Famille en Kit ou Mystère et pâté de foie

jelianne

FAMILLE EN KIT

     ou    Mystère et Pâté de Foie

                        PIECE EN 3 ACTES

Autres titres possibles :

                    LE LOUP, LE RENARD, et la MALLETTE

                    TERRINES ET MAUVAISE FOI

                     TETES D’AFFICHE

                    CRISE DE FOIE

                    KIT OU DOUBLE

                    LANGUE DE BOIS

                    LA GUERRE DES CHEFS 

                    KIT LOUIS XV

 Déposé SACD

 

SYNOPSIS :

Dans la région de Limoges, une entreprise familiale florissante de mobilier en Kit dirigée de main de fer par un candidat aux municipales, intrigue et fait de l’ombre au Géant du mobilier prêt-à-monter Nordique.

Une espionne y est envoyée afin de percer le mystère de cette irréductible réussite …

6 PERSONNAGES:

Père : Paul-Émile de la GOUALARDIERE

Patron de l’entreprise FORMI-CASE  et candidat à la Mairie ; sévère, pingre, ambitieux, nerveux et conservateur

Mère : Anne-Josie de la GOUALARDIERE

                  Snob, artificielle, fofolle, mais sympathique -

               

Fils :   Michel-Charles de la GOUALARDIERE

Air faussement benêt, rabaissé par son père, surprotégé par sa mère

Journaliste : Maurice KAPANARAL’PANIPANGO-POK

Souffre, en état de stress, d’une forme de dépression lui faisant faire les choses  dans le désordre

Ouvrière de l’entreprise : BRITNEY, amoureuse du Fils –

Stagiaire de l’entreprise : Charlotte de CRASMOUSSEN -

                                           

Le chien (invisible dans son panier fermé) : PERRUCHE

DECOR :

Bureau de Direction de l’entreprise au 1° Etage, comprenant :

-         1 bureau + du mobilier de bureau

-         1 fauteuil de direction + 2 fauteuils

-         1 Fenêtre  donnant sur l’Extérieur de l’usine

-         1 Baie vitrée dominant d’en haut, l’Intérieur de l’usine

-         1 Porte donnant du Bureau à l’Usine, relié par un escalier

Accessoires :

-         1 Téléphone

-         1 Interphone d’appel relié à l’usine

-         1 Coffre

-          Accessoires de bureau type classeurs, rangements..

-         1 Ordinateur

-   1 MINI BAR

-   1 Corbeille à papiers

-  1 Horloge ou grosse pendule

-  1 Canapé + 2 coussins

                          ACTE 1

                           1° JOUR   -   LE MATIN

Dans son bureau, Paul-Emile de la GOUALARDIERE  écrit à l’ordinateur :

Père : (Reprenant son discours et se relisant tout haut avec gestes appuyés à la «De Gaulle »  puis à la  «Mitterrand») :

(en  murmurant)   - « …bla..bla..bla. ..

Reprenant à voix haute :

            - « Parce que vous avez envoyé un message fort et clair, Moi, Paul-Emile de la GOUALARDIERE,  je vous ai compris !

Et je saurai me souvenir des amis de toujours qui, dès le début de ma campagne, m’ont soutenu et aidé dans ma démarche.

Démarche, certes personnelle puisque je deviendrai alors votre nouveau Maire –

(puis condescendant, gestes et mimiques façon « F. Mitterrand ») :

         - mais démarche humaine,  tournée vers vous, mes chers administrés, pour vous servir au plus près de vos préoccupations quotidiennes.

 - «  En ce jour » ; (corrige) : -  Non : - : « En ce Nouveau jour » (corrige) ; - Non, encore mieux -

 - « Un Jour Nouveau se lève sur notre commune et grâce à votre confiance, je mettrais… »

(cherche à écrire la suite) :  – Je mettrais , je mettrais….

Qu’est-ce que je pourrais leur mettre….

Sonnerie du Téléphone

(Coupé par le téléphone, décroche, agacé)

Père :   - Quoi, qu’est-ce que c’est... Non, pas maintenant…Je suis occupé, voyons ! Vous voulez un nouveau Maire, non ? Et bien laissez-moi travailler mon discours en paix ! Les élections municipales sont pour bientôt et je dois être prêt. Bloquez toutes les communications jusqu’à nouvel ordre !... Et c’est un  Ordre !

 Reprend son écriture  à voix haute :

- Et je mettrais… je mettrais…toute mon énergie, toute ma compétence ...  et toute…  toute… (imite la locomotive :tut-tut).

 Non je m’égare – de l’Est, bien sûr (sourit)  

– Bon, ça suffit, j’en ai assez mis. Ils ne voudraient pas toute ma fortune,  non plus ?

