Famille morte

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Elle est tombée, mais je crie qu'elle n'est pas encore morte, elle rampe, blessée, elle lutte encore pour avancer... Elle rampe, bave et sue...

Je ressens l'envie de prendre un instant...


Prendre un instant pour toucher au papier, pour retrouver ce vieux compagnon que j'ai depuis longtemps, trop longtemps abandonné et dont je me suis éloignée. Mais je reconnais sa fidélité, sa façon de ne pas me juger, son talent de me recueillir, de m'accepter et de me regarder retourner dans ses bras. 


J'y reviens toujours quand j'ai une petite peine dans le cœur. 

Ce soir, il crie la mort de celle que l'on appelait la "famille". 

Je l'ai vu courir, rire, ralentir, marcher, s'essouffler, tête baissée, elle semblait souffrir, je l'ai vu se prendre son premier coup de balle, j'ai vu le sang qui commençait à lui sortir des entrailles... 

Son souffle devenait de plus en plus lourd, elle luttait pour ne pas tomber... 


La seconde lui a été moins douloureuse que la première, mais les dégâts étaient tout aussi intenses... 

Elle est tombée, mais je crie qu'elle n'est pas encore morte, elle rampe, blessée, elle lutte encore pour avancer... Elle rampe, bave et sue... 

Elle répand des soupirs étalée dans une mare de son propre sang et elle regarde vers le ciel. 


Les images du temps ou les rires et l'amour abondaient en elle, illumine ses yeux détruits de quelques petites étincelles... 

Il était bien ce temps, ou elle les réunissait tous, ou elle les apprenait à vivre, à apprécier la musique, la danse, les rires et les joies... 

Elle pense à ce qu'ils lui ont fait...

Ce soir, elle respire mal, les mots qu'ils avaient transportés et transposés lui coupent le souffle...

Je vis, je sens et je vois mourir ma famille... 


Ils se font du mal, ils s'éloignent, se détruisent et je ne veux pas qu'ils lui mettent le dernier coup de balle.

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