fait grandir, cela m'ouvre les yeux, je suis bien.
La solution, finalement, c'est l'Amour ?
Je sais bien que vous allez répondre oui. Et trouver cette question/réponse affolante de trivialité. C'est sans doute le cas. Quand on n'a aucune hauteur sur les choses.
De l'Amour et de la Hauteur.