 Ils n’ont qu’à travailler ! Après tout, je suis un grand patron, et je paye assez d’impôts locaux à moi tout seul !

(Pensif) -  D’ailleurs, il va falloir revoir ces taxes à la baisse quand j’aurai enfin remplacé  CHINEL. Quel plaie celui-là ! Non seulement il n’est même pas de la région, mais en plus, il ne m’a pas facilité la tâche quand j’ai voulu agrandir mon usine.

 Je lui réserve un chien de ma chienne.

 Dans ma main, il mangera ;  Dans ma main !

Se lève, prend des postures « politiques », s’exerce à serrer des mains ; s’imagine ...

 

- Ah, ça va être un grand moment ! Un  triomphe en perspective ! Tous ces pauvres gens qui attendent du changement ; Je leur en promets, moi, du changement ; ils vont être servis.

 Fini le Maire et tous ses arrangements entre amis ! Au revoir CHINEL ; Bonjour De la GOUALARDIERE !...

 Mais en attendant il faut que je m’occupe de mon usine. Il est grand temps de se remettre aux affaires.

Je vais appeler quelques fournisseurs et discuter tarifs ; et c’est un exercice où j’excelle (en se frottant les mains) ...

Prend son téléphone :

Père :

- «  Allo Monsieur BRAQUAUD ? Bonjour.

Comment allez-vous ? (banalités) Oui..    hé oui…   Ah il fait pas chaud en ce moment, c’est vrai  ,..hola la.. ouh..   bah bah bah…   Que voulez-vous, c’est le dérèglement climatique …

(prend l’air étonné, mais s’en fiche) :  Non !!.. Eh bien, eh bien … c’est pas de chance….

  (impatient puis affable) ... Dites, vous n’oublierez pas d’aller voter, dimanche ? Et voter « juste », il s’entend…  Mais, je n’appelle pas vraiment pour ça, je ne voudrais surtout pas vous influencer… ;

- Dites- moi, Monsieur BRAQUAUD, il va me falloir un réassort en Bois. Les commandes affluent, et je suis un peu pressé. J’avais l’intention de vous commander la même quantité que la dernière fois,  mais le hic, Monsieur BRAQUAUD,   c’est votre Facture !

 (consulte le document) ; Vous ne m’avez pas épargné, je vois !

Il va falloir me faire une proposition un peu plus alléchante… ; vous dites ? (….) Allons, je suis sûr que nous allons finir par nous entendre ( …) Mmm.. Faîtes encore un petit effort( …);

Vous dites ?   Combien ?   Soyons sérieux, voyons !

Non ! (...)  Encore ! (,,,)          ENCORE !

(s’énerve) : Vous me prenez pour qui ? Vous savez que je représente votre meilleur client ! Alors si vous voulez que nous continuions à travailler ensemble, il va vous falloir être plus, BEAUCOUP plus compréhensif !

Combien ? (,,,) J’ai pas compris

(tente une nouvelle négociation)

J’entends pas ! (secoue son téléphone)

C’est toujours comme ça ; j’ai un téléphone dernier cri en matière commerciale : il filtre uniquement les bons tarifs ;(…… ?)

Si, si, ça existe ! ,,,,La marque ?,,,,  Un Sagem !

Vous dîtes ? (,,,,) Ah, enfin ! Voilà qui est mieux ;

C’est ce que j’appelle un tarif bien filtré : « ça j’aime, quoi » !

…       Dites, puisque nous sommes d’accord, vous m’enverrez les termes du nouveau contrat afin que nous puissions traiter rapidement ; j’ai une très grosse livraison à effectuer dans les semaines à venir ; oui mes commodes « Lo Cobaou » marchent très fort !

Et mon entreprise ne connaît pas la crise !

Pardon ?... Votre Dame est intéressée par la table basse  « Lou Grésillou » ; je vois que c’est une femme de goût ... oui, et bien rien de plus simple, il vous suffit de passer commande ; Mais dépéchez-vous, il ne m’en reste que quelques pièces ;(,,,,)  Une remise ? (rechigne) ,,,,oui, enfin, on verra  (,,,)

Bien ; je vous laisse Monsieur BRAQUAUD ; ce fût un plaisir de traiter avec  vous.

(snob et condescendant) : Mes hommages à Madame votre épouse,,, ; c’est cela,  à la mienne aussi, je n’y manquerai pas ,,,; à bientôt,, ; oui ;,,; Et, je compte sur vous Dimanche ; au revoir..

Bon ça suffit maintenant (raccroche, énervé)

         - Et voilà une bonne chose de faite !

Je l’ai saigné le BRAQUAUD !

Non mais, si on les laissait faire, ils vous demanderaient de l’argent aussi.

Ma table basse !...    « Lou Grézillou »..  ;  un des modèles qui se vend le mieux !   C’est même un franc succès. Je ne vais pas commencer à la distribuer gratuitement, tout de même !

Après cette négociation réussie, il faut que j’appelle mon fournisseur en visserie ; je trouve qu’il est un peu trop exigeant sur les prix.

(s’énerve tout seul) :  - Et je vais lui faire cracher ses remises !

Prend son téléphone

-« Allo, Monsieur TRUMAUD ?  Paul-Emile de la GOUALARDIERE, à l’appareil (snob, maniéré et hautain) ; …ALLO !

          ‘ J’avais oublié qu’il était sourd comme un pot’    

(il parle plus fort) :  -  Non, pas Pauline la Charcutière !...

Paul-Emile de la GOUALARDIERE !     Comment allez-vous ?..

 Merci, moi aussi… Enfin non, pas trop. Pour tout vous dire, je ne vais pas bien ; Mais alors pas bien du tout !

Sur un Ton Accusateur :

- Ça va vous ? Les affaires marchent comme vous voulez ? .. Je dis : çA MARCHE , Les AFFAIRES ?  Oui,  figurez-vous que je vous ai croisé récemment place de la Mairie, dans un splendide 4X4 flambant neuf. C’est pas un peu bruyant comme véhicule ? .. Vous n’avez pas remarqué ? – tu m’étonnes (en montrant son oreille) - .. ; ça va chercher dans les combien un tel engin ? ...  Ah,,,    Quand même !

Dites  donc, vous gagnez bien votre vie, non ?

Si, si, si ; Bah, bah, bah ! Il est temps, Monsieur TRUMAUD, de faire un petit effort,,,, Quoi, du thé ?.... Mais non, je ne veux pas boire un thé fort avec vous !

 Je dis : un PETIT EFFORT ; Rapprochez votre combiné à votre oreille ; je ne vais pas répéter sans cesse !

J’ai une grosse commande à vous faire ; alors si vous voulez que nous continuions à travailler ensemble, il va falloir être plus conciliant ;…  C’est à dire ? ,,,  

(persuasif)  - C’est à dire une remise de 20% sur la totalité !

… Allo, Mr TRUMAUD? (secoue son téléphone) je ne vous entends plus ! …. Mais si, mais si,  c’est possible ; tenez, vous n’avez qu’à vendre votre fourgonnette - oui enfin votre 4X4 - et vous n’en mourez pas !

- Combien ? … J’ai pas bien compris, vous dîtes  …?

… NON, je ne suis pas sourd !....

(râle) - Soit, je m’en contenterai ; mais vous êtes dur en affaire !

Alors j’attends votre contrat,  avec ma nouvelle remise ;

Et ne tardez pas trop surtout !

J’ai une très grosse commande à fabriquer.  Oui, c’est pour les logements sociaux de la ville ; rendez-vous compte, toute une cité (méprisant) ; enfin je veux dire une résidence (snob), à équiper.

Ils ont  opté pour le modèle « Lou Polissou ». Alors les vis, Mr TRUMAUD, il va m’en falloir des tonnes !

(gentil) - Ah, dites Monsieur TRUMAUD, je vous remercie à l’avance de me soutenir….Non pas « me retenir »… ; (tout bas et compatissant) : ah, c’est dur de vieillir-

 - Me soutenir ! Oui ! M’’apporter votre soutien.. ; ..Voilà ; en  mettant votre petit bulletin dans l’urne, vous savez, celui où il y a mon Nom inscrit dessus…

 (ricane).. C’est très gentil à vous… Parfait ; je vous laisse ; ce fût un réel plaisir de traiter avec vous..

Non, ne me remerciez pas,,, ; c’est tout naturel,, ; oui … ; Mes hommages à votre épouse,,, ; Vous êtes veuf ? Ah oui, c’est vrai, j’avais oublié !

Bon, et bien « bon veuvage » alors ! »

         (raccroche)

          - Ouf ! Voilà 2 affaires rondement menées !

(Regarde par la Baie vitrée donnant sur la fabrique ;  puis par l’interphone relié du bureau à l’atelier, il interpelle d’un ton musclé,  Jacques, le chef d’atelier)

-  « Dites donc, Jacques ! J’en vois qui font la conversation sur la machine à découpe ! Vous voulez que je descende ?  Je vous paye pour faire régner l’ordre, ne l’oubliez pas !» 

(se parle) - Non mais ! Si on laisse faire, ils vont bientôt demander des pauses ; et pourquoi pas un casque anti-bruit aussi ?

Ils ont déjà des blouses ! Et ça m’a coûté assez cher ! 

Entrée de son épouse Anne-Josie de la GOUALARDIERE, habillée « classe », foulard Hermès.

Dans une main, son chien  Perruche dans son panier transportable,

et dans l’autre, un Panier à Provisions.

Mère (affairée, pose le panier du chien dans un coin du bureau et se dirige vers le mini bar pour le remplir de ses provisions ;  tout en parlant) :

         - Bonjour Mon Chéri ;  J’ai eu une matinée épouvantable !

Figure toi que Perruche est malade ; j’arrive de chez le vétérinaire : il a des problèmes gastriques ; il a dû manger une belette, ou peut-être une fouine..  Bref, ces intestins sont mal en point ;  alors, il lui a administré un calmant car ses coliques étaient insupportables pour lui, ….et malodorantes pour nous (se bouche le nez)

Père :         C’est agréable ! Quelle idée aussi d’avoir pris ce chien ? Et de l’avoir appelé d’un nom d’oiseau ; tu ne pouvais pas lui donner un vrai nom de chien ? Normal ?  Je ne sais pas moi ; Biquette ou Léon !

Mère ( ?) : Biquette ? ça fait un peu chèvre, tu ne trouves pas ?

Et Léon ? Léon, Léon

         (imite le chant du paon, se met à rire, foldingue) ;  

Heureusement qu’il n’aboie pas comme ça, sinon j’aurai l’air d’une dinde !

 

Père (dépité) :   D’ abord, c’est quoi comme chien ? Il ne ressemble à rien ; on dirait un coussin en angora, sur des pattes Louis XIII. Tiens, même mes coussins sont plus beaux que lui (attrape un coussin du sofa, et le caresse amoureusement) !

Mère (lève les yeux au ciel, puis fièrement) :

- Mais c’est un Chien de Race, voyons !

Père (s’éloignant dépité): - Et bien, ma chère, vous vous êtes fait avoir !

 (revenant) :              - Et, de quelle race, je vous prie ?

Mère :      Tu me vouvoies, maintenant ???

Un Chien de Race ! 

(réfléchit)   - Un Bâtard…. je crois !

Père :       Il faudrait savoir ; il est de race ou il est bâtard ?

             Mère (sure d’elle) : - Ah ! L’éleveur m’a dit : « Chère Madame, j’ai un chien de  race – « le bâtard à poils laineux », je crois - qui a un peu de mal à être recueilli ; Peut-être pourrait-il vous intéresser ? Et à un prix tout à fait prohibitif »  (bredouille un chiffre, puis nettement le mot Euros);

             - Tu penses  que j’ai flairé la bonne affaire :

                   Un Fox à poil dur par la mère, et un Lévrier afghan par le père !

Père (médusé, montrant le chiffre 2 avec ses doigts) :

       -  Il voulait dire un Chien 2 RACES !!

                   Tu t’es encore fait avoir !!

             Bon, j’ai d’autres chats à fouetter ...

Mère : Quels chats ?

Père : Rien, laisse tomber ;

A présent que la ménagerie est y passée, je vais peut-être pouvoir me remettre au travail

(prend un ton complice) :

         - Figure toi que ce matin, le père TRUMAUD et le père BRAQUAUD, couic !

Mère : Couic ? Qu’est- ce que tu leur as fait, encore ?? A leur âge ! Surtout ce pauvre Monsieur TRUMAUD, si vieux… et si sourd.   Ne me dis pas que tu as osé leur réclamer une remise ;..  Comme la semaine dernière ?

Père (ton jouissif) : Si !!  Et je peux te dire que j’ai fait encore mieux.

 Bon, ils ont bien tenté de résister ; mais tu me connais « Paul-Emile met toujours dans le mille ! » ; je te les ai fait plié, ces 2 là ;

C’est vrai ! Sinon comment tu veux qu’on s’en sorte ; Tout augmente !  Même mon salaire ! c’est dire,,,

(s’énerve)  - Ah, et puis c’est la crise ; alors tout le monde s’habitue à gagner moins d’argent. J’aime bien cette crise, moi ; elle m’arrange ; elle me permet même de faire des affaires ;

De très bonnes affaires, qui plus est.

Les salariés sont contents d’avoir du travail, les fournisseurs d’avoir des commandes, et mes clients d’acheter au meilleur prix des meubles, qui ne sont certes pas du LOUIS XV, mais voient grandir au moins une génération

Mère : Oui enfin, je ne peux pas te dire, vu que dans notre gentilhommière et  notre maison en Sologne, nous n’avons que du mobilier provenant de chez les antiquaires.

Et pas les moindres ; tiens, la commode Louis-Philippe par exemple ; ou le secrétaire Louis XV ; ou encore le canapé  CAMEL,,,

Père ( ?) : le canapé Camel ?? Qu’est-ce que c’est ça, comme époque ? Tu connais, toi, un Roi Camel ? Un Empereur Camel ? Un Tout-en-Camel,  peut-être ?

Mère (persistant) : Mais si ! La banquette verte en cuir avec des gros cabochons aux coutures, en guise de décoration !

Père : Tu veux dire : le CHESTERFIELD ?

Mère (rit) : Voilà ! Je savais que c’était une marque de cigarettes ; j’ai confondu,,,

(père découragé)

- Mais par contre, j’entends le plus grand bien de nos meubles lorsque je vais chez les petits commerçants ;

Par exemple, Madame FOURTAUD, la crémière, elle est ravie de ses étagères « Lo Pecha »

Et Monsieur MARATAUD, le Boucher,  m’a fait des éloges du bahut,,,, (réfléchit) « Coué Bravé » , je crois..

Donc, tu vois, mon chéri, tu peux être content de toi ; le peuple te le rendra

Père : J’y compte bien ! Et il est important que tout le monde soit satisfait si je veux être élu. Et puis, du moment que le carnet de commande reste ce qu’il est, ce sera très bien !

A propos des élections, tu n’oublies pas que je dois être prêt ? D’ailleurs, j’attends d’un instant à l’autre ce journaliste, au nom à coucher dehors

Mère : Ah oui, Maurice !

Père : Tu l’appelles par son prénom, toi ? Garde-toi bien de familiarités ;  on ne sait jamais avec ces gens-là ; une confidence devient très vite une affaire d’état !  Et je n’ai pas envie de voir trainer mon nom dans la boue !

Mère : Mais Maurice est un gentil garçon ; il a certes un nom imprononçable,  mais il est très galant, et raffiné ; ce doit être ses origines, Asiatiques, je crois.  Tu sais, les mélanges des races et des cultures ont du bon ; tiens, regarde Perruche !... (grimaces du Père)

Et la preuve, tout l’intéresse. Il n’est d’ailleurs pas insensible à ma cuisine ; l’autre jour, nous discutions de recettes typiques de la région, et devant son enthousiasme, je lui ai promis de lui concocter des petits plats bien de chez nous. D’ailleurs, quand je lui ai parlé de mon Pâté de foie dont j’ai le secret, il s’est montré très insistant.

Père : Dis donc, ne le détourne pas de sa mission ; Il est chargé de s’occuper de mon image et d’écrire des articles de presse élogieux. Quand je serais élu, tu pourras, à loisirs, lui cuisiner ton pâté ou autres terrines.

Mère : Oh, mais que tu es nerveux ; Tu t’en fais pour rien ; Détends-toi, tu es tout  criPsé

 (lui massant la nuque)

Père (la reprend) : CriSpé !

Mère : Oui, si tu veux ; tes nerfs font une boule, là ; ce n’est pas bon pour ton cœur ; tu t’emballes et après tu es de mauvaise humeur ;

Et tiens, ça te donne des gaz !

Père : Des gaz ? Quels gaz ?

Mère : Soit tranquille, je n’en dirai rien ; je suis ta femme après tout ; ça restera entre nous

Père : Mais quels gaz ? Je n’ai pas de problèmes de gaz, moi !

Se tournent ensemble vers le panier du chien

Mère : Oh, pardon, c’est Perruche !

Voilà, tu comprends mieux ce que j’endure depuis ce matin ; c’était une infection dans la maison.  Après j’ai dû rouler les vitres grandes ouvertes dans la voiture, au risque de m’attraper une neumonie !

Père (la reprend) : une PNEUmonie !

Mère : Ah ? en voiture, on dit une PNEUmonie ? ..  Ah ben oui..

          A cause des roues, bien sûr(rit)

(père ulcéré)

         - Bref, il était temps que j’arrive à destination : enrhumée et asphyxiée à la fois, j’ai failli demander au vétérinaire de me garder en observation

Père : Tu aurais dû,,,, Mais il t’aurait peut- être piquée !

Mère : Méchant homme !

Moi qui t’aime comme au premier jour ;

Qu’aurais- tu fais si tu ne m’avais pas rencontrée ?

Père : Je ne sais pas moi ? (cherche..)

Tiens !...  La même chose !

Mère : Ingrat ; j’ai tout supporté : tes doutes, tes humeurs, tes absences ; tu n’as pas le droit de renier notre amour

Père (attendri) : Oh, mais je ne le renie pas ; tu as été là, c’est vrai ;

Et à tous les instants ;

Tu m’as soutenu, c’est toujours vrai ;

Mais n’oublie pas que sans moi, tu t’appellerais toujours Josiane POULARD !

Mère : Et alors ? Oui, c’est mon nom, et j’en suis fière ; toute ma famille travaillait dans la porcelaine ; alors les assiettes, les plats et autres éléments de services de table qui font la réputation de nos réceptions, et bien, tu pourrais être un peu plus reconnaissant envers ceux qui les ont fabriqués !

Ah bien sûr, toi, c’est tout juste si ton biberon n’était pas en porcelaine ; mais moi, je n’ai même pas eu la chance de déguster le poulet dominical dans ces assiettes aux dorures fines !

Alors, aujourd’hui, si j’en suis là, ce n’est que justice ! Voilà !

Père (attendri et aimant) : Tu as raison, ma chérie ; tu sais combien je t’aime ;Il est bon quelques fois que nous redonnions aux choses, leur juste valeur ,,,

(redevient sérieux) :

A propos  : tu as pensé à réserver mon jet privé ?

Tu n’as pas oublié que je dois me rendre en Allemagne afin de prendre possession d’un petit bijou ?

Mère : Un bijou ? Tu as l’intention de m’offrir un cadeau ?

Père (embarrassé) : Euh,  oui ma chérie, un cadeau de taille !

Mère : C’est de la porcelaine de Saxe ?

Père : Euh, non pas tout à fait ; disons qu’il a bien quelques dorures, à l’intérieur,,,,

Mère (excitée, curieuse) : A l’intérieur ? Oh mais j’ai hâte de voir ça ! Ce doit être une boîte à bijoux, alors ?

Père : Voilà, tu as trouvé ; sur, que quand tu seras à l’intérieur, ce sera toi le bijou !

Mère (flattée) : Oh mon amour, que tu es romantique ! Surtout que la date anniversaire de notre union approche !...

(réfléchit, inquiète) : Dis-moi, ce ne serait pas plutôt une énième voiture, par hasard ?

Père : Une voiture ?

Comment peux-tu appeler cette œuvre d’art, une voiture ? Pourquoi pas une carriole, aussi ?

(au septième ciel)

Imagine  le roadster : « Un  V12 Bi-turbo, 670 Chevaux, anti-patinage et contrôle de trajectoire ; boîte 7 rapports, jantes 20 pouces, sièges baquets, intérieur en carbone, et surtout, de 0 à 100 km/h en 3 secondes et 8 dixième ! »

Mère : Et les dorures ?

Père : C’était la commande d’un Emir ; j’ai profité de son annulation : le cours du pétrole a trop chuté

Mère :  Tes plaisirs te font perdre la tête !

Heureusement que la mienne   est bien sur mes épaules ; ce doit être le côté populaire de mon éducation ...

Soit ; va chercher ton « bijou » et ramène-le ;  je serais flattée d’être à tes côtés dans ton magnifique cabriolet !

Père : Oui, enfin, ça on verra,,,

Je ne veux pas risquer de le salir

Mère (déçue) : Oh de toute façon, fais comme tu veux ; j’ai mon chauffeur, et je m’en satisfais pleinement ; ,,

         Mais alors, qu’as-tu l’intention de m’offrir pour nos 30 ans de mariage ?

Père  (cherche, gêné) : Euh… attends… Ah oui je sais !

                            On va travailler le Dimanche !     

 (Mère interloquée)

Mère ; A propos, je cherche Michel-Charles ; tu ne l’aurais pas vu par hasard ?

Père : Et bien ce matin, il s’est rendu comme à son habitude,  à la fabrique pour superviser le travail des ouvrières ;

Tu me fais penser qu’il est très souvent fourré là-bas

Je me demande bien pourquoi ?

Je vais lui réclamer un rapport et tirer ça au clair ; il est trop gentil avec le personnel, et il doit se laisser embobiner ;

Tiens, je l’appelle tout de suite

Sévère,  il appelle Michel-Charles à l’interphone

         « Michel-Charles ! Rejoins-moi au bureau !   Immédiatement ! ! »

Mère : Ne soit pas si sévère avec ton fils

Il est encore jeune, et il a tout à apprendre

Père : Oui, enfin, moi à son âge, je te rappelle que je reprenais la menuiserie de papa, et regarde ce que j’ai créé : un Empire ! Tout du moins, régional ;

N’oublie pas que nous devançons, et de très loin, notre concurrent KITREKA  sur tout le département !

Alors, quand il aura mon mérite, on en reparlera,,

ENTREE du fils, MICHEL-CHARLES

(peureux et mal à l’aise)

 

(s’approche de sa mère) :  -  « Maman »

(il lui fait la bise ; elle l’étreint)

(il s’approche de son père) :  -  « Papa »

Père (recule, lui tend la main) : Monsieur papa, s’il te plait !

Dis donc, Michel-Charles, que se passe-t-il avec la section « Collage » ?

Tu y passes tellement de temps qu’il doit bien y avoir un problème ?

Les ouvrières te créent des soucis ?

Si c’est ça, dis le moi ; je vais régler le problème en moins de deux

Fils (chuchote, en bredouillant) :

Non papa, tout va bien

Père (s’énerve) :

Pardon ? J’entends pas !

Fils (parle plus fort) :

NON PAPA, tout va bien, mais tu m’as confié une mission et je ne voudrais pas te décevoir

Père : D’accord, si tu le dis…

Mais si tu as des difficultés avec l’une d’entre elles, n’hésite pas à m’en faire part ; je sais comment il faut leur parler, moi !

De la poigne, y’a que ça de vrai !

Fils (répète avec le ton de son père, en mimant) :

 De la poigne, oui !!

Mère : Oh mais cesse de l’effrayer ; il n’arrivera jamais à rien si tu lui parles sur ce ton ; Viens voir maman, mon Mimiche,,

(le renifle) : Tu t’es lavé ce matin ?

Fils : Enfin, bien sûr maman !

Mère (le renifle à nouveau) : C’est bizarre, cette odeur …

Fils : Mais enfin, maman, arrête !

Je sais me tenir quand même !

Mère (rit) : Ah Non, Perruche !.. C’est Perruche !

Oui !  Il faut que je t’explique  que  Mamour est malade !

Ces intestins sont détraqués, alors il lâche des vents

Fils : Oh pauvre Perruche ! C’est bien triste

Mais c’est intenable ! (en se bouchant le nez)

Père (ouvre la fenêtre extérieure) :

 Oh oui alors !  Je vais aérer un peu, sinon on va tous le détester ce cabot ! Tu es sure de vouloir le garder ?

Mère (bêtifiante) : Oh, ma Perruche à moi ; je ne pourrai jamais m’en séparer, j’y suis trop attachée –

(parlant au chien)  :  - Où il est le bébé à sa maman ? Je vais te soigner, moi, et comme ça, après tu pourras jouer avec ton grand frère (désignant Michel-Charles)

Fils : Enfin  maman, ce chien est adorable, mais c’est une infection 

Père : Bref ! Revenons au travail ;

         Michel-Charles, je veux que tu me fasses un rapport sur le travail de nos ouvrières ;

Puisque tu es sur le terrain, tu noteras tout ce qui te semble curieux ; quand je dis « tout », c’est « tout » !

Si tu en vois bavarder, tu le notes ;

Si tu remarques des retards, tu le notes ;

S’il y en a qui parlent, tu le notes ;

Tu comptes tous les tubes de colle avant l’embauche et tu calcules le rendement ;

Et s’il y a de la fauche ou du relâchement,,,,

Fils (le coupant) : Je le note !

Père : Voilà ; tu comprends vite (moqueur) ; c’est bien,,,

A propos ; il faut que je vous dise :

J’ai reçu une proposition de travail de la part d’une jeune stagiaire ;

Au début, j’ai refusé, tu penses : dépenser mon temps et mon argent pour quelque chose d’inutile, ce n’est pas mon genre ;

Et puis, elle m’a été vivement recommandée par un ami, le Comte de la FRESSARDIERE ; alors j’ai accepté !

D’abord, car c’est une jeune fille de bonne famille, les De CRASMOUSSEN, tout de même,,,, Et ce n’est qu’un stage d’observation de quelques jours, à titre tout à fait gracieux

Avouez que l’offre est tentante ;

Alors cette jeune personne, Charlotte de CRASMOUSSEN, va se présenter cette après-midi à 14h exactement ;

Elle arrive directement de son pays, la Norvège, pour parfaire son Français

Mère : Une noble ! Mais quelle bonne idée ; ce sera parfait pour nos relations ; j’en connais qui vont être verts de jalousie

(se tournant vers son fils) : Dis- moi, mon Mimiche, tu es toujours célibataire, toi ?

Tu ne nous caches pas une petite amie  par hasard ?

Fils (gêné) : Mais non,  maman !

Mère : Tant mieux ; Alors, tu as tout intérêt à accueillir avec les égards dus à son rang, cette Charlotte de Crassemouchène

Tu sais comment papa et moi te promettons à un beau mariage

Il est grand temps de penser à ton avenir ;

Alors je compte sur toi pour prendre soin d’elle (lui fait un clin d’œil)

Fils (incompréhension) :

Soin d’elle ? Tu veux que je veille à sa santé ?

Mère : Ah Mimiche , que tu es con-con parfois !

Ton père et moi,  serions très flattés qu’une personne telle que cette jeune fille, garde la meilleure impression de son passage dans notre entreprise ;

Alors, tu l’assistes, tu l’aides dans son stage, et tu peux aussi lui faire visiter la région ;

Après, cela ne nous regarde pas (regard entendu)

Fils (résigné) : Soit ; Mais si elle ne me plait pas ?

Mère (remontée) : Comment ? Je ne comprends pas ; Te plaire ?

Pourquoi pas être à ton goût, aussi ?

Mon chéri, il y a des noms et de comptes en banque qui transcendent le physique !

Regarde. Moi, par exemple !

Père (vexé) : Pardon, plait-il ?

Mère (tente une diversion) : Quoi ? Perruche s’est encore oublié ?

Père : C’est ça, détourne la conversation !...

Oui, Michel-Charles, ta mère a raison ;

Il est de ton devoir de veiller à ce que cette jeune fille ne manque de rien ;

Tu en profiteras pour réviser ton anglais, car j’ai quelques vues sur l’implantation supplémentaires de magasins, et je souhaiterais que tu traites directement avec les fournisseurs Hollandais ;

J’aimerais bien voir la tête du patron de KITREKA quand il apprendra l’ouverture de 3 autres magasins FORMI-CASE dans la région ; il en mangera son chapeau ! Ou plutôt, sa Chapka ! (en riant)

Mère : Allez, je vous laisse ; j’ai quelques courses à faire ; J’aurais  bien emmené Perruche avec moi, mais le vétérinaire m’a conseillé de le laisser tranquille ;

Après tout, il est endormi ; souhaitons que les comprimés fassent effet le plus rapidement possible ;

(ironique) : Bien, mon Mimiche, sois sage, hein ? Pas de folie !

(s’adressant à son mari) :

                    - Et toi, mon chéri, que désires-tu pour le dîner ; il faut que je donne les instructions à notre cuisinière

Père : Ce que tu veux !

En tout cas, pas de flageolets !

Mère : Tu es bête !!....

 Ah ! Comme d’habitude, j’ai rempli ton frigidaire de mini snacks, d’une terrine de mon pâté de foie, et d’un nouveau cocktail de ma fabrication.  Tout ça Fait maison… Et avec Amour !

Tu m’en diras des nouvelles…

Et puis, j’ai aussi porté quelques cotillons et autres ballons pour décorer ton bureau et fêter notre nouveau Maire… (fière)

(affectueusement et répété) : Poutous-Poutous, Poutous-Poutous….

 A plus tard

A  Michel-Charles :

 - Poutous-Poutous, Poutous-Poutous .… à toi aussi, mon                                Mimiche

 

SORTIE de Anne-Josie de la GOUALARDIERE

(oubliant son foulard)

Père : Bon,  Fils ; tu retournes à l’atelier, l’air dégagé ;

Personne ne doit se douter de notre conversation ; Je les trouve bien agités en ce moment, à l’usine. J’entends des bruits de couloir qui me font penser à une mutinerie. Alors sois vigilant, les yeux à 360° (mime la caméra en tournant les yeux, et faisant un tour complet sur lui-même)

Fils : Compris, papa ; et je te promets que je vais BIEN REGARDER LES OUVRIERES,,,,

Père (surpris) : ?? .. C’est bien mon garçon ; je te rappelle dès que la jeune fille arrive ; Allez, courage ! (gestes appuyés)

SORTIE de Michel-Charles de la GOUALARDIERE

Père (se parlant à lui-même) :

Mon dieu ; je ne suis pas aidé !

Quelle cruche ce garçon !

Comment ai-je fait pour engendrer un tel mollusque ?

Il est là, avec son petit costume (le mime) ,,,,,

sa petite mèche,,,, et ses grandes dents !

Oh si, il a de grandes dents !

Même la bouche fermée, elles dépassent ; si au moins elles rayaient le plancher ; mais non, même pas !

Aucune ambition, aucun panache ; quoique panache, à la rigueur, il pourrait les ouvrir avec ses dents,,,, si,,,, les bouteilles de panachés ! (rit, moqueur)

         Tiens, ça m’a donné soif

(va au bar, se sert à boire du cocktail de sa femme, et grimace)

                  - Allez, c’est pas tout ça, je me remets au travail

         J’ai encore un peu de temps pour martyriser quelques fournisseurs

Ah,  j’adore mon métier ; et mon objectif, C’EST DE SUPPLANTER KITREKA DANS TOUTE LA FRANCE (mégalo, écho sur la voix),,,,

 

Père retourne à son bureau

 

Le téléphone sonne

-          Oui, Marie-Thérèse … ; Le Journaliste ? Dites- lui de monter

(se parlant à lui-même) : Ah…, passons aux choses sérieuses… 

On frappe à la porte

Père ; Entrez !

Personne n’entre

 

Père (plus fort) : ENTREZ !

Personne n’entre ; le Père se lève, ouvre la porte et voit le journaliste de dos.

Père (l’interpellant) : Ouh, Ouh ! C’est par là !

 (tout bas) : Je ne m’y ferai jamais…

Entrée de Maurice KAPANARAL’PANIPANGO-POK

(Chargé d’une grande Sacoche/Mallette serrée contre sa poitrine, il rentre à reculons dans le bureau, salue de dos  Paul-Emile de la Goualardière en lui disant :


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